L'Astre Tyran

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By Jeny Mikerley
#35238
Il y avait l’appréhension, en tout premier lieu. La persuasion que l’avenir était funeste, noir. L’appréhension qu’il lui arrive quelque chose, que son identité soit touchée, qu’elle disparaisse. Cela était mêlé à l’excitation, l’adrénaline, qui offrait à son corps des capacités surhumaines. Qui donnait à ses muscles la force et à son cerveau la rapidité d’analyse. Cela contribuait à la garder toujours active, toujours prête à affronter le danger. Il y avait également la faim qui intervenait, comme une pression intérieure qu’elle s’infligeait et qui avait creusé en son sein le sillon de son existence. La faim qui l’avait poussé à dévorer tout le monde sur ce vaisseau. Les humains, les aliens, tout. Les morts vivaient des moments beaucoup plus doux que les vivants. Les vivants cultivaient leurs échecs passés et vivaient avec. Le flash qui s’était suivi était la dernière chose dont elle se souvenait. Une lumière incandescente, magnifique, attrayante. Une douce chaleur qui se répandait sur son corps, qui l’enveloppait. Quelques visages, des mèches blondes, une peau bleue et verte, des yeux océans. L’impression de déjà vu, les sentiments qui allaient avec. Amour, haine, passion. Tout ce qui régissait sa vie désormais. Tout ce qui comptait et qui constituait son moteur. Au-delà de cela, c’était le vide. Plus rien.

La lumière au bout du vaisseau qu’elle apercevait, étincelante mais pas aveuglante. Réconfortante. Elle voulut y aller, trouver le repos que cette étoile lui procurerait. Convaincue, persuadée que cela allait enfin finir. Que le calvaire prendrait la forme d’un songe et que sa vie consumée serait définitivement oublié. Du bout des doigts, elle put toucher sa splendeur, sa richesse géométrique, psychique. Du bout des doigts seulement. Le malaise qui s’installa coupa court à tous ses sentiments. L’étoile étincelante mourut lentement sur elle-même, pour ne laisser que le noir, le vide, métaphore de sa vie. De ce malaise qui avait pris naissance, il y eut la douleur. Intense douleur dans tous son corps. Pas un organe épargné, pas un seul centimètre de peau qui ne clamait pas le repos. Tout se passa de manière irréaliste, coupé du temps. Des bruits mécaniques, une visseuse, une scie. Des cris de douleur, des cris de clémence. L’augure du trépas qui se relevait, accompagnée par la mort elle-même. Par-dessus son épaule fictive, elle la sentit, toute proche, qui lui murmurait à l’oreille des paroles apocalyptiques, prémonitoire de son destin.

La haine et la colère prirent place dans cet enchaînement tempétueux. La douleur comme moteur, brûlure, fracture, ecchymose. Le souffle coupé. L’ombre qui à ses côtés l’enveloppait, chatoyante compagnon du malheur. Elle ouvrit les yeux subitement, son entourage se figea. La douleur, encore et toujours et cette fumée qui emplissait son esprit. Bras et jambe lié, incapables de bouger, brûlées, décharnée. Du sang, partout. Des corps qui gisaient là, d’autres qui se protégeaient de leurs mains. Et sa respiration, synthétique. Jeny ne comprit pas, se demanda. Son corps hurlait, son esprit pleurait. Tout son être semblait mort, seulement tenue par la haine et la colère en elle. L’ombre l’enveloppait toujours, la gardait, lui promulguant la négativité dont elle avait besoin. Il y avait en elle une sorte de deuxième cœur, une colère sourde, une haine profonde. Envers quoi ? Envers la vie. Une haine si intense et si générale qui faisait bouillir le sang si difficilement maintenu dans son corps. Envers tout et tous. Envers elle, envers l’ombre, envers la lumière. Cette haine si puissante, qu’elle avait interdiction de mourir.

