L'Astre Tyran

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Les défaites de Yavin et Endor n'ont pas entamé la foi du gouvernement de Yaga Minor dans la doctrine impériale. La Nouvelle République suppose d'ailleurs que les quartiers de l'Ubiqtorat sont toujours dissimulés au fond des grottes et des forêts de cette planète qui abrite également de puissants chantiers navals.
Gouvernement : Empire
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By Helera Kor'rial
#35215
La réunion fut brève. Tous s’étaient retrouvés dans ce parking souterrain du palais, à l’intérieur même du lieu de l’attentat. L’ambiance qui imprégnait les murs raisonnait dans la Force à tel point que ses oreilles sifflaient. Tout était allé très vite, et elle n’avait eu qu’à peine le temps de prendre ses enfants dans son seul bras valide. L’autre étant toujours pendant, faute de soin particulier. Heureusement, on lui mit une attelle qui ferait mine de le tenir un temps. Ordre de ne pas le bouger, évidemment. La reine avait pu échanger quelques mots avec la mère qui les avait tous hébergés, la remerciant mille fois. Egalement auprès de sa garde rapprochée, dont elle proposa qu’ils prennent congés. Aucun des deux n’accepta cependant. Ils lui expliquèrent qu’ils avaient un devoir et une mission, celle de protéger cette délégation. Rehkar quant à lui resta muet, observant la scène de loin, récupérant une partie des regards dédaigneux. Ils n’étaient pas à l’aise et ses poils hérissés le montraient bien. Helera finalement dû de nouveau se séparer de sa progéniture. En sécurité, qu’ils disaient. Le palais était la zone la plus sécurisée de tout Yaga Minor, et il en manquait une partie. Que faire, que dire ? La reine ne put se résoudre à rester proche d’eux, sachant ce qu’elle avait en tête. Maintenant, ils avaient deux soldats d’élite et un chasseur pour les protéger. Jamais suffisant, pour la reine des loups, mais ils étaient sa seule source de confiance.

Zygmunt resta dans son coin et ne semblait plus avoir la situation en main. La hiérarchie était trop importante et il fut écrasé par la masse. Tout cela semblait irréel. Comment se dire que la veille seulement, ils avaient failli être tués ? Comment se rendre compte qu’en un lapse de temps si cours, il se soit passé tant de chose. Helera sentit la fatigue qui l’accabla soudain. Un poids qui s’écrasa sur ses épaules. Sa méfiance cependant resta vive, et elle scruta les agents autour, ouvrant son esprit à toutes les remarques négatives. Il y avait des traîtres. La première pensé à son encore verrait son hôte être récompensé. Par un coup de sabre probablement, ou par l’écrasement de son esprit par celui de Helera. Une mort propre mais dans la douleur la plus inhumaine. Quelqu’un devait payer. Fusse-t-il empereur, Moff ou soldat. L’officier Sevarian la mena vers un transport, tandis que sa famille fut envoyée dans un second. Helera resta muette, fermée.

A travers les rues de la capitale, le speeder fonça sans s’arrêter, empruntant des rues vides. Toute la circulation avait été coupée. Pour eux, pour d’autres. Par les énormes machines à quatre pattes qui marchaient ça et là. Ou de leurs homologues plus petits sur deux. Ou encore les petits soldats blancs et noirs de part et d’autres. La capitale était bouclée, l’atmosphère était lourde, l’absence de civils rendaient le tout oppressant. Le couvre-feu avait été donné et les morts allaient s’amonceler sous peu. On la mena alors devant un des nombreux immeubles d’habitation. « Pour sa sécurité », on lui enfila une perruque noirâtre avec une coupe au carré et un manteau noir très long. Style vestimentaire sortit d’un holofilm de science-fiction. Les portes claquèrent, un mouvement de main pour lui signifier d’approche. Des soldats de part et d’autres, un agent devant, pas le bon.

« Où est l’agent Molotch ? »

« Il travaille. »

« Oui je me doute. Pourquoi ce n’est pas lui qui est affecté à ma protection ? Il a plutôt bien réussi jusque-là. »

« Les ordres. »

L’autre ne la regardait pas quand elle lui parlait. Sous ses lunettes noires, il resta totalement stoïque. Elle comprit qu’elle n’aurait aucune information. Turboélévateur. Etage 15. Dring. L’atmosphère était plutôt chaleureuse. Des lustres accrochés entre chaque porte produisaient une lumière chaude. Au sol, un long, très long tapis rougeâtre, par-dessus un sol et des tapisseries d’une couleur moins ténue avec des motifs jaunâtres en forme de croix. Les nombreuses caméras de surveillances assuraient la surveillance. L’agent et les soldats s’arrêtèrent devant une des portes. Il l’ouvrit, et fit un geste pour qu’elle entre. Helera lui jeta un regard et tourna la tête en arrière, vers le fond du couloir.

« Je crois que … »

On lui bloqua le passage.

« Pour votre sécurité, conseillère. »

« L’agent Molotch m’aurait pas forcée à entrer là-dedans. Et puis comment je sors ? Comment je mange ? Comment je vois le jour ? »

« Molotch n’est pas là. On s’occupe de tout. »

Helera serra son poing et rumina avant d’entrer et claqua la porte. Les soldats pouvaient bien faire ce qu’ils voulaient, elle s’en fichait. C’était une prison ici, avant qu’ils ne décident ce qu’ils allaient faire d’elle. Elle les sentit quitter le couloir et s’enfermer dans une chambre adjacente. Dans la sienne, il y avait une dizaine de caméra, probablement des micros et tout ce genre d’attirail pour la surveiller. « Pour sa protection ». Helera se dirigea vers la fenêtre, à vitre teintée. Un TB-TT passa à ce moment-là, marchant lentement dans les rues, passant devant les vitres. La reine jura, attrapa sa perruque et la jeta dans un coin de la pièce. Puis elle alla bouder sur le lit. Son bras immobilisé n’allait pas arranger son état d’énervement. Et puis il la faisait souffrir. On ne lui avait rien donné pour calmer les battements sanguins. Ni même à manger d’ailleurs, depuis le matin. Etre tributaire de quelqu’un, elle ne supportait pas. En plus quand ce quelqu’un ne s’assurait de rien. Incompétents, avait-elle envie de hurler. Elle se glissa sous les draps du lit unique, encore habillée, et ferma les yeux. Elle ne chercha pas à s’endormir, mais à méditer. Le quelqu’un derrière les attentats. Et tout autre personne lui voulant du mal.
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By Zygmunt Molotch
#35233
Il fallait pardonner au BSI son manque de savoir-vivre et ses déplorables qualités d'hôte. Un organisme politique chargé de surveiller la population et traquer les ennemis de l'Empire avait peu de temps à accorder aux règles les plus élémentaires de la politesse, en plus de n'être guère expert pour rassurer et mettre à l'aise (en revanche, l'inverse de ces 2 points, il en connaissait le B-A-BA, pour sûr). Les agents prenant soin de la conseillère avaient été briefés sur la nécessité de garder un oeil sur elle à tout instant et de s'assurer qu'elle soit en sécurité, en long en large et en travers, ça oui. En revanche, on ne leur avait pas dit de s'assurer qu'elle ne manquerait de rien ni de la mettre à l'aise ou quoi que ce soit d'autre.

Les agents du Bureau, dans leur grande majorité, avaient comme principal atout un extraordinaire manque d'imagination. Si on ne leur disait pas de faire une chose précise, ils ne la faisaient pas. A la manière d'un ordinateur, les anonymes fonctionnaires du Bureau étaient doués pour ce qu'on leur disait de faire et uniquement ça. Les fonctionnaires (et uniquement eux) de l'agence disposaient d'une capacité à agir en autonomie et à penser par eux-mêmes dangereusement basse, au point de faire passer le plus stupide des esclaves pour un modèle d'intelligence.

Aussi la première nuit passée dans cet appartement anonyme, situé en périphérie de la capitale, bien loin de tout danger théorique pour la conseillère, fut-elle passablement désagréable. Seule, surveillée de partout, tout le temps, sans temps mort, sans nourriture ni vêtements propres ni attentions pour sa blessure. Heureusement, on avait pensé à laisser libre accès à l'électricité et au chauffage ainsi qu'à l'eau potable et chaude, c'était déjà ça. Il y avait même un holo-terminal à disposition avec accès holonet (impérial seulement), bien qu'il était fort probable que les accès y soient réglementés et eux aussi surveillés. D'un point de vue pratique, Kor'rial se retrouvait prisonnière, pour sa propre sécurité.

Le lendemain, après une nuit qui n'avait probablement pas été de tout repos, on toqua à la porte de l'appartement avant que n'entrent 2 agents, un homme et une femme, en civil tout les deux, suivis d'un individu qui au vu de sa blouse blanche était probablement un médecin. S'inclinant respectueusement, le toubib se présenta, Dr Brodie, expliquant qu'il était là pour l'examiner et voir si elle était blessée quelque part, en plus de son bras en mauvais état. Si les agents la veille avaient été plus froids encore que des machines, le bon docteur était à l'opposé, poli, attentionné, sincèrement désireux d'aider sa patiente. Lorsqu'il fut question de devoir examiner le corps de la jeune femme pour vérifier son intégrité physique, il s'offusqua que les agents veuillent rester, arguant le droit à l'intimité de la jeune femme.

5 minutes plus tard et après une longue discussion, les agents quittèrent l'appartement tandis que le docteur soupirait de lassitude et de consternation. Il n'en oublia pas de demander à la patiente si un tel examen était gênant à ses yeux. Qu'elle accepte ou non, il passerait de toute façon ensuite à l'examen de ce bras en bien mauvais état. Grimaçant par empathie à la douleur qu'elle devait ressentir, Brodie lui posa une attelle afin d'immobiliser le bras et le forcer à être au repos. Il lui donna ensuite une plaquette d'anti-douleurs, si besoin elle en avait et prescrivit repos et détente. Facile à dire, évidemment et le regard qu'il lui lança prouvait qu'il en était parfaitement conscient.

Ensuite de quoi, après sa visite médicale terminée et la patiente auscultée et soignée du mieux possible, le docteur la laissa à nouveau seule mais pas longtemps. D'autres agents tout aussi anonymes et muets entrèrent à sa suite, amenant avec eux plusieurs sacs contenant nourriture, vêtements propres, de quoi assurer sa toilette, etc. Ils déposèrent et rangèrent tout cela en silence, n'adressant pas la parole à la conseillère excepté si elle les y forçait. Et même alors, ils se contentèrent le plus souvent de réponses monosyllabiques puis disparurent aussi vite qu'ils étaient arrivés.

