- sam. 21 juil. 2018 23:39
#33299
La réponse quant au cube l'intrigua au plus point, allant jusqu'à l'interroger du regard dans une interrogation des plus visibles. Que lui cachait-elle d'autre ? Et où ? Cette femme savait se faire désirer, elle et ses mystères. Il trouverait bien un moyen de la faire parler.
Par contre, elle ne partageait pas ses vues sur l'importance de son frère. Devait-il révéler ses sentiments à la belle jeune femme à présent ? Lui avouer cette jalousie naissante et ce sentiment qu'il était un excellent roi et que par conséquent Althar n'était qu'un illustre inconnu venu lui voler sa place sans compétence équivalente ? Peut-être pas. Peut-être devait-elle être épargnée de ces jérémiades et des pensées plus ou moins utiles que le Prince pouvait avoir en réfléchissait à tout ça. N'en restait pas moins que Loran disposait de nombreuses qualités, et qu'il semblait d'un calme à faire plier n'importe quel nelvaanien. Oui, peut-être que la figure spirituelle que représentait Zonr Geshar n'était pas celle qui lui était destinée. Peut-être serait-il panthéonisé pour toutes ses qualités et ses réussites, oui, parce qu'il est un homme capable de marquer un peuple. Son regard resta un instant sur la peinture tandis que la douloureuse pensée s'évanouissait lentement, chassée par d'autres croyances.
Ils s'en trouvaient toujours sur cette confrontation du rationnel face au mystique, au spirituel. Elle insistait, elle essayait de le convaincre, mais est-ce que de son propre aveu vis à vis de son frère ne venait-elle pas de prouver le contraire ? Que tout, ici, n'est affaire que de gens venus peindre une nuit toutes ces silhouettes, et qui un jour les ont montrés à des crédules ? Il avait envie de croire. Envie de l'écouter, de lui faire confiance. Mais n'était-ce pas se tromper que de croire en Helera, avant tout, et pas en la Grande Mère ? Ce qu'il avait ressenti n'avait pas de volonté. Ce qu'il avait perçu était plus ... indescriptible, moins dirigiste, moins évident. Elle était en train de le perdre, de le noyer sous des idées contradictoires, sous une volonté qui au final ne devrait pas être vue comme une entité, de ses propres mots, mais comme autre chose. Croire, oui, en sentant le froid des ses mains lui geler les idées. Elle veille mais ce n'est pas elle qui peindra la suite. Et forcément, s'accommoder d'une grotte devenue innaccessible parce que la plaque sismique bouge est plus facile que de ne pas utiliser le panthéon. Si les chamans ne vont pas jusque-là alors qui ? Tout cela le dépassait. Il n'était plus aussi sûr de ce qu'il croyait l'instant d'avant.
Un soupir. Oui, un regard d'enfant, plus de logique, tout lâcher ... C'était bien ça la solution. Rien comprendre, parce que rien ne l'est. Rien ne peut l'être comme ça. Ce n'est pas le but. Comme tout à l'heure, dans la hutte. Juste le ressentir. Cela lui ôtait un poids, par facilité, mais sa propre raison luttait encore un peu ... peut-être attendait-elle qu'il fasse le grand saut, elle aussi ?
Il se laissait tirer, encore. Quelques sujets de discussion, quelques tentatives pour se rassurer une dernière fois. Non, définitivement, peut-être était-il en train de trop réfléchir. C'était peut-être ça son problème, peut-être pour ça qu'elle s'était fachée et qu'elle remettait en cause leur relation, n'est-ce pas ? Elle allait le quitter parce qu'il était incapable de s’accommoder des choses les plus élémentaires de l'esprit nelvaan, et incapable de lâcher prise. Qu'est-ce qu'il deviendrait si elle le renvoyait chez lui ? Et leurs enfants ? Et leur idylle où il envisageait déjà sa vieille à leurs côtés ? Cela pouvait le faire pâlir, et même tourner de l'oeil. Cette extrémité ne serait pas atteindre, quand même, mais le vent soufflait sur l'édifice de sa confiance. Alors il combla le vide. En parlant. En essayant de pas penser à tout ça, en plaisantant dessus. Elle en ignora la plupart, mais peut-être bien que des deux il en était celui qui en avait le plus besoin. Pathétique. De quoi pouvait-il bien avoir peur, hein, dans tout ça ? A part de mourir, de ne plus jamais revoir la surface, de la voir le quitter, d'arriver là où elle le mène et que rien ne se passe parce qu'il est aussi banal qu'un bébé qui vient de naître ? Mériterait-elle une réponse ? Oh oui, croire, voilà tout ce qu'il lui restait. Se donner une fausse confiance, comme d'habitude, pour avancer. Jusqu'où ? Rencontrer quelqu'un qui n'existe pas. Logique.
