L'Astre Tyran

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Arkania, dans le système Perave, est une planète au climat inhospitalier. Couverte de toundra et de glaciers, elle abrite cependant de nombreuses mines qui sont sa principale source de revenus. Arkania est également connue pour ses centres d'expérimentation génétique qui furent à l'origine de la création de nouvelles races.
Gouvernement : Neutre - Accointances avec l'Empire
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By Elysia Astellan
#31528
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    La neige couvrait tout. Elle dissimulait peu à peu les traces de pas dans les allées, faisait se courber les branches des arbustes, et ornait les bancs de pierre d’un coussin aéré. Seules les ampoules des illuminations disposaient d’un moyen efficace de se défendre face à la blanche invasion, qui, flocon après flocon, gagnait du terrain dans la nuit noire. Il était tard désormais, les passants se faisaient rares. Traînaient encore quelques âmes solitaires, dont certaines se voulaient invisibles, camouflées sous de faux atours, et qui d’un oeil attentif, guettaient leurs souverains. Mais le couple n’en avait cure. Lui, de sa manche, chassa la neige d’un banc, pour offrir à sa Dame une halte nostalgique. Elle, libérée de sa timidité, refusa de s’asseoir à son côté, préférant de loin le confort de ses genoux.

      « Non, tu vois, c’est tout à fait différent. »

    Tournée vers lui, elle enlaça d’un bras le cou de son compagnon, tandis que de l’autre, elle serrait contre elle le paquet qui contenait son trésor. Présent pour lequel elle n'avait pas manqué de remercier Harlon. Elle avait hâte, maintenant, de libérer la lanterne de son emballage, d’en déclencher le petit interrupteur, et de se perdre longuement dans la contemplation des mille reflets du verre céruléen. Pour cet unique plaisir, elle aurait pu réclamer à regagner ses appartements. Mais rentrer signifiait abandonner cette journée, tourner la page sur cette soirée et porter à nouveau tête haute sa couronne d’argent. Elle s’y refusait.

      « Maintenant, je ne me gêne plus. »

    Et quelle gêne, que de rencontrer le Grand Moff en pleine méditation, isolé de toute responsabilité. Combien cet instant devait être apprécié, quand toute une journée il était de rigueur de négocier avec une bande d’Arkaniens aigris. Et elle l’avait dérangé dans sa retraite. Elle qui n’était pas grand chose alors, un simple pion qui oeuvrait pour les intérêts de son frère. Les événements avaient pris une tournure peu commune. Et si lui était prédestiné à son trône, elle n’avait convoité le sien que tardivement. Maintenant assise sur les genoux d’Harlon, qu'il fut Empereur ou soldat, le déranger ne la gênait plus.

      « Nous n'avons finalement pas dîner … »

    Cette petite aventure les avait poussés à s'éloigner d’un des rares quartiers nocturnes. Le reste de la ville s’était peu à peu endormi. Les commerces avaient éteint leur vitrine et baissé leur rideau métallique. Au dehors, restaient les lampadaires et les illuminations, sur les fenêtres et au pas des portes scintillaient les lanternes et ampoules des habitants respectueux des traditions.

      « … tu as peut-être faim ? »

    Il était quelques restaurants accueillant encore à cette heure tardive, autour de l’astroport ou proche de l’opéra, là où la vie de nuit était de rigueur. Et si Elizabeth appréciait les alentours de l’opéra, elle trouvait en revanche les abords de l’astroport peu fréquentables passée une certaine heure. L’opéra étant de l’autre côté de la ville, elle se trouvait à cours de propositions.

    Bien qu’elle s’inquiétait du bien être de son aimé, Elizabeth ne put cette fois brimer son envie. Harlon était trop proche, trop apprécié, trop désiré. Lentement, avec cette douceur coutumière, elle approcha ses lèvres de celles de l’Humain. S’arrêta avant de les toucher, ressentant malgré tout leur proximité. Puis se décida finalement, les effleura tout d'abord, pour ensuite y déposer un premier baiser. L’Arkanienne, de quelques centimètres à peine, recula, pas assez pour qu'il put la voir nettement.

      « Je t'aime … »

    De nouveau, ses lèvres vinrent chercher celles d’Harlon.
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By Harlon Astellan
#31600
Allant d'un pas à demi chancelant vers l'ensemble d'un parc de bancs, Harlon tenta de trouver celui qui conviendrait le mieux pour servir d'assise à leurs royaux postérieurs, sur un ensemble de facteurs qui chacun revêtait son importance : l'absence de gens alentours, la vue, les angles morts et les voies de fuite possibles.

En trouvant le banc idéal - ou à tout le moins, le moins pire - Harlon entreprit, en passant son paquet de la main gauche, de nettoyer un peu la neige de la droite. Mais pas de s'arrêter là. Passant adroitement le paquet d'une main à l'autre, il défit avec habilité ses manches de veste, pour la poser à plat sur le banc.

Voilà, assied-toi au sec...


Mais d'un geste, elle lui intima de ne pas mouiller sa veste, ne pas se laisser mourir de froid, en chemise sous un vent mordant, lui redonnant même son col pour qu'il s'en revêtisse. Il devait admettre, même s'il n'aurait rien refusé pour être chevaleresque, rester au chaud n'était pas tant désagréable que ça. Sur cette planète, cela tenait même de la survie élémentaire que d'être bien enfermé sous une couche vénérable de vêtements doublés. Remettant sa veste, il s'assit sur ordre silencieux d'Elizabeth.

Mais aussitôt, il fut prit d'un vertige. Pour ne pas se mouiller, Harlon reçut Elizabeth sur la surface de ses genoux. C'était... indécent, et tellement... vulgaire.

    « Maintenant, je ne me gêne plus. »

Je vois ça. Il sourit difficilement, cachant de justesse un certain malaise. L'acte était si spontané qu'il semblait révélateur d'un esprit enfoui. Elizabeth se sentait peut-être plus "simple" qu'elle ne voulait le laisser paraître finalement. Même la plus rustre des manières d'Harlon restait dans des standards plus élevés que ceux des citoyens de la classe moyenne. Se poser sur ses genoux était... non, vulgaire, il n'existait aucun mot plus évocateur. C'était presque obscène en l'occurrence. Harlon se demanda d'un coup ce qui pouvait arriver. Aurait-il une façon élégante de la repousser sur le côté ? Aurait-il, comme un vieil homme lubrique gonflé de concupiscence, une érection sauvage qui irait... brrr, l'image était encore plus répugnante que sa description. Mais il doutait d'arriver jusque là. S'il n'était plus pur depuis ses 16 ans, il conservait une droiture morale qui l'interdisait de se laisser rouler dans le stupre et les bas instincts primaux, propres aux classes populaires.

J'aime cette femme. Il en était persuadé. Mais il ne se sentait pas l'envie de l'aimer comme... tout le monde. Parce qu'ils n'étaient pas comme tout le monde. Ce n'était pas un amour de passage, né d'un regard et mort d'un mariage, pas d'un amour qui se faisait quand elle posait ses jambes sur les siennes, tous les deux pieds nus, à lire un livre dans un salon éclairé par le soleil. Ce n'était pas un amour qui lui demandait de lui envoyer des messages courts et insipides pour lui dire "Je t'aime" avant de lui demander de ramener une baguette. Ce n'était pas un amour qui passait par une chambre à coucher.

Parce qu'ils n'étaient pas comme les autres. Et donc ce n'était pas un amour qui se manifestait sur les genoux de l'un ou de l'autre. Mais comment le lui dire ? Comment lui signaler que cette bonne intention donnait des relents vulgaires à une situation née de l'amputation d'une manifestation de gentilhomme ? Il devait se taire. Et veiller à ce que la situation ne recommence pas. Il voulait - comptait - changer pour s'adapter à ce qu'elle attendrait de lui. Mais il ne pouvait tracer une croix sur des principes que son précepteur lui avait inculqué. Son mentor lui avait appris la valeur de la pudeur. Et il estimait en avoir manqué de beaucoup ses derniers temps. Il brûlait les étapes, et maintenant on exigeait de lui qu'il termine la course.