De nouveau elle était seule, espionnée, sans rien à faire. Sans nouvelle de personne ni aucune idée de quoi faire, le temps devenait un ennemi sadique et cruel. Alors que la reine se retrouvait dans son lit avec les mêmes vêtements achetés la veille, elle se rendit compte d'une chose qu'elle n'avait pas comprise plus tôt. Dans la poche de son pantalon, il y avait un comlink, l'un de ceux que Molotch avait acheté pour garder le contact avec ses protecteurs réfugiés. Qui l'avait mis là ? Probablement pas elle. Lui peut-être ? Quand ? Durant le bref moment ou il lui avait parlé avant que Severian ne revienne à la charge au parking ?Et si celui-ci contenait le numéro de l'agent ? Et si un appel pouvait être envoyé avant d'être intercepté ? Ou même un message ? Cela en valait-il la peine ? Une seule personne pouvait répondre à cette question.




Ledit Molotch était quant à lui occupé ailleurs, relativement loin de l'appartement sécurisé. Il se tenait derrière une vitre sans tain, blindée, à l'étage de la Branche Interrogation, observant les agents-interrogateurs tandis qu'ils exerçaient leur art sur le trooper capturé, le nommé Hathor Maat. Il avait déjà assisté à de nombreuses "séances" mais malgré l'habitude, il ne cessait pas d'être légèrement mal à l'aise chaque fois qu'il devait voir ce genre de représentation. Le problème de fond étant surtout qu'à ses yeux, les interrogateurs prenaient bien trop de plaisir à pratiquer leur art, un plaisir manifeste et visible à chaque instant qui passait.

La torture, comme la violence, les intimidations, les assassinats, etc, n'était qu'un outil. Il fallait savoir s'en servir avec prudence et modération, lorsque c'était nécessaire. Il n'était pas de son goût que le Bureau fonctionne systématiquement sur le principe que les aveux obtenus avaient une bien meilleure valeur s'ils l'étaient sous la contrainte, car la douleur et la peur de la souffrance pouvaient tout aussi facilement engendrer des mensonges et des aveux faux, faits pour ne plus avoir à souffrir, que la vérité pleine et entière. Mais Interrogation était si fière de son 100% de réussite qu'il était vain de vouloir changer les bonnes vieilles méthodes.

Qui plus est, dans le cas de Maat et de l'informateur qui était en train de récupérer un peu de sa dernière séance avant de repasser à la caisse, Molotch n'éprouvait aucune pitié ni répugnance à l'idée de les regarder souffrir. Des traîtres et des terroristes qu'ils étaient et cela leur enlevait à ses yeux et ceux du Bureau tout droit de prétendre être des êtres vivants méritant un traitement humain. Ainsi souffraient-ils présentement et hurlaient-ils, tandis qu'un praticien appliquait sur tout le corps nu du trooper des électrodes reliées à un générateur à côté de la table d'opération sur laquelle il était allongé. Le praticien expliquait d'une voix doucereuse et avec grand calme le principe de son expérience tout en réglant les degrés d'intensité de chaque charge posée contre la peau de l'homme.

Malsain, il n'y avait vraiment pas d'autre mot.

La porte de la pièce ou il était s'ouvrit. Il ne se retourna pas, son attention concentrée sur la scène sous ses yeux. Lorsqu'il entendit le nouveau venu se tenir à côté de lui, il ne réagit pas plus. Ce fut uniquement lorsqu'il entendit sa voix qu'il tourna la tête, intrigué et irrité, pour se retrouvez nez à nez avec son ancien partenaire, Godwyn Fischig.

Sale journée on dirait hein Molotch.
Qu'est-ce que tu fait là ?
T'es vraiment incroyable. On s'est pas croisés depuis au moins une semaine, depuis que tu m'as foutu ton poing dans la gueule et c'est comme ça que tu accueilles un vieil ami ?
Tu préfères peut-être que je t'en colle un autre dans le ventre.
Non j'aimerais mieux pas. Je suis venu voir comment ça avance avec nos témoins.

"Témoins". Quel joli mot pour désigner les (futures) épaves humaines qu'allaient devenir le trooper enchaîné sous leurs yeux et l'informateur renégat. Fischig avait toujours eu le chic pour maquiller la réalité à sa convenance. Molotch secoua la tête tout en gratifiant son ancien collègue d'un regard mauvais tandis que son expression restait neutre.

Depuis quand ça te regarde cette affaire ? Tu as été affecté aux opérations dans la périphérie de la capitale il me semble, pas la traque proprement dite.
On est tous des agents du Bureau ici. On a tous pour objectif de retrouver les fumiers qui ont fait ça. J'ai pas besoin d'autorisation pour enquêter, tu connais bien le concept après tout.
Assez plaisanté. Qu'est-ce que tu veux ?
Rien qu'offrir mon aide dans ton enquête, en souvenir du bon vieux temps et parce qu'on formait un sacré duo, souviens-toi. Ce serait si terrible de retenter ?
C'est non, va t'en maintenant. Si je te revois fouiner dans mon dos, je te le ferai regretter.

Fischig sembla sur le point de se jeter une nouvelle fois sur le caridan mais se ravisa à temps, se contentant de le gratifier d'un regard furieux.

Jusqu'au bout tu seras qu'un pauvre connard bordel ! Je te souhaite bien du plaisir avec ton affaire et oublie pas que des têtes tomberont si les résultats se font attendre !
Si je tombe, je tombe. Crois-tu que je m'en soucie alors même qu'on vient de subir la plus grande attaque interne depuis l'affaire Isard ? Retourne donc soigner ta réputation auprès de tes nouveaux copains et n'oublie pas de bien leur lécher les bottes.

Molotch se détourna, ne notant qu'à peine le départ de l'autre agent. Ses yeux n'avaient pas quitté la scène au-delà de la vitre. Bientôt, le moment serait venu de lire ce que les interrogateurs avaient pu obtenir de leur client.
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By Helera Kor'rial
#35235
Les filtres se mêlaient entre eux, se détendaient, se tordaient de nouveaux. La tension qui passait au travers était inhibé, face à la machinerie qui se déplaçait en son centre. La peur prenait alors le dessus et les esprits restaient cloîtrer en leur antre. Pour protéger ou se protéger, espérant ne pas être celui qui s’était fait dénoncer par le voisin du dessus, à qui l’on avait demandé la veille de baisser le son pour que ses enfants dorment. Ou encore celui du dessus, qui espérait que celui du bas n’allait pas donner son nom pour avoir la paix. Des familles comme cela sous tension, il y en avait des dizaines, des centaines, dans cette atmosphère lourde de la capitale. Dénoncer ou être dénoncé, aucune autre alternative. On patientait, on espérait, sous les coups des cœurs et le martellement des marcheurs. Il n’y avait rien à tirer davantage que cela. La cacophonie de la peur était trop présente, trop sourde, pour que la moindre source de haine ne soit détecté. Pas de point rouge parmi cet amas bleu. Pas de personne isolée, pas de sentiments négatifs. La piste était froide comme la mort, comme tous ces gens qui avaient péris dans cet attentat. Quelque chose, quelqu’un, qui agissait dans l’ombre, et qui avait tiré assez de ficelles pour tendre toute la capitale. Il avait tiré dans un jeu de quille, qui avait explosé en autant de fragments pour se disperser dans la capitale. Difficile à imaginer autre qu’un haut placé derrière tout cela. Difficile, mais pourtant évident. C’était peut-être cela l’astuce. Ou l’astuce était une astuce. Rien n’avançait, tout stagnait.

La reine ouvrit les yeux le lendemain. Une nuit de méditation, à demi dans le repos, à demi dans la voyance. Elle ne savait toujours pas où elle allait, ni même si elle allait quelque part. C’était probablement cela le plus compliquée dans cette histoire. La multitude d’esprits qui s’y trouvait rendait l’aiguille plus compliquée à chercher. Alors que faire ? Helera se redressa sur son lit et regarda les alentours. Encore cette chambre minable, cette prison pour son bien, qui face à elle se présentait. Vide, dans la pénombre de la matinée. Rien d’autres. Ce carré fonctionnel mais vide de toute présence hormis la sienne. S’en était étouffant. Et comme sortant de nulle part, au moment où elle y pensa, on toqua à la porte. D’instinct, elle leva la tête. Ces caméras ne tiendraient pas longtemps, foi de reine. Elle se leva, encore habillée, mal coiffée, les cheveux en bataille. Rien à faire. Elle ouvrit, trois personnes se présentèrent. Sans demander leur reste, sans même y avoir été invités, les deux agents entrèrent dans son appartement. L’homme à la blouse blanche suivit et avec un grand sourire se présenta. Helera lui serra la main gauche tout en regardant les deux corbeaux qui s’agitaient dans l’appartement.

« C’est un bras robotique, en fait. » Affirma-t-elle face à sa demande. Son attention lui fut ensuite tout dévolue.

Il l’emmena sur le lit qui venait d’être refait. Au moment où il regarda le bras péniblement posé sur son torse, il se retourna vers les agents, leur demandant de quitter la pièce. S’en suivit alors une longue discussion avec Brodie, pour savoir qui d’eux ou lui allaient avoir raison. Ce fut le docteur qui réussit, en se doutant qu’il était surveillé. Ou pas, d’ailleurs. Helera ne voyait en lui aucune mauvaise intention. Juste la volonté de faire son travail, et c’est tout. C’était déjà cela. Sous se demande, et sous condition qu’il l’aide, Helera se mit en petite tenue, constitué du seul caleçon de l’agent, en réalité. Le docteur vérifia dans un premier temps toutes les petites blessures de shrapnels. Il utilisa un petit appareil qui lui refroidissait la peau à mesure qu’il cherchait la trace de métal dans le corps.

« C’est du bon travail que tout cela. »

« Pour le temps que l’on y a passé, je l’espère bien docteur. »

« On ? »

« J’ai été aidée d’un agent. »

« D’accord, bien bien. »

Le docteur lui demanda ensuite de se relever et d’essayer de se tenir droite, en vain. L’hématome sur son bras droit avait désormais remplacé la couleur de ses tatouages. Le système immunitaire avait fait son office mais le sang avait infiltré les tissus et dispersés dans les couches inférieures de la peau. Avec son stylo, il toucha plusieurs endroits stratégiques, chacun fut agrémenté d’une grimace. Il posa ensuite sa main derrière son omoplate et devant son épaule.