Et puis on y voit rien ici. Et il y a des bruits bizarres. Et c'est moite. Y a plus de peinture. Ca fait peur. Et si il y a des bêtes ? Brrr.
Oui, il est ce qu'il est. Voilà, super, merci de reconnaître la médiocrité. Ses yeux cherchèrent la source de lumière, pour essayer de retrouver un peu de normalité dans tout ça, mais cela ne suffisait pas, surtout avec la marche sportive qu'elle lui imposait. Comme s'il n'y avait pas de danger ici ... Il en était presque à ruminer, maintenant ... Tout ça parce qu'il réfléchissait trop. Son humeur était passée par beaucoup trop d'étapes depuis ce matin, sûrement la fatigue était-elle en train de le pousser dans ses retranchements. Ils s'étaient enfin stoppés, au bord du précipice. Que voulait-elle, après tout ça ? Qu'y avait-il à voir ? Etait-ce le grand saut ? Il ne sut pas, ses lèvres étaient un bon moyen de lui faire oublier ses pensées et ses questions. Un baiser salvateur, apaisant, bienvenue. Un baiser qui n'aurait pas dû finir, presque, tellement la chaleur de sa compagne faisait du bien dans la froideur qui habitait le coeur de la montagne. Tout ça jusqu'à ... jusqu'à ...
Althar s'en rappellerait toujours, oui. Ce choc, cette sensation, ce désarroi total. La voir se reculer normalement, mettre fin à leur baiser aussi bon qu'il fut, et la voir chuter, dans le silence le plus total qui hantait le lieu. Le clapotis de l'eau, en contre-bas. La fine lumière qui perçait légèrement. L'espèce de brouillard dans lequel ils étaient noyés. Chaque élément, chaque détail du décor, tout serait marqué à jamais tellement son esprit s'imprégna de l'instant comme frappé par la foudre. Ce fut vif, terriblement vif, un coup sec, un coup au visage. Une seconde avant elle était là, dans ses bras, à l'embrasser, et la seconde d'après elle disparaissait devant lui. Tout se déroula avant une lenteur abominable, comme s'il fallait qu'il vive tous les stades de l'horreur avec précision. Bien sûr, ce ne fut pas le cas. Pas littéralement. C'est là ce que son esprit en retiendrait pour contenir la douleur vive qui battait dans sa poitrine en repensant à cet instant. Non, la vérité c'est que pour elle il était prêt à faire n'importe quoi. A tout abandonner. A prendre des décisions stupides. Oui, stupides, vous savez, celle où on ne réfléchit plus, où on agit par un coup de sang ou bien en suivant ses sentiments. C'est par exemple celle qui fait qu'au moment où vous voyez la femme de votre vie, celle avec qui vous voulez partager le restant de vos jours en train de tomber dans le vide, elle et la progéniture si prometteuse qu'elle abrite au creux de son ventre, vous sautez après elle. Comme dans les holofilms. Comme s'il y avait un moyen illusoire de la sauver en faisant ça, ou juste de vous épargner une vie à la pleurer parce qu'elle est morte et pas vous. Non, c'était bien plus intelligent de sauter sans se poser de question, pour une fois, la tête la première, et de paniquer en le réalisant trop tard. Mais quel idiot ... quel idiot amoureux ... Croire en la Grande Mère, ouais, ou pas du tout. Croire en Sainte Helera, surtout, oui, Déesse du futur, de l'intelligence et de la beauté. Pas le temps de réaliser qu'elle avait annoncée ce qu'elle ferait, ou que le son qu'ils entendaient indiqueraient pourquoi ils pouvaient se permettre de tomber dans le vide. Idiot amoureux aveugle.
