- mer. 2 janv. 2019 16:33
#34687
Prologue
Le temple dressé sur la colline. La pluie battante de l'hiver. L'herbe haute et verte avant la sécheresse. Les pierres tombales. Et un millier de fantômes. Un millier de regards braqués sur elle. Et le regard de Mya courant entre les rangs. Elle vit chacun de leur visage, chacune de leur tristesse. Tous debout. Un pour chaque pierre. Sauf une. Le regard de la Mirialan tomba sur cette pierre esseulée, abandonnée par son fantôme, il se posa sur l’épitaphe qui n'était qu'un mot, un prénom.
La Sith se réveilla en sursaut, se redressa dans son lit. Elle n'eut pas le temps de prendre la mesure de son inconfort, principalement dû à la sueur qui trempait sa chemise. Ce regard qui tombait sur la pierre, s’ouvrit sur la chambre, au centre de laquelle se tenait la silhouette. Tout de noir vêtue, une large capuche rabattue sur son visage. Mya ne retint pas son cri, qui mourut à peine eut-il franchi ses lèvres. Sa main vint à sa gorge, enserrer le caillou poli du désert mirialan. Elle put voir son visage, elle qui était si loin et si proche à la fois. Elle put voir ses yeux qui n'avaient pourtant aucun éclat. Dans l’obscurité de la chambre, elle voyait tout, ne voyait rien.
La main qui se posa avec douceur sur l'épaule de la Dame la tira du mauvais rêve. Le temps d'un battement de cil, la pauvre Isabo se trouva contrainte, plaquée contre le mur, couteau sous la gorge.
- Mya …
La Sith lâcha prise. Ce n'était qu'Isabo. Son regard parcourut la pièce plongée dans la pénombre.
- « Qu'est ce qu'il y a ? »
La réponse ne vint pas. Elle se tourna vers l'Humaine.
- Tu as fait un cauchemar …
« Encore en train d'espionner ? »
La jeune femme acquiesça d'un signe de tête.
- « Je dois retourner sur Mirial. Ça ne peut plus attendre. »
Elle ne pouvait l'avouer, mais Ranath se laissait malmener par cette ombre depuis déjà trop longtemps. Elle l'avait fui. Sans succès. Puis cherchée. Sans plus de succès. Finalement, c'était toujours elle qui décidait quand se montrer. Précisément comme un maître qui décidait quand convoquer son apprentie.
Dans le bureau, Isabo avait installé le dispositif de communication. Il servait peu. Il y avait des chances que la réception en fut mauvaise. Mais cela ne pouvait plus attendre, Ranath l'avait dit. Quand tout fut prêt, le Maître adressa un sourire froid à la Comtesse.
- « Laisse-moi. »
Et sans un mot, sans une pensée, l'Humaine sortit. La Dame enregistra son message.
- « Varadesh. Depuis des mois nous oeuvrons chacune pour la croissance de l'ordre. Il est temps que je te fasse part de nos avancées. Et il est temps que tu me fasses un rapport détaillé de tes dernières missions. Retrouve-moi sur Dargul dès que possible. Suis les instructions que je t'envoie. A bientôt. »
Restait à attendre. Et l'attente fut longue. D'autant plus longue que la Sith n'occupa son temps qu'à attendre. Son Apprentie l'obnubilait. Quand enfin le speeder envoyé chercher Varadesh à l'astroport s'arrêta devant le manoir, le calvaire prit fin. Un autre commençait aussitôt. La Pantoran passa la porte, refermée par Isabo qui tentait de se faire la plus discrète possible. Le Maître attendait dans l’entrée, vêtue d'une robe anthracite qui épousait ses courbes sans incommoder les moeurs mirialans, des Jedi mirialans. Elle tendit les mains pour serrer doucement celles de son apprentie.
- « Comment vas-tu ? »
Et avant que la question ne fut posée, introduisit l’Humaine.
- « Je te présente Isabo Daerenth, Comtesse de son titre, mais avant tout une amie. »
La concernée salua en silence. Elle n'osait pas parler, et pas encore penser. Mais son esprit déjà cherchait le contact de celui de l'Apprentie.
Ranath revint à la Pantoran.
- « Viens. »
Les deux femmes s'isolèrent dans un salon en rez de jardin.
- « Installe-toi. Tu veux boire ou manger quelque chose ? »
Elle serait servie.
La Mirialan vint s'asseoir en face de son élève.
- « Parle-moi de Thule. Comment est-ce ?
Et Jeny ? »
Le regard d’or de la Sith courait sur la peau céruléenne, cette seule couleur lui avait tant manqué. Et la mélancolie que déclencha le timbre de voix de la Pantoran fit regretter à Ranath nombre de ses choix, dont certains que l’apprentie n’avait pas manqué de contester bien en amont, sans même en avoir conscience. Varadesh avait toute l’attention de son maître.