L'Astre Tyran

[Helera Kor'rial]

L’ithorien inclina la tête et leva les mains vers le ciel. Il ferma ses deux yeux excentrés et inspira longuement. Helera se sentit vidée de toute énergie négative, de l’anxiété et du poids de ses responsabilités. C’était comme si le calme s’imposait à elle comme une vague qui l’enveloppait de manière douce et mesurée. Etait-ce dû à ce moment si solennel ou la Force elle-même parlait avec la Jungle-mère ? Oh non, elle n’avait pas envie d’y réfléchir. Elle était juste bien et voulait profiter de cet instant. Jeny quant à elle fermait les yeux et ne bougeait plus. Son mentor le lui avait dit : « Les sensitifs ressentent tout mais de manière bien plus forte que les autres. » Là, elle ne savait pas comment le décrire mais c’était juste … juste bien.

-La Jungle-mère est d’accord pour vous accueillir en son sein. Votre franchise et votre sérénité vous honorent. Prenez place dans la nacelle, le pèlerinage va commencer.

Helera et Jeny inclinèrent la tête de concert et la plus grande esquissa un sourire en regardant l’Anx. Elle n’avait pas réalisée tout de suite que sa déclaration portait sur la nourriture. L’ithorien et lui devaient se comprendre davantage. Par la navette, ils furent dirigés vers la terre ferme, en plein centre de la forêt dense. Très vite, dès que la cime des arbres fut dépassée, les rayons du soleil s’estompèrent pour ne laisser qu’une légère pénombre. Une pénombre douce et non angoissante. C’était bien cela le plus magnifique avec cet endroit. Ni jour, ni nuit, mais un univers plongé dans l’un et l’autre en même temps. Les gris par excellence. Il y avait tellement de partie de l’univers que l’on pouvait relier à cet énergie centrale. Helera savait qu’elle n’avait examiné que quelques pourcents de tout le potentiel. L’ordre avait décidé de porter secours aux plus démunis, de permettre aux enfants sensitifs de développer leur potentiel dans le respect des autres. Mais cela ne suffisait pas, ne lui suffisait pas. Quel était son but à elle ? Pourquoi la Force lui avait indiqué ce chemin là ? Les gris tournaient vers le côté lumineux de la Force, il n’y avait aucun doute là-dessus, mais était-ce réellement le but premier ? Ne devaient-ils pas unifier la Force ? Et non permettre à l’un des côtés de contrôler l’autre ? Ces questions tournèrent dans sa tête tout le long de la descente et elle ne pipa pas mots. Cet endroit lui faisait ressortir des interrogations fondées, réelles et déterminantes.

Dès qu’ils mirent pieds à terre, chacun partit dans le sens qu’il voulait. Le groupe de trois vagabonda dans les premiers mètres autour de la zone d’atterrissage. Helera suivait San Kun aller d’une plante à l’autre et d’en analyser la composition et l’existence. Jeny s’était approchée d’un grand arbre qui l’intriguait. Elle posa sa main dessus et regarda la cime. Son attention vint à être troublée et elle sursauta. Rapidement, elle ferma les yeux et invoqua la Force.

-L’arbre … Il … je le sens …

Helera se rapprocha et regarda ledit spécimen. L’écorce était fragmentée et assez dure, lui offrant une protection naturelle efficace. Il n’y avait pas de branche jusqu’à les quelques mètres en hauteur, puis à partir de là, elles s’éparpillèrent. Quelque chose agissait autour de l’arbre. La Force était présente, mais pas comme dans les autres être vivant. C’était comme si l’arbre était conscient sans pour autant l’être. Jeny ricana.

-Il chante …

Des grains de pollen jaunâtre tombèrent de l’arbre autour et sur eux. La petite était toujours concentrée et semblait dialoguer avec le végétal.

-Je ne m’attendais pas à cela, je l’avoue. Cette planète m’intrigue au plus haut point. Les gris feraient bien de venir y faire un tour de temps à autre. San Kun, que pensent les Jedi de notre ordre ? Demanda-t-elle enfin. Ou plutôt, que pensez vous qu’ils penseraient ?

[San Kun]

C'était effectivement une flore des plus développées. Beaucoup plus développée que sur les autres mondes. Et si les tendances millénaires et écologiques de Ihtoriens avaient permis à la planète et à sa flore de sortir de sa torpeur, de sa réserve, pour vivre, chanter et parler au delà de tout autre monde. En se rapportant à sa propre expérience personnelle, l'Anx écoutait attentivement la cacophonie végétale autour de lui. Sur Corruscant, il était obligé de rentrer en méditation, en profonde concentration pour réussir à entendre quoi que ce soit en rapport avec la spiritualité de la planète. Ici, il devait se concentrer pour n'écouter qu'un seul de ces esprits tant il y en avait! C'était une fête joyeuse que de vivre ici. Il se pencha pour ramasser une branche morte, sur laquelle étaient en train de mourir les dernière feuilles. Aurait-il le droit de rapporter un souvenir, vestige d'un voyage au milieu d'une fiesta végétale?

Héléra vint le sortir de ses rêveries. Elle aussi semblait prendre conscience de l'originalité de ce monde, mais revint sur la question de ses relations avec les Jedi.

San Kun - Les Jedi pensent ce qu'ils pensent, mais en disent peu pour éviter de trop "conditionner" leurs disciples et leurs apprentis. Tout dépend de la façon dont est apportée la chose, Héléra, ainsi que les termes choisis pour l'expliquer. Il y a beaucoup de données qui rentrent en compte pour la légalisation d'un nouvel ordre qui sera, espérons le, séculaire.