Il fit un plat magistral, sans un cri, sans dignité, sans comprendre. Surtout ça, oui, sans comprendre. La chaleur soudaine fut presque brûlante contre a peau habituée au froid dans lesquels ils venaient de passer l'heure précédente. Cela remettait les idées en place, au moins. Il se redressa presque en panique, exagérément en considération la situation et la chute mimine qu'ils venaient de faire, mais il ne pouvait en être autrement.
Le cri partageait en lui la surprise, l'incompréhension et un peu de panique alors qu'il la cherchait du regard. Elle n'était pas loin, il n'aurait pas fallu grand chose pour qu'il lui tombe dessus accidentellement. Ils auraient eu l'air fin ... Sans allure ni facilité il accourut juqsu'à elle pour la prendre dans ses bras, son visage passant de l'inquiétude totale à une joie folle.
Il la secoua presque mais s'arrêta pour l'embrasser avec fougue, comme si c'était le seul moyen de s'assurer qu'elle était bien vivante. Ce ne fut pas long, juste assez pour être sûr que tout était ok. Ses mains passèrent en vitesse sur sa silhouette et ralentirent sur son ventre.
A vrai dire, le souffle lui manquait, maintenant qu'ils pouvaient s'en rendre compte.
De la satisfaction, et un long soupir. D'un mouvement pas beaucoup aidé par ses habits trempés il retira son manteau en peau de bête, noyé, pour le jeter vers ce qu'il pensait être la rive. Si elle était prête à continuer, lui en était à l'étape où il se jeta en arrière dans l'eau, éclaboussant tout ce qui se trouvait à sa proximité. Le têtan se laissa couler pour apprécier tous les bienfaits de cette eau chaude et le réconfort qu'elle offrait à son corps meurtri de froid. Il remonta comme un cadavre et reprit son souffle avec peine ...
Son coeur n'arrêtait pas de battre une chamade incontrôlable, et son esprit avait cessé de réfléchir. Le saut avait ses mérites, c'était bien vu. Planté jusqu'au menton au fond de l'eau, il se rapproche d'Helera et tira sur sa manche pour l'inciter à faire pareil que lui alors qu'il continuait à respirer à grandes inspirations.
Voilà comment on fait du moment le plus horrible de ces derniers mots un instant de joie.
Il secoua la tête pour s'ébrouer comme un animal avant de réajuster ses cheveux trempés en arrière, sans se défaire de son sourire. Le Prince avait l'air content, presque à en croire qu'il avait oublié tout le reste.
Un rire sincère sortit de sa bouche avant qu'il ne se rapproche de nouveau.
Ses mains tournoyèrent dans l'eau, sous le regard peiné sur grand idiot avant qu'il ne se décide à se redresser, révélant de nouveau ses abdos recouverts par le fin tissu du tee-shirt qui lui servait de vêtement. Un faux regard déterminé pouvait se lire sur lui, alors qu'il se décida finalement à remettre les mains sur Helera pour essayer de se serrer contre elle. Sortir de l'eau était retrouver la dureté du froid intense qui régnait à l'extérieur. Son corps aviat retrouvé une température interne décente et agréable, et son goût immodéré pour les douches brûlantes trahissait le fait qu'il était à présent dans son élément. Ce qui n'était pas le cas de la Grise, mais pour autant ne trouvait-elle aucun plaisir dans pareille situation ?
Trempés des pieds à la tête, l'exploration semblait compromise. Du moins, s'ils avaient été des gens ordinaires. Mais l'étaient-ils ? S'arrêterait-elle juste pour ça ? Malgré tous les effets néfastes de cette condition ? D'autant qu'en vérité, s'il avait été le premier à se redresser au lieu de lézarder au fond de l'eau, peut-être valait-il mieux qu'elle saisisse l'occasion. Le Prince avait l'air étrangement motivé. Ou en tout cas, il cachait bien qu'il l'était.
Il ne lui laissa pas le loisir de le contredire, de toute façon, sachant très bien qu'elle déclinerait toutes les envies plus ou moins saines qui lui venaient à l'esprit à présent, et que ses habits avaient grande peine à cacher. Ses mains chassèrent les dernières traces d'humidité de son propre visage avant d'essayer d'en faire de même chez la Grise et d'y lisser avec tendresses ses cheveux.
