Lieutenant-Colonel Bana, dirigeant le centre de contrôle orbital de Yaga MinorAyant désormais reçu les autorisations nécessaires, provenant du plus haut officier de la Marine en poste sur Yaga Minor, le lieutenant-colonel Bana peut maintenant régler le problème avec le destroyer stellaire non-identifié.
« Bien. A toutes les unités en orbite de Yaga Minor. Formation d'attaque, la cible est le destroyer stellaire Victory non-identifié. Salves ioniques en priorité, l'objectif est de le capturer. Que toutes les unités de chasse et de bombardiers se retirent. Je ne veux aucune perte. Activés les projecteurs de puits gravifiques, il ne doit pas quitter l'orbite. »
S'en suit la réponse positive de la part de tous les vaisseaux présent en orbite. Les réacteurs se mettent en marche, lentement mais sûrement, alors que les canonniers se ruent à leurs postes. Boucliers activés, puissance transférée en priorité aux canons à ions, bref les procédures habituelles. Le destroyer stellaire ennemi n'allait pas tenir bien longtemps, d'autant plus qu'il avait déjà d'énormes dégâts. Mais ce que Bana, comme le Buman, veulent, ce n'est pas de détruire le vaisseau, mais de le capturer. Déjà, pour le réutiliser. Mais ensuite pour les besoins de l'enquête qui suivrait.
Bana est impatient. D'un moment à l'autre, le destroyer sera immobilisé. Rien d'autre, à ce moment là, ne compte. Rien, simplement ce combat. Lorsqu'on dirige tant d'hommes, une telle puissance de feu, on est comme absorbé par la volonté d'accomplir son objectif. C'est aussi vrai pour Bana, comme c'est vrai pour tout officier.
Mais il ne s'attendait pas à ça...
Personne ne s'attendait à ça. La surprise est totale.
« Faîtes moi venir un agent du BSI, immédiatement ! »
Et autant ne pas le contredire, parce que ça allait chier sévère !
Capitaine Lovan, aide de camp principal du Haut-Amiral BumanConformément aux ordres de Buman, son aide de camp se rendit, presque immédiatement après en avoir reçu l'ordre, à l'astroport de Yavvitiri. Cinq bonnes minutes plus tard, une escouade de huit Stormcommandos arrivait à bord d'un speeder de transport rapide, le genre de modèle dont ils disposent pour les raids ou les déploiements rapides, ce qui arrive, pour ce dernier, plutôt dans les planètes impériales que sur un territoire hostile.
Réquisitionner une navette Lambda, dans un tel astroport comprenant également une partie spécifique aux forces armées impériales immense, ce n'est pas bien difficile. Il suffit de montrer son grade, son code cylindrique et sa carte d'identification. Lovan le sait et il n'hésite pas à s'en servir. D'autant plus qu'il connait parfaitement bien Buman, ce n'est pas le genre d'officier à être patient ou indulgent. Mais c'est un bon officier, sans quoi il ne dirigerait pas les forces de défenses spatiales d'une telle planète, mais plutôt d'une planète minable sans intérêt stratégique. Ce qui n'est pas le cas de Yaga Minor, bien au contraire c'est même un point névralgique pour la puissance spatiale impériale.
Ceci fait, le groupe se dirige maintenant plein gaz, ou plutôt plein ions, vers la station de combat orbitale Golan III. Le commandant de la station risque de ne pas apprécier la visite, mais on ne peut pas se montrer indulgent face à un tel comportement : il s'agit là, tout de même, d'une certaine forme de désertion. C'est entre autres pour ça qu'une escouade de Stormcommando est nécessaire, dès fois que l'officier refuse de se rendre.
Le trajet n'est pas forcément long, il va mettre une bonne trentaine de minutes. Entre-temps, le vaisseau s'est détruit, l'agitation et la méfiance sont encore intense, un bilan définitif des dégâts provoqués par la station a été dressé, et des mesures ont été prises pour que le trafic revienne à la normale.
Lorsque la navette se pose dans l'un des hangars, personne ne s'attend à ce que le capitaine vienne mettre aux arrêts un Amiral. Pourtant, il en a l'autorisation, et l'ordre. Bien que normalement, ce soit plutôt au BSI de s'en charger... Mais c'aurait été beaucoup trop long : il faut être réactif et rapide. On ne sait jamais ce qui peut arriver. D'autant plus qu'avec un vaisseau ennemi détruit, après avoir tenté un passage en force, on peut s'attendre à tout. Une attaque républicaine ? Peu probable, mais mieux vaut s'y attendre. Une attaque pirate ? Un peu plus probable, ce qui expliquerait la désorganisation, notamment.