Il prit un air grave, essayant de rassembler ses idées.

San Kun - Il est certain que vous trouverez oreille attentive, que ce soit auprès du Conseil des Jedi, ou du Sénat. Qui se permettrait de négliger une aussi charmante demoiselle? Qui respecte les règles les plus élémentaires d'accueil et de politesses envers les membres de l'Ordre, qui plus est.

Il lui sourit doucement. Le problème était tout autre. Il savait maintenant, grâce à maître Kota, composer avec les problèmes sous-jacent à l'avidité des différentes espèces galactiques. L'avidité passait par l'argent, le pouvoir, et la force brute. L'Ordre Gris représentait une grande puissante, et il le devinait, une menace. Car de cette force allait naître un pouvoir, qui allait prit à quelqu'un. Quoi qu'il se passât, l'Ordre Gris ferait de l'ombre à une autre faction. Le meilleur scénario possible était que seul l'Ordre Jedi en pâtisse. De son point de vue, San Kun n'était pas fermé à l'idée de voir un autre ordre prendre la place de l'Ordre Jedi petit à petit, et pourquoi pas l'éclipser de la scène politique. Il pourrait se consacrer à d'autre problèmes, que les relations avec la Nouvelle République ne faisaient qu'interférer.

Il sentit une perturbation. Un mécontentement notable chez les Ithoriens qui les avaient accompagnés.

San Kun - Il se passe quelque chose. Allons voir nos hôtes, s'il vous plaît.

Il se dirigea vers l'origine de la perturbation. Les deux Ithoriens qui les avaient accompagnés étaient en grande discussion, devant un vide dans la végétation. Un vide? San Kun ressentit de la souffrance, mais pas aussi vivante que celle d'un être pensant. Un végétal pouvait-il souffrir de la sorte? Non, c'était une autre souffrance. La souffrance d'autres êtres, qui l'entouraient et l'avaient vu disparaître.

San Kun - Navré de vous dérangez, messieurs. Quelque chose ne va pas, et peut-être, mes amies et moi pouvons vous aider?

Ils finirent de s'exprimer en Ithorien, et s'adressèrent ensuite à l'Anx.

Katir - Il semblerait qu'une plante ait été arrachée.

Valkipre - Loin de nous l'idée de vous accuser. Laissez moi vous expliquer. C'est une plante nommée Séraze qui est la victime.

San Kun - Oh oui! Elle est peu connue pour ses qualités gustatives. Néanmoins, cuite longtemps, trois à quatre jours standards, dans un milieu sensiblement basique, elle est capable de donner un léger goût d'humus à la nourriture, très très fin, ce qui n'est pas sans évoquer la forêt dans laquelle nous sommes. Il faut également que la Séraze ait été ramassée, et non cueillie, afin que ce processus ait lieu, et donc que la plante soit déjà morte au moment de son ramassage. Elle est plus connue pour ses propriétés aphrodisiaques... en raison de sa rareté, son prix est relativement élevé.

Katir - Je ne connaissais pas ses propriétés gustatives, tiens donc.

San Kun - Si vous m'y autorisez, ce serait un plaisir de vous faire goûter.

Valkipre - Là n'est pas le sujet... cela fait quelques temps que cette plante est souvent volée à ton habitat. Nous sommes obligés d'en ressemer, au risque de perturber la biosphère dans laquelle nous la réintroduisons.

Katir - Même si ces phénomènes sont étudiés avec soin pour limiter le plus possible cette perturbation.

San Kun - Des voleurs? Mais... comment peut-on voler une plante? C'est cruel...

Valkipre - Moins que de prendre des esclaves ou que de voler des objets dangereux.

San Kun - Des voleurs en herbes donc, hi hi hi. Pardon, veuillez m'excuser.

Katir - Très spirituel.

San Kun - Merci. En tant que Jedi, il est dans mes prérogatives de pouvoir vous aider. En tant qu'Anx, c'est un devoir. Laissez moi vous demander si l'aide d'Héléra, ici présente, serez tolérée? Il est très probable qu'elle ait la même opinion que moi sur ces événements.

Valkipre - Toute aide est la bienvenue, nous ne sommes pas nous mêmes équipés... ou formés pour ce type d'actions.

[Helera Kor'rial]

San Kun n’avait pas vraiment d’avis sur la question et préféra rester neutre quant à sa résolution. Le problème restait ainsi entier. Lui était confiant d’une chose, c’était qu’ils l’écouteraient si elle venait à les rencontrer. Une partie de sa phrase l’interpella néanmoins.

-Comment ça la légalisation d’un nouvel ordre ? On ne demande pas à des mercenaires s’ils veulent le devenir. Pourquoi cela doit être différent ? Qui va nous juger, les Jedi ?

Si une telle légalisation existait belle et bien, l’ordre gris était en danger. Les Jedi sont ce qu’ils sont, protecteur, gardien et toutes ces choses, mais l’ordre gris à la différence ne fait pas que le dire. Si l’ordre est portée au Sénat, l’ombre qu’elle va leur donner sera telle que bon nombres de Jedi deviendront ses ennemis directs. Elle espérait que son interprétation était mauvaise et que San Kun allait lui expliquer qu’il n’y avait pas besoin de cette « légalisation ». La politique avait toujours été en dehors des gris. C’était le premier principe qui permettait entre autre d’accepter tout le monde. Tout cela n’augurait rien de bon, Helera resta interdite pendant ses méditations. Elle fut sortie de sa torpeur quand l’Anx la prévint d’un potentiel danger avec les Ithorien. Avec toute cette agitation mentale, elle n’avait pas ouvert son esprit aux autres êtres vivants. Jeny était déjà aux côté de San Kun devant. Helera les rejoint en hâte et ouvra ses sens. Tout en s’approchant du lieu du crime, elle remarqua le vide laissé dans le sol. Pendant que San discutait avec les deux ithoriens, Jeny et elle se placèrent de part et d’autre. Elle frôla la terre avec sa main.

