L'Astre Tyran

[Harlon Astellan]

L'offre d'emploi fut parvenue à Boba Fett, qui y répondit presque aussitôt. Il rencontrerait le Grand Moff, en effet. Il n'avait rien à perdre vraiment - quelque affaire ou acquisition devait se terrer sur Serenno pour justifier le détour - et c'était un professionnel qui se respectait. Raison pour laquelle l'Empire l'appréciait tant.

Harlon déjeûna très frugalement, ne voulant laisser la majeure partie de son énergie aux soins d'une banale digestion. Une technique propre aux acteurs, de son souvenir. Il s'adonna à une petite portion de purée, avec de la viande de nerf à point, et de bons morceaux de pain. Le pain lui permettrait de garder son plat léger tout en lui ôtant l'impression de faim.

Puis il fut l'heure de reprendre. Il lut pendant son temps imparti les rapports de sa patrie, et signa quelques documents, prit quelques appels, et donna des directives.

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Vagues et superficielles. Oh vraiment.

« Oui, je comprends parfaitement ce que vous entendez, Conseiller.

Il est clair que la rencontre en tête à tête avec une administratrice républicaine, comme Maya Tega, ou encore la visite diplomatique observée sur Coruscant auprès du service d'ambassade de Sullust, et, bien sûr, la vision très récente d'un mutant Arkanien au Capitole ne sont que des exemples très futils de négociations sommes toutes très banales. »

Harlon se permit de sourire.

« Je suppose donc que les visites soutenues, dont une non-officielle à l'approche de cette entrevue, ne sont finalement pas signes d'éventuelles velléités de ralliement. »

Harlon termina son sourire et agita doucement la main.

« Toutefois, j'entends parfaitement ce genre d'envie. Il est délicat de ne pas choisir un camp si cela nous contraint à être acteurs d'un conflit sanglant. Cela peut nous aider à être moins... impuissants.

L'Empire et moi-même concevons totalement qu'Arkania, en la personne de son ancien monarque, ait souhaité rejoindre activement le camp de la République.

Vous n'avez aucune inquiétude à avoir... »

[Elysia Astellan]

Le Conseiller Ajuni affichait un sourire gêné tandis que le Grand Moff listait les contacts arkano-républicains plus ou moins récents.


« Toutes ces tentatives à l’initiative d’un Monarque partial ont été avortées. La Régence veille désormais à ce que l’équilibre d’Arkania soit préservé. En revanche … »

Une lueur de colère naquit dans l’œil du Conseiller.


« … Il me plairait de savoir qui est l’imprudent qui s’est aventuré jusqu’au Capitole sans mon autorisation. Vos espions sont apparemment mieux informés que les miens. Veuillez, Grand Moff, je vous prie, nous en apprendre plus sur ce traitre. »

Pour Ajuni, il n’y avait plus de Conseil, plus de Constitution. Il était seul au sommet, Régent d’Arkania, gardien d’une indépendance si durement acquise. Et malgré son net penchant pour une collaboration impériale, il s’était promis de faire abattre quiconque quitterait le sentier qu’il avait tracé pour sa nation.

Investi d’une rage froide, il braquait sur Astellan un regard insistant.

[Harlon Astellan]

Il lui plairait de savoir comment les espions impériaux, en territoire républicain, semblaient plus au courant des faits et gestes des arkaniens que les arkaniens eux-même ?

Harlon aurait presque pu ricaner. L'Intelligence Impériale ne talonnait pas le Bothan Spynet pour rien. Même les services secrets hapiens avaient un léger retard. Les ramifications complexes de cette branche de l'armée et du gouvernement central s'étendaient aux quatre coins de la galaxie connue, minces tentacules d'une pieuvre qui aurait donné des sueurs froides à la plus téméraire des araignées tisseuses.

Harlon eut un regard vers Essani.

« Je comprends votre demande Conseiller. Hélas, ce genre de décision, Conseillers, relève en effet de la compétence de l'Intelligence Impériale. La procédure à suivre dans cette affaire peut être décidée par l'Empereur ou le directeur de l'agence de renseignement sus-nommée.

En tant que Grand Moff, en revanche, je puis légitimement vous faire la proposition suivante... »

Regard evasif.