Mais retournons à nos moutons ! Le groupe, Lovan en tête, monte déjà jusqu'à la passerelle de commandement. Beaucoup des membres d'équipage croisant les Stormcommandos se doutent bien qu'il ne s'agit pas d'une visite de courtoisie. Pourtant, personne n'ose rien dire : il faut dire qu'ils ne peuvent être que gênés. Le bilan des dégâts qu'ils ont provoqués leur ait aussi parvenu.
Une bonne dizaine de minutes de marche dans les coursives, et voilà bientôt que le capitaine et son escorte arrivent sur la passerelle.
« Commodore Drek. Sur ordre du Haut-Amiral Buman, et au nom de la Marine Impériale, vous êtes en état d'arrestation pour la mort de trois marins, pour insubordination et pour multiples dégâts causés envers un bien de l'Empire Galactique. Messieurs, sassiez-le. »
Deux hommes, d'un hochement de casque, s'avancent, armes passées dans le dos, pour le récupérer. Quand aux six autres ? Oh, passer les armes en puissance faible, de quoi paralyser quelqu'un donc, n'est pas bien difficile, et ils sont aux aguets de tout mouvement suspect. Même Lovan est prêt à prendre son pistolet blaster, en cas de problèmes. Mais ce serait insensé...
Commandant Ceva, dirigeant le service de douanes de l'astroport de Yavvitiri« Commandant ! » (un salut militaire s'impose) « Le centre de contrôle orbital nous informe que le trafic civil n'est plus contrôlé suite à un incident. »
Quinze minutes étaient passées et le trafic civil n'était toujours pas revenu à la normale et régulé. La faute à l'arrestation d'un commodore, et d'un agent du BSI toujours pas présent au centre de contrôle orbital. Du coup, il faut qu'au sol, les mesures soient prises.. Enfin les mesures, tout est relatif tout de même ! Ce qu'il faut surtout, c'est que des contrôles soient mis en place.
Par contre, impossible, vu l'afflux, de tout contrôler. Normalement, la moitié est contrôlé en orbite par ordinateur, et au sol, seulement les voyageurs les plus suspects le sont. Le dernier en date, c'était un immigrant clandestin ayant plus d'épices dans les intestins qu'un junkie n'a pu en prendre en un an. Une belle prise, merci les scans de contrôle sous lesquels chaque voyageur passe. C'était il y a quatre heures, depuis, plus rien. Les agents des douanes n'ont rien remarqués de suspect ? Tant mieux, c'est que tout se passe bien !
« Bon, imposons des quotas. On ne pourra pas tout contrôler. Un sur cinq voyageurs contrôlés pour le moment. »
« Bien commandant. Les mesures sont effectives dès à présent ? »
« En effet. Rappelez également tous les permissionnaires encore sur Yaga Minor. »
« Oui commandant. »
L'homme dispose. Le commandant se retrouve à nouveau seul dans son bureau, lâchant un petit soupir, avant de se prendre un verre de Whisky de Dantooine. Pas un grand cru, c'est sûr, mais un petit plaisir pour Ceva. Vingt-quatre ans de boulot dans les douanes de Yaga Minor, il en a vu de toutes les couleurs, mais plus le temps passe, et plus il en a marre, des complications. Il serait bientôt temps pour lui de prendre sa retraite. Il pourrait : blessé à la jambe lors d'une fusillade déclenchée par un terroriste, il y a dix ans. Pas invalide, mais du coup ça lui a enlevé une bonne dizaine d'années, surtout qu'il souffre pas mal.
Mais bon, ce sont les choses de la vie, ça arrive et on ne peut pas prévenir ce genre d'événements. On y peut rien c'est comme ça. C'est juste dommage.
« Commandant ? »
« Oui lieutenant ? »
« Les permissionnaires encore sur la planète arriveront dans une période de vingt minutes à cinq heures. »
« Bien, vous pouvez annuler l'ordre pour les permissionnaires qui arriveront après le délai de deux heures. Le trafic civil sera sans doute complètement rétabli. Pas de problèmes pour le moment ? »
« Oui commandant. Aucun commandant. Vos mesures sont en place. Un voyageur sur cinq contrôlé. »
« C'est parfait. Vous pouvez disposer lieutenant. »
De toute manière, il ne devrait rien se passer. Mais avec les devrait, il faut toujours se méfier !