« Madame, on veut vous soigner ! »

« Chef, réveillez-vous. Jeny ! »

Son regard écarlate se tourna vers le jeune garçon, vers l’homme en blouse. Pourquoi ne les voyait-elle pas convenablement ? Pourquoi sa vision était troublé, artificielle. Elle essaya de se relever, en vain. Son corps hurla de nouveau, elle hurla avec, d’une voix qui n’était pas la sienne. L’ombre se déversa dans la pièce, écrasèrent les derniers faisceaux lumineux, tapissèrent les murs de griffures, de sillons de colère. Les sangles lâchèrent sous ce déchainement, une à une. Tout redevint calme.

« Qu’est … qu’est ce que vous m’avez fait ?! »

« On vous a ramené, vous avez été prise dans une explosion. Le vaisseau républicain, vous vous en souvenez ? Il y a eu un accident, on n’est pas arrivé à ramener tout le monde. Vous avez été pris dans la déflagration mais on vous a quand même porté. »

Sa main, la sienne, tremblante, se releva doucement. Pourquoi avait-elle si mal ? Pourquoi la souffrance était si intense ? Calomnie ! Des fissures apparurent dans la salle, le métal grinça, le béton s’effrita. Lentement, sa main arriva devant sa vision. Une main noire, gantée. L’ombre transpirait par les pores, une fumée intense.

« Vous étiez morte. Mais vous êtes revenues. Votre corps est … »

« QUOI ?! PARLE ! »

« Regardez par vous-même. »

On approcha des lampes, et un miroir, que l’on disposa devant elle. Ce qu’elle y vit, ce n’était pas elle. Un casque recouvrait sa tête, une combinaison retenait la majeure partie de son corps. Par-dessus, comme un deuxième derme, l’ombre mouvante. Son visage n’était pas visible, caché derrière l’épaisse fumée. On pouvait à peine discerner les deux yeux rougeâtres. Par moment, on voyait des morceaux de son corps. Une partie de ses hanches n’existait plus, consumée sur plusieurs centimètres. Un abdominal était transpercée, avec à l’air libre une partie de l’intérieur de son corps. A plusieurs endroits, le corps était noirâtre, carbonisé, la peau fripée ou inexistante. A vif. Se voir ainsi raviva la douleur. Seule les jambes fonctionnaient encore, et mêmes elles étaient entièrement pourvu de la combinaison, avec autant de dommage probablement. Le miroir en face d’elle se brisa. Le porteur se recula. Malgré la vivifiante douleur, elle se sentit serrer les dents. Un pas en avant, un deuxième, elle se retrouva debout. La table de métal sur laquelle elle reposait vola en éclat, dispersé dans tous les sens. Le métal comme du beurre était découpé, scindé, plié. Ses doigts bougèrent, craquèrent. Les os dans son corps rugirent, elle prit la suite. Les deux seuls présents et encore vivants se mirent à genoux. Son torse se levait et s’abaissait à de trop fortes amplitudes, et elle posa son regard sur eux, dans la pénombre de la pièce.
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By Jeny Mikerley
#35243
« Prenez des anti-douleurs … On peut vous conduire dans un hôpital. Ils vous reconstruiront … »

« NON ! Silence ! »

L’autre resta à genoux et baissa la tête. Jeny tourna la tête de droite à gauche. Les lumières clignotèrent en hauteur. Des arcs électriques se formaient à intervalle régulier quand deux fils se touchèrent. Elle baissa la tête vers ses jambes qui ne lui obéissaient pas et rugit de plus belle. La douleur qu’elle ressentait prenait le dessus sur tout et emplissait son esprit, le torturait. Le cri qu’elle poussa quant à lui était inhumain, déformé par le communicateur. Etait-elle qui parlait ou l’ombre qui l’habitait ? Qui dans cette enveloppe était prédominant, entre l’obscurité et le corps. L’un et l’autre ne pouvant exister sans son partenaire. Et maintenant, rentrait dans l’équation les composantes dues à son déchirement physique. Savoir qu’elle ne serait plus jamais comme avant, que tout venait de lui être enlevée d’un seul coup la rendait furieuse, par-dessus une tristesse sous-jacente. Alors que le silence retomba lentement et que les râles de son casque produisaient ces bruits qui n’étaient pas siens, elle leva doucement une cuisse. Tout comme un enfant à qui l’on apprenait à marcher, son regard de braise était concentré sur le sol. Un premier pas réussi fut rapidement suivit d’un deuxième, et elle s’effondra, rattrapant de justesse par le plan de travail. Elle frappa dessus en hurlant de toutes ses forces, un râle semblable à des pleurs. Une longue plainte qui la faisait paraître pour un animal blessé, ce qu’elle était. Tout cela sonnait pour elle comme un calvaire, un cauchemar pire que tout ce qu’elle avait pu imaginer. La phobie la plus réellement exposée.