-Qu’est ce que tu en penses ? Demanda le maître.

-La plante a été arrachée avec précaution, il n’y a plus de trace de racine. Ce n’est pas l’œuvre de visiteurs à la recherche d’un souvenir.

-Ou alors ils ont prit leur précaution pour laiser la plante en vie et peut-être faire des nouvelles plantations chez eux, tu ne penses pas ?

Jeny fixa son maître, ses yeux étaient vide à la surface mais son cerveau travaillait rapidement pour répondre à cette question.

-Peut-être, admit-elle à contre cœur. Mais j’ai le pressentiement que ce n’est pas le seul plant que nous trouverons arraché.

-Tu penses à quoi ?

-Les plantes d’Ithor sont uniques à la planète. L’appât du gain j’imagine.

Helera acquiesca, elle en avait déduit la même chose. Pour corober leur théorie, elles devaient vérifier si d’autres plantes étaient manquantes. Dans une telle forêt, autant chercher une aiguille dans une meule de foin. Ou alors, demander à quelqu’un qui connait bien les plantes… Les deux femmes se relevèrent. Helera rattrapa la fin de la conversation. Pour appuyer les dires de San Kun et clarifier les choses, elle surenchérit.

-Nous représentons l’ordre gris. Un groupuscule non lié au Jedi mais dont les motivations sont similaires. Notre ami et nous-mêmes enquêteront sur ce qu’il s’est passé ici et nous feront cesser le vol de plante. Malheureusement, je crains que cela n’entraîne des perturbations du calme dans la jungle-mère. Si nous trouvons les voleurs et qu’ils essaient de nous arrêter, il sera de notre devoir de répliquer.

L’anx, vêtu d’un drap rouge sur les épaules se gratta le dessus de sa tête plate. Ses deux bouches se mirent en action pour lui répondre.

-La Jungle-mère ne tolère ni les voleurs, ni la violence. Néanmoins, son intégrité étant menacée, vous pourrez faire ce que vous devrez. Si des dégradations devaient avoir lieux, nous vous tiendront néanmoins pour responsable. Votre Ordre Gris et vous.

Helera acquiesca et inclina respectueusement la tête. Au moins si les choses tournaient mal, San Kun ne devrait pas être inquiété pour sa réputation auprès des Jedi. Helera fit volte face et entraîna ses confrères à l’écart. Elle passa sa main sur sa bouche tout en prenant une mine grave.

-La piste des voleurs est peut-être trop attive pour pouvoir être proclamée. Je vous propose dans un premier temps de nous séparer et de rechercher des indices. Si c’est avéré, il est peu probable que lesdit voleur ne s’aventurent audelà d’un certain périmètre autour de ascenseur central.

Jeny acquiesca et demanda :

-Et les complications, comment on les gère sans nos sabres ?

-Avec la Force, Jeny. C’est le meilleur moyen pour prouver que tu n’es pas dépendante de ton sabre laser.

Elle acquiesca et se retourna vers San Kun. De toute manière, c’était la seule piste qu’il pouvait étudier. Peut-être que l’anx avait une meilleure idée néanmoins.

[San Kun]

San Kun - Votre plan, Héléra, est tout à fait raisonné.

Il s'assit en position de tailleur. Ce n'est pas avec ses yeux, plus mauvais que ceux des humains qu'il avait une chance de les aider, mais en s'aidant de la Force. Ils entait qu'elle émanait de la vie de chacun des végétaux de cette planète. Il renseigna tout de même le couple d'humaines sur ses intentions, afin de ne pas passer pour un invétéré fainéant.

San Kun - Il vaut mieux que vous vous chargiez de trouver une piste à remonter. Les yeux des Anx ne sont pas aussi perspicaces que les vôtres. La Force, pour cette tâche, sera ma vue.

Il attendit leur approbation à toutes les deux. Héléra était d'accord, et lorsqu'il fixa la Dame d'Arkania, elle sembla surprise qu'il lui demande son consentement, muet, à elle aussi? Elle se ravisa et acquiesça, visiblement gênée. Et pourtant, n'était-ce pas là la marque de ce nouvel Ordre que d'avoir une organisation horizontale, au lieu de la pyramide hiérarchique de l'Ordre Jedi?
Il ferma les yeux, et sentit que les deux sensitives semblaient chercher son intrusion dans la Force, ce qui lui fit froncer les sourcils. Elles s'attendaient à le sentir, mais lui, ce qu'il chercher justement à faire, c'était justement sentir les autres, et non se montrer par le biais de la Force. Il se concentra, pour essayer d'entrer en harmonie avec les différents flux exprimés par les végétaux. Ils étaient tellement nombreux... L'entreprise était laborieuse, mais il tenta, un par un, de les identifier, en les écoutant et en les observant : en les sentant.