« Les services arkaniens pourraient nous fournir la totalité de tout ce qui a été enregistré au sujet des Kor'Rial depuis leur apparition sur Arkania. En échange de quoi, je pense pouvoir négocier la transmission du nom, et d'autres informations éventuelles. »

Regard insistant.

« Et quand je dis tout sur les Kor'Rial... j'entends... tout. »

[Elysia Astellan]

Le Grand Moff Astellan trichait.

Et tandis qu’Essani s’enfonçait dans son siège, le Conseiller Ajuni désespérait. S’initiait un dialogue de sourds qui faisait trépigner de rage son homologue. Mais la mutante savait faire preuve de suffisamment de discipline pour garder cette fois le silence.

Ajuni leva la main pour marquer sa résignation.


« Le deuxième point, l’affaire Kor’Rial, est clos. Selon la volonté des deux parties, les points ont été traités dans l’ordre et sans recoupement. »

Autrement dit, la proposition n'avait rien de légitime dans le cadre de ces négociations.

D’un coup d’œil, on pouvait comprendre que la délégation arkanienne approuvait cette décision.

Le régent était en proie à une grande déception. Les négociations n’avaient abouti à rien de véritablement concluant. Il s’interrogeait désormais sur les avantages d’un affrontement direct, comme promis par l’Empereur, en comparaison au rattrapage diplomatique suggéré par Astellan. Pour Ajuni, les négociations n’avaient rien arrangé. Pire encore, Arkania s’était exposée.

Quant au traitre aperçu au Capitole … Le Conseiller avait de la suite dans les idées. Si c’était un civil, il aurait du mal à retrouver son identité. En revanche, s’il était militaire, et peu importait son grade ou sa fonction, l’imbécile serait très vite repéré.


« Grand Moff, sommes-nous parvenus à bout du troisième et dernier point ? Si tel est le cas, je propose que nous définissions précisément les relations qu’entretiendront à l’avenir l’Empire et Arkania. »

Il évoquait-là la rédaction d’un document officiel, accord ou traité, dictant les règles du jeu et énonçant les limites à ne pas franchir.

[Harlon Astellan]

La délégation arkanienne s'agitait. Harlon avait fait mouche. Un coup de pied dans le nid de vipère. Leur malaise n'était pas naturel. Ils avaient à partager leurs informations sur des gens qu'ils avaient désavoué, en échange de la tête d'un mérou qui s'était frayer un chemin dans le banc de sardines.

Tout à gagner... pour peu que leurs précédentes annonces furent seulement sincères. Harlon avait la confirmation d'une chose.

Les arkaniens étaient des menteurs.

Faites du bien à un Arkanien, il vous crache dans la main.

Harlon offrit un sourire léger, carnassier au Conseiller.

« Bien sûr Conseiller. Nous en avons fini ici. »

Une déclaration qu'il voulait lourde de sens. Il croisa doucement les bras, ses lunettes rondes reflétant l'éclat immaculé des lampes qui planaient au-dessus de leurs têtes.

« Je propose qu'on ajourne cette séance et qu'on laisse nos greffiers s'occuper de la ratification en bonne et dûe forme de ce que nous avons traité cette semaine. Ensuite chacun pourra retourner à ses affaires gouvernementales comme auparavant. »

Harlon avait perdu son temps ici en fin de compte. Arkania n'avait pas l'attrait qui méritait sa présence en ces lieux. Découvrir que les arkaniens avaient hébergé un criminel en fuite - deux criminels même - aurait été une simple question de temps pour le BSI. Jouer à des petits jeux psychologiques ne l'amusait qu'en face d'adversaires avec la puissance nécessaire pour lui offrir un vrai challenge. Une planète seule qui n'était plus qu'un reflet de sa gloire passée contre un sur-secteur riche et bien armé ? Qu'était-ce là, un jeu pour enfant ?

Il ne tenta pas de contrôler son flux corporel pendant ses sombres pensées. Que ces mutants voient des ondes rouges si ça les chantaient.

Qu'allaient-ils faire de toute façon ?