« Où sont … les autres ? »

« Morts. »

Elle tourna sa tête vers les deux sbires et dévisagea le garçon à travers son casque.

« Et ta sœur ? »

« Je sais pas. »

Jeny poussa de nouveau un râle de désespoir et marcha lentement vers la sortie. Elle enjamba les cadavres de médecins. D’un revers de la main, elle catapulta la porte en dehors. D’un autre, elle attira le sabre précautionneusement rangé à elle. Le jour s’ouvrit, lumière artificielle dans l’espace intersidéral d’une petite station spatial. Station médicale, vu le nombre de personnes en blouse blanche qui la regardait avec incrédulité. Regard qu’elle leur rendit en retour, les jugeant de haut en bas, se tenant sur la porte gisant à terre. On s’approcha d’elle, une Twi’lek ridée à la peau flétrie. Cette dernière enleva les lunettes qui trônaient sur son nez et posa une main sur son bras. Jeny ne la regardait pas, et ne sentit même pas la pulsion sur son corps. Elle sentait bien pire, et de manière continue. Elle les regardait tous, mais pas la petite alien.

« Madame, vous avez été gravement blessée, vous devez … »

Son regard se hasarda vers l’intérieur du cabinet, et les cadavres qui y trônaient. Elle eut un mouvement de recul et posa une main sur sa bouche. Jeny tourna lentement son visage vers elle et d’une main, l’attrapa à la gorge. Tout en la soulevant de terre, elle appuya sur sa trachée et aspira sa vie. L’ombre se planta en plusieurs parties de son corps pour y aspirer la vitalité. De petite dame flétrie, elle devint cadavre sans vie. Son corps trop lourd se détacha automatiquement, ne resta alors dans la main de Jeny qu’une tête vaguement reconnaissable. Il y eut quelques cris de stupeurs, d’autres d’affolements. Tous d’accord pour ne pas se tenir proche d’elle. Derrière sa respiration robotique, se tenait le champion de la mort, l’ange du trépas. De son regard elle foudroya les personnes présentes. Elle avait faim.

Son sabre s’alluma et la lame jaune éclaira sa silhouette. Ce qu’elle fit de la station, ce fut comme comparer un village de paille après un ouragan. Elle détruisit absolument tout, les appareils furent découpés en plusieurs morceaux, le bacta se répandit à même le sol, abritant des coquilles vides, des malades sans importance. Elle trancha dans la chaire et découpa des corps en deux, s’abreuvant des autres. L’addiction était plus forte que jamais, et chaque bouché de souffle étouffait un peu plus la douleur. Mais cette sensation éphémère ne durait pas, redoublant d’intensité à chaque fois, la propulsant dans une rage toujours plus grande. Elle tua, encore et encore, jusqu’à ce qu’il ne reste plus personne. Elle brisa, sépara, explosa. Le silence retomba après, avec seulement ses râles comme trahison de cette accalmie. Ses deux comparses quant à eux restèrent derrière sans mot dire. Jeny en se rendant compte qu’elle n’avait plus rien à se mettre sous la dent, se concentra de nouveau sur la douleur. Ses mains en tremblèrent et elle faillit perdre pied. Mais non, l’ombre le lui interdisait, la maintenait encore en vie. L’abreuvant de sa puissance, noire et insondable malédiction. Elle se retourna vivement vers ses sbires et ordonna, non sans hurler.