« Il a bien été remis en place, j’ai vérifié. »

« En effet, mais vous l’avez bien malmenée depuis ce temps-là. »

« Je n’ai pas pu l’immobiliser. »

« Nous allons y remédier. »

Helera se rhabilla et il lui posa l’attelle qui immobilisa définitivement le bras malade. Ensuite, il continua sa prescription et ses indications. Sa dernière la fit sourire, autant qu’il trouva sa propre phrase amusante. Sur ces bonnes paroles, il disparut. Helera se rassit sur son lit, tandis que les agents revinrent porter de quoi se nourrir, s’habiller, rangèrent et repartirent. Le silence retomba aussitôt. Il ne s’était écoulé qu’une heure depuis qu’elle s’était réveillée. L’efficacité de l’empire était à l’extrême inverse de sa capacité empathique. Helera restait encore quelque peu sonnée par tout ce qui venait de lui arriver. Le bras désormais totalement immobilisée, il y avait du progrès dans sa condition. Du très net progrès. La reine se leva pour de bon cette fois et vérifia les placards afin d’y découvrir ce qu’on lui avait laissé. Dans le compartiment des nourritures, elle récupéra une boite de conserve. Fronçant les sourcils, elle enquêta plus avant la composition de ses vivres, et constata qu’il n’y avait qu’entièrement de ces choses industrielles en boite qui n’avait pas plus de goût que de capacité nutritive. Elle en avait l’estomac noué de dégoût. Puis vers la penderie, où elle trouvait de quoi se travestir. Littéralement. Quelques perruques, mais également des habits standards, passe partout. Souvent avec capuche, fallait-il noté. Pour la taille, c’était parfait, inutile de se demander pourquoi. La reine maugréa contre elle-même, contre l’empire, contre le BSI et contre les terroristes. Qu’allait-elle bien pouvoir faire pour s’occuper ? Et où était Molotch ? La reine commençait à s’excéder, quand elle remarqua la bosse contre son ventre. Non pas le pantalon, bien trop proche du corps pour que cela paraisse invisible, d’une part, et qu’elle n’ait remarqué de se faire peloter pendant la dissimulation. Dans la veste, au niveau de son bras cassé, sans sensibilité, c’était l’endroit parfait.

Ainsi dont, elle remarqua cet objet, et par un habile mouvement de la main gauche, la seule viable, agrippa à travers la veste l’objet tout en se dirigeant vers la fenêtre. Tout était affaire de dissimulation après tout. Elle ne fit aucun commentaire ni ne sortit l’appareil de sa zone de dissimulation. Qui avait pu le placer ? C’était bien la question. Molotch ? Inconsciemment, c’était celui dont elle avait envie, et également la personne la plus logique. Lui seul avait acheté ces appareils. Sauf que l’on en trouvait n’importe où. L’officier alors, quand il l’accompagna ? Ses protecteurs ? Le premier n’avait pour ainsi dire, aucune raison de le faire. Le colonel, sergent, ou quel que soit son grade, semblait persuadé que sa planque était protégé. Il aurait pu demander à ses propres agents. Concernant sa garde, elle n’était pas faite pour ce genre de travail. Toujours est-il que si secret il devait y avoir, secret il serait gardé. Helera fit mine de récupérer quelques affaires de toilette, sans regarder les caméras qui la harcelaient, puis se dirigea dans la salle de bain dans laquelle elle s’enferma. Elle condamna tous les accès et laissa tomber une serviette devant la porte. Inutile de se leurrer, le comportement des agents tantôt laissaient bien imaginer la manière dont ils respectaient l’intimité. Pas la peine de chercher de caméra cependant. Elle ouvrit les robinets sur chaleur maximum et patienta, les bras de part et d’autres du lavabo, se regardant en face. Derrière ce mur, ils étaient là, ils observaient. Elle le sentait.

Avec un malaise évident, elle dû jouer le jeu jusqu’au bout et commença à se déshabiller pour prendre sa douche. L’atmosphère se chargea petit à petit en humidité, et la première manifestation de condensation se fit sentir. Se sentir épier dans ses moments les plus personnelles était sans doute la chose la plus malaisante qu’elle ait à vivre. Le plus difficile pour elle fut d’enlever l’attelle et surtout les épaisseurs qui recouvraient son buste. La fumée prit possession des lieux petit à petit, lui procurant le confort de l’opacité dont elle avait besoin. Elle se glissa dans la douche en récupérant rapidement l’appareil. Ce dernier fut accroché entre la tige de métal qui tenait le support du pommeau et le mur. La friture à l’autre bout allait rendre l’appel particulièrement comique. Peu importait. Sans toucher la fréquence, elle alluma l’appareil et chuchota au plus proche du micro, par-dessus le flot du jet qui lui coulait désormais dessus. Trop chaude, d’ailleurs, fallait-il le préciser.

« Qui est là ? Agent M, c’est vous ? »

N’importe quel imbécile comprendrait qui elle appelait, mais c’était le seul code dont elle avait à disposition pour qu’il la reconnaisse, si tant est que ce soit lui …
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By Zygmunt Molotch
#35258
La porte s'ouvrit de nouveau avec un courant d'air et cette fois, Molotch se retourna, songeant déjà à l'insulte copieuse et imaginative qu'il allait lancer à cet enfant de salaud qui revenait à la charge... Mais se retint en voyant l'un des interrogateurs du trooper qui entra tout en se séchant les mains avec une serviette. Il était inutile de demander ce qu'il voulait faire partir de sa peau, ça n'était certainement pas de l'eau en tout cas. L'agent haussa un sourcil interrogateur à l'attention du nouveau venu, lequel lui rendit son regard, les yeux vides et le visage sans expression.

Il était fascinant de constater combien ces types semblaient amorphes et comme morts, hors de leur champ de compétences. Lorsqu'on les observait au travail sur un suspect à interroger, ils faisaient preuve d'une vivacité et d'un enthousiasme presque enfantins au points que cela en était dérangeant. Une fois l'interrogatoire fini, ils semblaient encore moins vivants que les contrôleurs dans les spatioports et il savait de quoi il parlait pour le coup, il avait vu ces spécimens-là de très près. Remarquez, lui-même ne semblait pas plus vivant que ça dans la vie de tout les jours, il était mal placé pour leur faire la morale.

Il a parlé ?
Ils parlent toujours. La seule variable, c'est le temps qu'ils mettent avant de passer à table.
Qu'avez-vous appris ?
Il ne démord pas sur son identité, j'en conclus donc qu'il dit la vérité là-dessus. Il prétend appartenir à une... Confrérie, disons, qui aurait pour but de rendre sa gloire à l'Empire, les foutaises habituelles vous voyez.
A ceci près que cette fois il semblerait qu'on soit tombés sur des rigolos capables de mettre leurs menaces à exécution.

L'interrogateur haussa les épaules. Vraiment, on avait l'impression qu'en dehors de faire mumuse avec leurs clients, rien ne les intéressait ni ne les touchait. Extrêmement perturbant.

Il a donné des noms ? Des lieux ? Des dates ? Quoi que ce soit d'autre ?
Quelques-uns. Tout est dans le rapport envoyé à vos supérieurs. Il semble qu'il ait reçu ses ordres d'un officier supérieur, un certain sergent Harkin. Votre prochaine piste. Il a également donné les noms d'autres troopers stationnés sur Yaga Minor dont il est certain qu'ils font partie de sa bande.
Bon travail comme toujours. Prévenez-moi quand l'informateur sera en état d'être interrogé et aura parlé, je tiens à lui parler personnellement.
A votre guise, agent.

Le caridan salua puis quitta la pièce et prit l'ascenseur. Il avait un nom et un grade, restait à trouver l'homme. Quelque chose lui disait qu'il avait déjà disparu de la circulation sitôt que l'attentat avait eu lieu. Il aurait fait la même chose à sa place. Occupé à songer à l'affaire, il n'entendit pas immédiatement le bruit de son comlink au poignet qui sonnait. Ce fut seulement lorsque l'ascenseur s'arrêta à l'étage Surveillance, alors qu'il s'apprêtait à sortir, qu'il s'en rendit compte. Fronçant les sourcils, il accepta l'appel d'un numéro inconnu, curieux de savoir qui pouvait bien connaître son numéro personnel et manqua s'étouffer en reconnaissant la voix familière.

Conseillère ? Comment...

Il se reprit immédiatement. Il était idiot de poser cette question, il avait lui-même rentré son numéro dans le comlink discrètement glissé dans la poche de la jeune femme tandis que Severian s'était éloigné. Il ne savait pas très bien pourquoi il avait fait ça, après tout elle était maintenant en sécurité et protégée et lui-même avait du travail. Son sort ne le concernait plus. Cette simple incertitude était déjà problématique lorsqu'il songea que si elle était sous protection du Bureau, cet appel était en danger d'être intercepté.

Comment allez-vous aujourd'hui ? Un peu mieux j'espère.

Cette entrée en la matière, typiquement de la discussion sur la pluie et le beau temps, avait le mérite de sonner suffisamment creux pour que, si l'appel était déjà intercepté, ceux qui écoutaient n'y voient rien de particulier. En outre, la question était honnête, il était bien curieux d'avoir des nouvelles. Il mit ça sur le compte de se soucier d'une vie qu'il avait chèrement tenté de sauver malgré les difficultés et rien d'autre. Il fallait qu'il n'y eut rien d'autre qu'une volonté de servir. Toute autre raison aurait été catastrophique à tout point de vue.

Je vous entend assez mal, il y a un sacré bruit de fond. C'est... De l'eau que j'entend ?

Bizarre.

J'ose croire que votre retraite est salvatrice et aussi agréable que lorsque vous étiez chez moi.

Ironie quand tu nous tiens. Connaissant bien le Bureau, il savait qu'il y avait des chances pour que leur sens de l'hospitalité se soit perdu en route, au même titre que leur politesse ou leur sens de l'humour.

Comment un simple serviteur de l'Empire tel que moi peut-il vous aider, conseillère ?
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By Helera Kor'rial
#35264
Helera fronça les sourcils. Elle n’entendait que très peu des paroles qui filtraient à cause de cette eau battante qui lui cognait contre les oreilles. Tout en se rapprochant de l’appareil, elle passa une main dans ses cheveux pour les coller contre l’arrière de son crâne. A la voix, c’était bien Molotch qui lui répondait. Donc, c’était lui qui avait dissimulé l’appareil, à son grand bonheur. Elle n’aurait pas voulu tomber sur quelqu’un d’inconnu à l’autre bout de la fréquence. Il avait été très adroit pour dissimuler l’appareil sans qu’elle ne s’en rende compte. Des sensitifs alertes de la galaxie, elle n’était pas dans les plus incompétentes. Et pourtant. Réjouie, mais toujours aussi sourde, elle s’approcha davantage.