Il devait prendre sur lui. Mais comment ?

    « Nous n'avons finalement pas dîné ... tu as peut-être faim ? »

Il savait maintenant. Il suffisait d'un mot de sa part, de quoi que ce soit. Il oublia bien vite l'assise genouillère. Il ne s'en souviendrait que plus tard, se maudissant de ne pas l'avoir redressée dans ses moeurs, mais cela attendrait. Son précepteur attendrait.

A quoi bon manger... ta présence seule suffit à me sustenter...


C'était niais, mais il n'avait trouvé que ça à dire. Elle avait le droit de rire pour se moquer.

Tu as faim toi ?


Visiter les abords de l'opéra - ne serait-ce que pour repérer la zone - n'était pas une mauvaise idée. Et qui sait, pourquoi pas s'adonner à un repas gastronomique de spécialités arkaniennes ?

Mais sa réponse ne vint pas de la façon attendue. Il fut même surpris pendant un temps. Agréablement surpris. Elizabeth, aussi douce que forte, prenait un devant. Son bras passé autour du cou d'Harlon, comme pour s'y accrocher, s'y arrimer en profondeur. Avant de... ce geste, timide dans le bunker, fugace au début de soirée, volé sur la piste... maintenant, c'était le vrai parfum du geste qui se dégageait. Bref, mais authentique. Aucune contrefaçon.

    « Je t'aime … »

Il plaça sa main froide sur la joue de son aimée. Oubliant un peu le reste. Le froid ne le piquait que trop.

Moi aussi...


Le froid n'épargnait rien. Il savait que la larme qui roulait sur sa joue n'était que le fait du vent.
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By Elysia Astellan
#31609
    Vulgaire. Obscène. Hypocrite de la part d'un homme qui se permettait d’apposer en public un baiser sur les lèvres d'une Dame, déclaration intime de son affection, alors qu’il n’aurait dû simplement point la toucher. Simple, la Dame l’était, bien plus que l’Empereur ne voulait bien le croire, et bien autrement qu’il ne pouvait l’imaginer. Éduquée ne signifiait pas pudibonde. Toutefois, là n’était pas le propos. L’interprétation était malheureusement une composante essentielle de la partition qui se jouait dans le parc enneigé et vide de tout autre visiteur. L’Empereur, peut-être, s’y perdait-il. Le risque de décadence, ici, était nul. Entrevoir là un trop grand pas en avant était se fourvoyer. Il le comprendrait bien assez tôt, ou bien trop tard.

    La vérité, elle aussi, était des plus simples, encore fallait savoir la voir et l'entendre. Elizabeth avait froid. Le contact du banc encore humide dans son dos, le siège de ses bottes par la neige, l’impact brûlant des lointaines lumières sur sa rétine, autant d’agressions qui de toutes parts l’assaillaient, qui la poussaient à se replier sur elle-même. Dans les bras d’Harlon, elle était en paix, hors du monde et du temps, elle ne touchait plus terre. Certes fanfaronnait-elle en réclamant asile, pour ne pas admettre que la fatigue était là, la peine avec elle. Tourner la supplique en grossière embrassade, sur le champ ou le lendemain, transmuerait toute volonté de confiance prochaine en sobre velléité.

    Depuis déjà plusieurs minutes, le silence s’était installé entre Harlon et Elizabeth. Elle avait ramené à elle son bras et posé sa tête sur l’épaule humaine, dans l’espoir d’y trouver un quelconque réconfort. À mesure que les secondes défilaient, le contact chaleureux de son aimé devenait glacial. Et plus durait leur mutisme, si doux soit-il, plus le froid gagnait. Inutile de lutter pourtant contre sa progression. Car Elizabeth le savait, ce froid n’était pas celui de la nuit enneigée. Ce froid venait de l’intérieur. L’Arkanienne releva la tête et s’écarta un rien d’Harlon. Elle le regarda un instant avant de se remettre sur pieds, pour ensuite s’asseoir à son côté. Elle le libérait, sans le soupçonner, de sa gêne si bien dissimulée. Le dos droit, plaqué contre le banc de pierre, la jeune femme observait désormais le présent minutieusement emballé. Son front prit un pli contrarié. Elle ne voulait pas donner l’impression de pleurnicher.

      « Pourrais-tu, un instant, imaginer qu’elle est hors de ce paquet, posée sur le rebord d’une fenêtre, et plus étincelante encore qu’une étoile ? »

    Elle lui offrit un sourire doux, camouflant avec peine son malaise. Elizabeth s’interrogeait. Quand la trouverait-il ridicule ? Elle observait leurs différences fondamentales et remarquait que celles-ci les éloignaient de mille années lumières. Cette émotion récurrente, elle posa le doigt dessus.

      « J’ai peur, parfois, de ce que tu pourrais penser de moi. Tu me fais l’impression d’un être parfait … »

    Un nouveau sourire. La phrase semblait incomplète. L’Arkanienne refusait de se laisser aller aux larmes. C’était inconvenant, au moins autant que de s’asseoir sur les genoux de son ami.

      « J’ai très peur de tout ça. »

    Les mots manquaient pour exprimer ça. Lui, l’Empereur, elle, quelconque, ensemble, dans le mensonge, l’avenir. C’était un mélange inextricable de questions et d’émotions. Et pire encore, la peur de le voir, lui, perdre patience, cesser de l’aimer, la répudier, pour ce qu’elle était ou n’était pas, pour toutes ces questions, pour cette peur elle-même. Une spirale d’angoisse sans fin. L’aimerait-il toujours ? Et de manière inconditionnelle ?
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By Harlon Astellan
#31681
Elle se retirait soudain, se posant pour de bon sur la face humide du banc. Le tissu maillé allait s'imprégner des résidus de neige fondue et vite lui donner une sensation de froid qui remonterait à son échine. Harlon voulut accomplir le double de ses actions logiques, d'abord en proposant qu'elle reste, et ensuite pour qu'elle appose son manteau sur le banc. Si son contact n'était encore que doux, son regard, lui, devenait fuyant. Avait-il dérapé ? Avait-il laissé paraître son malaise devant une situation qu'il jugeait de son éducation trop stricte ? Le silence, d'abord attendrissant, devenait lourd, presque gênant. Comme ceux d'avant. Elle prétendait un instant avant ne plus se gêner. Mais pouvait-elle croire qu'il..?

    « Pourrais-tu, un instant, imaginer qu’elle est hors de ce paquet, posée sur le rebord d’une fenêtre, et plus étincelante encore qu’une étoile ? »

Elle, c'était la lanterne. Il saisissait, ou du moins le pensait-il, où elle voulait en venir. Alors qu'il lui avait fait la promesse d'un phare, elle en allumait le signal de détresse. Comme il lui avait dit de le faire. Que c'était-il passé ? Il faillit demander s'il avait dit quelque chose qui ne fallait pas - ce n'était quand même pas son commentaire potache sur sa présence ? - mais préféra lui passer un bras autour des épaules. Il constatait alors qu'elle grelottait doucement.

Quel imbécile... attend.


Il se défit de son manteau, et avec lenteur, en para sa dame. Il pourrait résister un peu au froid. Nouane n'était pas une région chaude de la Galaxie. Il lui caressa un peu le dos, friction naturelle pour réchauffer ceux à qui l'on tient, tout en étant pendu à ses lèvres qui menaçaient de gercer. Elle lui offrit un sourire, presque forcé. Sa bouche offrait une expression de sincérité, mais ses yeux hurlaient une autre vérité. Pas une contrariété, mais un malaise. Toutes les pages n'étaient pas tournées. Quelque chose, encore, bloquait ce qu'ils pouvaient s'éprouver mutuellement.