En fait, la tâche était moins ardue qu'elle ne le semblait. Beaucoup des signaux se ressemblaient entre eux. San Kun se demanda pourquoi? Faisaient-ils parti de la même espèce? Avaient-ils le même âge? Consommaient-ils la même chose? Quoiqu'il en soit, il émanait d'elles des signaux semblables. Cela lui permit de trier les signaux en groupe et en sous groupes, et il en trouva très nettement un différent. Un signal plus triste que les autres. Puis deux, puis trois... Il suivi la piste, et augmenta son rayon de perception à son maximum, la tordit dans la direction qui remontait cet élan de tristesse et comprit finalement de quoi il s'agissait. Les végétaux dans l'environnement proche des plantes arrachées émettaient ce type de signaux, comme si elles sentaient qu'un autre végétal était mort, proche d'elles. En modulant son espace de perception, il arriva à tirer la piste sur quelques kilomètres, et fronça les sourcils, ce qui le fit sortir de sa méditation. Il se releva lentement (péniblement pourrait-on croire) à cause de sa grande taille. Héléra et son amie avaient disparu, et les deux Ithoriens étaient encore près de lui, surveillant les environs, et notant des observations sur leur datapad. San Kun s'adressa vers eux.

San Kun - Si mes craintes se révèlent exactes, attendons le retour de ses Dames, mais...

Les deux êtres le regardèrent avec un air interrogateur.

San Kun - Nos armes pourraient avoir leur utilité, ainsi que des vivres.

Valkipre - Comment ça?! C'est inenvisageable! Cette forêt est sacrée vous savez?

San Kun - Oui, oui... C'est certain. Navré de vous avoir choqué. Cette nécessité est bien réelle.

Katir - Allons Valkipre. Ce n'est pas à nous d'en décider, c'est au clergé. Expliquez vous, Padawan San Kun.

C'est ce moment là que choisirent Héléra et la Dame d'Arkania pour réapparaître, sortant délicatement des fourrés. L'ancienne jedi avait un air grave, et San Kun engagea donc la conversation, pensant qu'elle devait probablement être arrivée aux même conclusions que lui.

San Kun - Les plantes tristes s'étalent le long d'un sillage, qui n'a rien d'un "quadrillage" comme l'hypothèse de départ. Non... c'est plus aléatoire, comme une randonnée. Si ce sont effectivement des trafiquants, il est probable qu'ils soient à pied, et ici pour un certain temps, parcourant la planète à leur guise.
L'hypothèse peut être émise qu'ils ont une date précise et un lieu où être recherché avec l'objet de leur braconnage. Ce mode de pratique laisse penser qu'ils connaissent la zone. Comme il est peu probable qu'un Ithorien soit avec eux, il est logique de supputer que ce n'est pas leur premier essai, loin de là. De cette façon, ils connaissent les "bons coins" ou s'approvisionner, et bivouaquer, par la même occasion. Mmmhh... ce n'est pas certain, mais la méthode qui s'impose, la moins destructive pour la faune et la flore, est un traque par voix terrestre, plutôt que par voix aérienne. C'est pour cette raison qu'il faudrait que nous puissions avoir accès à des vivres et à nos armes, si nous nous lançons dans une poursuite qui peut durer plusieurs jours. Nos capacités devraient nous permettre de vite les rattraper.

Avez-vous trouver une piste vers l'Ouest Héléra pour confirmer cette hypothèse?

[Helera Kor'rial]

L’anx aplatit son gros derrière dans l’herbe grasse, écrasant toutes les malheureusement silhouettes vertes qui avaient la malchance de se trouver là. Une faim plutôt atroce que de se retrouver écraser par un anx, « que l’on soit de ce monde ou d’un autre, ça doit faire très mal ». Helera acquiesça quand il lui proposa de rester ici pendant qu’elles iraient explorer. Cela ne la dérangeait pas outre mesure, elle faillit lui proposer quelque chose mais se raviser au dernier moment, se contentant de faire volte-face et de filer à travers la forêt avec la vitesse de Force. Jeny resta planté là et acquiesça, plus par dépit qu’autre chose. Elle n’allait pas aller contre la volonté de son maître et l’anx faisait bien comme il voulait. Le fait qu’il lui demande la gêna, surtout partant du principe qu’elle était d’un rang supérieur à lui, d’après ses dires. Jeny ne le pensait pas, mais bon. Si lui le disait c’est que cela devait être vrai. A petite foulé, elle partit dans l’autre direction. Helera avança à grandes foulés et la forêt défilait devant elle comme un tunnel hyperspatial. Elle s’arrêta net et épia les alentours. Rien d’intéressant. Elle marcha rapidement et jetait son regard de part et d’autres. Arracher des plantes n’était pas la chose la plus discrète. Surtout dans une forêt comme celle d’Ithor. L’esprit de l’anx toucha le sien, ce qui lui fit esquisser un sourire. Il avançait de manière ordonné, rigoureuse dans la nature et son flux était en train de classer le reste des éléments. C’était un choix rigoureux, logique, pas forcément celui qu’elle aurait adopté, le choix de la rivière et non de la roche. Mais qui pouvait dire qu’un choix était mieux que l’autre ? Surtout par elle, surtout pas les gris qui prétendaient que le choix n’existait pas. Cependant, son esprit, bien qu’il ne fût pas formé à cela, lui servit d’encrage. Elle n’était qu’une présence dans l’amas, mais en s’y raccrochant, cela lui permettait d’avoir une vision d’ensemble autour d’elle sans pour autant devoir se plonger en méditation. C’est ainsi qu’il lui permet de trouver un des plants. Arraché avec sauvagerie, il ne restait plus grand-chose. Quelques feuilles étaient à terre et … et il lui vint une idée. Feu sa conjointe était une experte dans ce domaine, mais jamais elle-même n’avait essayé. La poursuite de Force, comme elle l’appelait. Elle prit une des feuilles qu’elle posa sur sa langue. Si c’était du poison, elle allait mourir, si cela provoquait des crises d’urticaires, elle allait mourir, et en plus on ne la reconnaîtrait pas. Rien ne se produisit de cela, louée soit la Force.

