« Les flottes de Nelvaan sont en alerte ? » Intéressant pluriel. Ils en parleraient plus tard.
« Évitez de partir en guerre. On doit rationaliser toute action aussi lourde en conséquences. » Qu'elle n'aille pas assaillir un fief au débotté, au risque de faire capoter des années de préparatifs, en plus de donner une bien piètre image de l'Empire dans la Galaxie en attaquant une potentielle population civile utilisée comme bouclier par des pirates. Les régions prises en otage pour couvrir des activités criminelles avaient monnaie courante dans la Bordure.
« Interrogez-le rapidement. Essayez de lui tirer les souvenirs qu'il a pu emmagasiner. » Hypnose, intrusion mentale, lobotomie expérimentale s'il le fallait...
« Récupérez le maximum de stimuli auxquels il a été exposé. Les agents du Bureau peuvent aider. Sans dommage. »Il dut alors composer avec la fougue de la Conseillère Monarque Jedi etc. Et avec quelque chose de très particulier dans ses paroles.
« Pourquoi parler du Président Omas ? Vous pensez que les ravisseurs sont des partisans ? » Si c'était le cas, le coup serait fatal. Il suffirait de fuiter ce qu'il fallait aux médias républicains. Le coup serait triple : Un, le gouvernement serait accusé de pratiquer les actes de piraterie, de barbarie et de meurtre sur civils comme l'aurait fait les Seigneurs impériaux de la "Grande Epoque", ce qui ne manquerait pas d'être croustillant aux JTs et au Sénat... De plus, ces mêmes JTs et Sénat seraient d'autant plus polarisées entre le camp qui estimait la pratique du génocide et du meurtre gratuit nécessaires pour l'avancement de la République, et ceux qui estimaient que les méthodes impériales et Hutts n'avaient pas leur place dans un système basé sur la liberté et le respect des êtres pensants, avec une approche plus convaincante encore vers la guerre civile. Et, enfin, les alliés en demi-teinte de cette même République verraient d'un oeil suspicieux cette tendance à se prendre pour des gendarmes agissant sans autorisation dans des territoires souverains. Signe que les déplacements de flottes sans autorisation, voire actes de guerre déclarés se feraient chez eux sans demander. De quoi en attirer bon nombre chez eux.
« Si vous avez des soupçons sur l'identité de ceux qui vous ont arraché des geôles républicaines, dites-le moi tout de suite. Nous pourrons orienter nos recherches. »Il balaya l'air de la main.
« Cela ne m'empêchera point d'établir un canal vers la Présidence Omas. Je vous tiendrai informée des avancements de ce projet. » Il annonça la fin de leur entrevue ensuite.
« Ne faites rien de précipité en attendant. Ne déclenchez pas de conflit armé. Nous pourrions le payer cher. Je vais donner d'autres ordres à mes services. Restez disponible dans les prochains jours si je dois vous contacter. » Il la salua et termina la com.
« Contacte le Dirgé des Renseignements. Et sa cellule de crise. Qu'il ne me fasse pas attendre. »
Station Ubiqtorate,
20 minutes plus tardLe Directeur des Opérations vagabondait entre deux bureaux. Comme à chaque rapport qu'il devait faire à certains de ses subordonnés les mieux placés pour être "au courant". Ceux qui partaient en mission, ceux qui devaient réceptionner les informations, et ceux à qui il devait faire passer des instructions. Datapad à la main, les lunettes plongées dans son travail, il sortait juste d'un atelier technique quand il aperçut une marée humaine déferler dans la salle de réunion. Il aperçut le Dirgé - le Directeur Général - s'approcher vers lui une fois qu'il l'eut aperçu.
« Qu'est-ce qu'il se passe ? On reçoit le chef de la Sécurité Hapienne ? » Le Dirgé n'avait pas l'air de plaisanter.
« L'Empereur m'a contacté il y a 20 minutes. Il a demandé la cellule de crise. » Le DirOp parut surpris, sans rien en montrer.
« On a perdu un agent infiltré ? - Pire. Un convoi entier, avec le frère et suppléant d'un gouverneur à bord. - Oké. » Les deux hommes se dirigèrent alors vers la salle. Rectangulaire, sobre, elle n'évoquait plus l'Empire, mais une pièce parlementaire vieille d'un siècle ou deux. La salle servait pour accueillir les dignitaires des renseignements étrangers, et se voulait donc neutre par flatterie. Une directive du Grand Vizir, habile diplomate, et qui avait le loisir de reposer les yeux de tout le monde. le blanc éclatant sur fond noir, ça tuait les yeux à la longue. Beaucoup travaillaient dans cette salle pour y retrouver un semblant de calme visuel.