    « J’ai peur, parfois, de ce que tu pourrais penser de moi. Tu me fais l’impression d’un être parfait … »

Oh. D'accord. Il comprenait, maintenant.

    « J’ai très peur de tout ça. »

Toujours un bras autour d'elle, il détourna peu à peu son regard. La tête penchée, il fixait un point perdu sur le seul immaculé. Le voile mortuaire qui couvrait les plaines d'Arkania s'étendaient si loin qu'il commença à se sentir trop petit pour cet endroit. Pas assez à l'étroit. Être incapable de couvrir ses arrières lui était durement surmontable. Il laissa glisser son bras de support vers lui, joignant les mains au milieu de ses genoux, ses coudes posés avec brutalité sur ses cuisses laissées à vif par le froid. Un froid qu'il ne sentait plus trop. Il sentait en revanche une boule au ventre qui manquait de lui donner envie de se le tenir à pleines mains en gémissant.

Elle avait peur. Pas de lui. Pas de l'Empire. Mais, justement, de son jugement sur une femme posée sur des genoux d'homme. Son éducation. Sa foutue éducation. Qui avait voulue de lui qu'il soit un haut dignitaire, un être parfait qu'il semblait être. Ambassadeur de Nouane. Elizabeth - décidément - lui offrait une ultime preuve de son existence. Une vie réussie... par procuration. Par envie ancestrale, pas personnelle. Il offrit alors ce qu'il pouvait offrir de mieux à Elizabeth.

Un marteau assez solide pour frapper la glace.

Il tendit une main vers elle, sans bouger la tête.

Tu n'aurais pas une cigarette ?


Il doutait qu'elle en eût sur elle. Il n'avait jamais fumé de sa vie. Mais l'image allait restée ancrée en elle. Dès qu'elle songerait à sa perfection, l'image d'Harlon, à moitié à poil dans la neige, à demander une clope, suffirait à briser cette image aussi falsifiée qu'une facture de conglomérat galactique.

Tu sais pourquoi je t'aime, Elizabeth ?


Drôle de conversation, à avoir le soir même de leur première déclaration. Elle ne survenait en général que bien après, quand tout devait être à plat. Mais son sentiment n'était pas si neuf que ça.

Je t'aime parce que, justement, tu ne me fais pas l'impression d'être parfaite. Tu me fais l'impression... d'une grande dame. Avec ses forces, mais aussi ses faiblesses. C'est ce qui fait de toi quelqu'un qu'on découvre chaque jour un peu plus. Avec qui on a envie de découvrir les subtilités des choses et de ton être.


Il soupira, laissant un halo vaporeux s'échapper de son bec engourdi. De froid, d'émotion aussi.

Moi, on m'a... on m'a collé cette perfection parce qu'on l'exigeait de moi. Empereur Astellan... en fait, dès que j'ai eu 5 ans j'ai vécu avec ce... ce destin. Héritage familial oblige, on m'a destiné à de grandes choses, et parce qu'on a insisté sur mes capacités, on m'a rabattu les oreilles avec mon QI et ce qu'il impliquait pour la famille... Ma mère m'a bassiné toute mon enfance avec mon avenir...

Regarde ça, franchement... si tu savais à quel point... à quel point je m'emmerde... à faire venir ces fringues de Têta, de Naboo, ou de tous les coins branchés de la Galaxie, juste pour soigner mon image. Les conseillers qui me font des topos dans mes quartiers pour que je sois incollable sur toutes les familles nobles des planètes que je visite... Et au milieu de tout ça, moi, on en fait quoi ? Rien du tout. Moi en tant qu'Harlon Astellan, ça n'existe pas. Mon boulot c'est d'être l'Empereur Astellan, de bien présenter, de parler un langage bien bourge et... pff. Quand j'ai fais l'armée, j'ai appris à causer comme monsieur tout le monde. Et en vérité, tu sais quoi ? C'est naturel. De parler comme ça. On se force à rien, et en plus ça glisse, hélas, et ça colle à l'os.


Merde à la fin. Elle aurait un portrait d'imperfection à se coller sous le nez.

J'en ai connu, des femmes, je vais pas te mentir. Des... prétendantes. Elles aussi, tellement parfaites qu'on les aurait cru sorties d'albums de caricatures. Ca n'a jamais marché. Je n'en ai jamais aimé aucune. Parce qu'elles donnaient l'impression d'être parfaites.

Mais ça, je n'en veux pas. Je ne veux pas de quelqu'un pour qui la perfection sort d'un livre de bonnes manières. Bon, être correct, j'entends bien. Mais qu'y-a-t-il d'intéressant dans quelqu'un qui ne fait aucun faux bond ? Droit dans ses bottes toute l'année. J'ai déjà assez de mon image pour ne pas la chercher chez quelqu'un d'autre.


Il soupira encore.

Enfin, je suis con... je suis là, à déblatérer des stupidités, et toi tu dois mourir de froid. Tu veux qu'on aille vers le quartier de l'opéra ? Ca au moins ce n'est pas une question d'image. J'en aime la musique, l'ambiance, les acteurs et les orchestres. Et je sais que j'en aimerais la compagnie.
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By Elysia Astellan
#31886
    Le manteau d’Harlon était trop ample pour les menues épaules de l’Arkanienne. Après des remerciements rendus timides par la gêne de prendre à un homme ce vêtement essentiel en ce soir, elle le rabattit sans mal devant elle, sans pour autant enfiler les manches. Le froid mordant de la brise nocturne devint alors bien plus supportable. La piqûre glaciale reviendrait bien sûr en son temps. Nul ne pouvait résister au froid de la nuit, pas même le manteau de l’Empereur.

    La remarque, cet appel au secours, d’Elizabeth avait déclenché une réaction surprenante. L’Humain s’éloigna, comme pour se couper de son amie, il mit un terme au contact qui durait depuis le début de la soirée. Il ne la touchait plus, ni ne la regardait. La tournure que prenaient les choses laissèrent l’Arkanienne bouche bée.

    Une cigarette ?

    Un “non" machinal de la tête. Et la suite n'était pas mieux. Toutes ces choses qu'il avait soudain à dire. Tous ces regrets qu'il semblait dissimuler. Toute cette rancœur. Une ou deux fois, la jeune femme escompta l’interrompre. Mais il ne la regardait pas. Elle ne pouvait que subir le flot de cette auto-critique. À quoi jouait-il ? La scène enneigée, illuminée de mille projecteurs, un public de flocons effervescents, et une tirade digne d'un opus dramatique. Voilà que le protagoniste principal menait sa rébellion contre parents et devoirs pour faire valoir son individualité et ses désirs les plus secrets. Assez, cela suffisait.

      « Harlon. »

    Il devait arrêter. Il n’arrêta pas.

    Des femmes. Pas une. Pas quelques. Des. La question lui brûlait les lèvres. Combien ? Pas de temps pour une question. Il continuait. Elle ne l'écoutait plus. Se doutait-il alors qu'il venait de déclencher un ouragan ? Une tempête de questions indiscrètes imprégnées de jalousie. Harlon, selon ses dires, avait côtoyé un certain nombre de femmes. Auprès d’elles, il aurait dû apprendre une chose essentielle : l’annonce de toute aventure antérieure à celle actuellement suivie devait être délicate et enrobée de mille précautions. La jalousie féminine était monnaie courante. Mais les femmes n’étaient pas plus jalouses que les hommes. Elles l’exprimaient simplement de manière à ce qu'on n'oublie pas qu'elles voulaient être l’Unique. Si Harlon n’avait pas l'expérience de cette outrageuse sensibilité, on pouvait émettre l'hypothèse que c'était parce qu'il ne l'avait pas pratiquée. Autrement dit, ces femmes… n'avaient pas assez de dignité pour se montrer jalouses des précédentes conquêtes impériales. Aussi pouvait-on envisager que le terme “prétendante” fut un mot élégant pour en désigner un bien plus vulgaire.