Elle recracha la feuille et se concentra sur le flux qui se mélangeait au sien et se posa à genoux sur la terre meuble. Elle posa les mains dans la terre pour accentuer le phénomène. Même avec toute la volonté du monde, il n’y avait pas de lumière pour elle. Juste la présomption d’une présence à l’autre bout de la forêt. Une présomption, c’était déjà bien assez pour commencer une piste, fusse-t-elle juste ou fausse. Quand elle retourna vers la zone de « débarquement », Jeny était déjà là et L’anx l’interpela, lui exposant ce qu’il avait vu. Cela concordait plus ou moins avec sa supposition, à ceci près qu’elle n’avait pas pensé qu’ils s’aventureraient hors d’un périmètre donné. La jungle était constituée de bêtes qui suivaient leur cycle alimentaire, herbivore comme carnivore… Mais bon, si ils devaient se battre …

-San Kun a raison, nous devrons avoir notre équipement si nous partons à leur poursuite. Vous n’aurez je pense aucune envie d’expliquer à nos ordres pourquoi nous ne sommes pas rentrés.

Il ne fit pas longtemps aux Ithoriens pour leur ramener ce dont ils avaient besoin. Comment expliquer à des Jedi que leur padawan était mort à cause d’un refus de collaborer ? Ce n’était pas envisageable. Equipée de ses deux sabres, de quelques fruits, légumes et autres cucurbitacées, Helera prit les devants de la petite troupe. Elle préférait se prendre des tirs plutôt que ses deux protégés. Ils partirent l’après-midi même de la journée. En chemin, Helera se retourna près de San Kun, vérifiant d’un coup d’œil s’il n’avait pas besoin d’aide ou juste d’assistance à cause de sa grosse taille. N’étant pas encore capable de se déplacer sur les mains, elle se devait de vérifier.

-Vous faites beaucoup d’expédition avec les Jedi ? Avec des maîtres j’entends. D’ailleurs, vous avez bien un maître non ? C’est comme cela que fonctionne les Jedi si mes souvenirs sont bons.

Ils continuèrent comme cela jusqu’à la tombée de la nuit.

[San Kun]

San Kun - Oh oui, le maître Rahm Kota est le mien. C'est une bonne chose, car nous n'avons pas les mêmes forces, ni les mêmes faiblesses. Il y a beaucoup à apprendre de cette union.

Il n'avait aucune idée de si elle connaissait Rahm Kota ou non. Lui même ne le connaissait pas. Il avait seulement appris plus tard, en se renseignant, qu'il s'était particulièrement démarqué pour sa chasse aux impériaux, par exemple. Un "vieux de la vieille", pour reprendre les termes que Singer auraient utilisés.

La balade était soutenue. Bien que San Kun avait passé un certains nombre d'entraînements (dont ceux de maître Kota étaient les plus éprouvant), cette gravité plus puissante que celle de Gravlex Med l'affectait toujours, et il fournissait un effort supplémentaire pour déplacer sa masse par rapport aux deux humaines. Néanmoins, ses entraînement répétés avec son maître lui avait forgé une endurance dont il pouvait mesurer avec effroi tout le résultat. Il était à même de continuer comme cela quelques jours s'il le fallait, ce dont il n'aurait absolument pas été capable avant de rentrer dans les ordres. De même, il devait prendre un critère en compte : Héléra, qui les guidait, pouvait à tout moment décider d'accélérer le rythme. Là encore, bien que ses prédisposition génétiques fassent de ses muscles des organes plus accoutumés à l'endurance qu'à l'effort intense de courte durée, il n'était pas sure que "l'effort" soit assez petit pour que son corps puisse l'ignorer. Il soupira : le seul point positif de son gabarit, était le transport de vivre. Il mangeait à peu de choses de près, une fois et demi la ration humaine, mais portait sans aucun effort trois à quatre fois sa ration. Il pouvait donc assurer plus de paquetages beaucoup plus facilement. La prespective que si son espèce avait été découverte avant de devenir intelligente, aurait fait un très bon porteur domestique le fit beaucoup rire, ce qui surprit ces coéquipières.

San Kun - Ne vous inquiétez pas. Mes pensées vagabondent... Si les Anx avaient été découverts avant qu'ils développent leur système cognitif, ils auraient... Nous aurions fait de très bons porteurs domestiques, hi hi hi. Comptez-vous accélérer le rythme lorsque la piste se rafraîchira, Héléra? Il se trouve que ma condition peut ne pas assumer cette charge d'efforts supplémentaire.

[Helera Kor'rial]

-Kota … Je connais de nom. C’est une sorte de demi-légende chez vous, non ? Maître Jedi, mais pas assez Jedi pour être considéré comme maître.

C’était très poétique ce qu’elle était en train de dire mais San Kun comprendrait sans aucun mal. Ils continuèrent la marche et gardèrent le silence, pour un temps. Jeny très vite, ne voyant plus trace de plantes sur les côtés, lui demanda :

-On est sur la bonne piste ?

Helera sourit de nouveau.

-Qu’est ce que tu en penses ?

-Je n’en sais trop rien, répondit-elle. Je sais que l’on avance tout droit depuis tout à l’heure. Je sais que les arbres sont tous les mêmes, mais est-ce que nous nous rapprochons ou nous dévions de notre quête, je ne sais pas.

-Tu te poses trop de questions. La Force me guide, fie toi à moi et à ce que tu ressens. La Force est bien l’énergie la plus illogique qui soit dans toute cette galaxie. Aléatoire, inconstante et désordonnée, tu ne peux pas établir de schéma quant à ce qu’elle va faire. Fie-toi à juste à elle.