« Oui ça va, mais … »

Il l’interrompit pour parler de l’eau. Oui, cela faisait du bruit, il entendait tout, elle n’entendait rien. En plus de cela, elle devait chuchoter pour ne pas attirer l’attention. Jurant pour elle-même, elle passa un regard dans la salle de bain, comme pour s’assurer qu’il n’y avait personne. Evidemment.

« Oui je … »

Nouvelle coupure, décidemment. Helera s’excéda. De nouveau, elle rabattit la mèche qui ne cessait de lui couvrir la seule manière dont elle disposait pour comprendre ses paroles.

« Non justement, je … »

Enfin une question fut posée, pour laquelle elle saisit le répit dont elle avait besoin pour placer une phrase. Tout en s’approchant, elle chuchotait presque vers l’appareil, elle dû se trouver à la distance la plus minimum pour être certaine qu’il reçoive quelque chose en face.

« Ecoutez-moi ! »

Qu’est-ce qu’elle devait lui dire, qui ne la fasse pas paraître pour une reine trop attachée à son confort, pour une Moff qui aimait l’autorité ou encore pour une rebelle pour qui l’ordre n’était qu’une parodie ? En réalité, pourquoi avait-elle composé la fréquence ? La curiosité de savoir qui serait au bout de la ligne, ou l’espérance que ce soit lui. Maintenant, elle se retrouvait comme une idiote, avec l’eau qui coulait sur son crâne et ses cheveux qui reprirent position devant ses yeux et ses oreilles. Elle joua la seule carte qu’elle avait de disponible.

« Non, ça ne va pas… J’aimerai que vous veniez, je peux être utile dans votre enquête, plutôt que de rester ici enfermée. Je vous en prie, je … »

Elle tourna la tête vers la porte. On frappait à la porte d’entrée. Non, on tambourinait comme des sauvages. On appelait son nom, lui sommant d’ouvrir. Elle jura. Le premier rempart était attaqué.

« Mince, je crois qu’ils ont capté l’appel. »

Evidemment, quelle sotte elle faisait. Une arriérée qui ne cherchait pas plus loin que le bout de son nez. Maintenant, elle avait probablement mis Molotch dans de beaux draps autant qu’elle. Elle éteignit rapidement l’eau et posa le communicateur sur le rebord du lavabo, sans l’éteindre. Battant des mains pour chasser la fumée, elle chercha du regard une serviette avec laquelle se sécher, vite. La porte d’entrée céda finalement. On toqua à sa salle de bain.

« Conseillère, sortez de là. »

« Qu’y a-t-il enfin, je suis en train de me sécher », dit-elle d’une voix criarde légèrement hautaine.

« Arrêtez de vous foutre de nous, sortez. »

Helera attrapa la serviette et l’attacha en s’aidant de ses dents. De nouveau, elle jura. Du regard, elle souffla pour chercher … voila, le peignoir, qu’elle enfila rapidement. On insistait sur la porte, accompagné du cliquetis du métal dans la serrure. C’est qu’ils allaient essayer d’entrer, ironisa-t-elle. Helera se baissa rapidement vers le communicateur et chuchota :

« Venez vite ! »

Une fois rapidement vêtue, elle ouvrit la porte d’un seul coup, arrachant de fait l’outil de l’agent qui s’égara sur le sol.

« C’est une blague ? » Demanda-t-elle.

« Où est-il ? »

Le deuxième agent s’empressa d’entrer dans la pièce, la bousculant au passage. La reine se cogna le bras droit sur la porte et la douleur lui foudroya le dos. Elle s’accrocha à la poignée de la porte.

« Où est quoi ? Je n’accepterai pas d’être » *crack*

L’appareil venait d’être finalement trouvé et de s’exploser sous la semelle de l’agent.

« … traitée de la sorte. »

« C’est la dernière fois que l’on vous prend en train de passer outre notre commandement. Fouillez la chambre. »

La reine reprenait à peine ses esprits dus au choc. Tout ce dont elle souhait, c’était lui sauter à la gorge. Impossible cependant. C’est lui qui passa à la charge cependant, fouillant avec son camarade l’ensemble du petit appartement. Ils vidèrent tout ce qu’il y avait à vider, sans réellement chercher quelque chose. Non, leur objectif était simple, c’était de mettre le bazar à dessein. Par moment, il lui jetait des regards foudroyant. Quant à la reine, elle resta sur le pas de la porte de la salle de bain, regardant le massacre de cette petite maison tout en se massant le bras droit. Voilà ce qu’il se passait quand on ne respectait pas l’empire. Quand ils eurent terminés, il planta ses yeux dans les siens et sans mot dire la laissa seule dans l’appartement en vrac, condamnant définitivement l’accès. Helera se passa une main sur le visage, elle avait envie de pleurer, mais se savait regardée. Elle n’allait pas leur faire ce plaisir. Lentement, elle se dirigea vers son lit à l’envers et tira sur le rebord pour le remettre droit. Toujours à une main, elle remit le lourd matelas en place. Pour le reste, elle ne toucha à rien, ni même ne prit la peine de s’habiller convenable. Gardant sa serviette par-dessous son peignoir.




Elle ne mangea que très peu cette journée-là, encore une fois. Ses boites de conserves traînaient au sol à côté de ses casseroles dont il manquait le manche à l’une d’entre elle. Ce dernier se tenait entre à côté d’un coussin, posé sur des magazines bloqués par le fauteuil renversé. Helera ne bougea pas de cette journée, tétanisée par les évènements du matin, meurtrie à cause de son épaule douloureux, accablée par le chagrin de ne pas être proche de ses enfants. Helera s’endormie au milieu de l’après-midi, d’un sommeil trop sincère pour tromper les agents qui l’épiaient derrière les caméras. Elle dormit cependant de manière troublée, pas réellement reposante. Ayant cette forte impression que l’on essayait de la tuer. Partout, des yeux, des oreilles. Partout des épées de Damoclès, menaçantes. Son cœur battait plus fort qu’à l’accoutumé, il y avait un problème.

Son sens du danger la tira de sa torpeur au milieu de la nuit. En sueur, elle se releva sur son lit et tira les couvertures d’un coup. A peine eut-elle immergée des bras de l’au-delà qu’un bruissement attira son attention, un bruit de spray, suivit d’une odeur de … Ses poumons se stoppèrent, sa respiration également, trop tard. Elle sentit déjà à nouveau un voile se refermer devant ses yeux. Non, pas le droit de dormir. Ses yeux s’allumèrent dans la nuit noire, assez rapidement pour voir la silhouette qui fonçait sur elle. Cette dernière grimpa à califourchon sur elle et passa ses mains de part et d’autre de son cou, tandis qu’un fin fil appuyait contre sa trachée, bloquant toute respiration. A moitié groggy, elle débattait des jambes et poussait avec son bras robotique sur le bras assassin pour se libérer de l’étreinte. Elle suffoquait, toussait et sentit un liquide chaud dans sa trachée, suivit d’une odeur cuivré. La reine lança alors sa main en avant et d’une pulsion de Force, catapulta son assaillant à travers la pièce. Elle roula sur le lit jusqu’à tomber par terre, prenant la plus grande inspiration de sa vie. Ses poumons la brûlait, elle cracha, du sang. A plusieurs reprises. De l’autre côté de la pièce, elle entendit les conserves remuer, le fauteuil bouger, crisser contre le parquet.

Helera secoua la tête essayant de se réveiller le plus rapidement possible, tout en continuant à cracher au sol. Si le sang rentrait dans les poumons… Elle ferma les yeux et laissa la Force l’envahir. L’empire lui avait interdit de l’utiliser, mais maintenant, il essayait de la tuer. L’empereur avait qu’à la punir, la Force et elle, ce n’était qu’un. Avec son bras robot, elle trouva la Force de se relever, déglutissant avec peine. A peine se trouva-t-elle sur ses jambes tremblantes qu’elle sentit une lourde main gantée se diriger vers elle en un poing catapulté. Helera baissa la tête d’instant, suivit du fracas de la porte qui avait récupéré le coup. Elle se recula, arma son poing gauche et frappa une première fois en plein visage, puis une deuxième fois dans le torse. Le troisième coup fut bloquée, son bras se retrouva sous le siens, emprisonné. L’assaillant frappa ensuite dans l’épaule meurtrie, une fois, puis deux, puis trois. A chaque fois, la douleur tirait à Helera un gazouillis, mélange de cris de détresse et de sang qui s’infiltrait dans ses poumons. La reine enragée donna un coup de tête qui lui permit de se dégager de l’étreinte. Elle fit quelques pas en arrière sous le choc, trouva le lit et y tomba à la renverse. L’individu n’attendit pas plus de temps et sauta de nouveau. Il reçut des coups de pieds, nus, sans grande utilité.

La reine se débattait du mieux qu’elle pouvait, tentant de viser avec son talon le visage, les jointures, quelque chose. L’autre se protégea de sa main, et ne fut pas particulièrement gêné sous son armure de combat. Il lui attrapa les mollet et les attacha rapidement avec un morceau de plastique, puis il dégaina un couteau, tandis que la larve nouvelle formée s’aidait de son unique main pour glisser de l’autre côté du lit. Il la ramena, arma sa main assassine et fut gelé sur place. Les yeux de la reine s’illuminaient d’un blanc nacré, tandis que la Force fut enfin utilisée. Elle se retourna alors sur place et cracha une nouvelle gerbe de sang. Sa gorge en feu, son épaule qui la lançait affreusement, le sang qui l’étouffait … Rien d’insurmontable, malgré l’anxiété croissante qui la prenait. Elle se releva rapidement et courut jusque dans la salle de bain. Lumière allumée, main sur la gorge, elle regarda à travers ses yeux de sensitif les lignes de failles dessoudés, et s’enquit de réparer le plus rapidement possible les lésions qui la noyait de l’intérieur. L’opération dura probablement plusieurs minutes, et se conclue en enroulant sa ceinture de peignoir autour du cou pour arrêter l’hémorragie externe.