    Quand ? Fut la deuxième question qui se porta silencieusement aux lèvres de l’Arkanienne. Après Télos ? Avec combien de ces femmes s'était il vautré depuis leur rencontre ? Était ce donc la belle éducation qu'on tâchait de lui inculquer depuis son enfance ? Enchaîner les aventures, multiplier les conquêtes. On reconnaissait volontiers la virilité d’un homme collectionnant les femmes. En revanche, si une femme se perdait en des pratiques similaires, elle devenait une catin. Chez l'un, on mesurait la virilité. Chez l'autre, la pureté. Mais aux yeux d’Elizabeth, la luxure ainsi normalisée n'était que débauche. Qu'était-il allé chercher auprès de ces femmes ? Du réconfort ? Un compliment ? Une preuve ? Ou tout simplement un moyen d’assouvir un besoin animal… Du dégoût. C'était tout ce que pouvait inspirer de telles pratiques.

    L'opéra.

    Qu’avait-il dit ? Aller du côté de l'opéra ? Elle n’avait pas écouté. Le regard de l’Arkanienne, jusqu'à présent perdu dans la neige, se posa sur le visage d’Harlon.

      « Ce n'était pas tout à fait ce que je voulais dire. Je ne voulais pas te causer de peine. Pardonne moi. »

    Pour tout dire, il y était allé un peu fort. Cela semblait presque irréaliste et surjoué. S'il avait voulu la choquer, c'était réussi.

      « Je vois bien que tu n'es pas parfait. »

    Et c'était à double sens. Le pavé jeté dans l'eau serait pour longtemps l'origine d’ondes amères. Elizabeth se leva pour ôter de ses épaules le manteau de l’Empereur. Elle le lui rendit, assurant que la température serait tout à fait supportable dès lors qu'ils marcheraient vers un restaurant. Elle lui tendit la main, comme une invitation à quitter leur banc.

      « Tu veux bien que nous allions discuter de tout ça dans un endroit plus agréable ? »

    Sa voix était posée, ne trahissant en rien le tumulte de ses émotions. Elle lui offrit un sourire, en appui à sa requête, tel que l’Humain ne pouvait refuser.

    C'est avec un grand calme que l’Arkanienne guida son ami jusqu'aux abords de l’opéra. Là, le quartier conservait un peu d'activité. La pièce jouée ce soir prendrait bientôt fin et les quelques restaurants encore ouverts accueilleraient volontiers les spectateurs souhaitant prolonger quelque peu la soirée. Le Sixième Acte était l'un de ces restaurant. Établissement chic dont la baie offrait une incroyable vue sur l'escalier extérieur de l'opéra. Il était aussi connu pour accueillir certains des artistes après la représentation. Elizabeth et Harlon se présentèrent à la réception. Le maître d'hôtel, un Arkanien au style impeccable, procéda à une invisible inspection. Ces deux là n'étaient ni chics ni distingués. Une paire de curieux voulant visiter un décor bourgeois et atypique. Du genre à danser en masse au bal populaire de la place du belvédère.

      « Je suis navré mais tout est complet ce soir. »

    C'était dit sans émotion, adressé à l'homme de ce couple étrange. La réponse qui vint d’Elizabeth semble contrarier le maître d'hôtel.

      « Nous voudrions dîner près de la cheminée.
      Je vous répète, Madame, que tout est … »

    La main de l’Arkanienne lâcha le bras de l’Humain pour disparaître un instant dans une poche et en ressortir avec un passe-droit. Sans y toucher, le maître d’hôtel évalua le montant du pourboire. Ceux de l'entrée, s'ils étaient discrets, n'avaient pas besoin d'être partagés. Et celui là semblait de loin excéder son propre salaire mensuel.

      « Veuillez me suivre. »

    Sa main gantée de blanc attrapa la barrette de crédits. Puis invita le couple à entrer. C'est alors qu’Harlon put se rendre compte combien la clientèle ici se donnait un air de noblesse. Ensembles chics, robes longues, parures raffinées. Le duo dénotait. Mais cela ne sembla pas déranger l’Arkanienne qui s’installa à la table proposée par le maître d'hôtel, près de la cheminée. Après avoir annoncé les mets aujourd'hui à l’honneur, il leur abandonna la carte et s'en retourna guetter l'entrée.

    Elizabeth ouvrit son menu mais ne le consulta pas. Elle observait Harlon avec insistance.

      « Pourquoi m'avoir dit tout ça ? Tu voulais me prouver quelque chose ? »

    Sa main sur la table, appelait à un contact.

      « Maintenant tu es juste bon pour un interrogatoire. Je peux ? »
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By Harlon Astellan
#31894
Sous peine de choir dans un oubli complet,
Je devais mettre au grand jour tous mes petits secrets.
[...]
Divulguer avec qui, et dans quelles positions,
Je plonge dans le stupre et la fornication !
Si je publie des noms, combien de Pénélopes
Passeront illico pour de fieffées salopes ?
Combien de bons amis me regarderont de travers ?
Combien je recevrai de coups de revolver ?


    « Harlon. »

En fait, il en aurait bien prit une, de cigarette. Tirer sur du tabac bas de gamme, s'imprégner la gorge de cancer en feuilles séchées, mais tout pour ne plus penser au tambourinement crânien qui s'organisait son propre opéra cérébral, sans avoir pensé à distribuer des boules Quies au public au-devant de la fosse. L'ouragan. Si Elizabeth était mue d'un ouragan de questions sur les frasques d'un homme qui avait eu pléthores d'occasions pour se glisser dans la concupiscence, peut-être affrontait-elle maintenant l'autre revers de sa gêne. Son corps et son esprit se fanaient devant la perfection de l'Empereur et devant son être glacé. Maintenant elle expérimentait l'extrême gauche de son centre nerveux, une partie plus instinctive, avec un passé, des défauts, des regrets. L'envers du décors donnait parfois envie de revenir sur le devant de la scène pour apprécier le spectacle tel qu'on le présentait. Des fois, il valait mieux. C'était à s'en dégoûter du reste. Comme l'opéra. Il ne fallait jamais en visiter les coulisses. On y découvrait décors en carton-pâte et en peinture au plomb tous les mètres carré. Elizabeth avait voulu sortir des loges.

Elle allait assumer son choix. Comme Harlon assumait le sien.

    « Ce n'était pas tout à fait ce que je voulais dire. Je ne voulais pas te causer de peine. Pardonne moi. »

Harlon tourna vers elle son regard. Lui offrit un sourire fugace, en coin, lui serra soudainement la main. Mais son sourire disparut vite.

Ne t'excuse de rien, Elizabeth. Tu n'as rien à te reprocher.


Il ne s'excuserait de rien lui-même en revanche. Quelque part, elle avait cherché ce déballage. Et parbleu, allait-elle devoir composer avec cet accord mineur. Peut-être en riraient-ils ensemble un jour. Peut-être pas. Au moins Harlon serait fixé. Ils se distribuaient chacun des chances à tour de rôle - elle plus que lui, certes - mais viendrait un temps où les repêchages seraient venus en bout de parcours.

    « Je vois bien que tu n'es pas parfait. »

Il tourna la tête juste assez pour lever les yeux au ciel. La remarque ne lui avait pas échappée. D'accord, d'abord il était trop parfait. Maintenant il l'était trop peu. C'était presque à vouloir lui hurler dans les oreilles...

Mais qu'est-ce que tu veux à la fin ? Tu attends quoi de moi ?


Mais il s'en abstint. En fait, il chercha même à oublier avoir eu envie de crier ce genre d'insanité. Ils n'avaient commencé aucune relation que déjà les engueulades s'amorçaient. Sain esprit, bravo.

Toutefois, il ne s'attendait pas à une main tendue après qu'elle lui eu rendu son manteau, qu'il avait enregistré comme un autre message. Il sembla un peu incrédule de voir cette main. Mais il ne tarda en rien pour la prendre.