[Elysia Astellan]

Encore quelques mots, et la séance du jour touchait à sa fin. Il était hors de question pour Ajuni de continuer les négociations avec un individu violant ses propres règles. Sans recoupement, point final. La négociation était un art que le Conseiller maniait maladroitement, mais il en connaissait cependant les principes généraux et attendait que les limites ne soient pas franchies. Astellan n’avait donc pas de parole, il faudrait s’en souvenir. Néanmoins, Ajuni avait atteint son objectif, et c’était déjà bien suffisant. Comme chacun quittait son siège, il attendit qu’Elizabeth vienne à sa rencontre pour lui faire comprendre qu’il voulait avoir la paix, puis s’isola dans ses appartements après avoir distribué quelques instructions. Attendre, désormais il fallait attendre que le brouillon d’un traité soit présenté.

La délégation arkanienne, en proie à une désagréable gêne, rejoignit les espaces de détente. Chacun y allait de son commentaire, à demi-mot, toujours. Harlon Astellan impressionnait. Elizabeth le chercha du regard un instant, en vain. Elle aurait voulu recevoir le soutien d’une présence réconfortante, pas le Grand Moff, il n’avait rien de réconfortant. Kadmo peut-être. À défaut de cette présence, la jeune femme préféra la solitude. Quittant les zones d’affluence, elle se dirigea vers des coursives pour l’heure délaissées. Elizabeth profita d’une alcôve vitrée, offrant une vue imprenable sur l’immensité de l’univers, pour marquer une pause méditative.

À son sens, les négociations étaient un désastre. Arkania subissait la pression impériale, et continuerait de la subir tant que la politique du Conseil ne changerait pas sur ce point. Le débat récemment clos laissait un arrière-goût de défaite et n’avait pas arrangé grand-chose de la situation oppressante dans laquelle s’était placée Arkania. Ce qu’Elizabeth n’expliquait pas en revanche, c’était le refus catégorique du Conseil face à la proposition du Grand Moff : un échange d’informations pur et simple. Elle ne voulait pas croire qu’Ajuni agissait par droiture et respect d’une Constitution inefficace. Elle venait de lui découvrir un caractère jusqu’alors méconnu, et qu’il faudrait surveiller de près. Le Régent n’était peut-être pas si honnête qu’il en avait l’air. Cette histoire Kor’Rial devait cacher un peu plus qu’une simple prise de contact polie avortée par l’intolérance impériale.

Elizabeth, face à un océan d’étoiles, laissait vagabonder ses pensées.

[Harlon Astellan]

Harlon quitta la table avec une vigueur renouvelée. Sa colère était maintenant envolée, partie aussi vite qu'elle était venue, pour laisser place à quelque chose de singulier qu'il n'avait pas connu depuis un moment.

La joie devant les perspectives d'un défi.

Il voulait faire tomber Ajuni, mais pas aussi simplement que pour Lehasani. Non, il le ferait... à l'ancienne. Comme quand il avait anéanti politiquement le gouverneur de Senex. Un jeu risqué, avec des ramifications complexes. Harlon marcha rapidement dans les couloirs menant à sa suite, vite rejoint par un membre des Renseignements présent sur place - sous l'étiquette de membre du service Diplomatique, une couverture qui n'en était pas une - qu'il avait fait bipper.

« Je veux une surveillance totale sur Ajuni. Epluchez son passé. Qui a-t-il fréquenté ? A-t-il un passé nébuleux ?

S'il a volé une pomme dans une grande surface, je veux qu'un scandale de détournement de bien public le traîne d'ici 48 heures.

S'il a fait ses études avec un camarade aujourd'hui camé, je veux qu'un scandale de trafic de drogue le poursuive.

S'il a fréquenté une prostituée une fois, je veux qu'on lui jette de la boue pour sa petite vertue.

S'il a tué un oiseau avec son speeder, je veux qu'on lui impute un comportement psychopathique pervers et narcissique.

Cherchez aussi tout crime ou enlèvement non élucidé à moins de 100 kilomètres de ses domiciles à toutes les périodes de son existence où il n'était pas apparu en public. Et s'il était en privé, trouvez avec qui. Si vous trouvez qu'un soir, il passait la soirée en famille et qu'au même moment un enfant était enlevé, violé et tué, lancez la rumeur. S'il se sert de sa famille, faites tuer la famille dans des circonstances tragiques. »

L'homme des renseignements avait sourit tout du long.