« Contacter Ranath ! Faites la venir ici. Tout de suite ! »

Elle se laissa tomber sur ses genoux en plein milieu du charnier et écarta les bras, hurlant à la mort. Comme la bête transformée qu’elle était. La station spatiale en trembla, malmenée par les flots de Force qui la secouèrent de part et d’autres. Quelques alarmes s’activèrent, personne ne fut inquiet pour autant. La prochaine étape était écrite.
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By Jen'Ari Nekanasaza
#35249
      « Qu’est-ce que t’attends ?! Bute-le ! »

    Elle le tenait fermement à la gorge, la dague était déjà plantée dans l’un de ses poumons. Il ne tenait debout que grâce au mur dans son dos, et à cette main qui le contraignait. Il était déjà presque mort, mais son regard ne vacillait pas, ancré dans les yeux de la Sith. Elle le lui rendait, avec tout autant de hargne.

      « Tue-le ! »

    L’Humain avait beau s’égosiller, ça ne produisait rien, et la situation restait inchangée et immobile. Il fallut attendre que l’ennemi bougeât. Un mouvement sec, une rotation vive pour saisir la seule arme encore disponible, sa dernière chance. La Sith arracha brusquement la lame d’acier et frappa, perforant violemment le crâne difforme de sa victime. Elle lâcha le cadavre qui s’effondra au pied du mur. Pour eux, il était mort. Pour lui, la douleur avait dépassé le seuil du concevable, et il ne restait qu’une sensation à la fois douce et effrayante, il mourait.

      « Qu’est-ce que tu fous ? »

    Le regard dédaigneux que Ranath lança à Iro lui fit regretter son emportement. D’une main assurée, la Mirialan retira sa dague du crâne fendu et en essuya la lame sur la manche du cadavre. Son silence nourrissait le malaise de l’Humain. Sans plus un échange, ils regagnèrent le vaisseau qui les avait déposés là. La Sith s’isola quand elle constata que son comlink rapportait une activité. Le message était confus.

      « Euh … Ranath ? Euh … Jeny veut vous voir. Elle vous demande de venir. On est … euh … la station médicale … les coordonnées … »

    Une fois les informations enregistrées, la Mirialan gagna le cockpit, elle s’assit du côté du copilote.

      « Tu dois encore aller on-sait-pas-où ?

      - Oui.

      - Tu me raconteras, un jour, ce qui t’occupes tant ?

      - Oui. »

    La Dame Sombre quitta Malastare dans les heures qui suivirent.


    * * *


      « Odonata, autorisation refusée. Rentrez dans la file en attente de redirection, ou faites demi tour. »

    La file, cette ribambelle de vaisseaux d’horizons variés qui faisaient la queue, attendant sagement qu’on leur donnât un nouvel itinéraire. Combien étaient-ils à crever là-dedans, patientant sagement pendant qu’on ne savait pas résoudre le problème. Peut-être ne voyaient-ils pas le problème. Ranath croyait le voir, du moins, elle le ressentait. La station était hors service. Il y avait quelque chose là-bas, qui causait du dégât.

    Le petit vaisseau qui faisait face au Poing de l’Ombre ne portait aucun étendard, à peine les initiales d’une firme privée. On avait affaire à une milice, une société de sécurité, aucun gouvernement ne s’était saisi du problème. On était au milieu de nulle part, à mi chemin entre deux escales. La Sith avait son interlocuteur en visuel.

      « Faites demi tour.

      - J’ai été missionnée pour neutraliser le patient P301.

      - Vous n’avez aucune autorisation.

      - Il vous cause du souci. »

    Il était là, bien assis dans son siège de pilote, la main quelques commandes, seul dans son petit vaisseau. Elle ne le voyait pas, elle le percevait, il n’était pas si loin.

