- dim. 27 janv. 2019 13:35
#34968
Ambiance
Assise en position fœtale, sur le sol froid de la chambre, adossé au lit, elle restait emmurée sous l’influence de ses cauchemards. Vivant ou mort, tous étaient pour elle une source d’angoisse. Il n’y avait pas de bruits, pas d’air, rien qui puisse troubler sa relative tranquilité. Son corps quant à lui était agité des manifestations de son esprit. Si le bras robotique avait pu encore avoir des spasmes, il aurait surement bougé tout autant que le droit. Chaque tremblement la rappelant à la réalité, et en même temps l’enfonçait davantage dans sa douleur. Les dents serrées, les larmes coulant le long de son visage, tombant ensuite sur le sol, la conseillère ne bougeait plus. Quelques mouvements de dos, tout au plus. C’était dans cette peine qu’ils revenaient tous. Dave n’était que le portier d’une myriade de visages qui défilaient dans son esprit. Helera avait une mémoire absolue, elle n’oubliait rien du tout. Une qualité, dans certaine situation, une malédiction dans cette situation. Elle ne pouvait détacher sa son esprit du visage du soldat, avant l’explosion, avant le flash. La porte s’ouvrit lentement, elle n’entendit rien. La lumière d’un coup l’inonda, elle sursauta. Ses sens pourtant si alertes ne fonctionnaient plus. La Force qui l’entourait souvent n’était qu’une page trop rapidement parcourue. Il ne restait rien, ou plutôt lui. L’agent.
Helera le vit d’abord en double, puis de manière acqueuse. Elle essuya ses larmes, n’étant plus sûr d’être encore dans son rêve ou dans la réalité. Tout tanguait devant l’écran, à tel point qu’elle en avait la nausée. L’agent la surplomba en s’asseyant sur le bord du lit, la regardait, la jugeait. Le rêve était toujours le plus compliqué, car il n’y avait plus de contrôle. Le rêve n’était cependant pas si douloureux, et seul l’épaule était témoin de la réalité de sa blessure. Les cheveux collés sur le crane, transpirante à souhait, le pull lui donnait chaud. Et ce n’était pas ses jambes dénuées de tissu qui auraient pu réguler sa température. Non, son cerveau surchauffait, et elle transpirait davantage, mêlant le sel de sa tristesse à celui de sa transpiration. Helera croisa alors son regard bleuté, ses yeux fatigués, son air de chien battu. Elle ouvrit la bouche, voulut dire un mot, mais rien n’en sortit. Au lieu de cela, ses lèvres furent agitées de tremblement et elle repartie en larme. La reine enfouit son visage à travers ses jambes, dans son cocon personnel. Loin de tout et de tous, et pourtant à la vue de l’univers tout entier. Elle pleura de nouveau, perdait pied, perdait la tête. Les cinq minutes qui suivirent furent témoins de ce même silence royal, jusqu’à ce qu’elle arrive enfin à relever la tête, et la poser contre le rebord du lit. A moitiée sur le bois, a moitiée sur le matelas.
« Il est mort. Ils sont morts tous les deux, pour moi. Pour me protéger. Je vois son visage. J’entends encore sa voix, le son de sa voix … »
Son visage se déforma de nouveau sous la tristesse, mais elle retint les pleures, se concentrant sur la fenêtre en face d’elle. Elle respirait lentement, essayant de calmer ses pulsions. Toujours cette même scène, de ce soldat plongeant sur cette simple petite sphère métallique. Comment avait-elle pu être si distraite au point de ne pas avoir vu le détonateur ? Elle qui normalement voyait tout, entendait tout. Son manque de vigilence avait fait perdre la vie à quelqu’un. Ce n’était pas lui qui aurait dû mourir, c’était elle. Et par la Force, elle l’aurait bien mérité. Le souffle de l’explosion lui parcourut l’échine et fit remonter des émotions d’auto défense et de protection. L’agent descendit à son niveau, elle releva la tête vers lui. Le regarder, c’était comme se regarder en face, avec tous ses défauts et ses incertitudes. Cela faisait mal. Néanmoins, elle accepta cette main et s’y attela pour s’y relever. Puis lentement se déposa sur le lit à ses côtés, le regard baissa vers sa main qui se grattait les ongles nerveusement. Helera n’avait la féminité des autres femmes et n’avait pas d’ongles longs et bien coupés. Elle se les rongeait souvent, avec ses autres doigts. C’était un tic, ou un toc.
