L'Astre Tyran

[John Emsar]

[font=Lucida Fax]« »[/font]

[font=Lucida Fax]« Est-ce que je commettrais une bourde si je vous embrassais ? »[/font]
" Une bourde , peut être pas . Un jeu dangereux , oui ... "

Oui je sais. Je sais. Mais je veux prendre le risque. Les 12 Emsar de son esprit se retirèrent, disparaissant les uns après les autres. Pour une fois dans sa vie qui semblait durer depuis une vie d'homme complète, il éteignit les lumières de sa Bibliothèque et en ferma les portes avec un verrou. Le vide total... Il n'y avait plus grand chose autour de lui, les arbres, le lac, Bastion, l'Empire, la Galaxie, tout avait comme disparu, même le banc semblait avoir une existence abstraite à cet instant précis. Un jeu dangereux... Que pouvait-il craindre ? Les foudres d'un amant non-officiel jaloux ? Il aimait bien Veers, mais ce qu'il lui avait dit plus tôt dans la soirée ne tenait pas compte de ce qu'il avait là, juste sous son pacemaker. Ce n'est pas parce que je suis un tueur que je dois m'empêcher de vivre.

En soit, oui, ils étaient ennemis. Peut-être l'Amirale avait des soupçons comme son comité spirituel l'avait déterminé, mais lui en tout cas le savait. Ils étaient ennemis, et l'acte logique aurait été de l'assassiner. Grand Moff du Greater Maldrood. L'acte n'aurait pas manqué de faire des émules. De plus il avait tout ce qu'il fallait à un meurtre bien ficelé, pas de témoins, pas de bruit. Il aurait largement le temps de s'enfuir.

Mais non. Il était là et si il la considérait comme une véritable ennemie, alors cette opposition la rendait encore plus attirante. J'ai envie de vous ma chère...

" Je vous laisse une chance ... "

John s'approchait toujours plus du visage de la Chiss. Est-ce que je dois le faire ?

Non.

Est-ce que j'ai envie de le faire ?

Oui.

Le fais-je ?

...

La réponse ne venait pas. Le dilemme était total. Que faire dans ces cas là ? Un simple baiser. Juste un toucher, simple, comme certains en font, à chaque seconde ça se passe des millions de fois dans toute la galaxie.

Alors pourquoi c'était si dur ?

Malgré cela, John se laissa aller à son instinct qu'il avait depuis son plus jeune âge. Laisse-toi guider par tes émotions.

Il embrassa Thoryn. Doucement. Juste les lèvres. Il serra un peu l'épaule de l'Amirale, sans serrer toutefois, et sa main posée sur son avant-bras glissa vers la main bleue, pour serrer ses doigts autour des siens. C'est ton instant.

Un baiser. Simple. Long mais qui sembla court. Je sais qu'elle ne m'aime pas. Et je sais que ce n'est pas de l'amour que je ressens vraiment. Mais qu'était-ce alors ? Une attirance physique ? Non, il y a autre chose. John, qui avait étudié des gens toute sa formation et même après, se retrouvait à ne pas savoir analyser son propre esprit et ses propres émotions.

John Emsar... était un inconnu pour lui-même à cet instant précis. Pourquoi ? Cette question le taraudait à chaque nano-seconde qui passait.

Il choisit simplement d'accepter son acte. Il préférait regretter d'avoir fait une chose que de ne pas l'avoir fait.

[font=Lucida Fax]« Je vous admire beaucoup, Amirale Thoryn. »[/font]

C'était sincère. Elle incarnait tout ce qu'il fallait être, le salut de l'Empire, la grâce d'une combattante experte, et un génie tactique certain. Et un sens de la répartie et un goût qui lui plaisaient. Le genre de femme qui pourrait le contraindre à rester loyal. Pourrais-je un jour lui être loyal, à elle ? Ou devrais-je me contenter un jour de lui dire que ce baiser volé, c'était le baiser d'un ennemi de sa nation ?

Peut-on jamais accepter pareille trahison ?

Non, il se dit que non. Il observa la réaction de la Chiss, son propre sourire toujours présent, et ses mains posés aux mêmes endroits qu'un peu plus tôt.