L'idée ne lui déplaisait pas. Mais maintenant qu'il était bel et bien revenu sur la terre ferme, au creux de la montagne, il n'était plus certain de rien. A part qu'il faudrait suivre Helera les yeux fermés, et la tenir serrée contre lui pour qu'elle arrête de sauter dans le vide.
Il se risqua à poser la question l'air de rien, innocemment, en essayant de distinguer où se trouvait le chemin qu'ils étaient censés suivre maintenant, trempés et avec des habits collants dont une peau de bantha qui ne sentait plus très bon. Une question somme toute noyée au milieu de tout le reste, et qui fut vite rattrapée par une dernière pointe d'inquiétude, même s'il affichait une confiance sereine depuis qu'ils étaient sortis de l'eau.
Peut-être qu'il n'était pas si confiant que ça. Boarf. Confiance ...
Par contre, elle ne partageait pas ses vues sur l'importance de son frère. Devait-il révéler ses sentiments à la belle jeune femme à présent ? Lui avouer cette jalousie naissante et ce sentiment qu'il était un excellent roi et que par conséquent Althar n'était qu'un illustre inconnu venu lui voler sa place sans compétence équivalente ? Peut-être pas. Peut-être devait-elle être épargnée de ces jérémiades et des pensées plus ou moins utiles que le Prince pouvait avoir en réfléchissait à tout ça. N'en restait pas moins que Loran disposait de nombreuses qualités, et qu'il semblait d'un calme à faire plier n'importe quel nelvaanien. Oui, peut-être que la figure spirituelle que représentait Zonr Geshar n'était pas celle qui lui était destinée. Peut-être serait-il panthéonisé pour toutes ses qualités et ses réussites, oui, parce qu'il est un homme capable de marquer un peuple. Son regard resta un instant sur la peinture tandis que la douloureuse pensée s'évanouissait lentement, chassée par d'autres croyances.
Ils s'en trouvaient toujours sur cette confrontation du rationnel face au mystique, au spirituel. Elle insistait, elle essayait de le convaincre, mais est-ce que de son propre aveu vis à vis de son frère ne venait-elle pas de prouver le contraire ? Que tout, ici, n'est affaire que de gens venus peindre une nuit toutes ces silhouettes, et qui un jour les ont montrés à des crédules ? Il avait envie de croire. Envie de l'écouter, de lui faire confiance. Mais n'était-ce pas se tromper que de croire en Helera, avant tout, et pas en la Grande Mère ? Ce qu'il avait ressenti n'avait pas de volonté. Ce qu'il avait perçu était plus ... indescriptible, moins dirigiste, moins évident. Elle était en train de le perdre, de le noyer sous des idées contradictoires, sous une volonté qui au final ne devrait pas être vue comme une entité, de ses propres mots, mais comme autre chose. Croire, oui, en sentant le froid des ses mains lui geler les idées. Elle veille mais ce n'est pas elle qui peindra la suite. Et forcément, s'accommoder d'une grotte devenue innaccessible parce que la plaque sismique bouge est plus facile que de ne pas utiliser le panthéon. Si les chamans ne vont pas jusque-là alors qui ? Tout cela le dépassait. Il n'était plus aussi sûr de ce qu'il croyait l'instant d'avant.
Un soupir. Oui, un regard d'enfant, plus de logique, tout lâcher ... C'était bien ça la solution. Rien comprendre, parce que rien ne l'est. Rien ne peut l'être comme ça. Ce n'est pas le but. Comme tout à l'heure, dans la hutte. Juste le ressentir. Cela lui ôtait un poids, par facilité, mais sa propre raison luttait encore un peu ... peut-être attendait-elle qu'il fasse le grand saut, elle aussi ?