« Soyez inventif, Colonel. »

Puis le Colonel se retira sans un mot. Harlon se sentait étrangement vivant. Il s'enquit ensuite rapidement de l'avancée de la ratification. Des experts diplomatiques s'en occupaient en ce moment, rédigeant les clauses discutées par les deux délégations. Ajuni avait fauté en refusant de recouper les informations. Après tout, ils avaient dit traiter les sujets dans l'ordre, mais jamais qu'ils ne pouvaient pas revenir sur l'un ou l'autre. Trop de rigueur dans la diplomatie était dangereux et produisait son lot de mécontents. Ils n'avaient pas envie de négocier simplement. Pourquoi ne pas avoir refusé alors ? La peur ? Stupides et lâches. Harlon eut une pensée furtive médisant le passé Arkanien. Le peuple actuel n'avait plus la grandeur de son passé... quel dommage.

Harlon alla en personne vérifier la ratification, sous les regards un peu éberlués des individus. Mais aucun ne sembla protester. Rien ne lui interdisait de poser des clauses, de les modifier ou de les supprimer. Un accord de principe avait été décidé sous son autorité : rien n'était figé dans les chiffres. Aussi imposa-t-il les siens. Pointant du doigt les parties où les dotations, fonds propres et taille des infrastructures étaient indiquées au moins temporairement. Les chiffres qu'il annonçait parurèrent étonner les Arkaniens. Les impériaux ne bronchèrent pas en revanche. Les chiffres annoncées leur semblaient normaux.

Ainsi, Arkanie reçut la facture totale - à partager en deux :

Station Orbitale de Recherche Arkano-Impérial

Diamètre : 10.000 mètres
Recherche : 100.000.000 crédits de recherche mensuels
Production : 10.000.000 crédits de production de matière brute mensuels
Equipé d'un générateur à Anti-Matière personnel, d'un émetteur-récepteur HoloNet complet

Protections :
- 100 Canons Laser à cadence rapide, 100 Turbolasers moyens, 100 Canons à Ions, 50 Lance-Missiles
- Un Bouclier de zone englobant la station
- Hangars à chasseurs ( 12 Escadrons mercenaires )
- Casernes ( 1 Bataillon de StormTroopers et 1 Bataillon de Soldats Arkaniens )

La facture en détail :
- Station support = 50 millions d'achat, 5 millions d'entretien
- Centre de Recherche XXL = 200 millions d'achat, 40 millions d'entretien
- Générateur de bouclier + Centrale + Holonet = 80 millions d'achat

Protections de périmètre : 50 millions d'achat
72 chasseurs mercenaires : dépend des chasseurs achetés
Soldats : Frais à calculer selon unité pour chaque faction.

La facture estimée préliminaire s'élevait, selon les experts en premier jet, à grosso modo 380 millions de crédits pour un entretien prévisible de 45 millions par mois. A partager bien entendu !

[Elysia Astellan]

Un bien bel objectif que venait de se fixer Harlon. Elizabeth, de son côté, en arrivait à des conclusions similaires : Ajuni devait être écarté. Elle quitta sa cachette en direction des appartements du Conseiller.

Les Renseignements pouvaient chercher, creuser, déterrer … il n’y avait pas grand-chose à trouver.

Ajuni était en effet, lui aussi, un homme de pouvoir, de petit pouvoir, certes. Et par conséquent, depuis son accession au poste de Conseiller, son curriculum vitae avait été nettement allégé. Ingénieur de formation, il avait dédié sa vie à la mécanique, et plus précisément, au calcul numérique. Un élève brillant diplômé d’une dynamique école arkanienne, qui se passionnait pour la construction métallique, puis la défense. Embauché dans une filiale appartenant à la famille Naghin, Ajuni s’épanouit d’abord en tant qu’ingénieur spécialisé, puis en tant que chef de projet. Une carrière linéaire jusque-là. Sa rencontre avec le Monarque Naghin’Ter lui permit de s’élever peu à peu au rang de Conseiller. Voilà ce qu’on pouvait savoir avec une recherche des plus classiques. Il n’était pas fait mention de ses liens familiaux ou amicaux.