[Thoryn]

Emsar s'approcha encore , il n'était plus qu'à quelques millimètres de son visage , leurs souffles se mêlaient de manière coordonnée , ses mains toujours sur son bras et son épaule . Mais malgré cette proximité , il semblait hésiter . Un peu comme si il se livrait une sorte de bataille mentale . Devait-il écouter ses émotions et ses instincts , ou alors la voie de sa raison ?

Celui-ci sembla ranger la voie de la raison dans un tiroir pendant un petit moment , embrassant longuement l'Amirale , de la manière la plus simple qui soit , sans fantaisies . Sa poigne sur son épaule et son bras se resserra légèrement , mais rien de vraiment gênant . Aussi il laissa descendre lentement sa main le long de l'avant bras de Thoryn , saisissant délicatement sa main .

" Je vous admire beaucoup, Amirale Thoryn. "

Le Moff avait dit cela avec une voix tintée d'une pointe de ... regret ? Son compliment sonnait sincère , mais il y avait quelque chose derrière . Après tout , ils serraient peut être amenés à se tirer dessus un de ces jours , à se battre pour de vrai , pas pour s’entraîner . Peut être qu'à ce moment là , ils se souviendraient de cet instant passé autour de ce lac . Mais est ce que cela les empêcheraient d'appuyer sur la détente ? Probablement pas .

" Il n'y a pas de raison , mais merci quand même . Je n'ai rien fait de tellement exceptionnel ... "

Dans sa tête , c'était vrai . Elle n'avait fait que son devoir , que ce que l'Empire attendait d'elle , et elle avait eut la chance de s'en sortir à chaque bataille . Enfin , ces derniers temps , ce n'était peut être uniquement des coups de bol . On ne finissait pas au Conseil Impérial grâce à coup de chance .

L'Amirale affichait toujours un léger sourire . Elle non plus n'avait pas bougé depuis la toute à l'heure .

[John Emsar]

[font=Lucida Fax]« Je vous admire beaucoup, Amirale Thoryn. »[/font]
" Il n'y a pas de raison , mais merci quand même . Je n'ai rien fait de tellement exceptionnel ... "

Je le savais. Elle s'est laissée faire c'est vrai. Mais j'étais bien tout seul.

De mémoire, et son Palais Mental pouvait en témoigner, il ne s'était jamais senti aussi con et humilié qu'à cet instant. Son sourire mourut progressivement jusqu'à ne devenir qu'une pâme ombre de ce qu'il était juste avant.

[font=Lucida Fax]« J'vous parle pas d'ça. »[/font]

L'officier, la soldate, la guerrière, la maîtresse de Teräs Kasi, la Grande Moff, il n'en avait cure. C'était la Dame qu'il admirait, le grand tout.

Je vois. En gros je viens d'embrasser un mur. Charmant.

Et flatteur.

Tout ce qu'il avait pu éprouver s'envola instantanément. Thoryn redevint une Grande Moff parmi tant d'autres et rien ne comptait plus du tout. La soirée chez Etienne, l'exposition - tiens il avait encore la statuette à ses côtés - et la balade, tout était gâché, bâclé... piétiné. Un mot, un seul aurait suffit. Elle aurait au moins pu faire semblant. Mais non. Elle avait été franche sans rien dire, et cette franchise, visiblement, elle se moquait pas mal de savoir si elle le blesserait ou non. Ou alors c'était fait exprès.

Bien. Je confirme mon statut d'ennemi Amirale. Il trouva la réponse qu'il cherchait plus tôt... Serais-je loyal envers elle ?

Non.

Non, non, non, non, et définitivement non. Thoryn ne serait qu'une femme parmi tant d'autre, dont le silence déchirait plus qu'un long cri de haine. Pendant un instant il se demanda même ce qu'il faisait avec elle. Si plus tard il devait la tuer, il n'aurait aucun regret.

Il s'en fichait, lui. Elle par contre, elle s'en ficherait beaucoup moins le moment venu. Elle aurait pu le manipuler, et peut-être même le faire avouer. Quelle idiote ! Si soupçons elle avait, confirmation elle n'aurait jamais !

[font=Lucida Fax]« Bien, il est peut-être temps de rentrer, non ? »[/font]

Pas question qu'il reste une minute de plus à ses côtés. Il voulait être avec Thoryn, pas avec la Grande Moff du Greater Maldrood Mitth'Ory'Neela. Se balader avec une étrangère, une ennemie qui plus est, c'était la dernière des choses à faire. Il ne lui offrirait pas la statuette. Il la garderait, il la fixerait tout les jours pour tenter d'y voir deux globules rouges en sortir.