La table était exclusivement humaine, et masculine à une exception près. Les Directeurs de chaque branche des Renseignements étaient là, ainsi que quelques Directeurs de Bureaux, et des adjoints. Chacun avait son terminal personnel pour y suivre les éléments à diffuser, mais on n'y viendrait certainement pas. Un compteur égrainait les secondes avant le début d'une conversation avec l'Empereur, qui allait distribuer une volée d'ordres en rapport avec un évènement récent d'importance galactique pour lui. Les discussions allaient bon train. On spéculait, on marmonnait. Finalement, l'un d'eux demanda le silence.
« 5... 4... 3... 2... » Un... la liaison s'établit.
Chacun s'était levé.
« * Asseyez-vous. * » L'ordre suivit aussitôt.
« * Messieurs, je n'ai pas beaucoup de temps. Un convoi à but humanitaire de Nelvaan en partance pour Sullust a été détourné par une flotte battant pavillon Républicain dans les limites de ce même système. * » Murmure dans la salle.
« * Comme vous le savez, Sullust n'est plus membre Républicain depuis plusieurs années déjà. Ceci rendant illégal tout arraisonnage Républicain sur des territoires étrangers sans accord l'y permettant. Le plus grave est qu'une organisation, dont les soupçons se portent sur une branche séditieuse ou secrète de la Nouvelle République, a enlevé à la flotte de blocus les Nelvaaniens pour y pratiquer des actes de torture, en vue d'interrogatoires et de... distraction. * »Les Renseignements n'aimaient pas le Bureau de la Sécurité Impériale. Pour ce genre de méthodes. Les voir appliquées par les Républicains attiseraient encore les flammes.
« * Un rescapé a été envoyé sur Nelvaan avec des instructions. Dites à vos agents sur place de travailler sur les souvenirs de l'individu pour extraire la localisation de leur base d'opérations, ainsi que le nom de leur chef. * » Les Directeurs concernés acquiescèrent, et pianotèrent sur leur terminal pour lancer ses instructions, tout en continuant de suivre la conversation.
« * Je sais que vous avez des noms d'agents républicains sur nos territoires. Contactez celui ou ceux qui seraient susceptibles de remonter une information à leurs supérieurs... Je souhaite m'entretenir avec Cal Omas sur une ligne privée. Et confidentiellement. * » Le Dirgé voulut parler et demanda la parole, qui fut accordée.
« Votre Majesté, si nous entrons en contact avec un agent ennemi, ils sauront que nous avions connaissance de l'identité de l'un d'eux, quand elle devait rester officiellement secrète pour nous. Nous perdrions 4 ans de travail avec cette source. » L'Empereur secoua la tête.
« * Sans importance. Vous grillerez sa couverture et vous devrez composer avec l'envoi d'un nouvel agent qui restera peut-être inconnu de vos services. Ainsi soit-il. * - C'est entendu, Votre Majesté. » L'Empereur hocha la tête.
« * Messieurs, accomplissez votre devoir. * »
Yaga Minor,
3 heures plus tardLes dossiers aidaient aux opérations rapides comme celles-là. Un agent prit au détour d'un couloir avait juste besoin d'une grosse demie heure pour s'imprégner d'un dossier, et d'une heure ou deux pour en tirer le plan d'action. Restait ensuite à attendre de le mettre en place. Dans le cas de l'agent
Samaritain, l'aubaine venait à point nommé. Sa cible était Jacob Yaklenha, un Clerc en charge des achats de matériel pour le Palais du Gouverneur de Yaga Minor. On le disait capable de passer Clerc ou même Aide pour le palais du Grand-Moff, voire Palais Impérial. Un sous-officier travailleur, compétent, et parfaitement à l'aise avec le système de dénonciation de ses collègues pour se tailler une place de choix. Mais ce que ses collègues ne savaient pas, et que savait l'Ubiqtorate, c'est que l'homme était surtout un agent Républicain infiltré depuis maintenant 4 ans. Une source précieuse, régulièrement abreuvée d'informations fiables qui donnaient l'illusion de sa parfaite intégration. Samaritain savait qu'il se rendait toujours au même coiffeur, pour se faire une coupe en fausse pagaille, comme l'Empereur, en plus de se faire raser au coupe-chou, dans un établissement très fréquenté par le personnel aisé des Palais Gouvernementaux, présents en masse sur la planète.