Sans s’arrêter dans sa course effrénée, elle se dirigea dans la chambre d’à côté. Elle y trouva une porte défoncée, des traces de luttes, et deux agents morts. L’un ayant la gorge tranchée, l’autre étouffé dans son sang. Helera porta une main à sa bouche et recula jusque dans le couloir. Le carnage, elle n’avait pas l’habitude. Elle n’avait plus l’habitude. La reine s’obligea à respirer lentement, laissant l’air emplir lentement ses poumons. L’anxiété revint, elle regarda à droite et à gauche du couloir, croyant voir des ombres se dessiner. Elle déglutit difficilement, et retourna dans sa chambre, s’habilla le plus rapidement possible, et fuit l’appartement, sans regarder derrière elle. Inutile de se demander ce qui avait alerté sur sa position. La reine ne pouvait pas rester une seconde de plus. A peine habillée, elle sortit à l’extérieure sous une pluie battante. La suite ?
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By Zygmunt Molotch
#35266
Le temps leur était compté c'était une évidence. Il ne donnait pas plus de 10 secondes aux agents du Bureau surveillant l'endroit pour intercepter l'appel et se rendre compte que quelqu'un n'avait pas respecté les règles du jeu. Et il ne leur faudrait pas longtemps pour déterminer qui était l'individu au bout du fil, ce qui voulait dire qu'ils allaient prochainement lui tomber dessus pour lui rappeler comment ça marche. Ça avait été une très mauvaise idée de glisser ce comlink alors qu'il savait la jeune femme entre de bonnes mains en plus de ne plus être concerné par son sort à présent, mais il n'avait pas pu s'en empêcher. Une bonne raison de raccrocher illico et ne plus y penser, tout oublier et passer à autre chose. Si seulement c'était aussi simple.

Mais comme il fallait s'en douter, il n'y eut guère le temps pour autre chose qu'une courte supplique à son encontre, la volonté d'être menée hors de sa prison de sécurité secrète pour écumer l'Empire et ses dédales les plus obscurs pour se joindre à la traque. Il était à peu près sûr que ce genre de chose n'entrait pas dans les attributions d'une conseillère aux affaires religieuses, pas plus qu'il n'était dans les siennes de venir emmerder ses collègues pour leur ordonner de la libérer. Il soupira, pour le peu qu'il la connaissait, cette femme était aussi entêtée et impatiente que la pire des anguilles, incapable de se poser et laisser faire les choses. Il fallait qu'elle s'en occupe en personne pour s'assurer que le boulot soit fait. Pourquoi était-ce donc à lui de se coltiner ce genre de merde ?

Il n'eut pas le temps de répondre que le comlink fut coupé et la ligne parasitée. 10 secondes et 30 dixièmes, ils se faisaient vieux au Bureau dites donc. Restant brièvement immobile, toujours dans l'ascenseur, Molotch sembla interdit, le regard vitreux comme s'il ne savait pas quoi faire ou venait d'avoir une absence. Il se reprit rapidement puis se dirigea d'abord vers son bureau. Là, il passa les heures suivantes à fouiller les bases de données de l'agence, consultant notamment le dossier de ce fameux sergent Harkin. A ce qu'il pouvait voir, en dehors d'un dossier convenable sans rien d'extraordinaire, le soldat n'avait rien qui puisse expliquer ce qui le reliait à l'attentat. Pas plus que son dossier psychologique qui, en dehors d'un fanatisme à toute épreuve typique des bidasses de son genre, n'indiquait pas de tendance à la folie ni à la trahison.

Mais après tout, était-ce la bonne façon de considérer les choses ? Les conjurés comme Harkin, Maat et leurs complices ne se voyaient probablement pas comme des traîtres mais bien, songea-t-il avec dégoût, comme de véritables patriotes dévoués à la sauvegarde de l'Empire. Et ils n'étaient pas idiots, sachant pertinemment que toute parole un peu trop critique envers quelque autorité impériale que ce soit les aurait immédiatement vu signalés au Bureau. Il fallait partir du principe que ces individus étaient intelligents, discrets et disposaient de ressources considérables. Il y avait toutefois une piste potentielle. Harkin avait beau être un soldat actuellement notifié comme étant en permission sans précision sur ses activités actuelles, il avait de la famille sur Yaga Minor, dans l'une des cités à l'autre bout de la planète.

S'il était impossible de le trouver lui, il faudrait passer par un intermédiaire. Il était possible qu'il s'y planque ou bien il était déjà loin. Il y avait toutes les chances que le proche, un vieil oncle à la retraire, ne sache rien de son neveu, tout comme il était possible que le contraire soit vrai. Un seul moyen de le savoir. S'étirant sur son fauteuil de bureau, l'agent ne se rendit alors que seulement compte du temps passé. On était presque en début de soirée. Il en fut étonné, il avait fini sa journée depuis longtemps en principe, bien que vu la situation, la plupart des autres agents étaient encore là ou en vadrouille au-dehors en vérité. Se levant dans le but de sortir pour prendre la route qui nécessiterait quelques heures de conduite, il se retrouva nez à nez avec l'agente réceptionniste, qui l'informa que son agent Senior voulait le voir.

Molotch ne perdit pas de temps et entra dans le bureau de son supérieur, à temps pour le voir raccrocher son comlink. A en juger par la manière dont il rompit sa conversation puis le toisa d'un regard intense, il y avait de l'orage dans l'air. Il s'assit sans attendre et sans faire de commentaire puis attendit que le sujet soit mis sur la table.

Agent Molotch, qu'est-ce que je vais faire de vous ?
Monsieur ?
Ne faites pas l'innocent. Nous savons tout les deux que vous avez fourni un comlink à la conseillère, lui permettant ainsi de violer le secret de sa planque sous surveillance.
Exact, même si je pensais pas à mal.
Pas à mal ? Vous plaisantez ? Vous réalisez ce que vous avez fait au moins ?
J'ai outrepassé mes fonctions, je sais. Je n'ai pas d'excuse pour ça, si ce n'est que j'ai pensé qu'il valait mieux qu'elle dispose d'un moyen de me contacter en cas de besoin.
Besoin de quoi ? Elle est surveillée à chaque instant par toute une équipe de protection et une patrouille qui surveille l'appartement et ses environs. Il y a également tout un commando du Bureau prêt à intervenir si besoin. En quoi aurait-elle besoin d'un simple agent comme vous ?

Molotch affronta le regard furieux d'Aemos. S'il n'y avait jamais eu d'affection particulière entre eux ni de camaraderie, jamais il n'avait vu son agent Senior aussi remonté contre lui. Peut-être avait-il vraiment été trop loin cette fois. Il décida de jouer la carte de l'honnêteté, pour changer.

Parce qu'elle a confiance en moi.
Et pas en nous ?
J'ai risqué ma peau pour sauver la sienne. Ce genre d'action a bien plus de poids aux yeux d'une personne que la parole d'un officier anonyme ou les actions consistant à l'enfermer dans un coin en attendant que ça se tasse.
Insinueriez-vous que...
Je n'insinue rien ni ne critique, monsieur. J'énonce un fait. Il est bien plus facile de faire confiance à une personne qu'à une organisation, c'est tout. Je voulais qu'il puisse subsister même de façon infime ce lien ténu entre nous.
Pour les besoins de votre enquête privée qui vous a valu une mutation au spatioport il y a 2 mois de ça ?
Entre autres choses oui.

Il y eut un long silence pénible entre les deux hommes puis l'agent reprit.

Monsieur, est-ce pour cela que vous m'avez appelé ? Juste pour me passer un savon sur ma bêtise ? Vous savez très bien que j'en suis parfaitement conscient. Du reste, je ne vais pas continuer à faire dans l'ingérence, elle est en sécurité j'ai bien compris, je ne m'en mêlerai plus à l'avenir.

Nouveau silence, cette fois-ci plus gêné que glacial. Molotch affronta le regard du vieil homme et y lut autre chose que la colère, une chose qu'il ne voyait pas souvent dans les yeux de son mentor : de l'incertitude. Une sensation le glaça lorsqu'il sut avoir mis le doigt sur quelque chose, quelque chose qui ne collait pas.

Qu'est-ce que vous ne me dites pas monsieur ? Il y autre chose c'est ça ?
Rien qui ne vous concerne à présent, comme vous venez de le dire.
Non, je vois bien que vous êtes dedans jusqu'au cou. Il s'est passé quelque chose ?
Je viens seulement d'être prévenu. Les communications entre l'équipe de surveillance et l'antenne du Bureau ont été coupées, nous avons perdu le contact, ils ne répondent plus. J'ai immédiatement envoyé le commando pour inspecter l'endroit et...
Quoi ? Qu'est-ce qu'ils ont trouvé ?
Ils sont tous morts. Toute l'équipe de surveillance et l'équipe de sécurité en patrouille, ils ont tous été liquidés. Ils ont également trouvé des corps à l'intérieur et des signes de lutte féroce.
Et elle ?




Il pleuvait férocement ce soir-là sur Yaga Minor et pour cause, les précipitations locales étaient déjà relativement fortes et présentes mais il fallait également tenir compte de tout les vaisseaux qui avaient augmenté le trafic routier et aérien de façon exponentielle à cause de la crise en cours. Tout ces vaisseaux présents dans le ciel engendraient des changements climatiques temporaires. Et ainsi pleuvait-il au point qu'il en devenait difficile de voir plus loin que quelques mètres devant soi. C'est pour cette raison que la fugitive, fraîchement échappée du piège mortel qu'était devenu sa planque, ne se rendit compte de leur présence qu'au dernier moment.

Avec leurs tenus de combat sombres, leurs casques et cagoules inquiétants et leurs armes en main, il semblait évident qu'ils n'étaient pas amis. Ils lui crièrent des ordres difficilement compréhensibles avec le vacarme de cette pluie incessante, probablement de s'arrêter et de se rendre, voire des interjections typiques de tueurs dans leur genre, du style "tu vas crever" et autres joyeusetés. Quoi qu'il en soit, elle n'en fit rien et se contenta de continuer à courir tant bien que mal en soutenant son bras en sale état. Presque immédiatement, les balles fusèrent autour d'elle et seule la Force savait comment elle avait pu les éviter.

Toutefois, les choses se gâtèrent rapidement lorsque l'un d'eux se jeta sur elle et qu'ils tombèrent face contre terre. Le combat fut féroce entre les 2 adversaires car bien que blessée, infirme et incapable de se saisir de son arme pour couper en deux l'imprudent, une reine comme celle-là restait capable de vendre chèrement sa peau. Elle peina mais parvint à se débarrasser de l'homme au prix d'un gros effort puis se releva... A temps pour sentir au moins 2 projectiles la transpercer à la nuque et l'avant-bras. Ca y est, c'en était donc fini de sa tentative de fuite, le poison n'allait probablement pas tarder à envahir son organisme et ensuite il n'y aurait plus rien.