Peut-être qu'il tenterait de les crever alors.

Le baiser était déjà oublié et déjà regretté. Il vous aurait suffit d'un mot... En terme d'apparence il n'avait pas bronché, il était resté avec une figure neutre, indéchiffrable. Pas de sourire, mais pas de ride, pas de froncement de sourcils. Une tête neutre, comme celle d'un droïde de protocole.

Un mot...

[Thoryn]

" J'vous parle pas d'ça. "

Ah . Le sourire d'Emsar s'était aussitôt évaporé . A quoi s'était-il attendu au juste , elle ne le savait pas trop . Qu'elle se jette à son cou peut être , en lui susurrant à l'oreille qu'elle aussi l'admirait ? Certes , l'Amirale reconnaissait son talent , dans son domaine il était incontestablement l'un des meilleurs , voir le meilleur . L'ambition et l'acharnement , c'était aussi des qualités qu'elle reconnaissait en la personne du Moff de Bandomeer , mais elle ne pouvait approuver ses méthodes , car elles allaient à l'encontre de tout ce en quoi elle croyait en tant que soldat . Et malheureusement , ce soldat , faisait partie intégrante de sa nature . Thoryn était comme une pièce , l'Amirale et Grand Moff ; et Mitth'ory'neela , la jeune femme Chiss , étaient les deux faces de cette même pièce . Elles étaient indissociables l'une de l'autre . D'ailleurs , Emsar n'était probablement pas si différent , l'homme et l'assassin étaient toujours là tout les deux , quoi qu'il puisse dire ou faire .

" Je suis navrée si je me suis montrée rustre . Les subtilités du comportement humain m'échappent encore ... "

Et elles m'échapperont probablement toujours ... L'Amirale ne se considérait pas spécialement comme un monstre au cœur de pierre , elle était Chiss , c'est tout . Un simple sourire humain était une véritable explosion de feu d'artifice pour les Chiss , et ces derniers n'étaient pas le genre à vite se vexer . Et puis de toute manière , malgré sa froideur naturelle , Thoryn n'avait jamais hérité du surnom de " Iceheart " , oh non , ce surnom là avait été décerné à une autre femme quelques années auparavant . Son cœur n'étais pas fait de glace , mais il était prit dans un glacier . Et en l'espace d'une soirée , on ne brisait pas un glacier , on n'entaillait que sa surface .

Un silence venait de s'installer , et une sorte de malaise aussi . La tension devenait presque palpable , les deux Impériaux ne se regardaient plus , et leurs sourires avaient disparus également , pas seulement leur bonne humeur . Seule la brise était encore à l'origine de quelques bruits , lorsqu'elle secouait les branches du saule pleureur , ou qu'elle poussait quelques ondes sur le bord de la rive .

" Bien, il est peut-être temps de rentrer, non ? "

" Ce n'est pas une mauvaise idée , il commence à se faire tard . "

Et puis , si c'était pour rester assit sur un banc en roche naturelle encore une heure en évitant soigneusement de croiser le regard de l'autre et en laissant le malaise grandir , ça n'avait aucune utilité . Et puis l'Amirale n'allait pas se mettre dans tout ses états à cause du Moff , depuis Yaga Minor , elle s'étais juré qu'un homme ne serait jamais plus une source de tracas et d'angoisses , elle avait déjà assez de problèmes à régler comme ça , trente fois plus avec la charge du Greater Maldrood qui venait de lui tomber dessus .

Thoryn aussi avait ré-affiché son air neutre le plus commun , ils devaient faire un beau " couple " tout les deux , à tirer une tête jusque part terre sur le chemin de son appartement . D'ailleurs , il aurait fallu être vachement idiot pour les prendre pour un couple de toute manière .

Ils devaient être à mi-chemin entre son appartement et la place de Beaux Arts , ils en auraient donc pour quinze - vingt minutes de marche . Quinze probablement , car leur rythme de marche s'était accéléré , ni l'un ni l'autre n'avait réellement envie de s'attarder d'avantage . Les sentiers de l'autre rive du lac étaient sensiblement similaires et symétriques à ceux qu'ils avaient empruntés en arrivant , les arbres se transformant en buissons et disparaissant peu à peu plus ils se rapprochaient à nouveau du centre de Ravelin et de ses grandes avenues pratiquement désertes à cette heure ci . Seul quelques speeders passaient encore régulièrement , et de temps à autres , quelqu'un sortait d'une rue pour s'engouffrer dans une autre avenue . Même les restaurants fermaient leurs portes à cette heure ci , il devait être près d'une heure du matin , voir plus tard encore , ou plus tôt pour être exacte .