« Je sens quand les gens meurent, leurs sentiments son si fort et si limpide qu’ils me traversent. Je ne peux pas filtrer. J’ai senti Jorj quand il s’était éteint, j’étais avec lui, je l’ai accompagné. Mais pour Dave, ce fut brutale. Il n’a pas eu le temps de se rendre compte… C’est pire que tout … »
Elle essuya son visage avant qu’il ne se remette à couler. Tremblottante de maladie, ses lèvres avaient des spasmes propres à un manque de contrôle et un relachement. Elle laissa tête se poser sur l’épaule de l’agent, le regard toujours dans le vide devant elle. Helera voyait des choses qu’elle seule pouvait distinguer. Un écran semblait danser devant elle et la reine avait un mal fou à se concentrer sur autre chose. En plein délire, elle n’avait plus de contenance. La journée avait été trop difficile.
Helera le vit d’abord en double, puis de manière acqueuse. Elle essuya ses larmes, n’étant plus sûr d’être encore dans son rêve ou dans la réalité. Tout tanguait devant l’écran, à tel point qu’elle en avait la nausée. L’agent la surplomba en s’asseyant sur le bord du lit, la regardait, la jugeait. Le rêve était toujours le plus compliqué, car il n’y avait plus de contrôle. Le rêve n’était cependant pas si douloureux, et seul l’épaule était témoin de la réalité de sa blessure. Les cheveux collés sur le crane, transpirante à souhait, le pull lui donnait chaud. Et ce n’était pas ses jambes dénuées de tissu qui auraient pu réguler sa température. Non, son cerveau surchauffait, et elle transpirait davantage, mêlant le sel de sa tristesse à celui de sa transpiration. Helera croisa alors son regard bleuté, ses yeux fatigués, son air de chien battu. Elle ouvrit la bouche, voulut dire un mot, mais rien n’en sortit. Au lieu de cela, ses lèvres furent agitées de tremblement et elle repartie en larme. La reine enfouit son visage à travers ses jambes, dans son cocon personnel. Loin de tout et de tous, et pourtant à la vue de l’univers tout entier. Elle pleura de nouveau, perdait pied, perdait la tête. Les cinq minutes qui suivirent furent témoins de ce même silence royal, jusqu’à ce qu’elle arrive enfin à relever la tête, et la poser contre le rebord du lit. A moitiée sur le bois, a moitiée sur le matelas.
« Il est mort. Ils sont morts tous les deux, pour moi. Pour me protéger. Je vois son visage. J’entends encore sa voix, le son de sa voix … »
Son visage se déforma de nouveau sous la tristesse, mais elle retint les pleures, se concentrant sur la fenêtre en face d’elle. Elle respirait lentement, essayant de calmer ses pulsions. Toujours cette même scène, de ce soldat plongeant sur cette simple petite sphère métallique. Comment avait-elle pu être si distraite au point de ne pas avoir vu le détonateur ? Elle qui normalement voyait tout, entendait tout. Son manque de vigilence avait fait perdre la vie à quelqu’un. Ce n’était pas lui qui aurait dû mourir, c’était elle. Et par la Force, elle l’aurait bien mérité. Le souffle de l’explosion lui parcourut l’échine et fit remonter des émotions d’auto défense et de protection. L’agent descendit à son niveau, elle releva la tête vers lui. Le regarder, c’était comme se regarder en face, avec tous ses défauts et ses incertitudes. Cela faisait mal. Néanmoins, elle accepta cette main et s’y attela pour s’y relever. Puis lentement se déposa sur le lit à ses côtés, le regard baissa vers sa main qui se grattait les ongles nerveusement. Helera n’avait la féminité des autres femmes et n’avait pas d’ongles longs et bien coupés. Elle se les rongeait souvent, avec ses autres doigts. C’était un tic, ou un toc.
« Je sens quand les gens meurent, leurs sentiments son si fort et si limpide qu’ils me traversent. Je ne peux pas filtrer. J’ai senti Jorj quand il s’était éteint, j’étais avec lui, je l’ai accompagné. Mais pour Dave, ce fut brutale. Il n’a pas eu le temps de se rendre compte… C’est pire que tout … »
Elle essuya son visage avant qu’il ne se remette à couler. Tremblottante de maladie, ses lèvres avaient des spasmes propres à un manque de contrôle et un relachement. Elle laissa tête se poser sur l’épaule de l’agent, le regard toujours dans le vide devant elle. Helera voyait des choses qu’elle seule pouvait distinguer. Un écran semblait danser devant elle et la reine avait un mal fou à se concentrer sur autre chose. En plein délire, elle n’avait plus de contenance. La journée avait été trop difficile.