Samaritain arriva donc dans la salon, apercevant le patron en train de mettre en place le droïde coiffeur dernier modèle pour le fameux Jacob. Le patron termina, non sans lancer un "J'arrive Monsieur !", avant d'arriver pour de bon.
« Bien ! Monsieur, vous aviez rendez-vous ? - Non. Mais j'imagine que vous pourrez me prendre tout de suite. » A ces mots, il glissa une plaquette de 1000 crédits sur le comptoir. Le patron ne répondit rien, balaya la pièce vers sa caisse, et inscrivit un nom, au hasard, sur sa plage de rendez-vous.
« Tout à fait ! Nous allons donc passer à la mach... - Si vous pouviez m'accorder un moment intime avec le monsieur présent là-bas... » indiqua-t-il de l'index discrètement,
« ... j'en serais ravi. » Et sur ce, il glissa une plaquette de 2000 crédits. Aussitôt remisée par le patron. Lequel alla dire à la cliente qui s'installait là qu'il avait pour elle une "bien meilleure machine" à lui accorder, ainsi qu'aux autres à proximité, presque tous en uniforme gris, qu'il passa dans une pièce adjacente, presque vide. Il installa ensuite Samaritain, qui salua l'agent Jacob. Lequel lui rendit cordialement. Lee droïde s'affairait déjà pour l'agent Républicain. Celui de l'impérial commença bientôt.
« J'aime bien ce salon. On s'y détend vite. Pas vous ? » L'autre fermait les yeux, les rouvrant juste pour observer son voisin, tête en arrière.
« Si... si si... c'est pas mal. Le droïde masse bien le cuir chevelu. - Ahah. » Pas de temps à perdre.
« Mais surtout, j'aime bien cet endroit... parce qu'à y voir le monde qui le fréquente, on se dit que c'est ici que la politique impériale se joue. » Jacob pouffa, sûrement en réfléchissant au nombre d'uniformes gris à s'y trouver.
« Ouais, c'est sûr. La moitié de mes collègues vient ici. Faut dire que les tarifs au rabais pour les agents du gouvernement, vu les prestations, ça vaut le coup. » Samaritain acquiesça.
« Des fois, je me dis que, si j'étais un espion, c'est là que j'irais. » L'autre ne se démonta pas.
« Pourquoi ? Il n'y a que du clerc et du chef de bureau ici. - Justement. Ces positions ont l'air de rien, mais chacun a accès à un bout de dossiers confidentiels. Si on les écoute tous les uns après les autres, on arrive à avoir assez de potin pour se retrouver dans la tête d'un directeur de branche. » L'autre mimait le clerc qui n'y avait jamais pensé, mais trouvait l'analyse pertinente.
« Pas bête. Pourquoi, vous êtes espion ? - Ahah, non ! Non non... » Il attendit un peu.
« Mais si j'en étais un, c'est là que j'irais pour en débusquer. » L'autre ne réagit pas. C'est alors qu'il remarqua qu'ils étaient seuls. Que le patron était parti. Et que les droïdes ne coiffaient et ne coupaient plus.
« On aimerait que vous passiez un message à vos supérieurs. » Jacob le regarda comme s'il regardait un évadé de l'asile.
« De quoi ? » Samaritain fit fi de cette attitude, légitime, mais futile. Il tira un flimsi plié et le tendit à Jacob, qui n'esquissa aucun mouvement.
« L'Empereur veut discuter en tête à tête avec Omas. Sans que les services diplomatiques soient au courant. » L'autre continua à nier.
« Comment ça ? De quoi vous parlez ? Vous êtes qui ? Qu'est-ce que j'ai fais ? » Samaritain sortir alors une photo d'un homme habillé comme à la Bourse.
« Galek Arreston. On sait qu'il gère un parc d'hôtels et de boîtes de nuit qui financent les fonds secrets des Services Secrets Républicains. On l'a capturé il y a deux ans. On peut vous le restituer et permettre le ré-ouverture de trois boîtes de nuit. » Il retendit le flimsi plié.
Jacob hésita. Finalement, il prit le papier et le glissa dans sa poche.
« Laissez-moi douze heures. - Pas plus de six. Au bar Bella Rossa, sur Astellan Plaza. - Je veux aussi l'immunité. - Vous serez libre de partir vers les territoires républicains. Mais votre séjour sur nos territoires s'arrête ici. »Jacob partit. Maintenant, il fallait attendre.