[John Emsar]

" Je suis navrée si je me suis montrée rustre . Les subtilités du comportement humain m'échappent encore ... "
[font=Lucida Fax]« Bien, il est peut-être temps de rentrer, non ? »[/font]
" Ce n'est pas une mauvaise idée , il commence à se faire tard . "

Il ne lui offrit pas le plaisir de répondre à sa première phrase. Plus de concession, rien. Le trajet se fit plus rapide, toujours sans un mot, et les deux avaient visiblement adoptés une marche plus rapide. Adieu lac, banc, arbres... S'il revenait ici, c'était pour tout faire cramer. Même le lac, juste pour montrer à quel point il était remonté.

[font=Lucida Fax]« Ordre du jour, estimation du temps nécessaire pour faire cramer un lac, et surtout de la possibilité mathématique de le faire... des idées ? »[/font]
[font=Lucida Fax]« Par cramer il doit vouloir dire évaporer. C'est le seul moyen de combattre l'eau par le feu, l'évaporation. »[/font]
[font=Lucida Fax]« Exact, donc, des idées sur le temps et les moyens ? »[/font]

... 1 heure de délibération spirituelle // 1 seconde dans le temps réel plus tard ...

[font=Lucida Fax]« Okay, on est vient à la conclusion qu'il faudrait 487 méga-tonnes de combustibles pour évaporer les 89 milliards de mètres cube d'eau en tenant compte des pluies et périodes de sécheresse, évaporation qui mettrait 2 ans 8 mois et 13 jours. Bien. Affaire suivante... »[/font]

Et oui. Dans sa tête on s'en posait des questions.

Il abandonna Thoryn au pied de son immeuble, avec un banal "Bonsoir et bonne nuit Amirale" d'un ton intérieurement glacé, sans prendre la peine de répondre à d'éventuelles questions. Il prit le masque dans sa main, retirant le voile noire qui le recouvrait et se dirigea vers une poubelle, n'importe laquelle. Il ne voulait même plus la garder. Cette soirée avait été un cauchemar. Il en trouva une en plein milieu d'une petite place commerçante à deux pas de chez l'Amirale et l'y jeta rageusement avant de s'en retourner... non sans démolir d'un seul coup net et incroyablement puissant un lampadaire, qui gardait un impact dans sa tôle extérieure. Il fit deux pas et entendit un *clang* assez assourdissant. En se retournant il aperçut que le lampadaire s'était plié en deux au niveau de l'impact.

John ne s'interrogea alors pas sur la puissance théoriquement impossible de son uppercut, mais sur la raison qu'il avait eu de le décocher à un lampadaire innocent. La meilleure méthode c'est encore d'y réfléchir. Il se frotta le poing comme s'il avait été réel et trouva un rebord de vitrine d'un commerce tout-venant pour réfléchir. La position assise amenait plus vite la réflexion. Etrange mais réel.

Qu'est-ce qui ne va pas chez moi ?

Il était en droit de se poser la question. Pas seulement en droit, en devoir. Il aurait pu faire profil bas, finir la soirée correctement. Mais non, il avait joué au con. Thoryn n'était pas à blâmer.

Alors pourquoi suis-je en colère contre elle ?

Ce n'est pas après elle que tu en as.

Non, c'était vrai.

Il était en colère contre lui-même.

Mais POUR-QUOI ? Nom de nom de nom de nom !

Mais... mais bon sang...



[font=Lucida Fax]« Sara... Comment ais-je pu être aussi aveugle ? »[/font]

Une image avait suffit. Celle où il s'occupait de sa secrétaire passée à deux doigts de la mort à cause de son frère.

C'était ça.