Peut-être pensait-elle ainsi lorsqu'elle ferma les yeux et s'effondra, vidée.




Le réveil fut difficile et pas moins surprenant. Visiblement ça n'avait pas été du poison qu'on lui avait injecté. Elle était allongée dans un lit et, chose surprenante, pas menottée ni attachée. En revanche, des intraveineuses couraient le long de son bras tandis que l'autre était dans un plâtre solide et parfait pour qu'il se repose. Elle était vêtue de la tenue typique d'un patient d'hôpital mais à voir le décor de la petite chambre ou elle était, ça n'était vraisemblablement pas un hôpital ici. Alors quoi ? Ou était-elle ?

Ah, vous êtes réveillée, je commençais à m'inquiéter.

La voix familière résonna dans la chambre tandis que l'ombre d'un homme jusqu'ici affalé sur un petit fauteuil sur le côté se levait doucement. En se rapprochant, ses traits se firent plus précis jusqu'à ce qu'il soit reconnaissable entre mille. Il avait un faible sourire affecté et une mine épouvantable avec ses yeux emplis de fureur (à son encontre ?) et un air morose et renfrogné. Il avait au moins laissé tombé son uniforme blanc dégueulasse et repris sa tenue civile bien plus confortable et à son goût. Il ne s'approcha pas suffisamment du lit par respect ou par crainte, difficile à dire, se contentant d'observer.

Heureusement que nous avons trouvé avant ces pourritures, sinon je ne donnerais pas cher de votre peau en ce moment. Vous êtes vraiment incapable de ne pas vous attirer d'ennui vous hein, madame la conseillère ?

Ce Molotch, toujours le mot pour rire, quel farceur.
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By Helera Kor'rial
#35268
La pluie battante lui rafraichit le visage et lui permit de se calmer un peu. L’excitation passée lui provoquait encore des tremblements dans tout le corps, que l’eau apaisait. Dehors, il n’y avait personne, il faisait noir et les patrouilles n’étaient pas là. Bras serrés contre elle, la reine bifurqua sur le seuil de sa « protection ». Elle laissa là les cadavres et partie rapidement dans une direction aléatoire. Le dos légèrement prostré, comme une petite fille à qui l’on venait d’administrer une punition. Par moment, elle crachait à terre un peu de sang et se raclait la gorge. Sa ceinture prenant l’eau, l’étau s’était resserré autour de son cou et elle dû en enlever une partie. La compression restait importante, mais pas au point de se tuer. Son bras continuait de la lancer à chaque battement de son cœur, comme s’il menaçait de tomber lui aussi. Par mesure de sureté, Helera le tenait forte contre son torse. Seulement, malgré l’apparente situation de calme retrouvé, elle était suivait. La Force le lui murmurait à l’oreille. Des hommes, cinq, armés jusqu’aux dents, courant dans sa direction. Elle fit mine de ne pas les avoir entendu. Dans le doute, elle devait les mettre hors d’état de nuire. Ne pas tuer cependant. Elle garda son allure élevée, sans montrer de signe apparent de compréhension. La pluie battait à ses oreilles, le manque de lumière la rendait aveugle, mais la Force était tout ce dont elle avait besoin. La reine sentit alors une main se poser sur son épaule.

Elle l’attrapa avec sa main robotique, fit volteface, tira avec elle, et accueilli le malheureux avec un coup de genoux en plein estomac. La troupe se stoppa et les lasers rouges se posèrent sur elle. La reine était légèrement inclinée sur le côté gauche, la main robot en avant, l’autre serrée contre elle. Elle fit quelque pas en arrière, des tirs fusèrent alors dans sa direction. Tout en se laissant tomber sur elle-même, sa seule main lui permit de se rattraper, et de la propulser assez loin derrière le groupe de soldat. Le premier se retourna, elle attrapa son arme et la jeta au loin, le deuxième reçu à la suite un coup de poing métallique dans le casque, le brisant en partie, puis se concentra vers le premier, frappant une unique fois dans son torse. Un troisième se présenta à elle, fusil levé. Elle détourna l’arme avec la Force et des gouttelettes d’eau, elle en fit des projectiles de glaces qu’elle lui propulsa dessus. Mais le choc suivant, elle ne le vit pas venir. Le colosse la percuta de plein fouet, la faisant tomber contre le pavé, l’écrasant sous son armure. La tête heurta la solidité du sol, elle en fut sonnée. Les projectiles qui la percutèrent ensuite ne firent que valider ce résultat. Ce fut le trou noir.




Elle ouvrit lentement les yeux, prenant peu à peu conscience de son environnement. L’étoile brillante au dehors, renvoyant sa lumière à l’intérieur de la pièce. La poussière que l’on voyait passer à travers en s’illuminant d’une couleur opaline. Helera se sentait ankylosée, limite droguée. Ses mouvements étaient lents, sa tête était lourde. Mais elle ne sentait rien, pas une douleur nulle part. Elle tourna lentement la tête sur son oreiller, pour y repérer les bombonnes de produit. Son regard en suivit les fils jusque dans son bras, incapable de bouger. Le plâtre qui la tenait était bien trop épais pour qu’elle puisse lever l’épaule. C’était peut-être cela le problème. Un épaule de démit et un bras de plâtré. Impossibilité de bouger le membre pourtant important pour une manipulatrice du sabre. Une voix la tira de ses pensées, elle retourna de nouveau la tête. Un homme en blouson, jean foncé, allure de pilote, ou de mercenaire. Un œil qui se fermait davantage que l’autre. Un sourire qui se voulait gentil, mais dont les traits étaient étranges. Où qu’elle fut, si Molotch était dans les parages, c’est que ce n’était pas si dramatique. La situation n’était pas désespérée.

« Salut », se contenta-t-elle de prononcer, avec une voix totalement déformée et un semblant de sourire, qui se transforma en grimace de douleur.

Elle se racla la gorge et prit une inspiration chantante à travers sa blessure. Helera tenta de se relever très légèrement sur son lit et ferma les yeux. Elle porta une main à sa gorge, pour y découvrir un tissu qui lui barrait la trachée. Son pansement avait finalement été posé, la blessure n’en serait bientôt plus une. Sa respiration restait lente et appliquée, encore à moitié endormie. Elle ouvrit les yeux une seconde fois quand il commenta.

« Ce sont les ennuis qui … qui me trouvent … toujours. »

Elle se racla de nouveau la gorge. Cette voix n’était pas la sienne et lui irritait les tympans. On eut dit un droïde qui essayait de s’exprimer.

« Où sommes-nous ? »

En réalité, elle n’avait rien à faire de la réponse qu’il pouvait lui donné. C’était histoire d’ouvrir un semblant de discussion. De toute manière, la reine était déjà en train de rassembler son énergie pour essayer de se lever. Une grimace sur son visage et elle ôta la couverture jusqu’aux jambes pour se mettre en position assise. Un coup d’œil vers son bras totalement plâtré et perfusé. Les aiguilles passaient directement entre deux petits trous formés par les médecins puis directement dans la peau. Elle attira à elle les produits qu’on lui injectait dans la peau et plissa les yeux en lisant la composition.

« De la morphine… Il faudrait arrêter … de me droguer… Pouvez pas m’aider à tout … a tout tirer de mon bras ? »

Son regard était encore livide et quelque peu vitreux. Dans cette position, sa tête tambourina et elle fronça les sourcils. Elle posa son front sur sa main robotique et ferma de nouveau les yeux. Tout autour d’elle tournait. Une pause, une toute petite pause de quelques minutes avant qu’elle soit d’attaque.
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By Zygmunt Molotch
#35290
Elle avait vraiment une sale gueule et c'était peu de le dire. D'un autre côté vu ce qu'elle avait enduré ça n'était pas si surprenant, ça ne faisait que quelques jours depuis l'attentat et les choses allaient de mal en pis, pas étonnant qu'elle soit dans un état aussi lamentable. On ne l'aurait certainement pas laissée se produire devant les caméras sans devoir passer 3 ou 4h avant en séance de maquillage et autres joyeusetés si on avait eu besoin de la produire sur scène. Et puis lui aussi avait une sale gueule, ça leur faisait un point commun. Il n'avait pas beaucoup dormi depuis que son supérieur lui avait appris la nouvelle, rongeant son frein d'en savoir plus.

Le soulagement avait été grand d'apprendre ensuite que l'équipe envoyée inspecter l'appartement l'avait trouvée, bien qu'elle avait semblé hystérique au point qu'ils aient dû (difficilement) la maîtriser avant de l'endormir. Encore une fois, vu le carnage perpétré à l'intérieur, difficile de lui en vouloir. Il semblait que l'ennemi avait bel et bien des yeux et des oreilles au sein même du Bureau, malgré la purge menée discrètement dans toutes les agences gouvernementales. Cette prise de conscience avait été un sale coup pour l'agent qui, bien qu'ordinairement lucide sur le monde et ceux qui l'habitent, ne pouvait pas comprendre que les plus fanatiques des serviteurs de l'Empire puissent passer de l'autre côté sans s'en rendre compte.

En lieu sûr, si j'ose dire vu le précédent. Nous allons bientôt le quitter pour un autre.

Il sentit qu'il fallait en dire plus. Avec tout ce qui lui était arrivé, elle méritait bien quelques explications après tout.

Vous avez été "sauvée" par un commando du Bureau à votre recherche quand nous avons perdu le contact avec vos gardiens, puis ramenée ici ou nos meilleurs médecins ont travaillé pour vous remettre en forme. Vu vos blessures ça n'a pas été facile d'après ce que j'ai cru comprendre, vous aviez même été contaminée par une forme de poison redoutable. Ensuite, nous vous avons laissé vous reposer quelque temps. A présent que les toubibs m'assurent que vous êtes en état de voyager, nous allons partir.
Le Bureau a commis une erreur en vous astreignant à une planque statique et parfaitement définie. Nous n'avions pas prévu qu'ils vous retrouveraient aussi vite ni aussi facilement et c'est une très mauvais nouvelle. Nous allons donc à partir de maintenant changer de plan : planque mobile et changée chaque jour jusqu'à nouvel ordre. Ils vont avoir plus de mal avec cette méthode et ça ne vous fera pas de mal de bouger un peu.


Molotch se dirigea vers l'armoire en bout de chambre de laquelle il sortit les vêtements achetés précédemment par la jeune femme, lavés, repassés et tout propres, qu'il déposa sur la table à côté du lit avant de se reculer quelque peu. Lorsqu'elle fit mine de se relever sur son lit, il secoua la tête en soupirant. Infoutue de rester tranquille, consternant.