La petite acquiesça et replongea en méditation active, son esprit touchant le sien, elle l’accepta et les deux femmes se lièrent, partageant tout, ou presque. Une des premières études des gris qu’était celle là. Connaître son coéquipier aussi bien que soi même. Cela permettait bien des ennuis, dans tous les sens du terme. L’esprit de la femme aux blancs cheveux pivota vers celui de San qui … pensait que sa race ferait des parfaites bêtes de sommes. Cette pensée lui arracha un sourire, et donc à Jeny également, ce qu’il remarqua. Il lui fit part de ses inquiétudes quant à sa lenteur, ce qu’elle répondit par un hochement négatif de la tête.

-Si une bête devait nous prendre en chasse, vous devrez quoi qu’il en soit accélérer le rythme. Vous ne pourrez lui demander de s’arrêter pour que vous repreniez votre souffle.

Elle s’arrêta, Jeny en même temps. La pénombre commençait à prendre le contrôle des bois et les rayons du soleil avait de plus en plus de mal à percer l’épais feuillage. Très bientôt, ce serait le noir complet, et l’Anx allait très vite être perdu, surtout s’il commençait à douter de lui.

-Ce n’est pas vos muscles qui vous portent, c’est votre volonté, c’est la Force. Quand nous avons créé les gris, nous n’avions qu’une idée, être une unité parfaite. Un seul et même bras. Nous travaillons dans ce sens avec nos apprentis. Ouvrez votre esprit et accrochez vous au nôtre. Sentez ce que l’on ressent, voyez ce que l’on voit. Ce ne seront que des impressions, vous verrez du « déjà vu », mais c’est normal. Le but étant que vous ne fassiez qu’un avec nous. Nous allons prendre un peu de temps pour rentrer en méditation et nous reprendrons notre route par la suite.

Helera et Jeny s’assirent côte à côte, face à San Kun. Diantre, l’herbe !

-Ce que vous allez faire est très simple, ouvrez votre esprit et laissez vous guider.

L’Anx ferma les yeux et laissa la Force affluer en lui, étendant son aura. Helera le regarda d’abord faire, puis le rejoint à travers la Force. Les trois flux étaient là, celui d’Helera et Jeny étant déjà liés. Helera vint chercher San Kun et toucha son esprit. Dès qu’il lui donna la permission, elle se lia à lui, de la même manière qu’une mère prend la main d’un enfant. Le lien d’Helera était ferme et ne transpirait pas de sentiments inutiles, ou parasites. Celui de Jeny cependant était plus diffus, moins ordonné.

Du point de vu de San, il partagerait la vue des humains, la sensation, l’ouïe. Il verrait le jour où Helera avait récupéré Jeny et à quelle point elle avait été frustrée. Il verrait son premier combat spatial avec l’appréhension qu’elle ressentait, mais aussi une excitation débordante, et la joie de la victoire quand tout fut fini. C’était comme cela fonctionnait, et les deux femmes ressentiraient la même chose pour l’Anx. En connaissant ainsi l’Anx, et surtout en laissant l’Anx les connaître jusque dans leur intimité, il devenait un danger pour l’ordre. Sa personnalité ne s’effaçait pas, mais le contact quotidien déteindrait sur sa propre vision des choses, et inversement. C’est pour cela que le lien d’Helera servait de passerelle. Sans lui, San et Jeny se retrouveraient projeté l’un dans l’autre et se seraient retrouvés confus, ou pire, ne sachant plus ce qui est vrai ou pas, ce qui est à soi ou à l’autre. Cette technique existait, mais ce n’était pas ce qu’elle voulait montrer à l’Anx, ils n’allaient pas à ce point là. De plus, si le lien d’Helera filtrait, ce serait le côté obscure qui s’infiltrerait dans la tête de l’Anx, comme cela s’était produit avec Mya quelques mois plus tôt, à quelques différences près. Quand elle rouvrit les yeux, la nuit était noire comme le charbon. Tous les animaux nocturnes s’étaient levés et la forêt semblait agitée d’une deuxième vie. Elle jeta un regard vers San Kun et il n’eut pas besoin de ses yeux pour savoir qu’elle lui étira un sourire.

-Les effets de la méditation… On ne sait jamais quand on va en ressortir. Mangeons et continuons. Appuyez vous sur moi pour avancer, bandez votre volonté et marchons tous comme un seul.

[San Kun]

Alors qu'il était une nouvelle fois assis dans l'herbe, en méditation, il se produit des choses qui nécessité une profonde réflexion. Cela pouvait être perçu comme le doute, ou l'hésitation. "Fais, ou ne fais pas, mais essayez ne ce peut" disait maître Yoda. Cependant, l'Anx ressentait l'aura d'Héléra, mêlée à celle de la Dame d'Arkania, le frôler et l'envelopper comme un voile protecteur. Il n'ouvrit cependant pas ses barrières tout de suite, se posant quelques questions. Qu'en était-il des prédispositions de leurs espèces? Il y avait des sentiments et des sensations que les Anx et les Humains ne partageaient pas. Non pas qu'il n'avait pas envie de le découvrir, mais le danger qu'elles représentaient ne pouvait pas être ignoré. Il y avait beaucoup plus d'humains du Côté Obscur que de Jedi Noir Anx. Non... en fait San Kun n'avait jamais entendu parlé d'un quelconque Anx tombé du Côté Obscur.
Le niveau de Héléra... son lien, ce qu'elle dégageait, était clair, lumineux, mais aussi obscur. Mmmh... l'Ordre Gris portait magnifiquement bien son nom. Il devait décider dans l'instant s'il s'en remettrait à elle ou non. Il aurait aimé, à cet instant, être capable de ne s'ouvrir que partiellement, sélectionnant les informations qu'il allait donner et qu'il allait recevoir. Cela promettait d'être enrichissant et intime à la fois.
La décision était prise. Il avait foi en Héléra, foi en son amitié, qu'il pensait sincère et respectueuse de son espèce, de son intimité, de ses choix et de son destin. Elle ne forcerait pas les choses. Alors il s'ouvrit, comme un réceptacle aux sensations... et aux souvenirs.