Il se laissait tirer, encore. Quelques sujets de discussion, quelques tentatives pour se rassurer une dernière fois. Non, définitivement, peut-être était-il en train de trop réfléchir. C'était peut-être ça son problème, peut-être pour ça qu'elle s'était fachée et qu'elle remettait en cause leur relation, n'est-ce pas ? Elle allait le quitter parce qu'il était incapable de s’accommoder des choses les plus élémentaires de l'esprit nelvaan, et incapable de lâcher prise. Qu'est-ce qu'il deviendrait si elle le renvoyait chez lui ? Et leurs enfants ? Et leur idylle où il envisageait déjà sa vieille à leurs côtés ? Cela pouvait le faire pâlir, et même tourner de l'oeil. Cette extrémité ne serait pas atteindre, quand même, mais le vent soufflait sur l'édifice de sa confiance. Alors il combla le vide. En parlant. En essayant de pas penser à tout ça, en plaisantant dessus. Elle en ignora la plupart, mais peut-être bien que des deux il en était celui qui en avait le plus besoin. Pathétique. De quoi pouvait-il bien avoir peur, hein, dans tout ça ? A part de mourir, de ne plus jamais revoir la surface, de la voir le quitter, d'arriver là où elle le mène et que rien ne se passe parce qu'il est aussi banal qu'un bébé qui vient de naître ? Mériterait-elle une réponse ? Oh oui, croire, voilà tout ce qu'il lui restait. Se donner une fausse confiance, comme d'habitude, pour avancer. Jusqu'où ? Rencontrer quelqu'un qui n'existe pas. Logique.
Et puis on y voit rien ici. Et il y a des bruits bizarres. Et c'est moite. Y a plus de peinture. Ca fait peur. Et si il y a des bêtes ? Brrr.
Oui, il est ce qu'il est. Voilà, super, merci de reconnaître la médiocrité. Ses yeux cherchèrent la source de lumière, pour essayer de retrouver un peu de normalité dans tout ça, mais cela ne suffisait pas, surtout avec la marche sportive qu'elle lui imposait. Comme s'il n'y avait pas de danger ici ... Il en était presque à ruminer, maintenant ... Tout ça parce qu'il réfléchissait trop. Son humeur était passée par beaucoup trop d'étapes depuis ce matin, sûrement la fatigue était-elle en train de le pousser dans ses retranchements. Ils s'étaient enfin stoppés, au bord du précipice. Que voulait-elle, après tout ça ? Qu'y avait-il à voir ? Etait-ce le grand saut ? Il ne sut pas, ses lèvres étaient un bon moyen de lui faire oublier ses pensées et ses questions. Un baiser salvateur, apaisant, bienvenue. Un baiser qui n'aurait pas dû finir, presque, tellement la chaleur de sa compagne faisait du bien dans la froideur qui habitait le coeur de la montagne. Tout ça jusqu'à ... jusqu'à ...
Althar s'en rappellerait toujours, oui. Ce choc, cette sensation, ce désarroi total. La voir se reculer normalement, mettre fin à leur baiser aussi bon qu'il fut, et la voir chuter, dans le silence le plus total qui hantait le lieu. Le clapotis de l'eau, en contre-bas. La fine lumière qui perçait légèrement. L'espèce de brouillard dans lequel ils étaient noyés. Chaque élément, chaque détail du décor, tout serait marqué à jamais tellement son esprit s'imprégna de l'instant comme frappé par la foudre. Ce fut vif, terriblement vif, un coup sec, un coup au visage. Une seconde avant elle était là, dans ses bras, à l'embrasser, et la seconde d'après elle disparaissait devant lui. Tout se déroula avant une lenteur abominable, comme s'il fallait qu'il vive tous les stades de l'horreur avec précision. Bien sûr, ce ne fut pas le cas. Pas littéralement. C'est là ce que son esprit en retiendrait pour contenir la douleur vive qui battait dans sa poitrine en repensant à cet instant. Non, la vérité c'est que pour elle il était prêt à faire n'importe quoi. A tout abandonner. A prendre des décisions stupides. Oui, stupides, vous savez, celle où on ne réfléchit plus, où on agit par un coup de sang ou bien en suivant ses sentiments. C'est par exemple celle qui fait qu'au moment où vous voyez la femme de votre vie, celle avec qui vous voulez partager le restant de vos jours en train de tomber dans le vide, elle et la progéniture si prometteuse qu'elle abrite au creux de son ventre, vous sautez après elle. Comme dans les holofilms. Comme s'il y avait un moyen illusoire de la sauver en faisant ça, ou juste de vous épargner une vie à la pleurer parce qu'elle est morte et pas vous. Non, c'était bien plus intelligent de sauter sans se poser de question, pour une fois, la tête la première, et de paniquer en le réalisant trop tard. Mais quel idiot ... quel idiot amoureux ... Croire en la Grande Mère, ouais, ou pas du tout. Croire en Sainte Helera, surtout, oui, Déesse du futur, de l'intelligence et de la beauté. Pas le temps de réaliser qu'elle avait annoncée ce qu'elle ferait, ou que le son qu'ils entendaient indiqueraient pourquoi ils pouvaient se permettre de tomber dans le vide. Idiot amoureux aveugle.