      « Vous …

      - Il détruira tout.

      - … n’avez …

      - Il tuera tous ceux qui se présenteront.

      - … pas …

      - J’ai été missionnée pour le neutraliser.

      - Odonata, autorisation accordée, suivez procédure B34. »

    Le Poing de l’Ombre fila jusqu’à la station à l’arrêt et se posa dans un hangar secondaire, après avoir soigneusement contourné l’accès au principal. Ranath reçu un dernier communiqué l’interrogeant sur la procédure suivie, elle l’ignora, déjà hors de portée de toute menace immédiate. Tous systèmes coupés, la Sith, sabres à la ceinture, se mit en quête de son patient P301.

    La pensée de la Dame Sombre avait déjà rejoint Jeny. La présence de la louve ne faisait aucun doute, les cadavres desséchés qui gisaient sur la tôle rivetée en étaient témoins. La Mirialan percevait la souffrance de la jeune Humaine, sa haine également. Elle suivait sa trace dans le dédale des couloirs et des atriums de la station, jusqu’à trouver sa cible. Ça ne ressemblait en rien à Jeny. Physiquement, ça n’avait plus rien de Jeny. Psychiquement, c’était Jeny, enveloppée d’une obscurité si absolue … Et elle dévorait ou éventrait tout ce qu’elle trouvait, patients, médecins, visiteurs.

    Un parfait inconnu sortit de l’ombre et courut vers la Sith en battant des bras.

      « Ranath ? »

    La réaction de la Mirialan conforta l’importun. Elle reconnut la voix qui lui avait envoyé le message confus.

      « Ranath ! Jeny, elle … »

    Il était à portée. Elle tendit la main vers lui, accélérant son élan jusqu’à le saisir enfin. Sa gorge heurta la main d’émeraude avec un hoquet. Dans le même temps, Ranath notait la présence d’un gamin dépenaillé. Mais toute son attention allait à sa nouvelle victime.

      « À qui crois-tu t’adresser ? Jeny est ton maître. »

    La prise se refermait lentement sur la trachée de l’homme.

      « Imagine un peu : je suis le maître de ton maître. »

    Elle le lâcha brusquement, forçant un mouvement de recul, dégaina la lame améthyste et trancha d’un seul geste la gorge jusqu’alors comprimée. Il mourut rapidement, mais non sans râler. Le regard du Maître porta jusqu’à l’enfant qui baissait déjà les yeux et la tête, conscient que sa vie ne tenait qu’à un fil.

    Darth Ranath enjamba le cadavre, fit quelques pas en direction de la louve, et attendit que celle-ci portât son attention vers elle.
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By Jeny Mikerley
#35250
Jeny se laissa retomber sur ses poings, ses avant-bras tremblant inconsciemment, mus par une volonté propre. Celle de son cœur meurtri, abimé et pourtant toujours si vivace. L’organe essentiel pour la vie, moteur de la semeuse de mort. Elle resta là plusieurs minutes, sa respiration robotique qui trahissait sa présence, son existence. Seul signe qui prouvait que cette carcasse dont elle faisait office était animée. Si elle avait envie de la sueur, alors elle aurait perlé jusqu’au sol tant l’effort dans lequel elle se maintenait était intense. Mais elle ne pouvait pas, car ses glandes surrénales ne fonctionnaient plus. Tout comme bon nombres d’organes. Tout cela remplacée en partie par l’ombre, comme un symbiote qui la maintenait en vie. Lorsque son messager revint, elle se releva lentement. Le garçon se tenait non loin de là, dans l’ombre d’un cadavre dont il manquait la tête et un bras. Silencieux et discret. Mya arriverait. Pourquoi l’avoir demandée ? Ce fut la première pensée à laquelle elle avait pensé. Pour débriefer probablement des dommages qu’elle avait causés et de la partielle réussite de sa mission.