    « Tu veux bien que nous allions discuter de tout ça dans un endroit plus agréable ? »

En prenant sa main, en la serrant, l'index le long de son avant-bras, le regard en contre-plongée, totalement dominé de la hauteur de la Dame, Harlon commença à souhaiter être un rebelle aux mains du Bureau. Elizabeth n'aurait pas pu être plus ténébreuse, quand bien même eut-elle pénétré en sa cellule, un droïde IT-0 à son flanc, et un médecin réparateur avec une bandoulière chargée de scalpels et de solution au phosphore. Son sourire pouvait dire tant de choses qu'Harlon ne pouvait qu'imaginer le pire. Tu es aussi faible que n'importe qui. Aussi je trouverai de quoi t'écraser. Petite merde.

Oui... bien sûr. Je te suis. Je te... suivrai.


Peut-être que rien ne se passerait mal. Peut-être que son sourire appelait à d'autres sourires. Peut-être pourrait-il expliquer en toute sincérité en quoi consistait ses anciennes aventures. Notamment pourrait-il expliquer qu'il n'avait visité aucune couche depuis plus de 3 ans. Depuis qu'il travaillait jour et nuit, en somme, et ne s'accordait aucun moment privé.

Le voyage vers le quartier chic se fit sans un mot. Harlon avait tendu sa main à sa compagne. Lâcher son sac, oui. Mais lui faire de la peine ? Dîner en sa compagnie, en privé, pourrait peut-être aplanir le contentieux. Mais si lui devait avouer ses amours passés, Elizabeth ne devrait pas s'estimer en droit d'esquiver les questions. Harlon s'était promis de ne pas fouiller son passé, pour le découvrir de lui-même au fil de leurs rencontres. Le scénario était bouleversé et sérieusement avancé, mais l'occasion pouvait ne pas se reproduire.

Un peu sur le coup de son aveux filé, Harlon ne prit pas la direction du premier acte qui se jouait au Sixième. Si le regard s'était tourné vers lui, c'était par évidence. L'homme payait, car l'homme invitait. Mais en un éclair, avant même qu'Harlon ne put plonger la main vers sa propre réserve à crédits, Elizabeth sortit de quoi le mettre au rebut pendant un moment. Il lui glissa un discret mot à ce sujet, de façon détournée.

Je présume qu'ils n'acceptent pas les crédits impériaux ici.


Il donna leurs paquets au maître d'hôtel, rajoutant néanmoins une plaquette impériale d'un montant appréciable pour qu'il aille les ranger dans un endroit sans risque. Elizabeth devrait se passer de ce trésor luminaire, le temps d'un repas. Le temps d'un passage à tabac mental. Harlon prit le menu, le seul qui avait les prix d'affichés. Elizabeht avait l'autre, celui où trônaient seulement les plats. On trouvait cela élégant, Harlon aussi. Mais il avait connu une pintade qui avait dit, l'air naturel, Et comment je suis censé voir lequel est le plus cher ?

Harlon n'avait pas été galant ce jour là. Elle avait du payer la note toute seule, vu qu'il s'était levé avant l'arrivée des apéritifs. Mais à sa décharge, il avait laissé un pourboire. Il n'avait jamais la-dite pintade après ça.

    « Pourquoi m'avoir dit tout ça ? Tu voulais me prouver quelque chose ? »

Il pouvait voir que ses yeux étaient tout entiers braqués sur lui. Pas besoin d'avoir de pupille pour sentir le poids du regard d'une femme sur soi. La main posée sur la table, elle, était encore à même de tout désamorcer.

    « Maintenant tu es juste bon pour un interrogatoire. Je peux ? »

Il lui donna. Sa main. Posée sur la sienne, il enserra les fins doigts, massant un peu leurs dos, couvrant de sa chaleur épidermique une petite main qui semblait toujours froide. Il lui offrit un timide sourire, avant de poser le menu - ouvert, ils n'avaient pas commandé - sur le côté.

Avant... permet-moi de m'excuser à ce sujet. Cela fait pas moins de 20 ans que je vis avec ce ressentiment. Il fallait que ça sorte... je suis navré que ça soit arrivé avec toi, ce soir...


Il observa même un temps de réflexion.

... mais, en fait, je pense que c'était mieux que ça soit avec toi. Je peux te dire ces choses à toi.


A qui, en effet, pouvait-il confier ce genre de... d'assèchement ?

Mais oui. Tu peux tout me demander. Je ne te cacherai rien.


Même, s'il fallait, le plus dur.
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By Elysia Astellan
#32102
    Tout ce qu'elle voulait. Elle pouvait demander tout ce qu'elle voulait. Il y avait tant de questions à poser. S'en devenait vertigineux. Comment pouvait on avoir tant d’incertitudes sur quelqu'un que l'on prétend aimer. Le fait rendait Elizabeth nerveuse et la mettait mal à l'aise. D'autant plus que parmi toutes ces questions, certaines pouvaient s’avérer gênantes. Et malgré son désir de réponses, placer son ami en position contrariante n'était pas enviable. Pourtant, il l'avait dit, tout ce qu'elle voulait. Comme pour sélectionner les interrogations les plus pertinentes, l’Arkanienne tira sous ses yeux la carte du restaurant. Son autre main demeurait au côté de celle d’Harlon.

      « Je te remercie. »

    Elle faisait désormais mine de choisir un plat. Bien que ses yeux parcouraient silencieusement la description des divers mets proposés, elle n'y prêtait que peu d’attention, trop obnubilée par cet interrogatoire qu'elle s'était promis de mener. Le doute s'imposa alors de lui même. Pourquoi trouver quoi ? Un cadavre. Une amante. Un vice. Pour quoi faire ? Se rassurer. Savoir. Connaître. Pourquoi ? Toujours pourquoi. Pourquoi aller remuer les bas fonds d'une histoire en apparence parfaite. Eh bien parce qu'il l'avait dit lui même, il n’était pas parfait. En quoi ? Une réponse était elle vraiment nécessaire ? À quoi bon. L’Arkanienne releva les yeux vers Harlon.

      « Ton travail te déplait ? »

    Il l'avait vaguement évoqué, ce travail qui imposait qu'on soit plus que présentable et plus que rigoureux.

      « Trouves-tu qu'il ne te corresponde pas ? »

    Elle n'avait pas changé d'avis. C'était une manière détournée d'aborder le problème, le vrai. Harlon devait s'en douter, Elizabeth n’attaquerait pas frontalement, pas dans ces circonstances. La problématique du travail, de la fonction, que la jeune femme estimait partager avec son ami, n'était qu'une introduction à toute une série de pourquoi et de comment encore silencieux mais non moins acérés.

      « Tu as parlé de ton éducation comme d'une chose négative. Tu la désapprouve ? »

    Le ton était toujours doux, les mots d’Elizabeth n'étaient pas creux, il fallait y apporter des réponses consistantes. En retour, l’Arkanienne s’attendait à recevoir des questions similaires. Cependant, ce n'était pas cette discussion ci que la jeune femme voulait éviter. C’était la suivante. Comment y échapper ?

    Elle referma distraitement la carte, manifestant alors l’arrêt d’un choix quant au contenu de son assiette. Un serveur à l’affût n’attendait que le signal d’Harlon pour se ruer vers la table, proposer un apéritif, offert par la maison, et prendre note des désirs de chacun.




    Game over. Terminé. Fini. Le couple avait passé le seuil d’un restaurant excessivement chic. Aucun des agents n'avaient les moyens, qu'ils soient pécuniaires ou vestimentaires, d'entrer ici. On pouvait y aller à coup d'insigne royale, mais voilà qui n'aurait pas été discret. Il fallait attendre, et surveiller les entrées. C'est ce que firent les agents de la Reine, ils se postèrent en vue des portes et des larges fenêtres.
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By Harlon Astellan
#32123
Tenant sa carte d'une main droite peu sûre, les yeux courant sans certitude sur les assemblages nutritionnels proposés au prix de logements précaires de banlieues moyennes, sa main cherchant celle d'Elizabeth. D'un geste doux, il partit à son assaut, couvrant les doigts délicats des siens, plus rugueux et cernés par les crosses de fusil, les barres des salles, et les cylindres de garde des lames de ses Gardes. Les callosités déposées en autant de sillons qu'il n'avait eu d'expériences manuelles, commencée par la tenue d'un stylo et terminée par le maniement d'une arme destinée à se protéger et tuer en un seul geste.

