- mer. 4 juin 2014 15:37
#11262
La grande salle du Conseil des clans baignait d’une effervescence habituelle. Les ta’raysh resol, les seize clans les plus importants de Mandalore s’étaient à nouveau réunis par l’intermédiaire de leurs leaders et bras droits pour discuter présent et avenir. La place que prendrait Mandalore dans la Galaxie était sur toutes les lèvres aujourd’hui et il ne faudrait pas trop des arguments de chacun pour essayer de démêler la situation. Le temps des luttes internes semblait terminé et on avait trouvé une sorte d’équilibre entre le gouvernement civil et la tradition des clans. Devant l’incapacité à déterminer quel système était le plus adapté, on avait fini par choisir de ne pas faire de choix. C’était revenir à laisser s’opérer la sélection naturelle sans la forcer. Les régimes naissaient et tombaient, le peuple leur survivait quoi qu’il advienne.
Autour de la grande table, les voix résonnaient fortement jusqu’à ce que le plus ancien des chefs de clan se décide à demander le silence. Le chef du clan Fett, un des plus puissant du Conseil prit la parole en premier :
- L’heure n’est plus à nous cacher comme des animaux apeurés. Nous devons reprendre nos terres ! Mon clan avait des terres sur Concord Dawn, je veux les récupérer !
- Je suis certain que la Nouvelle République saura se montrer compréhensive et respectera notre espace. Ils cherchent juste à protéger les leurs d’une menace et nous avions abandonné cette planète…
C’était le représentant du clan Kryze qui avait pris la suite et montrait ostensiblement toute la sympathie qu’il éprouvait pour le nouveau régime restauré. Les clans Carid et Skirata semblaient sensibles à ces arguments puisque les leurs descendaient pour beaucoup de soldats de la GAR. Il leur restait sans doute quelque semblant de loyauté envers l’ancien régime. Le clan Priest lui avait participé à la formation des soldats clones par le passé. Ils se contentèrent d’un hochement de tête en ce sens.
Ce fut au tour du clan Deshra de s’exprimer sur la position qu’ils espéraient voir tenir les leurs.
- Nous avons déjà été trop longtemps repliés sur nous-mêmes. L’ouverture est le seul moyen pour prospérer à nouveau en échangeant des biens et des technologies. Trouvons des alliés à l’extérieur…
Un autre se leva en tapant du poing sur la table et en criant :
- Moi vivant, je ne laisserai plus jamais Mandalore traiter avec ces chiens de siths qui dirigent l’Empire dans l’ombre !
C’était le chef du clan Cadera qui avait réaffirmé son opposition ancestrale avant d’être suivi de près par les acclamations des clans Itera, Kelborn et Ordo. Nico se contenta d’un geste plus discret pour s’associer à cette expression commune. Il ne constata aucun soutien particulier à l’Empire et aux Siths parmi les gens présents. Il fallait dire que les éléments les plus radicaux avaient été éliminés ces dernières années, créant la déchéance, le quasi démantèlement ou la destruction des clans Awaud et Vizla ainsi que l’épuration du clan Priest seul restant au Conseil.
Les chefs restants se firent discrets. Les clans Bralor, Gedyc et Tenau réservaient leurs avis pour le moment, divisés en interne sur les courants à soutenir. Le clan Rodarch participait rarement même s’il était reconnu comme puissant, passant le plus clair de leur temps en marge de la société mandalorienne, aussi sauvages que les panthères qu’ils dressaient… Le clan Vevut quant à lui s’exprima dans son intérêt d’ouverture pour favoriser le commerce des siens, brillants artisans et fabricants. Il ne restait plus qu’au petit dernier de s’exprimer. Le clan Aries était jeune mais avait gagné sa place au sein du Conseil, peut-être plus une marque de la relative faiblesse des clans ou du moins que la dernière saignée en interne laissait encore des traces. Le Luxien se leva et prit la parole à son tour.
- Tout le monde connaît mon inimitié à l’encontre de l’Empire et des Siths qui ont décimé mon clan par le passé… Cela ne veut pas dire que je suis partisan de la République pour autant. L’Empire est sur le reculoir mais je n’apprendrais à aucun d’entre vous le danger de provoquer un animal blessé. Il faut déjà assurer et reprendre nos terres à ceux qui se les sont appropriées, et ce par la diplomatie avant tout. Je n’encourage aucune relation avec l’Empire mais je ne le fais pas non plus pour la République, du moins pas sans de solides compensations ou engagements de leur part. Et encore… Mandalore pourrait-elle subir le prix d’une nouvelle guerre ? Merci pour votre écoute.
Les interrogations allaient encore bon train et les discussions risquaient d’être longues et de courir sur plusieurs jours ou semaines. Le seul point d’accord pour le moment était qu’aucune alliance avec l’Empire n’était possible comme l’attestaient les « Mando'ad draar digu », un mandalorien n’oublie jamais, en l’occurrence les accrochages avec l’Empire qui avaient conduit au repli sur Mandalore. La problématique était bien plus complexe pour qu’une seule discussion tranche le débat et donne un avis définitif du Conseil. Le chef du clan Fett leva la séance après quelques heures de débat qui avaient posé les premières tendances et affirmé les premières associations de clans.
De retour au domaine du clan, Nico accompagné de Bardan rentraient tranquillement dans le hall de la salle commune quand ses enfants vinrent à sa rencontre. La pauvre Thracia suivait péniblement les petits monstres qui avaient visiblement plus d’énergie qu’elle. Les années commençaient à peser sur sa vieille carcasse humaine et elle devait sûrement maudire les jours de pluie et le froid quand elle les sentait arriver. Elle ne quittait que rarement son châle d’ailleurs. Les traits tirés par la fatigue, elle se contenta de remettre les enfants à leur père et prendre congé pour aller se reposer dans ses appartements. Avec un gosse de 8 ans pendu à chaque bras, le Luxien n’en menait pas bien large. La journée promettait d’être encore longue.
Une main amicale se posa sur son épaule et Bardan Jusik lui offrit le répit qu’il attendait pour le moment.
- Ils peuvent venir jouer avec mes enfants. Je suis sûr que ma femme a déjà prévu plus qu’il ne faut au dîner. Tu les récupèreras en soirée ou même demain matin… à charge de revanche.
D’un clin d’œil, le contrat tacite entre les deux hommes était scellé. Bardan avait senti que Nico voudrait se détendre et faire le point avec Iala sur la situation en comparant les affaires courantes entre les deux assemblées de la planète. Enfin seul, il ne tarda pas à envoyer une photo d’un bain à bulle, de chandelles et d’une bonne bouteille de vin avec deux verres à sa femme. Il n’y avait qu’une seule phrase avec la pièce jointe : les enfants sont chez Bardan pour la soirée. Avec un peu de chance cela suffirait pour motiver un retour plus précoce du travail ce soir…