Probablement également de l’échec de sa survie. Mais cela, elle n’y prêtait guère attention. Elle n’avait pas peur de la douleur que pouvait lui infliger Mya. Ni même des sévices qu’elle pouvait lui faire. Dans un sens général, la mirialan ne lui inspirait aucune crainte. Elle l’avait suivi par choix depuis le départ plutôt que par soumission. Est-ce que cela faisait que leur lien était plus fort ? Plus pur, assurément. Bien que cette pureté soit ternie par l’ombre qui les habitait l’une et l’autre. Une sorte d’ambiance malaisante entretenue par les sith. Jeny comptait attendre là aussi longtemps qu’il le faudrait. Elle ne voulait pas bouger, elle avait besoin de cultiver sa douleur. De s’enfermer dans un coin. Impossible pour ainsi dire. Elle s’était relevée et avait disparu dans les fins fonds de la station, et n’était ressorti que deux jours plus tard.

Pendant tout ce temps, elle n’avait ni mangé, ni dormi. Contemplant son reflet, comme l’on regarde un temps nuageux ou comme on constate avec effroi que l’on a attrapé une maladie incurable. Ce même air dégouté de soi et des autres, cet impression d’avoir raté une marche, de tomber dans un précipice. Par moment, ses cris de ragent retentissaient à travers les murs froids de la station. Par moment encore, elle pleurait et les crissements de son armure rendaient le son pathétique, tendant vers l’horreur. Sa vie était brisée. Au bout du troisième jour, elle était sortie de sa torpeur. Non pas pour chanter louange à la vie, non pas pour parler avec les deux seuls autres êtres vivants. Non. Elle était sortie parce qu’elle avait senti la présence d’un garde-manger qui venait à sa rencontre. Depuis la fermeture des portes, les embouteillages n’avaient cessés d’affluer au dehors, mais jamais personne n’était rentré, préférant probablement la prudence à la témérité. Beaucoup était blessé et n’était pas apte à se préoccuper d’une station neutre.

L’équipe de reconnaissance fut taillée en pièce. Rapidement, sans demi-mesure. Les cadavres s’entassant les uns contre les autres. Le sabre jaune jouant dans l’air, sifflant avec témérité et force, accompagnant ses cris de rage inhumain dans sa dance macabre. Le sang coula, beaucoup de sang. Tout le monde était habitué désormais. Cette fois cependant, tout était beaucoup plus brutal et il y avait dans son art quelque chose de sauvage et d’inhérent à sa condition. La rage, la douleur. Toutes ces choses qui font d’un sith, un agent de l’obscurité. Alors la tempête s’amenuisât quand Ranath s’approcha du lieu du carnage. Jeny ne lui accorda d’abord qu’un demi-regard, plongeant plus profondément sa main dans la gorge d’un agent de sécurité, pour en extraire la langue, en entier. Elle ne remarqua même pas que le mercenaire venait de se faire tuer. Sa colère était bien trop grande pour que son esprit soit préoccupé par des choses si futiles. La jambe boitillante, les épaules un peu balans, elle s’approcha de la mirialan non sans avoir donné ses ordres avant.

« Tue … les derniers. Je veux leurs cœurs … intacts. »

Puis ce fut au tour de la mirialan de recevoir son attention. Partiellement. Son esprit était déjà à demi lointain. Sa voix vibra à travers le métal et commença, sans aucune forme de politesse, ni de genoux à terre. La voix robotique allait avec le propriétaire :

« J’ai précipité une frégate républicaine sur un monde impérial, comme selon ton plan. Il y a eu des morts… des deux côtés. Des mercenaires recrutés sur Balmorra, il n’en reste aucun. Des apprentis récupérés, il n’en reste qu’un. »

Ainsi allait le debrieffing. Si Jeny souffrait le martyr, elle n’en fit aucun commentaire. L’ombre autour d’elle, la fumée noirâtre, dansait au rythme de ses paroles et changeait de direction selon les battements de son cœur. Derrière son masque, on ne voyait que cette fumée intense, et par moment, un morceau de visage calciné, avant que cela disparaisse à nouveau. De sa combinaison, il n’y avait que l’ombre, et par moment, une zone décharnée se présentait, avec de disparaître à nouveau. Jeny était morte.

