- ven. 19 oct. 2018 07:51
#34111
Elle ne comprenait pas, où ne voyait pas. Le voile opaque qui était tombé sur leur famille les séparait peu à peu. Bientôt, il n’y aurait plus rien d’autre que deux inconnues. Jeny sentait cette fin inéluctable arriver. La fin des Mikerley. Cette famille avait-elle eu un début ? Il y avait eu 10 ans pendant lesquels ils avaient été une famille. Mais … Après réflexion, Jeny se demandait si toute la famille n’était pas morte ce jour-là, sur cette même planète. Tués, assassinés par l’empire. Brutalisés par les tirs incessants des destroyers. Peut-être que la réalité était bien pire que ce que les apparences traduisaient. Jeny sentit sa sœur déstabilisée par sa déclaration, plus que ce qu’elle avait pensé, que ce qu’elle avait prévu. Elle se mordit les lèvres, tant son petit cœur en fut atteint. Un pincement au fond de son organes qui lui enserra l’estomac et lui bloqua la gorge. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas eu ce phénomène, les remords.
C’était comme prendre une grande bouffée d’air frais, et de sentir tout son parcours à travers la trachée et les poumons.
« Je ne vais pas partir. Enfin … Pas physiquement. Mais je sens mon esprit qui s’éloigne petit à petit de la raison. J’ai … une faim en moi … insatiable. J’ai besoin de sang, de tuer … De chasser. Je ne veux pas te mêler à ça. »
De son autre main, elle caressa le dos de celle d’Alayna, le regard concentré sur son geste, ressentant en même temps tous les bienfaits de ce contact. Ou d’un contact humain, plus généralement. Il fallait lui expliquer. Mais quel mot utiliser ? Voulait-elle revivre ce moment ? Non. Bien sûr que non. Le nier n’avait pas servi à autre chose que cultiver sa rage. Jeny dégaina sa dague, un vieux couteau usé par le temps et les coups, sans rien d’important à noter. Elle l’y plaça dans la main de sa sœur lentement.
« Il y avait cette dague, au commencement. Un hangar, ou un entrepôt désaffecté. Des gros luminaires en éclairaient la rue adjacente. Il faisait nuit noire. J’étais en manque de drogue et je cherchais à m’approvisionner. Je suis allé dedans. Il y avait des gravats sur le sol, du verre brisé, des … des choses. »
Sa main qui enserrait la main d’Alayna, elle-même enserrant la dague, assura son étreinte, tandis qu’elle partait dans les songes d’un passé violent.
« Je pensais trouver de quoi passer quelques jours de plus et … Enfin je ne sais pas. J’étais défoncée, toute seule. Je me rappelle avoir froid, j’avais des marques sur tout le corps … »
Silence.
« Je suis allée à l’étage du bâtiment. Il y avait … deux … silhouettes, deux … »
Sa voix commença à trembler, son cœur à accélérer. Les mots devenaient de plus en plus difficiles à prononcer. Si aujourd’hui elle ne ressentait plus rien, toutes les sensations de l’époque restaient gravées dans le derme de sa peau.
« J’étais par terre. Je sentais … le verre dans ma peau, dans mes doigts. Je ne sentais plus mes doigts. La dague m’a coupée, les flancs, les cuisses et … Elle s’est … s’est … enfoncée… »
Les mains tremblantes, elle tourna lentement la dague dans les mains de sa sœur vers elle, vers ses cuisses, vers son intimité. Elle avait envie de vomir rien que de repenser à ces évènements. Elle avait tout nié et dissimulé dans sa tête des mois et des semaines. Nier pour continuer à vivre. Mais … elle était déjà morte à ce moment-là.
« Je suis morte ce jour-là. Déchirée dans mon corps et au plus profond de mon âme. »
Jeny jeta un bref regard à sa sœur et détourna les yeux. Elle se sépara du contact avec sa sœur et lui laissa la dague dans les mains. De son avant-bras, elle effaça la trace des larmes silencieuses qui parcouraient son visage.
« Je les ai tués, mangé. Tous les deux. Je les ai anéanties. J’ai volé leur vie, Alayna, grâce à l’obscurité. J’ai … J’ai pris leur souffle, pour me reconstruire. »
Elle se releva encore, n’arrivant pas à rester statique. Jeny tournait le dos à Alayna, regardant dans les jardins.
« J’ai retrouvé Gan’or, je l’ai tué, lui et ses gardes. J’ai mis fin à la guerre contre les Hutts. J’ai tué les forces de l’ordre, j’ai tué les passants qui regardaient. Je les ai tous tué sur Shaddaa. »
Son aura noircissait et l’ombre ressortait progressivement de son corps, s’illuminant aux grés de ses émotions, devenant de plus en plus forte.