Aussi pouvait-on chercher du côté de ses employeurs ou des clients pour qui il avait mené ses études. Ceux-là ne tarissaient pas d’éloges quant au travail réalisé. Mais pour sortir de ce cadre professionnel, il fallait se tourner vers sa famille. Pas de frère, pas de sœur. Un père enterré depuis des années, une mère sur le déclin déjà trop âgée pour faire appel à sa mémoire. Et ses amis … Neila Lehasani et Raëssen Naghin’Ter. Un trio très fermé et dont il était également difficile d’obtenir des informations.

Alors les Renseignements pouvaient bien monter leur scandale de toutes pièces, mais ils auraient du mal à ternir l’image du Régent. D’autant que chacun savait que le Conseiller ne convoitait pas le trône. On voyait en lui un humble sauveur du pouvoir arkanien, protecteur du trône en l’absence d’un Monarque. C’était lui qui maintenait la tête d’Arkania hors de l’eau. Certains allaient jusqu’à penser que Naghin’Ter avait tenu bon grâce à Ajuni. Et qu’Arkania avait tenu bon sous le règne de Naghin’Ter grâce à Ajuni également.

Il était plus facile de faire assassiner Ajuni que le de faire tomber par ces moyens-ci.



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Le droïde revint dans la pièce de vie.


« Conseiller, Dame Civicius est …
- Oui, qu’elle entre. »

Le droïde fit entrer Elizabeth.


« Cette histoire va nous ruiner. »

Le Conseiller semblait abattu. Il était installé dans un large fauteuil et drapé dans son manteau noir. Son état ne s’était pas franchement amélioré depuis son malaise, la veille de l’ouverture des négociations. Il ne s’était cependant pas résolu à laisser parler Lehasani. Elle avait eu un créneau, un minuscule créneau, et sans le savoir, elle y avait laissé sa vie, en quelques mots.


« Mon seul espoir est que la Constitution rejette la proposition. Ils peuvent tout rejeter d’un bloc … »

Elizabeth prit place dans un fauteuil du petit salon.


« Les accords n’ont pas encore été signés, vous pouvez y apporter des modifications et les soumettre à votre tour. Il y aura autant d’itérations que nécessaire.
- Et vous me voyez aller chouiner dans les bras d’Astellan parce que la note est trop salée ! »

Le Conseiller frappa du poing l’accoudoir de son fauteuil.


« Nous n’allons quand même pas nous endetter auprès de ces maniaques de l’Empire ! Arkania deviendrait impériale d’ici deux semaines !
- Le Grand Moff agit dans l’intérêt d’une collaboration future. Le projet n’est pas d’annexer notre …
- Alors qu’est-ce qu’il vient proposer ? Quel intérêt pour l’Empire ? Question de respect ? Je n’en crois pas un mot !
- Je suis persuadée que l’Empire avait les meilleures intentions avant que ne s’ouvrent les négociations. Mais le résultat est en effet plus que mitigé.
- C’est un vrai désastre, oui ! »

Le Conseiller entrait doucement dans une colère qu’on ne lui connaissait guère. Elizabeth alimentait avec douceur l’aigreur de son vis-à-vis. Elle ne manqua pas de lui rappeler que Civicius tenait jusque-là le Dominion, et par conséquent la Constitution. Que les négociations avaient échoué sur de nombreux plans. Et que la Constitution ne tarderait à prendre des mesures pour contrer les initiatives trop périlleuses du Conseil. Et c’était dit avec un tel tact, une telle amabilité, que la critique paraissait prévenante. Cependant, en moins d’une heure, Ajuni avait atteint un niveau de fatigue et de stress tel qu’il fallut faire appel à un médecin pour la seconde fois du séjour.


« Je devais valider la rédaction … Allez voir … »



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On vint informer le Grand Moff de l’état de santé du Conseiller. On lui précisa également que la Constitution, représentée par une certaine Elizabeth Civicius, prenait le relais dans la phase d’officialisation de la collaboration arkano-impériale. La minute suivante, la principale intéressée fit son entrée. Elle se posta au côté d’un délégué du Dominion.


« Où en est-on ?
- Une pure merveille.
- Est-elle modulable ? »

La question était lancée à qui pouvait et voulait bien répondre. L’Arkanienne pivota vers Astellan.