Il fit un plat magistral, sans un cri, sans dignité, sans comprendre. Surtout ça, oui, sans comprendre. La chaleur soudaine fut presque brûlante contre a peau habituée au froid dans lesquels ils venaient de passer l'heure précédente. Cela remettait les idées en place, au moins. Il se redressa presque en panique, exagérément en considération la situation et la chute mimine qu'ils venaient de faire, mais il ne pouvait en être autrement.
- « OUUUUAAAAAAAAAHHHHH ! »
Le cri partageait en lui la surprise, l'incompréhension et un peu de panique alors qu'il la cherchait du regard. Elle n'était pas loin, il n'aurait pas fallu grand chose pour qu'il lui tombe dessus accidentellement. Ils auraient eu l'air fin ... Sans allure ni facilité il accourut juqsu'à elle pour la prendre dans ses bras, son visage passant de l'inquiétude totale à une joie folle.
- « Helera ... HELERAAAA ! »
Il la secoua presque mais s'arrêta pour l'embrasser avec fougue, comme si c'était le seul moyen de s'assurer qu'elle était bien vivante. Ce ne fut pas long, juste assez pour être sûr que tout était ok. Ses mains passèrent en vitesse sur sa silhouette et ralentirent sur son ventre.
- « Helera ... »
A vrai dire, le souffle lui manquait, maintenant qu'ils pouvaient s'en rendre compte.
- « Oooouuuuuuuaaaaaaahhhhh ... »
De la satisfaction, et un long soupir. D'un mouvement pas beaucoup aidé par ses habits trempés il retira son manteau en peau de bête, noyé, pour le jeter vers ce qu'il pensait être la rive. Si elle était prête à continuer, lui en était à l'étape où il se jeta en arrière dans l'eau, éclaboussant tout ce qui se trouvait à sa proximité. Le têtan se laissa couler pour apprécier tous les bienfaits de cette eau chaude et le réconfort qu'elle offrait à son corps meurtri de froid. Il remonta comme un cadavre et reprit son souffle avec peine ...
- « Ouuaah ... »
Son coeur n'arrêtait pas de battre une chamade incontrôlable, et son esprit avait cessé de réfléchir. Le saut avait ses mérites, c'était bien vu. Planté jusqu'au menton au fond de l'eau, il se rapproche d'Helera et tira sur sa manche pour l'inciter à faire pareil que lui alors qu'il continuait à respirer à grandes inspirations.
- « Woah ... C'est ... t'es ... »
Voilà comment on fait du moment le plus horrible de ces derniers mots un instant de joie.
- « Et ... pffiou ... Lera ... »
Il secoua la tête pour s'ébrouer comme un animal avant de réajuster ses cheveux trempés en arrière, sans se défaire de son sourire. Le Prince avait l'air content, presque à en croire qu'il avait oublié tout le reste.
- « Une piscine souterraine sous le chateau ... Même chez moi j'ai pas ça ... Splendide ! »
Un rire sincère sortit de sa bouche avant qu'il ne se rapproche de nouveau.
