Directe, franche et précise : des qualités que Herklir affectionnait tout autant que cœur de glace. Le temps était très précieux, il ne faut donc pas le gaspiller en règlement de compte juridique lors des futurs contentieux entre services. Donc il faut prendre le temps de se mettre d'accord sur les cuisines respectives. La nouvelle politique sécuritaire écrivait ainsi une nouvelle page de son histoire :
- Je partage la totalité de votre discours, directrice. En effet, les services secrets furent une solution provisoire qui a eu son utilité. D'abord créés pour centraliser et contrôler nos services tonitruants, ils ne correspondent plus au niveau de loyauté et d'efficacité que nos services respectifs ont atteint. Quant à la délimitation de nos domaines... il eut un sourire carnassier. On allait venir au plus litigieux comme diraient les juristes. Je peux simplement vous dire que, quelles que soient les solutions trouvées, nous ne serons jamais à l'abri d'une querelle d'attribution, c'est inévitable. Néanmoins, nous pouvons déclarer des domaines strictement interdits à l'un et à l'autre : des domaines réservés, et d'autres où la compétition et la coopération pourraient être de rigueur. Nous pourrions trancher nous même nos conflits... de juridiction. Le conditionnel était essentiel comme inévitable dans la lutte d'influence. Pas besoin de faire des promesses si on sait que l'on ne va pas les tenir, à quoi bon. Mais lors des futurs litiges, on pourrait régler le linge sale entre services, pas besoin de faire appeler aux arrivistes du conseil qui n'attendent qu'un prétexte pour déstabiliser ce que chacun à contribuer à façonner.
- Concernant les miens, je fais allusion essentiellement à la sécurité intérieure, l'appréhension des éléments infiltrés sur le sol impérial, ses institutions ou dans ses armées, la sécurisation des territoires conquis, le lobbying politique et... l'intelligence économique intérieure ; l'Empire et ses alliés.
Tout ce qui ne figurera pas dans nos domaines réservés, et j'attends évidemment les vôtres, seront du domaine dit partagé, vous comprenez... et il en était certain qu'elle comprenait : premier arrivé, premier servi. Soit, le sport collectif a toujours ses qualités, et il était aussi bon de les rappeler :
- Pour autant, directrice, je suis beaucoup plus disposé à collaborer avec vous dans des opérations demandant nos talents accordés. Je ne compte pas commettre la même erreur que mes prédécesseurs. Pour autant, vous conviendrez que "le cas par cas" sera préférable à toute coopération généralisée. Après, peut-être... une relation de bon voisinage pourrait se mettre en place qui pourrait conduire à... autre chose qu'un banal échange d'informations. Et là il faisait allusion aux "gros coups" que chaque service mijotait dans son arrière cuisine. Comme par exemple se prévenir lors d'une grande opération où l'autre pourrait tirer son épingle du jeu politiquement. Bref, garantir l'esprit de cohésion mais aussi de survie de la meute. BSI comme RI sont les lépreux de l'Empire, ça peut créer des liens, qui sait.
- Néanmoins, je ne braderai pas les enjeux qui relèvent de la compétence du BSI, et donc de la sécurité de l'Empire, vous en conviendrez.
Comme toujours, on défendait son bout de viande, mais ce n'était que de l'habillage. Herklir meubla au minimum la conversation pour éviter que la discussion passe à de la marchandisation de compétences, voire à un copinage un peu trop voyant. Qui sait si un service parallèle du Triumvirat ou du Conseil ne les les écoutait pas en ce moment même ?