[Harlon Astellan]

« Grand Moff Astellan ? Le Conseilleur Ajuni est malade, il ne pourra pas venir contre-vérifier la proposition. »

Encore ? L'individu semblait tomber malade à chaque fois que la situation se tendait. S'il n'arrivait pas à gérer son stress, comment avait-il pu monter les échellons Arkaniens ? Il ne savait visiblement pas jouer au même jeu que lui. Il se demanda si les prix complètement gonflés de la Station n'avaient pas été déterminants. Auquel cas Harlon avait obtenu un effet plus concluant qu'il ne se l'imaginait.

« Je vois. Transmettez mes voeux de prompt rétablissement. Qui représentera Arkania pour la ratification finale ? »
« Elizabeth Civicius, Grand Moff. Cela convient-il ? »

Harlon resta de marbre, fixant des yeux l'impudent sans cligner des yeux. Enregistrant la menace silencieuse, l'impétueux serviteur se recula, les yeux rivés au sol dans une courbette soumise avant de tourner les talons et de détaler à pas mesurés.

Puis la Dame fit son entrée. Harlon lui adressa un hochement de tête poli et semi-intéressé, avant de s'approcher du bord de la table de travail, Elizabeth et lui formant les deux points d'un diamètre idéal. Les deux points qui les éloignait le plus, mais qui pourtant les faisait briller.

Il adressa un regard bienveillant à celui qui avait prononcé le mot "merveille", le compliment sonnant comme sincère. Puis il revint vers Elizabeth. Il tournait la tête lentement, et prit son temps pour y répondre, pointant d'abord le doigt sur quelques croquis et autres layout de la station.

« Le Complexe de Recherche prendra une zone non négligeable de la station. Un bon tiers. Un autre tiers sera réservé pour les habitations des travailleurs, l'autre par l'usine, les hangars civils et les casernes. »

Il expliqua ensuite les détails plus techniques.

« 12 Hangars de chasseurs seront tout autour de la station. Cela fait couvrir un champ d'action de 30 degrés par escadron. En cas d'attaque, on peut gérer la totalité du périmètre en un temps record.

Les casernes seront disséminées dans tous les secteurs pour une intervention au sol optimale également. Un demi régiment protégera la station.

Le Bouclier sera au centre de l'édifice spatial, protégé par les quartiers et les troupes en station. Les canons de défense couvriront les flancs, le haut et le bas pour une protection sur trois dimensions.

Et pour répondre à votre question, non, elle ne sera pas modulable en l'état actuel. Doit-on travailler ) la rendre ainsi pour que des extensions s'y rajoutent ? »

Et sur un autre sujet, tandis que les croqueurs et autres experts s'attelaient à l'élaboration d'une station optimisée, il ajouta :

« La prévision financière est-elle acceptée ? »

[Elysia Astellan]

Elizabeth dardait sur Harlon un regard froid. Le Grand Moff avait cependant l'exclusivité.

Si Arkania avait eu une lune, elle mesurerait environ la même taille que la station orbitale présentée en ce jour par l’Empire. Soit près d’un cinquième de la planète. Autrement dit, une installation colossale, et qui ne manquerait pas d’être largement controversée. Avec la construction d’un tel monstre, les relations arkano-impériales prenaient une toute autre tournure.


« Inutile de prévoir des extensions. L’équilibrage semble approprié. »

Le Grand Moff semblait très désireux d’étaler les capacités militaires défensives de la station. Et également pressé de voir la facture signée.


« Un armement conséquent est donc prévu. Dans le périmètre de la station, les troupes seront sous le commandement des officiers désignés par les deux parties. Elles ne pourront quitter ce périmètre qu'avec l'autorisation des autorités arkaniennes. »

Une simple mise au point.

Les projets autant civils que militaires ne manquaient pas. Mais pour collaborer avec l’Empire, il fallait demeurer dans le domaine civil. La limite ne pouvait être franchie à l’heure actuelle. Et on envisageait mal d’exploiter un tel volume pour un usage strictement civil. En outre, et cela serait tu, Arkania n’avait que très rarement était confronté à de tels budgets. Les frais de la station orbitale pourraient bien engloutir la totalité des mensualités positives de la planète. Et ce, sans promesse de bénéfices. Il n’était pas exclu que les dépenses aient été ajustées à ces fins.


« Il a été convenu que la recherche de cette station orbitale serait d’intérêt civil. La prévision budgétaire ne surévalue-t-elle pas la charge de recherche ? »

On attendait une argumentation solide et convaincante.