Mais pour autant, le contact fuyait, la main restait désespérément sur le côté. S'en trouvait-elle assez choquée pour abandonner sa proximité, mais encore assez attachée pour ne pas fuir simplement en son antre royale ? Se trouvait-il toujours un rayon d'argent derrière la touffe de nuages gris ? Un peu par envie d'en finir avec une étape agaçante de tenir une carte et de ne voir aucune action des mains de tout deux, il arrêta son choix sur une formule de grand standing qui allait le régaler sans appétit. Le coup sec ferma le livret relié de similicuir, qu'il posa sur le bord droit de la table, où sa main restait à portée tant de lui que du serveur attitré à leur zone de tablées. En apéritif, il se contenterait d'un vin moelleux que le sommelier conseillerait. Il posa son index et son majeur droit reliés sur son coeur brièvement quand le serviteur fut en vue, qui hocha de la tête et disparut derrière une porte à double battant menant sur un sas triple. Les odeurs ne filtraient pas, ils avaient fait un bon choix.

Il revint vite à Elizabeth. D'un accord tacite, elle avait accès à son intimité déballée plus tôt, dans ses détails les plus souhaitables, et les plus inavouables. Il ne craignait guère d'annoncer le nombre de ses aventures. Il doutait qu'elle même fut restée pure jusque là. Il ne sortirait point l'excuse bidon qui exigeait que les hommes ont des besoins, aussi phallocrate que spoliateur, mais n'aurait pas honte d'avouer qu'il s'était parfois prit aux désirs les plus primaux le temps d'un soir ou deux, pour tromper l'ennui comme pour tirer des avantages de quelques-unes de ces relations. Mais dirait-il aussi facilement qu'il avait déjà plongé dans les yeux de jeunes gens avant d'en tirer tout avenir d'un coup de blaster ?

Oserait-il avouer qu'il était, tout compte fait, un meurtrier ?

    « Ton travail te déplaît ? Trouves-tu qu'il ne te corresponde pas ? »





Les couloirs froids du Palais de Metalorn résonnaient aux pas des bottes lustrées qui en battaient pavé. Marbrures et dorures dans un ensemble vert et orangé pour assemblage chromatique d'une richesse usurpée. Deux gardes à l'entrée, aux ports altiers et aux tenues de cabrioleurs de Carnaval, dans des touches similaires et encore plus criardes.

Je suis Harlon Astellan, Lieutenant StormTrooper. Je suis attendu.


On vérifie un instant, puis on le laisse rentrer. Visage rasé de près, un regard juvénile mais bercé par la mort et la rigidité des anciens, et un uniforme trop neuf pour être décemment mérité. Et pourtant. Cet uniforme noir avait connu ses premières larmes vermeille sur les plaines de la lointaine Renatasia, un endroit plongé dans un état de guerre totale où la victoire tenait aux renforts numériques plus qu'aux ressorts tactiques des chefs des deux parties. S'il n'avait jamais cessé de porter l'armure, son uniforme servait pour toutes les occasions officielles où il paraissait. Diplômé de Carida, soldat de métier, et déjà plusieurs fois meurtrier de sang froid. Harlon Astellan, 21 ans, dont les mains ne tremblaient déjà plus de ses souvenirs guerriers.

Mais une fois entré, c'était avant tout un lieutenant qui se présentait devant une haute autorité, venue en déplacement sur l'endroit pour venir le rencontrer. Un vieil ami de son père.

Grand Moff Menias.





La nouvelle avait fait comme un choc. Par un assemblage de copinage, de pistons habiles et de divers processus anti-méritoire, Harlon s'était retrouvé propulsé dans un uniforme kaki, à porter les insignes précaires de Préfet. Porteur de l'idéal régalien auprès des populaces, il devait maintenant faire acte de présence en soirées, lors d'événements, mais aussi donner des voies politiques à des projets citoyens. Mais ce qu'il portait plus comme un fardeau, c'était ce que cet abject individu de Menias avait lancé à son égard.

Ce que tu es, c'est un peu plus qu'un simple Préfet. Tu portes en toi une flamme inédite dans ta famille... est-ce que c'est ton regard qui a changé ? Je ne sais pas, mais il brille maintenant d'un éclat sombre et droit qui te destine à de grandes choses. Je t'ai vu t'adresser à tes hommes en Holos. Tu as le talent des orateurs des siècles grandioses, et tu sais tirer à ton flanc les foules qui sont pendues à tes lèvres scellées. Tu ne seras pas Préfet très longtemps.

Et tu n'auras plus besoin de simuler l'être très longtemps non plus.






    « Ton travail te déplaît ? Trouves-tu qu'il ne te corresponde pas ? »

Le sommelier arriva sur cet entrefait, posant ses doigts sur son coeur à la manière d'Harlon, le tastevin en cuivre - choix étrange s'il en était - et l'oeil brillant malgré le manque de pupille. Il se tourna d'abord vers Harlon, étant l'homme et le demandeur du service

Avez-vous des vins moelleux à disposition ?
Si Monsieur désire, je puis conseiller quelque vins de vigne jaune du Sud Galactique.
Un peu classique peut-être. Avez-vous quelque chose de plus... osé et fruité ?
Hmmm... Monsieur me permet-il un peu d'audace ?
Je vous en prie, maître.


Il s'inclina, s'éclipsa rapidement et fit revenir Harlon à Elizabeth. Elle aurait le droit de choisir son vin si elle le désirait, mais une fois que le premier choix serait arrêté.

L'exercice du pouvoir admet des responsabilités parfois dures à supporter. Je gère l'existence de tant de milliards de vies que leur simple nombre réduit à une statistique me donne parfois le vertige. Dire qu'il me déplaît est aussi vrai que faux. J'y trouve une source de stress et d'inquiétudes perpétuels, mais j'y trouve aussi une légitimité qui manquait à certains de mes homologues. Le pouvoir me sert à pousser des idées dans leurs retranchements et à appliquer des réformes qui améliorent les choses pour le mieux. Je ne peux pas dire que je souhaite l'expérience des responsabilités, des complots et des intrigues de palais à quiconque. Mais je mentirais en prétendant que je ne suis pas fait pour ce système.

J'ai gravi les échelons jusqu'au trône suprême permis par ma Nation. Et je sais m'y maintenir. Ce travail me déplaît. Mais il me correspond parfaitement.


Il se devait à l'honnêteté. Le pouvoir était verrouillé, et il y avait peu de chance qu'un putsch contre lui aboutisse à autre chose qu'à son renforcement autocratique. Le sommelier choisit cet instant pour revenir avec une bouteille en main, dont il présenta l'étiquette à Harlon, le visage éclairé. Ce dernier ne put qu'agréer à ce choix auquel il n'aura pas pensé lui-même.

Excellent. Vous avez su cerner l'excellence de l'appellation. Voulez-vous quelque chose de particulier, très chère ? Ou bien souffrez de partager avec moi ce régal ?


Le sommelier présenta ensuite l'étiquette à ELizabeth. Coteaux de Juvex AOP, cuvée de 20 ans, vin jaune médaillé. Au pire elle choisirait son propre vin, ou n'en choisirait pas, et le sommelier n'aurait plus qu'à poser la bouteille sur un guéridon, l'ouvrir avec précaution et en servir les verres sur-le-champ, en toute discrétion. La conversation reprendrait après son départ.

Je ne sais pas si je pourrais abandonner cette voie. Il y a tant de choses à accomplir... mais... si jamais je le devais... pour... tu sais... je le ferais, je pense.