« J’ai trouvé … le trépas. L’ombre. Enfin. Je suis prête … pour la suite. »

Ce qu’elle ne disait, c’était le prix qu’elle avait payé pour atteindre ce niveau de symbiose. Un prix bien trop élevé. Pour ainsi dire, elle avait dû tout donner. Et ce n’était que le commencement.
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By Jen'Ari Nekanasaza
#35252
    De l’état de Jeny, Ranath ne fit aucune remarque. Elle avait souffert, et souffrait encore. De toute évidence, la mission avait mal tournée. Mais à entendre le rapport succinct de la louve, l’objectif était atteint. Du prix payé, on ne parlerait pas. Si sa condition était insupportable à Jeny, on ne pouvait que lui conseiller une reconstruction biomécanique, ou une balle dans la tête. La Mirialan avait rangé son sabre et tendait désormais la main vers la jeune femme. Libre à Jeny de la saisir, ou non.

      « C’est très bien. C’est parfait. »

    La louve avait réussi. Elle avait survécu. Elle s’élevait au-dessus de son statut de petit pion sacrifiable. Elle n’était plus seulement un chien, devenait un genre d’exécutrice obscure. À ce stade, elle était un instrument utile de la progression de l’Ordre. En d’autres termes, elle avait fait ses preuves. C’était cher payé. Non, pas du point de vue de la Dame Sombre. Tous avaient à accomplir un acte similaire. Kala avait été envoyée chez les Hutts. D’apparence, c’était moins dangereux que d’écraser une frégate à la surface de Karfeddion. Dans les faits, si Kala échouait, Ranath la tuerait. Rengo avait été envoyé sur Yavin IV. Il risquait peut-être plus que Kala, les Massassis étaient de bons et forts guerriers. Mais d’apparence, c’était toujours moins dangereux que d’écraser une frégate à la surface Karfeddion. Dans les faits, si Rengo échouait, Ranath le tuerait. Et il allait ainsi, pour tous ceux qui s’étaient vus confier une mission, tous ceux qui avaient accepté l’ordre de Darth Ranath.

    Le regard de la Sith était posé sur le masque couvrant le visage de Jeny, elle l’observait sans ciller. Sa pensée alla à la rencontre de l’esprit de l’Humaine dont elle mesurait la souffrance et la peine. L’ombre était une entité étrange que la louve avait adopté voilà déjà quelques mois, ou bien s’était-elle invitée en Jeny, difficile à dire. La jeune sensitive avait souvent rejeté l’obscurité en tant que doctrine, préférant le folie pure ou la rage violente à l’inspiration du Côté Obscur. Désormais, l’obscurité était là, pure et entière, ancrée en son cœur et son esprit. Jeny avait été consumée par l’ombre, engloutie par le Côté Obscur. Voilà ce que tout Sith prétendait maîtriser par la voie de la passion. C’était à la fois l’accomplissement et la plus grande menace des Darth. Et Ranath avait sous les yeux cette démonstration de la folie des mortels.

    En rien cette vision ne lui inspirait peur ou dégoût. Tout un chacun devait savoir ce que coûtait le Côté Obscur. La louve en était désormais l’allégorie, totalement dévorée par les ténèbres. La Dame Sombre l’avait toujours su, jamais vu, mais toujours su. Quand on se perdait, quand on sombrait, si le contrôle nous échappait, on devenait Jeny. Beaucoup en mouraient, les moins chanceux devenaient fous, comme Jeny. Au détail près que l’ombre de l’Humaine se pavanait aux yeux de tous, elle était un manteau sur les épaules de la louve.

      « Nous avons encore un peu de travail. Ils sont une cinquantaine dehors venus pour te voir. Voudrais-tu les exterminer quand ils viendront ? »

    La Sith, d’une main, tira jusqu’à son front la capuche de son manteau anthracite.

