- lun. 4 févr. 2019 15:40
#35045
Ironie du sort
Il y avait eu cet affrontement sur Mirial. Les trois créatures s’étaient dressées face à Ranath, surréalistes. Parmi elles, la silhouette. Tout cela avait été si soudain, et si surprenant, qu’on l’aurait dit sorti tout droit d’une imagination délirante. La Sith s’interrogeait. Pouvait-elle créer ces choses ? Était-il une illusion si puissante qu’on put la toucher ? L’on racontait que cela pouvait exister. Mais elle, en était-elle capable ? La raison voulait que non. Alors, quelqu’un, quelque chose se jouait d’elle. Et depuis longtemps, trop longtemps. Le bilan était simple. L’Ordre avait de nombreux adversaires, mais le Maître peu d’ennemis avérés. Il fallait que ce quelqu’un eut connaissance de l’existence de Ranath. Non, pire. De Mya. Ce quelqu’un connaissait Mya. Un Tellis, un Thran, un Jedi. Cette piste plut dans un premier temps à la Dame Sombre. Il était quelqu’un, un survivant, pouvant la contacter, suivant ses faits, et à qui elle avait promis la mort. Une mort lente. Par les viscères, avait-elle précisé. Le conflit qui les opposait n’avait que trop duré. Elle se rendrait sur Taris, et elle le tuerait, comme promis.
Vêtue comme une rôdeuse, ne s’armant que d’un sabre et d’une dague, la Sith avait, comme à l’accoutumée, tout abandonné sur Dargul. Victime de paranoïa, elle n’utilisait même plus son vaisseau. Le voyage serait un rapide aller et retour. Elle l’éventrerait, de bas en haut. Elle n’avait même pas la prétention de lui soutirer quelque information. La vengeance, pure et simple. Quand le cargo se posa sur Taris, Ranath ressentit tout d’abord monter à son coeur un souvenir aussi chaleureux que malheureux. La pensée du Zabrak n’était jamais entière, toujours teintée d’une tristesse qu’elle n’expliquait pas encore. Mais rien n’entamait sa conviction. Elle ne pouvait se soustraire à l’obligation de sa besogne. Il devait mourir, comme un chien, comme l’ennemi d’un Sith. Le chemin était tout tracé, la Dame Sombre le suivit. Et au bout de la file des voyageurs qui voulaient entrer sur le territoire de Taris, se dressait la première épreuve. La Mirialan en prit connaissance en amont, projetant son esprit devant elle. Ici, l’Empire. Ici, un pauvre Humain fatigué. Un esprit simple qu’on persuada d’une pensée et d’une poignée suffisante de crédits. Hors de question de se soumettre au contrôle.
Darth Ranath savait où aller. Elle n’avait suivi l’itinéraire que deux fois, pourtant, ses pas la guidaient sans une hésitation. Sous terre, dans cet immeuble, ce terrier miteux, se cachait sa proie. Facile de monter les étages. Facile de pénétrer dans l’appartement. Facile de trouver la cachette. Mais il n’y avait plus personne. Pourtant, il avait été là. Là, elle avait pris son sabre, là elle lui avait dit adieu, de là il l’avait contactée. Et maintenant … une pile de vêtements sur le lit, un vieux datapad, un verre vide. Le vieil homme n’était plus là. Ranath tira son sabre par instinct, et son senseur crânien lui souffla prudence.
- « Il est mort. »
La Mirialan pivota d’un bloc.
- « Imril ? »
L’enfant avait bien grandi. Ses yeux étaient devenus si clairs, et ses cheveux avaient conservé leur blondeur insolente.
- « Keijin est mort. »
Il portait une tunique délavée qui avait dû être verte un jour et un long manteau gris.
- « Qu’est-ce que tu fais là ?
- Et toi ?
- Je voulais voir Alek.
- Le tuer. »
Un rictus haineux tordit la bouche de l’enfant. Non, ce n’était plus un enfant.
- « Tu n’auras pas ta vengeance. »
La colère emporta soudain Ranath.
- « Que fais-tu ici ?! »
La lame rubis rugit avec force et s’abattit sur l’Humain, lui-même parant d’une lame saphir. Il repoussa l’assaillante et se mit en garde.
- « Je t’attendais. »
Il attaqua à son tour, provoquant un nouveau choc énergétique.
- « Il savait que tu viendrais ici. J’attends depuis des jours. »
La Sith dégagea la ligne et prit de la distance.
- « Je te pensais mort.
- C’est tout comme. Tu m’as abandonné ! »
Nouvelle charge.
- « Il m’aurait tuée ! »
Nouvelle prise de fer.
- « ASSEZ ! »
Imril libéra sa lame, et reculant d’un pas, chassa pour éloigner Ranath. Le saphir vrombit rageusement, taillant la joue de son ennemie qui battit en retraite avec surprise. L’Humain se redressa, constatant l’offensive terminée.
- « Tu es son apprenti. Non, sur Korriban, ce n’était pas toi.
- Sur Korriban, c’était mon apprenti. »
La vérité foudroya Ranath. Resserrant son emprise sur la poignée de son sabre, elle s’empressa de poser sa question.
- « Tsadqielle est toujours en vie ? »
L’autre parut surpris.
- « Qui donc ? »
Un sourire dédaigneux éclaira son visage. Il savait. Ranath était persuadée qu’il savait.
- « Où est-elle ?! »
Mais il armait déjà une nouvelle attaque. Un Djem So parfaitement maîtrisé. La Mirialan comprit alors. L’histoire se répétait. Les apprentis marchaient dans les pas de leur maître. Morelion, Krayt, et tous les autres n’avaient rien changé. Il n’y avait qu’un maître, il avait transmis sa mission, elle était inscrite au fond d’une mémoire ignorée. La lame saphir frôla de nouveau la peau d’émeraude, réchauffant dangereusement la nuque de la Dame Sombre. Il n’était pas plus fort, mais il avait pour lui la vérité. Elle jura entre ses dents, contrant de peu l’estoc qui fondit sur elle. Momentanément, il la surpassait. Non, il n’était pas plus fort. La haine inspira soudainement la Sith. Avec un cri de rage, elle reprit l’ascendant, parant, balayant et fendant. Mais Imril n’avait que trop bien préparé son coup, et alors qu’elle allait lui trancher la gorge, il se faufila hors de sa portée, et disparut.
La pièce était vide. Froide. Morte. Il était parti. Lui, la vérité, la vengeance, envolés. Il n’y avait plus que de la colère. Et … et …
Tout près.
Tu as trouvé ?
Ce que Ranath ignorait, c’était le piège tendu par l’apprenti d’Alek. Leur échange n’avait duré qu’une poignée de minutes. Un Jedi, je crois, avait-il dit. Avec cette arme, là, qui fait de la lumière, avait-il ajouté. Il l’avait retenue un peu, et il avait filé. Tandis que lui se faisait discret, elle enrageait. Trop préoccupée pour se cacher. Une Mirialan, pas de tatouages. Et puis il y avait l’autre, elle était revenue, elle n’arrêtait pas. La Sith ne vit pas venir le danger, perdue dans ses souvenirs, dans le passé. L’adresse ? Oui, attendez. L’Empire serait ravi de trouver là une sensitive menaçante.