Sa voix mourut petit à petit et il revint à son verre. Il en but un peu, le trouva excellent, et revint vers sa compagne.

    « Tu as parlé de ton éducation comme d'une chose négative. Tu la désapprouve ? »





Oui... Oui... Oui... Non.


Un soupir bref, et la femme se frappe la cuisse, se faisant un peu mal au passage, et reprend d'une voix plus ferme.

Je te l'ai déjà dit... les accords doivent se suivre au rythme de la marche d'une chasse. Tu joues de façon trop égale !
Mais môman...
Allez ! Reprends, deuxième partition.


Et le jeune homme reprend, ses petits doigts encore boudinées pianotant les touiches blanches et noires, produisant une musique encore un peu saccadée, la vitesse sacrifiée sur l'autel de la justesse.

Harlon.


Voix bourrue, venant d'une homme d'âge moyen, dans toute sa force, une barbe hirsute tant désirée par son fils cadet, à peine plus âgé que sa fille nouvelle née. Jusqu'à ses trois ans, il avait aimé se frotter à cette barbe douce et peignée, mais en grandissant, la distance physique laissait juste place au rêve de porter son homologue quand lui-même serait grand.

Toute note... doit finir... en mourant.


Posant sur l'arrière du crâne de son fils une main englobante, il accompagna de pensées son enfant prodigue, le laissant finir avec rigueur sa partition, sous l'oeil soudain silencieux de son épouse.

Bien. Viens maintenant. Je vais te présenter à des amis.


La femme reste assise, mais le fils se fait un devoir de se lever, se diriger vers le salon, la main de son père toujours en soutient porteur de son pas incertain. Les chaussures serrées claquent sur le parquet lissé d'un palais de famille jusqu'à l'entrée de grand luxe. Quatre hommes, dans des tenues extravagantes, trouvés là à discuter à mots murmurés, qui se tournent, trop ravis pour en faire transpirer l'honnêteté, regardent soudain tour à tour père et fils.

Messieurs, permettez-moi de vous présenter le dernier fils de la lignée des Astellan... Harlon, quatrième du nom.


Il le poussa un peu en avant, comme pour mieux l'avancer au-devant de son destin.

... porteur de Grandes Espérances.






    « Tu as parlé de ton éducation comme d'une chose négative. Tu la désapprouve ? »

Il parut louver son regard sur la table à ce moment. Il n'avait jamais réfléchi aussi profondément au sujet, en dehors de ce qu'il avait déjà dit plus tôt. Il se laissa le temps, mais à peine Elizabeth eut-elle posé sa carte qu'ils furent assaillis par un serveur habile qui prit leur commande. Ils durent attendre encore d'être en intimité pour qu'il puisse répondre.

D'aucun prétendrait que je pourrais être reconnaissant à cette éducation d'être aujourd'hui sur le trône impérial, et d'avoir à disposition une force militaire, intellectuelle, industrielle et économique proprement écrasante. Mais ces constats partent d'une origine qui ne s'est jamais décidée sans mon concours. Dès l'âge de trois ans, j'ai appris les rudiments de disciplines qui feraient de moi un gentilhomme idéal pour la Maison des Astellan. Escrime, danse, musique, poésie, écriture, récitation. Par des jeux de circonstance, on m'a guidé sur les voies de l'intrigue et des cheminements de l'ombre. Mais déjà à cette époque, on me tenait alors non comme Harlon, mais comme l'Héritier des Astellan. Le cadet qui seconderait l'aîné dans sa charge de tenir la lignée. Puis le successeur quand on s'aperçut que mes capacités dépassaient celles de mes frères et soeurs réunis. Je cessais d'être un enfant. Je devenais un avenir, le tronc d'un arbre généalogique. J'étais transformé en projet.

La politique m'a paru être la seule voie en partant de là. Mais j'aurais aimé avoir à faire le choix de mon existence sans pour autant craindre de porter la déception sur mon nom. Petit, j'aurais aimé être...

Ecrivain.


Il goûta encore un peu de son vin.

Pour compenser cette déception personnelle, j'ai lu des fictions par centaines. Par milliers même. Encore aujourd'hui je m'arroge deux heures de lectures par jour, et j'ai même sur le tôt prit sur moi d'être enseigné aux voies de la lecture accélérée. Je peux ainsi lire un livre par heure. Mais je dois me contenter des synthèses et des grandes lignes. Je n'explore plus les essences même des mots et des phrasés... mais je m'égare. J'ai épanché ma frustration de n'avoir jamais pu écrire en lisant les écrits de tiers inconnus.

Je souhaite avoir des enfants. Mais je leur souhaite de mener l'existence dont j'ai été privée. Loin des choix arrangés, loin des liaisons entre maisons, loin des guerres inutiles... Je leur veux une vie propre et heureuse. Comme il devrait en être l'ambition de tous les parents, je pense. Aussi, oui, je désapprouves cette éducation.

Mais je n'ai plus l'âge de la regretter maintenant... Telle fut la mienne, et tel est mon dessein à porter. Si j'avais voulu me révolter, je l'aurais fait avant. Au risque d'abandonner mon nom et mon lignage. Maintenant je compose. Mais je ne reproduirai pas ce schéma.


Il s'arrêta. On leur apporta finalement les entrées. Il tenta encore de joindre sa main à celle de l'Arkanienne.

Elizabeth... mon... mon amour...
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By Elysia Astellan
#32192
    Lorsque le sommelier lui présenta la bouteille, la Dame répondit d’un geste de la main, à la manière traditionnelle arkanienne. Un dialogue entre deux natifs d’Arkania se passait souvent de bien des mots inutiles. Bien que certaines politesses furent essentielles, d'autres réponses ou réactions étaient muettes, remplacées d'un signe de main ou de tête. Ces manies rendaient parfois la discussion difficile pour tout un chacun n'ayant pas connaissance de ce second alphabet. Cela allait du simple geste signifiant ce vin me convient, jusqu'à certains ressentiments exprimés par une posture ou une réaction thermique. Pour un Humain, les mots manquaient souvent dans ces phrases froides. Les Arkaniens n'étaient pas bavards et savaient interpréter le langage corporel de leurs pairs. De cette réserve pouvaient découler bon nombre de malentendus. Aussi Elizabeth prenait-elle la peine de ménager son interlocuteur. Elle savait que le mutisme et l’immobilisme, deux domaines dans lesquels elle excellait, étaient parfois trompeurs pour Harlon.

    Entre deux venues du serveur, ils purent échanger quelques mots. L’Humain répondit volontiers aux questions de l’Arkanienne. Et en écoutant le récit de son ami, Elizabeth se rendit compte qu'ils partageaient des points communs, mais en contrepartie que certaines différences les opposaient radicalement. En outre, elle découvrit une facette inimaginée de l’Empereur, un avis qu'elle n'avait jamais soupçonné. La réflexion qu'il nourrissait sur son passé et la projection de son avenir étaient deux révélations surprenantes qui en disaient bien plus long que l'histoire la plus dénonciatrice qu'on aurait pu conter au sujet d’Harlon Astellan.

    Le serveur apporta les entrées. Et après présentation de chaque plat, conclut par un souhait d’heureux appétit. Aussitôt qu'il s'en fut retourné, Elizabeth posa son verre. L’Humain mendiait un contact, elle le lui accorda, distraitement. Les réponses de son ami la laissait pensive. Quelques mots résonnaient encore à l’oreille de l’Arkanienne. Des enfants. Il souhaitait avoir des enfants. Quoi de plus normal. Quoi de plus triste. Une part des espoirs d’Elizabeth se brisa. L’Empereur désirait des enfants. Des enfants normaux, eux, et non prédestinés. Des enfants. Il fallut se faire violence pour chasser l’idée, cesser d’y penser. Il n'était pas temps de se poser ce genre de questions. La main de l’Arkanienne serra celle d’Harlon.