John se leva et alla récupérer le masque tribal. Il était plutôt chiant à transporter. Il alla récupérer le voile noir et s'en servit comme d'une sorte de corde pour l'accrocher à sa ceinture, dans son dos. Pour toquer chez Thoryn, deux choix, soit sonner à l'interphone et se prendre un vent - bien mérité mais un vent quand même - soit... faire comme quand il était venu la chercher. Passer par le toit. Il prit un peu d'élan et grimpa de deux bons mètres avant de trouver une prise dans le mur. Les prises étaient multiples quand on savait les trouver, prises d'air pour l'aération intérieure, rebords de fenêtres, fissures... Sauf que ce genre de bâtiment était par excellence prévu pour contrer les escalades clandestines. Ou alors un heureux hasard de construction. Mais il y avait de légers enfoncements à hauteurs régulières dans le mur, des bandes qui creusaient les murs d'un centimètre à peine tout les 50 centimètres, par pur esthétisme. Mais ça suffisait pour qui s'entraînait sur des parois rocheuses lisses comme du verglas sur Rhen var depuis l'âge de 4 ans.

Il fut sur le toit en deux minutes. Il avait le vertige, aussi la technique consistait à ne regarder QUE le haut. Il trouva la porte de service pour les réparateurs et pénétra au dernier étage où se trouvait la salle des ascenseurs. Il ouvrit un panneau latéral et se retrouva à contempler les câbles de maintien des bêtes. La mode rétro, rien de tel pour des gens comme moi... L'avantage du turboflit c'est que les infiltrations discrètes de ce type étaient rares. Il ne fixa que les câbles ET SURTOUT pas le bas et se laissa glisser de grosso merdo trois mètres. Il fit sortir ses bâtonnets électrifiés et provoqua un court-circuit bien placé pour faire s'ouvrir les portes. Il passa l'ouverture qui se referma au bout d'un temps, celui qu'il fallait pour qu'il ré-ajuste son blazer et remette la bazar dans ses cheveux. Non pas qu'il soit complètement décoiffé, ils gardaient un mouvement naturel, mais on voyait que se coiffer n'était pas son habitude.

Il défit la corde improvisée de sa ceinture et la replaça malgré les plis marqués sur le masque. Il toqua à nouveau trois fois sur la porte, puis se plaça sur le côté pour que seul celui qui ouvre le voit. Il ne se sentait pas le courage de fixer deux paires d'yeux différentes. Surtout avec une paire sans pupille...

On lui ouvrit. C'était l'Amirale en personne. John se racla la gorge pour se signaler, inspira longuement et expira très rapidement.

[font=Lucida Fax]« Bon... Je suis désolé de m'être comporté comme un sagouin du lac jusqu'à ici. Vous avez dit ne rien comprendre aux subtilités du comportement humain, et à dire vrai, moi aussi. Je n'aurais pas du... Enfin, vous savez quoi. Je ne le regretta pas forcément mais ce n'était ni le lieu ni le moment. Désolé pour ça. D'ailleurs je ne sais même pas ce que j'espérais...

Mais bon, de mon côté ça va, j'espère juste que de votre côté, il y a pas d'lézard non plus, rester en froid ce n'est pas franchement dans mes intentions.

Je tenais à vous dire que j'ai passé une très bonne soirée en votre compagnie. Veers a de la chance de vous avoir. »[/font]

Tu n'aurais peut-être pas du dire ça. Mais tant pis, tu le penses, tu le dis. Il tendit le masque encore voilé à Thoryn.

[font=Lucida Fax]« Je vous ai acheté ça en douce après l'expo. Comme il vous avait tapé dans l'oeil, j'ai pensé que... Enfin, voilà. »[/font]

Il attendit une réponse cette fois. La goujaterie était passée.

[Thoryn]

Ils arrivèrent bien vite au pied de l'immeuble . Leur pas avait été inconsciemment plus rapide que quand ils étaient arrivés au bord du lac . L'au revoir avait été très bref , un simple " Bon soir et bonne nuit " réciproque , froid et sans sourire , avant que les deux Impériaux ne se dirigent chacun vers des directions opposées sans se se retourner . Dans le porche d'entrée , l'Amirale constata que la bouteille de champagne de Chandrilla avait en effet été déposée sur sa boîte aux lettres , et que cette dernière était encore fraîche . Rien d’étonnant avec la température qui venait de chuter et l'air conditionné qui achevait de faire baisser la température des lieux .