Alors qu'il sentait les esprits des deux femmes s'insinuer et danser dans un ballet harmonieux, il sentait qu'elle accédait à sa mémoire. De sa naissance, ses premiers pas, son passage de la lactation aux herbes, son goût pour sans cesse de nouvelles saveurs sur sa langue. Elle perçurent l'énorme satisfaction que procurait la rumination. Que San Kun avait découvert que ruminer et méditer rendait la méditation encore plus attractive! Ses premières leçons : mécanique des fluides, astronomie, physique nucléaire, théorie quantique, art visuel, danses, sculpture, artisanat! Il sentit même l'intérêt qu'elles portaient à une éducation qui se voulait utopique pour la race humaine? Oui, utopique, et ils se rendirent compte à trois de la différences qui diminuait de seconde en seconde entres elles lui : dans sa mémoire, aucun souvenir de colère, de haine ou même de peur. Uniquement de la curiosité, de la compréhension, de l'altruisme. Tandis que chez elles!! Un cocktail d'émotions détonnant! Les traits de la haine, le fait de "détester" quelque chose? Comment pouvait-on ne pas aimer quelque chose? La douleur? Beaucoup de douleur, trop de douleur, mais il tint bon, Héléra l'aidait, Héléra filtrait, contenait, retenait tout ce qui aurait pu faire choir l'Anx dans des Abysses qu'ils ne souhaitait pas voir.
L'utopie cessa quand elles continuèrent à accéder à sa mémoire : la société Anx, régit par beaucoup d'Intelligence Artificielle pour tous les rôles qui demandaient trop de sévérité, d’autorité. Ruby, Quartz, Saphyr, Emeraude... Les quatre IA qui régissaient le système judiciaire et le pouvoir exécutif. La place des femelles Anx, martiale, pour la plupart, tandis que c'étaient les hommes qui s'occupaient des tâches culturelles et événementielles. Les femmes détenaient la Force, la police, l'armée, la religion tournée vers la symbiose Gravlex Med/Anx/IA. Beaucoup de données brutes.

Il rouvrit les yeux, ayant à la fois le point de vu chacun, sans pour autant pouvoir le formuler. Il retrouva sa personnalité plus facilement que ce à quoi il aurait pu s'attendre.

San Kun - Comment m'avez vous perçu? Cette question? Je me le demande.

"Je"? "Je"... "Je!". Comment avait-il pu se laisser autant aller et utiliser cela! Allons, allons, le "je" n'existait pas en Anx. Il se gratta le menton (ou la protéburance sous sa bouche qui faisait office de menton), et regarda les deux humaines, et fit un effort concret.

San Kun - Navré de m'être pareillement mis en avant... mmhh... vous le savez déjà. C'est assez drôle comme exercice.

Il mangea le haut d'un fruit herbacé, leur passant le tubercule. Pour ainsi, chacun avait son apport, toute la plante était utilisée, hé hé. Il en reprit, puis ils se remirent en route, et les premiers rejets de son estomacs arrivèrent. La rumination, il les sentit éprouver la satisfaction, le mouvement rassurant et monotone de la mâchoire sur cette pâte prédigérée. De son côté, c'était beaucoup moins intense qu'avant comme sensation... était-ce parce qu'il partageait ses sensations ou bien parce qu'elles étaient mêlées à celle des humaines qui n'appréciaient peut-être pas autant que lui cette bouillie chlorophyllienne post intestinale?

[Helera Kor'rial]

Pendant l’opération, Helera avait laissé les sentiments et autres souvenirs de l’anx filtrer à travers le lien. Jeny recevait alors presque intégralement ce que l’anx envoyait, et ce n’était pas des moindres. L’organisme d’un omnivore n’était pas du tout le même d’un herbivore, mais dans la perception des choses également. Jeny savait relativement bien maîtriser ses pensées depuis le temps, il y avait quelques fuites ou des laissées allé, mais globalement le lien était solide. Cependant, elle n’était pas entraînée pour recevoir des informations inverses. Les seules personnes avec qui elle s’était liée seule, c’était avec la première génération, tous des humains, le même âge qu’elle. Autrement dit son esprit n’avait pas été plus troublé, car n’ayant pas vu ou sentit d’autres choses que son corps ne pouvait pas percevoir. La chose fut totalement différente pour cette fois là. Bien sûr, Helera aurait pu la protéger des pensées parasites de l’Anx qui n’en était qu’à sa première méditation collective, mais elle ne le voulait pas. Si Jeny devait un jour prétendre au rang de chevalier, elle devrait comprendre tout ce que cela impliquait. Volontairement, une fois le lien méditatif rompu et que les trois individus furent plus ou moins bien connecté aux autres, Helera exclut la petite. Quand cette dernière ouvrit les yeux, son visage pâlit presque instantanément. Elle mâcha dans le vide …