    Au moment choisit par Elizabeth pour répondre à son tour, un quatuor bruyant fit son entrée dans la salle. Et bien que le maître d'hôtel les installa à une table éloignée, leur discussion demeura audible tout le temps qu'ils prirent pour se débarrasser de leurs manteaux et s'asseoir.

      « La représentation de l’Apoastre et décidemment bien la meilleure de l’année.
      Ce final…
      La mort de l'amant de l’Impératrice était spé-cta-cu-laire !
      Aya’Zu est extraordinaire … !
      … quand elle est obligée de le tuer, uniquement parce qu'il est Humain ...
      Tu imagines ?
      Chut…
      Chut. »

    Leur volume sonore diminua, jusqu'à ce que le partage de leurs impressions sur la pièce ne devint plus qu’un léger chuchotement. La représentation de l'opéra était terminée. Les parterres et les balcons vomissaient leurs spectateurs par centaines. Ces quatre-là avaient pu se frayer un chemin rapide jusqu’à leur réservation au Sixième Acte. Durant tout le repas, ils échangeraient leurs sentiments vis-à-vis de l'oeuvre unique à laquelle ils avaient assisté. Car le soir de l’Apoastre, on jouait une partition originale, et on ne la jouait qu’une fois. Cette année encore, la salle avait été pleine à craquer, et le public encore plus enthousiaste que l'année précédente. Cette fois, il s’agissait de l’impossible et tragique amour entre l’Impératrice du Royaume des Oiseaux et un Humain de basse extraction. Cela finissait mal. Évidemment.

    Même si Elizabeth s'était un instant laissée distraire par l'arrivée tapageuse des quelques bourgeois, son attention revint à Harlon. Il semblait … tendu et peiné. Le silence durait depuis déjà trop longtemps.

      « Merci, d'avoir répondu avec sincérité. »

    À dire vrai, il avait apporté bien plus d’éléments que ne l'avait espéré l’Arkanienne, si bien que ...

      « J'avais … mille questions à te poser. Mais je crois que ce n'est plus nécessaire. »

    Les autres questions, les vraies, les scandaleuses, s'étaient envolées. Bien sûr, elles n'étaient pas bien loin, et reviendraient le jour opportun. Mais pour l'heure, Elizabeth se satisfaisait des réponses données. Cela lui suffisait. Elle craignait désormais de voir ses interrogations se retourner contre elle. S’eut été de bonne guerre.

      « Je te demande pardon de t'avoir placé dans une telle situation. C'était indélicat de ma part. »
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By Harlon Astellan
#32253
Quelque chose sonnait comme... confidentiel. Le sommelier avait du reconnaître sa Reine d'un coup d'oeil. Un bref mouvement des doigts avait suffit à le congédier à sa tâche initial et à le faire partir. Sans un mot. Il avait du vivre une épreuve mentale sévère en restant aussi fermé devant le visage de sa souveraine. Comment expliquer cette compréhension mutuelle si naturelle, sinon par le protocole ? Chez lui aussi, un geste aurait suffit. L'Empereur sifflait pour qu'on accourt, et un mouvement de doigt congédiait sans un froissement d'uniforme. La Dame, en son for, établissait le vrai : Harlon se laissait tromper par les apparences. Cette distance était si peu naturelle et si peu applicable au contexte humain que sa compréhension demandait d'abord une étude théorique du sujet. Avec la pratique il pouvait aussi deviner d'un coup, mais il connaissait trop peu d'Arkaniens pour comparer.

Elle lui avait accordé le présent de sa main. Mais sa façon de la serrer à certains moments laissaient supposer tout un tas de chose. Il dut presque la retirer quand elle faillit lui broyer la base des métacarpes. Quand il avait parlé des enfants. Oui, il aurait souhaité en avoir. Les élever, les voir grandir. Loin de ses propres inquiétudes. Dans une galaxie pacifiée, où ils pourraient voyager librement, sans se soucier des lendemains. Sans problème d'emploi, de finances, de santé, sans la peur de voir un jour sa planète cendreuse et brûlée. Raison même de sa propre existence : laisser un paysage plus radieux encore que celui dont il avait hérité.

    « La mort de l'amant de l’Impératrice était spé-cta-cu-laire !
    … quand elle est obligée de le tuer, uniquement parce qu'il est Humain ... »

Harlon offrit à Elizabeth un sourire gêné. Sans jamais tourner les yeux vers le quatuor de gens de la Haute, il en avait saisi les plus infimes portées vocales. Et leurs images. Il baissa les yeux un instant sur leurs mains serrées, lui jouant encore avec les doigts fins de sa compagne, en pinçant doucement l'épiderme, le tournant, le caressant par moment.

La vie d'un noble est toujours digne d'un opéra.


Il continua son petit jeu, toujours yeux baissés.

Ou... inversement.


Il aurait été près pour les questions de scandale. Son nombre de maîtresses, la quantité de sang sur ses doigts puissants, l'oeil à la fois fou et calme qu'il afficherait s'il devait arriver au pire ? Il aurait pu répondre. Répondre que coucher n'est pas donner son coeur. Que des morts sont parfois nécessaires pour sauver des centaines de gens. Que la Nation prime sur soi-même et ceux qu'on aime. Mais elle semblait résolue pour le moment. Là où tout aurait été dit, on imposait une mi-temps douloureuse. Mille questions. Mais si peu posée.

Merci de me faire confiance. Et d'avoir écouté.


Il se pensait sincère. Il n'avait pas menti à Elizabeth, non. Mais pouvait-il affirmer qu'il ne s'était pas menti à lui-même ? En était-il certain ?

    « Je te demande pardon de t'avoir placé dans une telle situation. C'était indélicat de ma part. »

Il lui serra un peu plus la main.

Non, ne t'excuse pas.


Mais tout finissait par se rembourser. Elle avait eu droit à une première salve. Harlon avait bien droit à la sienne ? Un retour de faveur.

Voyons... quelles questions pourrais-je bien te poser à mon tour ?


Tant de questions. Enfants, amants, endroits préférés, éducation, un retour juste sur ce qu'elle même pensait de sa vie de jeune fille et de la préparation à être la numéro 2, qui devenait d'un coup Reine, ambitions, tout ceci. Pourtant...

Mais... pourquoi se précipiter ? J'ai toute la vie pour les poser.


Il prit son verre, et l'enjoignit à les tinter. Il ne voulait pas commencer à évoluer sur une pente savonneuse. Ne plus rien risquer pour ce soir.




Si les arkaniens abandonnaient, ce n'était pas le cas des Gardes Rouges. Leur matériel actuel ne leur permettant pas d'agir pleinement, il fallut prévenir le Capitaine, et faire acheminer ce qu'il fallait sur site. Le restaurant avait une baie vitrée assez large pour garder un oeil sur l'Empereur, sous un bon angle si on savait le repérer. Le toit d'un petit hôtel particulier faisait l'affaire. Un speeder banalisé passa bien vite près de la position d'un des hommes resté dans la rue, speeder qui lâcha un sac noir de sport devant lui. Il le prit avec vitesse et grimpa, assemblant un Fusil de Précision à silencieux et à lunette anti-reflet des Commandos spéciaux. Pas de Xeroll pour cette mission, mais ça irait bien. Un tireur garderait l'Empereur dans sa ligne de mire, balayant les environs proches pour vérifier que personne ne s'approchait trop près. L'autre posait des alarmes discrètes pour qu'on ne les prenne pas à revers.

Heureusement, la baie vitrée était un simple quadruple vitrage. Rien de blindé.




L'heure est trop tardive pour avoir un opéra, ou même quoi que ce soit... mais l'on pourrait réserver pour demain soir, qu'en dis-tu ?


Les discussions évasives ne lui convenaient pas. Il fallait du concret, de l'instructif, un échange réel. Quelque chose qui sorte tout le monde grandi. Peut-être, finalement, avait-il des questions à poser.

Il n'y a pas un endroit où tu aurais envie d'aller ? Quelque chose que tu aimerais faire ?
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