Lieutenant Tiwen, agent du BSI dépêché au centre de contrôle orbitalQuarante cinq minutes ! Il faut quarante cinq minutes à un agent du BSI pour venir de la planète jusqu'à la station de contrôle orbital. C'est qu'il a pris son temps, le lieutenant Tiwen ! C'est qu'en même temps, on peut pas être en train de... vérifier les dossiers avec la secrétaire.. et d'être opérationnel pour une enquête.
Parce que maintenant que le vaisseau ennemi a explosé, il faut en apprendre un peu plus sur ce qui c'est passé ? Acte kamikaze ? Tir de la part d'un vaisseau de la flotte ? On ne peut pas savoir. Et on a pas beaucoup d'informations d'ailleurs : ça ne s'annonce pas comme une enquête facile ! Pourtant c'est la procédure, et il le faut bien ! Si cela peut permettre d'éviter de nouvelles erreurs et de prévenir de nouveaux dangers.
Bref, bon bah le trajet passé, le lieutenant monte jusqu'à la passerelle, où il trouve le lieutenant-colonel Bana. Le trajet c'est pas la partie la plus excitante, alors on passe. D'autant plus qu'il ne se passe rien, mais alors rien du tout hein, dans le centre de contrôle orbital. La sécurité a juste été renforcé, deux membres d'équipages se tiennent en faction devant la porte menant au point névralgique de la station, non armée d'ailleurs. Une petite station spatiale pleine d'ordinateurs, de senseurs, de scanners, de techniciens, d'informaticiens et de membres d'équipages en tout genre, de l'officier à l'opérateur en poste sur un ordinateur. Rien de bien particulier en somme.
« Lieutenant-Colonel Bana. »
Et un salut militaire, un !
« Ah ! Vous voilà enfin ! On peut dire que vous avez pris votre temps vous ! Bon, alors, on a un gros problème. »
« Du type ? »
Voilà que Tiwen sort un petit calepin et un stylo. Les réflexes du bon agent !
« Destroyer stellaire non identifié. Il s'est détruit en orbite, une fois notre intervention lancé. »
« Pas de conclusion hâtives ! On ne sait pas encore si il s'est détruit. Bon, vous avez quoi ? »
Bana n'est pas du genre à être très patient... Plutôt colérique le bonhomme ! Alors forcément, le caractère de Tiwen, ça ne lui plait pas. D'un signe de main, il laisse l'un de ses subalternes parler.
« Eh bien nous avons son code transpondeur, mais il ne répond pas à nos codes. »
« Pas même à la procédure X50 ? »
« Pas même à la procédure X50. Rien, aucun des deux codes. Nous avons réessayé quatre fois ! »
« Bon... »
Et le voilà qui note. Sous les regards perplexes des membres d'équipage... Faut dire que c'est rare maintenant les visites du BSI !
« Vous avez communiqué avec le commandant du destroyer ? »
« Oui, en effet. Un homme relativement agressif, et au langage plus proche d'un pirate que d'un capitaine. Il se disait membre des Renseignements Impériaux. »
« Intéressant, intéressant. »
Encore un petit blanc, et le voilà reparti.
« Rien d'autre ? »
« Je ne crois pas non... »
« Ah si ! La station Golan III qui a obéit à la demande de ce capitaine de tirer sur l'ensemble de la flotte impériale. »
« Qu'est-il devenu de cet officier ? Est-il encore en fonction ? »
« Le Haut-Amiral a demandé à son aide de camp de s'en charger. »
« De s'en charger ? »
« De le mettre sous les verrous. »
« Oh. Bien. »
Et il referme son calepin, après y avoir inscrit encore quelques notes. Alors ?
« Bon. Alors je vais avoir besoin du code transpondeur, des enregistrements de la communication avec le capitaine, je vais aussi avoir besoin de voir le commandant de la station Golan III, et je vais enfin avoir besoin également de vaisseaux pour effectuer les fouilles des restes du vaisseau. »
Le code transpondeur, pour le faire vérifier par le BSI, qui est plus à même, avec ces slicers, de retracer le code, peut-être en trouver la source parmi les archives impériales ou galactiques lorsqu'elles sont libres ou facilement récupérables, ou le dernier endroit où le code a été localisé ?
Les enregistrements de la communication ? Oh... C'est plutôt pour la reconnaissance vocale. C'est rien, ça ne marchera certainement pas, mais parfois, ça arrive que ça donne quelque chose !
Voir le commandant de la station Golan ? Ah là c'est surtout pour voir s'il était de mèche, parce que c'est très important de savoir si oui ou non le système défensif a été pénétré et infiltré. Question de sécurité.
Quand aux fouilles ? Ben on regarde tout ce qui pourrait être utile. En priorité : boîtes noires, disques durs, enregistreurs. Il doit encore y en avoir des dizaines !