-C’est horrible cette …

Elle se détourna des deux autres et se mit à quatre patte, prête à expulser le contenu de ses intestins. La bouillie gastrique que les herbivores aimaient tant révulsait bien évidemment les autres espèces. Inutile de faire brouter de l’herbe à un Drall, ou même à un humain, plus simplement. Elle prit sa tête entre ses mains et grogna tout en essayant de faire sortir tout ce qui ne lui appartenait pas. L’arrête de ses yeux au niveau du nez lui piquait, sa concentration en était altérée. Jeny était comme dans une bulle, n’arrivant plus à discerner le vrai du faux, tout en ayant les goûts de l’anx dans la bouche. Helera la regardait se battre avec elle-même. Les bras dans le dos, son regard inquisiteur ne se détourna pas de son apprenti. C’était peut-être pour cela que les gris acquéraient la maturité plus vite que les Jedi, ils étaient confrontés aux épreuves très vite et de manière brutale, tout comme les Sith le faisait, et comme la vie le présentait. Cependant, à l’inverse de leurs collègues noirs, Helera ne prenait aucun plaisir à faire « souffrir » ses petits gars. Les couver comme le faisait les jedi c’était les handicaper le moment venu. Les torturer, c’était les emmener vers une voie qui est celle de la destruction. Helera se posa à ses côtés, sans s’assoir dans l’herbe, elle plaça une main sur l’épaule de la jeune femme.

-Ressens le, apprend de lui et stock ses informations, ne les vis pas. Tu n’es pas San Kun. Rappelle toi tes échecs, tes combats, la façon dont tu pilotes, le respect des autres quand on parle de Storm.

-Ca marche pas ! Maugréa-t-elle.

Elle était totalement désorientée, mais Helera ne pouvait l’aider. Si elle ne trouvait pas la paix intérieure seule, elle ne le ferait jamais. Le maître se retourna vers l’Anx.

-Cet exercice est plus compliqué qu’il n’y parait. Vous ne devez pas penser à ce que vous êtes car vous « polluerez » le lien. Seules vos impressions doivent filtrer, vos sentiments les plus purs, ceux qui caractérisent votre personnalité. En nous ouvrant entièrement à vous, vous augmentez le risque de confusion.

Elle jeta un coup d’œil vers Jeny qui respirait difficilement, crachant à intervalle ponctuelle à terre.

-Je n’en attendais pas moins cependant, c’est la première fois que vous tentez l’expérience. Rappelez vous juste de cela à l’avenir. Sentez, ne réfléchissez pas.

C’est pendant que l’anx finissait de manger que Jeny émergea enfin. Elle se laissa tomber sur le dos et regarda la cime des arbres dont elle ne voyait pas le bout. Tout semblait tourner autour d’elle et rien n’était précis.

-J’ai plus faim… se contenta-t-elle de dire.

-On y retourne, prévint Helera.

Jeny souffla mais obtempéra tant bien que mal. Helera la reprit dans le lien mais l’isola complètement de l’anx. Le moindre parasite la ferait chuter encore une fois. Ils reprirent leur route et marchèrent parmi les bruits de la forêt pendant une heure environ, peut-être plus. L’allure avait largement augmenté mais l’Anx n’en ressentirait pas les effets, pas tout de suite. Une heure pendant laquelle Jeny avait rassemblé toutes ses capacités et ses propres souvenirs. Elle était restée silencieuse et ne comptait pas parler davantage, elle n’en avait simplement pas la motivation, spirituellement hors service. Ils firent encore quelques pas quand un bruit de déclique résonna. Helera arrêta le groupe et tendit ses oreilles et sa perception. Imagination ou réalité ?

[San Kun]

San Kun l'entendit. Dans la seconde ou il sentit Héléra se demandait si elle n'avait pas rêvé, elle comprit aussitôt à la réaction des autres que non, ce n'était pas un rêve. San Kun engagea sa sensibilité vers l'exacte inverse de là où ils avaient entendu le bruit. Comme il l'avait présumé, les deux autres avaient dirigé leur sensibilité sur la zone du bruit. De ce fait, à trois en état de connexion, ils couvraient un espace beaucoup plus important. Les sens de ses coéquipières lui apprirent que trois organismes vivants - être pensants - avec des intentions belliqueuses se tenaient à côté d'eux, prêt à faire feu. D'instinct, sans même échanger une pensée, la stratégie était donnée : Héléra et Jenny attaquerait pas les flancs de leur formation. San Kun, jugé trop gros et trop balourd attaquerait de face en contrant les tirs de blasters vers le haut pour limiter les impacts sur le flore. Elles disparurent de chaque côté de l'Anx dans les fourrés.

La lame dorée s'alluma au maximum de sa longueur : deux mètres dix, pour envoyer valser les premiers laser vers la firmament. L'action avait stoppé net l'Anx dans son mouvement. Il maîtrisait quelques bases de Soresu - bases normales. Il fut agréablement surpris de la facilité à les arrêter, aider des sens des deux jedi gris. Il en para quelques autres, puis, sans prévenir, juste après avoir froncé les sourcils, il lança une charge très surprenante et d'une rapidité en dehors de tout entendement pour se retrouver juste devant le premier tireur dont il coupa le blaster d'un mouvement rotatif de son sabre à l'intérieur de sa paume, alors qu'un tir laser laissait un impact fumant là où il se trouvait une fraction de seconde plus tôt.

Juste après, très synchronisées, les deux femmes émergèrent sur leurs assaillant. Seulement San Kun ne pouvait se permettre de s'occuper d'elles. Il ne laissa qu'une traînée de pensée dans leur connexion : "Vivants.". Avec ses pouvoirs télékinétiques, il attrapa des lianes qui s'enroulèrent autour de son adversaires au niveau de ses chevilles et de ses poignets, le plaquant contre le tronc d'un arbre, il était maintenant hors d'état de nuire. Alors seulement il reporta son attention sur la situation alentours, prêt à intervenir si le besoin s'en faisait ressentir quelque part.