« J’ai tué le chef des pirates, Drake Stark. J’ai détruit l’Ordre Gris et le Lien. L’as-tu ressenti petite sœur ? C’était moi. J’ai détruit les gris … »
Elle se retourna vers elle une ultime fois, tandis que ses yeux rouges n’étaient plus que noir. Aussi noirs que la nuit, aussi opaque que la matière. Son corps fumait, l’ombre brûlait.
« Vois ce que je suis devenue. Ils ont pris ma vie ! Est-ce que c’est de ça que tu veux être la sœur ? Tu es l’ange de la justice et de la lumière, je suis le chevalier de la mort… »
C’était comme prendre une grande bouffée d’air frais, et de sentir tout son parcours à travers la trachée et les poumons.
« Je ne vais pas partir. Enfin … Pas physiquement. Mais je sens mon esprit qui s’éloigne petit à petit de la raison. J’ai … une faim en moi … insatiable. J’ai besoin de sang, de tuer … De chasser. Je ne veux pas te mêler à ça. »
De son autre main, elle caressa le dos de celle d’Alayna, le regard concentré sur son geste, ressentant en même temps tous les bienfaits de ce contact. Ou d’un contact humain, plus généralement. Il fallait lui expliquer. Mais quel mot utiliser ? Voulait-elle revivre ce moment ? Non. Bien sûr que non. Le nier n’avait pas servi à autre chose que cultiver sa rage. Jeny dégaina sa dague, un vieux couteau usé par le temps et les coups, sans rien d’important à noter. Elle l’y plaça dans la main de sa sœur lentement.
« Il y avait cette dague, au commencement. Un hangar, ou un entrepôt désaffecté. Des gros luminaires en éclairaient la rue adjacente. Il faisait nuit noire. J’étais en manque de drogue et je cherchais à m’approvisionner. Je suis allé dedans. Il y avait des gravats sur le sol, du verre brisé, des … des choses. »
Sa main qui enserrait la main d’Alayna, elle-même enserrant la dague, assura son étreinte, tandis qu’elle partait dans les songes d’un passé violent.
« Je pensais trouver de quoi passer quelques jours de plus et … Enfin je ne sais pas. J’étais défoncée, toute seule. Je me rappelle avoir froid, j’avais des marques sur tout le corps … »
Silence.
« Je suis allée à l’étage du bâtiment. Il y avait … deux … silhouettes, deux … »
Sa voix commença à trembler, son cœur à accélérer. Les mots devenaient de plus en plus difficiles à prononcer. Si aujourd’hui elle ne ressentait plus rien, toutes les sensations de l’époque restaient gravées dans le derme de sa peau.
« J’étais par terre. Je sentais … le verre dans ma peau, dans mes doigts. Je ne sentais plus mes doigts. La dague m’a coupée, les flancs, les cuisses et … Elle s’est … s’est … enfoncée… »
Les mains tremblantes, elle tourna lentement la dague dans les mains de sa sœur vers elle, vers ses cuisses, vers son intimité. Elle avait envie de vomir rien que de repenser à ces évènements. Elle avait tout nié et dissimulé dans sa tête des mois et des semaines. Nier pour continuer à vivre. Mais … elle était déjà morte à ce moment-là.
« Je suis morte ce jour-là. Déchirée dans mon corps et au plus profond de mon âme. »
Jeny jeta un bref regard à sa sœur et détourna les yeux. Elle se sépara du contact avec sa sœur et lui laissa la dague dans les mains. De son avant-bras, elle effaça la trace des larmes silencieuses qui parcouraient son visage.
« Je les ai tués, mangé. Tous les deux. Je les ai anéanties. J’ai volé leur vie, Alayna, grâce à l’obscurité. J’ai … J’ai pris leur souffle, pour me reconstruire. »
Elle se releva encore, n’arrivant pas à rester statique. Jeny tournait le dos à Alayna, regardant dans les jardins.
« J’ai retrouvé Gan’or, je l’ai tué, lui et ses gardes. J’ai mis fin à la guerre contre les Hutts. J’ai tué les forces de l’ordre, j’ai tué les passants qui regardaient. Je les ai tous tué sur Shaddaa. »
Son aura noircissait et l’ombre ressortait progressivement de son corps, s’illuminant aux grés de ses émotions, devenant de plus en plus forte.
« J’ai tué le chef des pirates, Drake Stark. J’ai détruit l’Ordre Gris et le Lien. L’as-tu ressenti petite sœur ? C’était moi. J’ai détruit les gris … »
Elle se retourna vers elle une ultime fois, tandis que ses yeux rouges n’étaient plus que noir. Aussi noirs que la nuit, aussi opaque que la matière. Son corps fumait, l’ombre brûlait.
« Vois ce que je suis devenue. Ils ont pris ma vie ! Est-ce que c’est de ça que tu veux être la sœur ? Tu es l’ange de la justice et de la lumière, je suis le chevalier de la mort… »