Je pense que vous serez soulagée de savoir qu'ils n'ont en tout cas pas trouvé vos enfants et vos protecteurs, je leur ai parlé ce matin même. Eux aussi vont bouger de planque en planque à partir de maintenant. Tenez, buvez ça, ça vous fera pas de mal je pense.

Saisissant un verre posé sur la table, il le tendit à la jeune femme poliment. Si elle n'avait pas la force de le prendre de sa seule main valide (...), il restait possible de faire autrement, l'agent était un homme serviable après tout. Il consulta son comlink au poignet et fronça les sourcils en voyant l'heure. Il ne leur restait plus beaucoup de temps, ils allaient devoir faire vite.

Essayez de vous reposer encore une heure ou deux, madame. Vos vêtements sont là et vos affaires également, nous n'avons rien confisqué, bien que certains auraient bien voulu garder votre... Arme. Si vous avez besoin d'aide, il y a un bouton que vous pouvez sonner pour appeler quelqu'un. Nous partirons bientôt pour notre prochaine destination.

Il se fendit d'un sourire fragile bien que ses yeux pétillaient maintenant d'un amusement étonnant.

Je crois qu'il est inutile d'essayer de vous tenir à l'écart de tout vu la situation, alors vous allez pouvoir faire ce dont vous vous vantiez, 4 jours plus tôt. Vous allez venir avec moi et m'épauler durant mon enquête. Nous discuterons des détails avant de partir, vous vous doutez bien qu'il va falloir prendre certaines précautions si vous voulez pouvoir vous promener dehors.

Ce que reine désire, reine obtient.
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By Helera Kor'rial
#35298
« Lieu sûr ». C’est déjà la manière dont la dernière planque avait été qualifiée la dernière fois. Le résultat parlait pour lui-même. Du sang et des larmes. Voilà tout ce qu’il restait de cet endroit précaire. Alors elle apprit toute l’histoire. A demi assise sur le lit, elle était en train de végéter encore, tanguant d’avant en arrière comme une morte vivante. Pourtant, elle avait fixé son attention sur l’agent et tentait d’analyser chaque parole :

« Sauvée ? Quand ils ont essayé de m’endormir ou de m’assommer ? Peu importe de toute manière. Merci à eux, et désolée pour les blessures que j'ai pu leur faire. »

Elle se força à ouvrir davantage les yeux, qui retombèrent instantanément. La reine se rendit compte de la dureté de ses paroles faces aux agents qui avaient tenté de la secourir. Tout ce qu’elle se souvenait, c’était la violence d’une soirée où elle avait été éjecté du lit. Cette fois, elle était totalement incapable de se souvenir des visages, des impressions. Il n’y avait qu’une seule et unique masse qui avait fondu sur elle. Puis le voile et le rien. Rien d’autre que la douleur et se réveille douloureux. Et surtout de tous ces fils qui la maintenait amorphe. L’agent se déplaça. De ce mouvement qui résonna dans la Force et dans son champ de vision, elle en eut un soubresaut du regard. De sa main libre, elle se passa le long du visage, sentant sur ce dernier toute la lourdeur de ce membre fantôme. Helera tourna définitivement le visage vers l’agent et vers la pile de vêtement qu’il lui présenta. Ses yeux bleus aux pupilles dilatées ne s’y attardèrent pas vraiment. Elle leva son bras droit avec le gauche.

« Pouvez m’aider ? »

Elle tenta d’étirer un sourire, tandis que sa gorge lui rappelait qu’elle avait été sectionnée. Foutue barbare. La reine le suivit du regard tandis qu’il fit le tour du lit.

« Essayez de tenir mon … bras … pas si haut ! Aie. Voilà. Bougez plus. »

La douleur, même à travers l’épaisse matière plastique qui l’enserrait, transpirait dans l’épaule et dans son omoplate. La grimace qu’elle fit quand il lui saisit simplement le plâtre n’était qu’une infime manifestation de ce qu’elle ressentait. Du bout de ses ongles négligemment coupés courts, elle ne ressentait rien.

« Mes enfants vont biens ? Je l’espère. Quitte à ce que je ne reçoive … aucune protection, j’attends qu’eux soient sains et … et saufs en toute circonstance. Attention. »

Elle attrapa de sa main gauche le long tube qui tombait dans son bras à travers les plâtres et s’enquit de le retirer lentement, dans un bruit de succion fort peu agréable, et des sensations tout aussi mauvaises. Cela eu au moins pour effet pour effet de lui injecter assez d’adrénaline dans le corps et le cœur pour que l’organisme fonctionne à plein régime. Elle répéta cette opération avec la deuxième seringue et souffla lentement, le visage rouge bouffie par la concentration et la douleur. Après une longue expiration, elle remercia l’agent et se laissa de nouveau tomber dans son lit. D’un revers de main, la sueur qui perlait sur son front fut chassées négligemment. Il approcha un verre et l’aida à boire lentement. Une gorgée, Helera fronça les sourcils à la deuxième et toussa. Le liquide froid passa sur sa blessure à la gorge et raviva la flamme.

Elle se plia en deux et cracha ses poumons pendant plusieurs secondes. Les yeux fermés, elle resta un instant paisible. Un instant seulement, car la douleur n’était même pas retombée que ses yeux se rouvrirent déjà. Nouvelle grimace, avant de commenter.

« Ce n’est pas … une arme… »

La reine fronça les sourcils et se redressa, de nouveau assise. Ses vêtements sur le bord de la table de chevet n’attendaient qu’elle. Du nerf. Elle se pencha sur tout le long pour les récupérer avec son bras robot et les encercla jusqu’à elle pour les placer sur le lit. Helera se tourna sur elle-même, face à l’agent, les pieds pendant sur le bord du lit. D’abord le pantalon, qu’elle récupéra dans un geste mécanique, le tenant avec son unique main gauche.

« Sonner ? Pour qu’un autre agent vienne ? Non merci. S’ils étaient tous comme vous, on n’aurait pas à s’inquiéter. Et je n’aurai sûrement pas cette voix de … wookie. »

Sa remarque l’amusa elle-même et elle se fendit d’un sourire discret, et pour elle-même d’ailleurs. Première jambe dans le pantalon, suivit de la deuxième. Sa robe d’hôpital cachant ce qu’il y avait à cacher, sauf dans le dos. Ce qui était d’ailleurs le but escompté de se trouver face à l’agent. N’abusons pas sur la décence non plus. Une fois monté à mi-cuisse, elle se laissa tomber par terre et d’un unique geste remonta le tout jusqu’au nombril, rapidement, sans bavure ou vision non désirée.

« Quatre jours ? »

Une fois sur ses pieds, elle se retourna pleinement vers l’agent et fronça les sourcils. Affichant une mine choquée et sévère, elle laissa sur le côté du lit ses vêtements.

« Ca fait quatre jours que je suis en train de dormir ? On n’a pas une minute à perdre alors. Pour les précautions je connais, je vais changer de coupe de cheveux, me teindre etc. Pas besoin de changer de voix, c’est l’avantage. »

Cette fois le sourire lui fut destiné, mais fut de courte durée. Elle attrapa son débardeur et se retourna. La reine laissa tomber son équipement de malade et rentra le bras gauche dans le vêtement. Puis, elle tordit le tissu dans tous les sens pour faire rentrer le bras droit. C’était la première étape, sans doute la plus simple. Maintenant, il ne restait que l’étape la plus compliqué.

« Je crois que … je vais encore avoir besoin de vous. »Dit-elle, passant son regard du reste des vêtements à l’agent. « Est-ce que vous pouvez … écarter la manche droite … que je passe le … oui voilà. Parfait. »

Piégée un bras dans le sweat, la tête pas encore ressortie, elle battait de l’air avec la deuxième main pour trouver l’entrée. Une fois identifiée, elle se faufila et ressortie, le laissant tirer vers le bas pour que la tête ressorte. La reine était décoiffée, doux euphémisme. Elle souffla, enfin.

« Vous voyez, on fait déjà une bonne équipe », dit-elle en ricanant. Puis de manière plus solennelle. « Merci de m’accepter avec vous, promis j’obéirai à vos ordres. »

Finalement, elle récupéra la touche finale, le sabre, qu’elle rangea dans son dos, horizontalement au niveau de ses lombaires. Cachette parfaite, une fois la cape sur les épaules. Une fois équipé, elle le remercia de nouveau, vérifia que tous ses affaires soient avec elle, puis sortie de la pièce. Elle s’était attendue à tomber sur pas mal de choses, mais pas à cela. Un hangar, à peu près fermés, avec plusieurs bureaux posés çà et là. Une myriade d’écrans qui pullulaient, et une demi-dizaine d’agent, accompagné de deux personnes en blouses. Les uns ne se mélangeant pas avec les autres. A sa vue, les discussions cessèrent, les regards se tournèrent vers elle. Helera laissa traîner un murmure pour l’agent.

« Quel accueil … »

La suite fut, rapide. Un homme se présenta à elle, l’air quelconque, et lui demanda de le suivre. Il la mena vers un siège derrière lequel il avait installé une sorte de récipient monté sur antigrav. Sur le côté, un pommeau dont le fil était relié à une réserve d’eau posée sur le sol. A l’opposé, un ensemble d’appareils et de produits de beautés sur un plateau, dont les odeurs à la fois fruités et exotiques se mélangeaient avec l’artifice. On la fit assoir, sans mot dire, sans sourire. Ses cheveux furent lavés, séchés et on y appliqua une matière dessus, froide. Helera se mordit les lèvres et garda son regard sur Zygmunt. A demi-rieuse, à demi anxieuse et pleine d’appréhension, elle essayait de déchiffrer ce qu’elle pouvait voir sur son visage. Aucune parole ne fut échangée sur l’instant, car il semblait qu’une gêne s’y était installée. Comme si, les personnes autour, fussent-elles des robots, n’étaient pas les bienvenues dans leurs discussions. Comme si cela n’appartenait qu’à l’un et l’autre et que les intrus les empêchaient de parler. Une situation qui la fit sourire, jusqu’à ce qu’elle entende les ciseaux s’activer. Des cheveux tombèrent, drame absolu. Le plateau fut rapproché d’elle et la toilette continua sur plusieurs longues minutes. On lui présenta une glace.