Thoryn ouvrit la porte qui menait à l'ascenseur avec ses codes de résident et confirma sur le petit tableau holographique à sa droite l'étage qu'elle souhaitait atteindre . Alors que le turbolift se mit en route , une pensée lui traversa la tête . Cela faisait la seconde fois qu'elle passait la soirée avec un autre homme que le Général , et cela faisait également la seconde fois que la soirée se terminait de manière abrupte . La question qu'elle se posait était " pourquoi " ? Après une très brève analyse des situations , elle en conclut qu'elle n'était tout simplement pas faite pour sortir avec autre chose que des militaires de carrière . Seulement lors de sa soirée sur Yaga Minor , l'homme qu'elle y avait rencontré - un certain Amiral Hakis - faisait partie de ces gars là . En service depuis plusieurs années , d'une loyauté infaillible envers l'Empire . Ils auraient dû s'entendre comme larrons en foire , et ç'avait été le cas pendant un bon moment . Seulement le dit Amiral s'était avéré être un de ces jeune Officiers fanatiques du Compnor . Emsar lui en revanche semblait s’asseoir largement sur le Compnor et les tendances humanocentristes encore à la mode eu sein de l'Empire , mais ses méthodes n'étaient pas le genre à plaire à un Officier de la Marine Impériale , et sa loyauté était à remettre en question ...
Alors quoi ? Le problème venait-il d'elle , ou alors Veers était-il différent ? C'était une Officier de l'Armée elle un Officier de la Marine , en règle générale , ces deux corps d'armée étaient rivaux , mais eux étaient passés au dessus de ce différent pour une simple raison : ensemble , la suprématie terrestre et aérienne leur était acquise . Tout deux valorisaient le talent au dessus de tout , et non pas l'espèce ...

L'ascenseur arriva au sommet de l'immeuble et le petit " ding " caractéristique de l'ouverture des portes la fit revenir sur " terre " . Elle balaya les pensées de son esprit et traversa la couloir pour arriver devant sa porte d'entrée , entra son code personnel à six chiffres et ouvrit la porte après avoir passé sa main sur le scan d'empreintes digitales . Le salon était vide , l'holohorloge murale indiquait deux heures du matin passé . Thoryn posa la bouteille de champagne au frigo avant de monter se rafraîchir à la salle de bain . Elle passa un peau d'eau froide sur son visage avant de s'essuyer et retira sa robe qu'elle accrocha à un cintre . L'Amirale allait prendre la direction de sa chambre lorsqu'elle entendit trois coups à la porte d'entrée .

" Qui est parvenu à monter jusqu'ici sans sonner au rez-de-chaussée " se demanda-t-elle . Au final elle s'en fichait pas mal , ce n'était pas à une heure pareille qu'elle allait se triturer les neurones . Aussi elle décrocha un peignoir noir marqué du logo Impérial brodé en blanc qui pendait à la porte de la salle de bain , pour couvrir non pas sa nudité mais sa lingerie fine . Elle n'avait pas pour habitude d'ouvrir la porte dévêtue .

A sa ' grande ' surprise , il s'agissait d'Emsar . Elle ne se posa donc plus la question de savoir comment il était arrivé mais là , mais plutôt , que voulait-il après qu'ils se soient quitté en de mauvais termes un peu auparavant .

" Bon... Je suis désolé de m'être comporté comme un sagouin du lac jusqu'à ici. Vous avez dit ne rien comprendre aux subtilités du comportement humain, et à dire vrai, moi aussi. Je n'aurais pas du... Enfin, vous savez quoi. Je ne le regretta pas forcément mais ce n'était ni le lieu ni le moment. Désolé pour ça. D'ailleurs je ne sais même pas ce que j'espérais...

Mais bon, de mon côté ça va, j'espère juste que de votre côté, il y a pas d'lézard non plus, rester en froid ce n'est pas franchement dans mes intentions.

Je tenais à vous dire que j'ai passé une très bonne soirée en votre compagnie. Veers a de la chance de vous avoir. "

" Il n'y a pas de mal . Nous reconnaissons tous les deux nos torts , inutile de s'attarder sur ce petit incident , c'est du passé . Ce serait idiot de compromettre notre " relation " sur un coup de tête , on vaut mieux que ça ...

La soirée à été très agréable , le restaurant délicieux , l'exposition sublime , la vue du lac magnifique .