- « J'imagine que tu sais comment sortir d'ici ... Est-ce que ... est-ce qu'il faudra grimper la paroi ? Je t'avoue que ... je suis pas forcément très en forme ... mais .. je te fais confiance hein, je t'ai toujours fait confiance, tu le sais, t'es ma Lera, la fille en qui je peux avoir tout le temps confiance hein ... » Le reste fut dit un peu plus bas, presque en murmurant. « Mais on continue de s'éloigner du chateau ... et maintenant on est au fond d'une grotte ... »
Ses mains tournoyèrent dans l'eau, sous le regard peiné sur grand idiot avant qu'il ne se décide à se redresser, révélant de nouveau ses abdos recouverts par le fin tissu du tee-shirt qui lui servait de vêtement. Un faux regard déterminé pouvait se lire sur lui, alors qu'il se décida finalement à remettre les mains sur Helera pour essayer de se serrer contre elle. Sortir de l'eau était retrouver la dureté du froid intense qui régnait à l'extérieur. Son corps aviat retrouvé une température interne décente et agréable, et son goût immodéré pour les douches brûlantes trahissait le fait qu'il était à présent dans son élément. Ce qui n'était pas le cas de la Grise, mais pour autant ne trouvait-elle aucun plaisir dans pareille situation ?
- « Le grand saut ... Pas mal ... pas mal ... Et maintenant ? »
Trempés des pieds à la tête, l'exploration semblait compromise. Du moins, s'ils avaient été des gens ordinaires. Mais l'étaient-ils ? S'arrêterait-elle juste pour ça ? Malgré tous les effets néfastes de cette condition ? D'autant qu'en vérité, s'il avait été le premier à se redresser au lieu de lézarder au fond de l'eau, peut-être valait-il mieux qu'elle saisisse l'occasion. Le Prince avait l'air étrangement motivé. Ou en tout cas, il cachait bien qu'il l'était.
- « On pourrait profiter de notre premier bain tous les deux ... pour découvrir notre ... Force commune ... Hmmm ... Ca doit pas être la volonté de la Grande Mère cela dit ... Peut-être que c'est la mienne, mais c'est un mystère auquel nous ne devrions pas nous intéresser au risque de mettre en péril notre aventure, Demoiselle Kor'rial. »
Il ne lui laissa pas le loisir de le contredire, de toute façon, sachant très bien qu'elle déclinerait toutes les envies plus ou moins saines qui lui venaient à l'esprit à présent, et que ses habits avaient grande peine à cacher. Ses mains chassèrent les dernières traces d'humidité de son propre visage avant d'essayer d'en faire de même chez la Grise et d'y lisser avec tendresses ses cheveux.
- « Je suis prêt à croire en la Grande Mère. Il fallait juste un peu d'eau, tu vois, comme dans les religions bizarres là où ils te lavent sous prétexte de je ne sais quoi ... Je suis prêt à re-sauter dans l'eau, et à voir l'invisible ! Enfin ... je crois ... Mais pas de trop haut non plus hein ? Imagines si on doit se porter mutuellement pour rentrer après ... Bon alors, le reste est englouti ? Est-ce qu'il faut qu'on se déshabille du coup ? »
L'idée ne lui déplaisait pas. Mais maintenant qu'il était bel et bien revenu sur la terre ferme, au creux de la montagne, il n'était plus certain de rien. A part qu'il faudrait suivre Helera les yeux fermés, et la tenir serrée contre lui pour qu'elle arrête de sauter dans le vide.
- « Qu'allons-nous voir aussi profondément dans la montagne à présent, Lera ? »
Il se risqua à poser la question l'air de rien, innocemment, en essayant de distinguer où se trouvait le chemin qu'ils étaient censés suivre maintenant, trempés et avec des habits collants dont une peau de bantha qui ne sentait plus très bon. Une question somme toute noyée au milieu de tout le reste, et qui fut vite rattrapée par une dernière pointe d'inquiétude, même s'il affichait une confiance sereine depuis qu'ils étaient sortis de l'eau.
- « Dis ... tu me le dirais si y a d'autres trucs hein ? Ouais de toute façon t'as raison, on peut faire sans lumière, la Grande Mère a tout prévu ... Ouais ... Ouais ! Ouais ... » Un dernier murmure. « Je t'aime ... »
Peut-être qu'il n'était pas si confiant que ça. Boarf. Confiance ...
Rhedatt Fanrel // Althar Fanrel Keto
Famille Royale d'Impératrice Têta - Héritier éternel.
Famille Royale d'Impératrice Têta - Héritier éternel.