Le choc de regarder son reflet, avec des cheveux noirs, comme ceux d’antan. Helera resta silencieuse, revenu dans un passé qu’elle avait jusqu’alors oublié. La glace lui fut enlevée trop rapidement, on ne lui demandait pas son avis.

« Et bien, c’est … nouveau. »

Rien de très intéressant, pour ces cheveux coupés courts au niveau des épaules, noirs. L’inverse de ce qu’ils étaient. Etait-ce réellement joli ? Tout le monde s’en fichait de toute manière, elle devrait se contenter de le prendre ainsi également. Le coiffeur s’éloigna, et c’est un nouveau visage qui s’approcha. Il lui demanda de ne pas bouger tandis qu’il scannait son visage. Quelques minutes plus tard, il revint avec un sac, contenant sa nouvelle identité. Pour le bien de l’enquête, elle était l’agente Katja Zai, recrue dans le bureau, joueuse de Grav-ball à ses heures libres ayant eu un accident. Cela lui permettrait d’avoir une belle histoire à raconter à ceux qui allaient s’interroger. Une fois les papiers en sa possession, tout fut plié en un rien de temps et le hangar redevint ce qu’il était, vide. La reine, son sac à la main, attendit vers Molotch pour la suite.

« Alors, comment je suis ? Différente j’imagine. »

Pas de temps à perdre néanmoins, ils devaient aller à leur prochain rendez-vous. Molotch prit le volant du véhicule, Helera à ses côtés, pour l’instant silencieuse. Enfin ils allaient rentrer dans le vif du sujet.
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By Zygmunt Molotch
#35300
Les excuses n'étaient pas nécessaires, les commandos du Bureau étaient de grands garçons qui avaient l'habitude de partir en chasse pour faire dans l'extermination de traître et de rebelle de la façon la plus expéditive possible, bien qu'ils préféraient opérer en frappe chirurgicale précise qu'en faisant tout péter en général. On leur avait seulement dit de ramener la cible vivante et en bonne santé sans aucune précision supplémentaire et ils avaient obéi. Pas besoin de savoir que la cible était alliée et à protéger à tout prix, à l'heure ou il devenait évident que l'ennemi avait des espions partout, même au sein du Bureau, la méfiance la plus absolue était de rigueur, envers tout et tous.

Hochant la tête à sa demande, il se rapprocha et l'aida du mieux possible à enfiler les vêtements, se gardant bien de préciser qu'à terme, il lui faudrait enfiler autre chose lorsqu'ils seraient sortis de la planque. Mieux valait qu'elle conserve quelques légères libertés pour le moment, au vu de sa situation ça ne pourrait que lui rendre les choses un peu moins difficiles. En voyant sa grimace de douleur, il était évident que la jeune femme souffrait encore beaucoup de ses séquelles. Il aurait voulu pouvoir lui offrir plus de temps pour récupérer et se remettre mais ils n'en avaient pas. Elle n'avait pu bénéficier que du minimum syndical prescrit par les toubibs pour que le plus gros de ses blessures se referme, s'attarder plus longtemps était trop risqué.

Ils sont en lieu sûr. Je n'ai aucune idée d'ou mais pour ce que je sais, c'est un endroit tenu secret même pour la plupart des membres du Bureau, des Renseignements et de l'Armée. Nous ne permettrons pas que plus d'innocents soient mis en danger par ces traîtres. Mais vous vous méprenez si vous croyez que vous n'avez droit à aucune protection. La vôtre est simplement différente.

Molotch sourit très faiblement lorsque la jeune femme tenta de plaisanter, content de constater qu'elle savait encore faire preuve d'autodérision pour ne pas trop se focaliser sur sa situation. Bien, un esprit confus et non-concentré était la porte ouverte aux pires pensées qui saperaient sa résolution à vitesse grand V.

Vous n'avez jamais entendu de Wookie, pas vrai conseillère ? Je vous garantis que vous en êtes à des années-lumière. Leurs grognements sont aussi désagréables à entendre qu'incompréhensibles, ça n'est pas votre cas. Haussement d'épaules. En tout cas, pas encore.

Evidemment que ça faisait 4 jours, on ne se frottait pas à un commando du Bureau après avoir dû affronter une équipe de tueurs armés, entraînés et lourdement protégés, sans arme pour se défendre et en ayant été empoisonnée pendant la bagarre par-dessus le marché. Il haussa un sourcil en la voyant soudainement choquée, que croyait-elle ? Pas le temps de répondre toutefois car déjà il fallait l'aider une fois encore avec ses vêtements. L'agent avait l'impression curieuse d'être un genre de majordome plus qu'autre chose et espérait que ça n'allait pas devenir une habitude. Il voulait bien l'aider et la protéger et compagnie mais il fallait voir à ne pas non plus trop abuser.

Ils sortirent finalement, bien qu'il nota la démarche encore maladroite et peu assurée de la jeune femme. Il soupira imperceptiblement, encore une complication. Il la mena à travers le bâtiment servant de planque, guère plus qu'une ancienne villa située un peu plus loin en-dehors de la capitale, isolée et officiellement désaffectée depuis des années maintenant. Le Bureau raffolait de ce genre d'endroit pour ses opérations, au moins personne n'était susceptible de venir les y gêner et il y avait de toute façon caméras et sentinelles pour s'assurer qu'aucun visiteur importun ne se balade dans le secteur.

Elle fut finalement confiée aux bons soins d'un agent dans l'une des chambres, lequel était spécialiste des missions d'infiltration et maîtrisait donc parfaitement toutes les techniques d'investigation, d'action et de protocole relatives. Comme l'art du déguisement, par exemple. Molotch resta là à observer sans mot dire tandis que l'agent prenait la suite en charge, s'appliquant à modifier l'apparence de la jeune femme suffisamment pour qu'elle ne ressemble plus guère à celle qu'elle était. L'agent avait tenté de plaider auprès du caridan qu'une opération chirurgicale était encore le mieux en la matière mais il s'y était fermement opposé.

Il n'y avait aucun intérêt à aller si loin dans les extrêmes, avait-il argué. Il avait toute confiance en son collègue pour ce qui était de camoufler le visage connu dans tout l'Empire de la conseillère, par les bonnes vieilles méthodes uniquement. La jeune femme ne savait probablement pas à quel point elle avait été près d'être véritablement transformée en quelqu'un d'autre, de manière définitive et radicale. Leurs regards se croisèrent mais point de discussion possible en ces lieux ou le Bureau surveillait. De toute façon, il y aurait eu bien peu à dire. Tout au plus fut-il amusé en observant la réaction de la conseillère lorsque les ciseaux se mirent en action et sculptèrent lentement la nouvelle Helera.

Pas aussi différente que vous pourriez le craindre. Vos yeux et votre visage sont toujours les mêmes si cela peut vous rassurer. Cela dit, Barnes a fait du bon travail, si je ne connaissais pas si bien votre visage, je ne vous reconnaîtrais probablement pas sans un examen plus minutieux.

Telle quelle, la conseillère restait agréable à regarder, bien que son charme ne soit plus exactement le même qu'auparavant. Et quand elle devrait enfiler l'uniforme blanc cassé du Bureau, ça n'allait vraiment pas arranger les choses. Tandis qu'ils sortaient et grimpaient dans le véhicule de l'agent, un message fut envoyé au Colonel Severian : l'oiseau quittait le nid. Dès lors et ce sans que ni Molotch ni Helera n'en eussent été prévenus, une équipe de 3 agents les suivrait partout ou ils iraient, en civil, invisibles et pourtant bien présents. Leurs ordres étaient de toujours les avoir en visuel et tenir au courant le Bureau de chaque avancée, quelle qu'elle fût. On ne laisserait pas partir la conseillère de l'Empereur comme ça.

Le véhicule progressait rapidement à travers les routes et autoroutes pavant l'ensemble de Yaga Minor. Toutefois, malgré sa vitesse appréciable, il faudrait quelques heures pour atteindre leur destination. Dans l'attente, il allait falloir passer le temps comme on pouvait. Tenant le volant d'une main, Molotch farfouilla derrière son siège à tâtons avec l'autre et trouva enfin ce qu'il cherchait, un uniforme blanc semblable au sien avec le béret, tout deux dans un sac plastique qu'il tendit à la passagère à côté de lui.

Vous devrez mettre ça chaque fois que nous sortirons hors de la planque. Vous êtes une agente du Bureau à présent, vous n'êtes plus Helera Kor'rial, elle est morte et enterrée dans l'explosion comme ses enfants. Pas de survivant. Barnes vous a donné les papiers d'identité, il y a également un datapad qui retrace toute la vie de Miss Zai. Apprenez-la, mémorisez-la. Mieux encore, croyez en ce que vous lirez, faites comme si c'était vraiment votre passé et votre vie contenus dans ce bloc de données. Vous allez devoir jouer un rôle et le jouer à la perfection à chaque instant. Si vous vous trahissez même d'un cheveu, nous serons grillés. Vous comprenez ?

Il lui jeta un regard, une lueur de compassion au fond des yeux. Il pouvait comprendre combien il devait être difficile d'être placée dans une telle situation sans possibilité d'y échapper ou d'en changer les règles. Bien des agents du Bureau et des Renseignements vivaient une vie semblable, à constamment se cacher, mentir, jouer un rôle. Ils en oubliaient petit à petit qui ils étaient vraiment et ne devenaient guère plus que des automates, au service de l'Empire. Tel était le quotidien des agents anonymes.

Nous nous rendons à l'une des cités dans l'autre hémisphère. Vous vous souvenez du trooper prisonnier ? Il a donné un nom, Harkin, son supérieur. Nous n'avons rien trouvé de particulier sur lui et il semble avoir disparu de la carte depuis qu'il a pris sa permission il y a quelques jours. Mais j'ai pu remonter jusqu'à un parent à lui, un oncle retraité. Il sait peut-être quelque chose ou bien Harkin se cache-t-il chez lui. C'est probablement une impasse mais ça ne coûte rien d'essayer. Les agents Molotch et Zai vont lui rendre visite et, sous prétexte d'un contrôle de routine des vétérans de l'Empire, tenter d'obtenir la vérité. Vous avez des questions, élève agente ?

Le tout sur un ton professionnel et neutre, si peu chaleureux qu'il faisait surement moins froid dehors que dans le speeder. Était-ce de la méchanceté gratuite ou une façon de l'impliquer dans son personnage ? Difficile à dire, avec Molotch, les deux étaient aussi possibles l'un que l'autre pour qui ne le connaissait pas bien. Et bien peu le connaissaient suffisamment pour pouvoir en être certain.
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Oblitus reliquia

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