Tout comme j'ai de la chance de l'avoir . L'un sans l'autre on ne serait pas là à l'heure qu'il est ... "

Emsar lui tendit un objet , enrobé dans une sorte de voile opaque . Elle retira délicatement le tissu et fut surprise de voir le masque étrange de l'exposition dessous . Une léger sourire se dessina sur ses lèvres .

" Je vous ai acheté ça en douce après l'expo. Comme il vous avait tapé dans l'oeil, j'ai pensé que... Enfin, voilà. "

" C'est très aimable de votre part , franchement vous n'auriez pas du ... Je vous remercie . "

Maintenant elle allait se sentir obligée de lui rendre la pareille d'une manière ou d'une autre , c'était comme ça , quand on lui offrait quelque chose , elle se sentait redevable . Surtout que si c'était la pièce exposée au musée même , elle n'avait probablement pas été donnée . Ces artistes n'hésitaient pas à aligner les 0 .

[John Emsar]

" Il n'y a pas de mal . Nous reconnaissons tous les deux nos torts , inutile de s'attarder sur ce petit incident , c'est du passé . Ce serait idiot de compromettre notre " relation " sur un coup de tête , on vaut mieux que ça ...

La soirée à été très agréable , le restaurant délicieux , l'exposition sublime , la vue du lac magnifique .

Tout comme j'ai de la chance de l'avoir . L'un sans l'autre on ne serait pas là à l'heure qu'il est ... "

[table align="left" border="0"]___________« [font=Lucida Fax]J'aimerais vivre ça un jour. Oh, ça viendra en son temps...[/font] »___________ [/table]

Point de temps pour palabrer. Point d'explication à fournir. Lui aussi ressentait, lui aussi avait droit de ressentir. Pourquoi gâcher sa vie à courir après une sorte de rêve utopique qu'était celui d'aider le plus de gens possible dans la voix de la paix s'il ne pouvait apporter la paix à son coeur ? A quoi servait de chercher à aider les autres si l'on était incapable de s'aider soi-même ? Pourquoi ne pas vivre simplement, avec une femme, une maison, de l'argent pour ne plus se soucier des tracas... et pourquoi pas un enfant ?

S'égosiller sur le sujet ne servait à rien pour l'heure. Il comprenait la position de l'Amirale et n'était plus fâché le moins du monde. Bien au contraire. Dans le fond il était plutôt heureux pour elle. Elle avait trouvé celui qui partageait plus que sa simple couche, elle avait en quelque sorte trouvé l'âme soeur. La vraie. Pas celle qu'on méritait ou qu'on fantasmait, celle dont on avait besoin. Inattendue, mais solidement rattachée.

John soupira intérieurement et ce soupir intérieur prit le ton d'une note de désespoir. Ce lien, cet amour elle le perdrait peut-être un jour. Et si lui le trouvait et qu'il le perdait ? Qui en serait responsable ? Que ferait-il au responsable ? Le tuerait-il ? Lui pardonnerait-il ?

Et si preuve était établie de sa trahison manifeste, aurait-il le coeur d'arracher celui de l'Amirale si cela s'avérait nécessaire ? Oui. Oui il l'aurait. Ce n'étais pas l'estime, un repas partagé ou même le souvenir d'un baiser qui retiendrait son bras, que ce bras soit un bras vengeur ou protecteur.

Le moment de tendre le masque vint.

" C'est très aimable de votre part , franchement vous n'auriez pas du ... Je vous remercie . "

[table align="left" border="0"]___________« [font=Lucida Fax]Mais il n'y a pas de quoi Amirale ! Si vous me promettez de penser à autre chose qu'à m'étrangler en le regardant, je vous dirais que tout le plaisir était pour moi.[/font] »___________ [/table]

Le charmant tueur décocha un clin d'oeil entendu. Si le moindre soupçon de malaise, de colère refoulée ou de détestation primaire il y avait, sentiment malsain il n'y avait plus. Peut-être pourraient-ils tout deux repartir sur des bases plus saines à partir de cet instant.

Jusqu'à l'instant fatidique ou leurs lames à tout deux seraient tirées l'un vers l'autre. Mais si le Destin ouvrait ses mains en grand, peut-être que John ferait en sorte que ses lames soient pointées dans une seule direction.

[table align="left" border="0"]___________« [font=Lucida Fax]Bon, c'est pas tout mais il est temps d'aller dormir... Bonne nuit Amirale.[/font] »___________ [/table]

Le réflexe premier de John fut celui tout naturel de faire la bise, mouvement qu'il arrêta avant même qu'il n'eut amorcé son mouvement. Serrer la main ? Non, c'était trop formel et ne convenait pas à une dame. Un baise-main ?

Oui, c'était la solution qui seyait le mieux. Il avança sa main vers celle, bleue, de l'Amirale, effleurant à nouveau ce grain de peau si lisse de sa prothèse qui le maintenait en vie, la leva à hauteur de poitrine et y déposa brièvement ses lèvres, rapidement mais formellement. Il laissa le contrôle de la main alien à sa propriétaire avant de poser un pied derrière lui. Puis il revint en position d'un rapide pivot pour lui faire face à nouveau.

Il avait une confidence.

[table align="left" border="0"]___________« [font=Lucida Fax]Avant que nous nous quittions, j'aimerais vous faire un aveu.

Cet aveu ne doit figurer dans aucun rapport, il ne doit en être fait mention nulle part, j'ai votre parole ?[/font] »___________ [/table]

John espérait de tout coeur avoir la parole de la Chiss, sans quoi ils pouvaient s'exposer tout deux à de graves ennuis.

[table align="left" border="0"]___________« [font=Lucida Fax]Le tueur fou sur Bandomeer et sur l'Harbinger...
...
...
...
C'était mon frère.[/font] »___________ [/table]

John adressa un ultime salut à Thoryn avant de se diriger vers l'ascenseur. Il redescendrait par des moyens conventionnels cette fois-ci.

Puis il rejoignit ses logements de fonction où dormaient déjà Alcibiade et le Sensei. Il était 3 heures du matin. Il leur raconterait ce qu'il désirait raconter demain à l'aube. Pour l'heure il avait besoin de dormir.

Ne serait-ce que pour prendre du recul.

[Thoryn]

" Mais il n'y a pas de quoi Amirale ! Si vous me promettez de penser à autre chose qu'à m'étrangler en le regardant, je vous dirais que tout le plaisir était pour moi. "

Le sourire de Thoryn s'étendit brièvement , remplaçant probablement un petit rire .

" Je vous promet de ne pas penser à vous étrangler en le regardant . Il décorera mon bureau sur Centares à merveille , je pense . "

Les deux Impériaux semblaient être passés au dessus de l'incident du lac . Encore une chance d'ailleurs , après tout , ils étaient tout deux des adultes responsables . De plus , ils avaient tout deux suffisamment d'expérience dans leurs domaines respectifs pour avoir depuis longtemps adopté un tempérament calme . Leurs métiers ne laissaient pas de marge d'erreurs , et agir sur un coup de tête été tout sauf productif , il en allait de même pour les sentiments .

" Bon, c'est pas tout mais il est temps d'aller dormir... Bonne nuit Amirale. "

Le Moff de Bandomeer saisit délicatement la main de l'Amirale et le leva jusqu'à hauteur de sa poitrine avant d'y déposer un baiser , rapide et formel , sans arrière pensée . Ce dernier recula d'un pas tout en relâchant sa main qu'elle laissa glisser le long de son corps .

" Bonne nuit , John . "

" Avant que nous nous quittions, j'aimerais vous faire un aveu.

Cet aveu ne doit figurer dans aucun rapport, il ne doit en être fait mention nulle part, j'ai votre parole ? "

" Vous pouvez compter sur mon silence . "

" Le tueur fou sur Bandomeer et sur l'Harbinger...
...
...
...
C'était mon frère. "

Thoryn demeura silencieuse et adopta un air légèrement désolé , ne sachant pas quoi dire . Elle doutait fort qu'Emsar et son frère étaient proche ou ne l'aient jamais été . Il ne devaient donc partager aucun lien , et la mort d'un inconnu pesait rarement lourd sur quelqu'un , surtout quand il avait tenté de vous tuer ou de tuer un proche . Mais dans le doute , le silence restait la meilleure réponse . Le Moff se retourna après un dernier salut et disparu lorsque les portes de l'ascenseur se fermèrent .

L'Amirale pivota sur un pied et s'éloigna à son tour de la porte en duracier de son appartement , celle-ci se refermant automatiquement derrière elle . Thoryn gravit les marches de l'escalier à son aise et éteignit les lumières une à une derrière elle avant de parvenir à sa chambre et de glisser sous ses couvertures .