      « Je vais leur demander d’entrer. Tue-les. Et rejoins-moi au poste de commandement. »

    Elle interpella le gamin.

      « Viens, j’ai besoin de toi. »

    Puis se tourna de nouveau vers Jeny. Elle ne dit rien, mais leurs pensées étaient liées, la Sith, par cette pensée, ne quitterait pas la louve. Elle lui assurait sa présence, et sa confiance.

    La Dame Sombre ramassa sur un cadavre tiède un comlink de fonction, l’un de ceux sur lesquels communiquait le service de sécurité de la station. Et tout en se dirigeant vers le poste de commandement, rétablit le contact avec les agents.

      « Ai suivi procédure B34. Menace neutralisée. Pouvez intervenir. »

    Les petits vaisseaux confirmèrent et s’approchèrent de la station. Tous se stationnèrent dans le hangar principal et se vidèrent de leurs mercenaires. Ils n’étaient pas très nombreux et s’organisaient en petites escouades. À rythme lent, les groupes armés entreprirent d’explorer la station en piteuse état.

      Traque-les. Tue-les.

    Et mange-les, bien évidemment. Un massacre de plus. Du sang partout. Des membres déchiquetés. Un vrai carnage.

    Au poste de commandement, la Sith prenait rapidement connaissance des différents systèmes défaillants et encore en service de la station, tout n’avait pas été détruit, bien heureusement. Elle s’empressa de saboter le système de vidéo surveillance, détruisant par la même occasion les enregistrements des derniers jours. Il ne resterait pas de trace évidente du passage de Jeny, seulement des cadavres. La Dame Sombre adressait ses ordres à l’apprenti.

      « Trouve une combinaison pour ton maître. Le matériel d’un pilote par exemple. Et ramène-moi un cadavre qui n’est pas sec. »

    Le gamin s’exécuta aussitôt, partant à grandes enjambées en quête accomplir sa mission. En bas, dans les entrailles du monstre métallique, le carnage battait son plein. L’enfant revint rapidement, alors que la Sith programmait un message de détresse qui serait émis par la station. Elle s’autorisa deux heures pour quitter l’endroit, deux heures avant de commencer à émettre. L’apprenti avait traîné le cadavre d’un pilote jusque-là. Parfait. Il récupéra la combinaison et la mit de côté. Après quoi, Ranath tira au clair l’une de ses dagues afin de perforer la poitrine du cadavre. Le sang abonda aux abords de la plaie. Elle déchira un morceau du maillot du pilote, le trempa dans le sang. Ainsi munie d’un pinceau pourpre, la Sith signa les évènements récents sur une tôle verticale libre de tout appareil.

    Ansion

    Arkania

    Ithor

    Karfeddion


    Elle esquissa un sourire carnassier.

      « Tu vas faire la même chose, un peu partout. Dans les salles de soin, dans les couloirs, au réfectoire. Une dizaine de fois. De la même manière. Utilise les cadavres que tu trouveras sur place. »

    Le gamin hocha la tête et partit en courant. Ranath attendait désormais Jeny.
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By Jeny Mikerley
#35254
Une main tendue vers elle. La respiration rauque maladive continuait de marteler le silence par sa simple présence. Le casque tomba légèrement, dans une position où l’on devinait le chemin que suivait le regard. Vers cette main gantée, nimbée d’absolutisme et de soumission. Le symbole de sa puissance. Celle qui portait le sabre, celle qui distribuait des coups, celle qui donnait des ordres ou se tendait vers ses sbires. La tête remonta légèrement vers la mirialan, sans un bruit. Les deux yeux rouges derrière la fumée luisirent avec intensité. Jeny n’était pas une esclave, ni même une élève. A défaut, elle opérait pour Mya. La fine main remonta légèrement, non sans trembler, vers celle qui fut sa geôlière et l’exécutrice de sa sentence. Elle fit glisser ses doigts dans les siens. Son index jouant tout seul d’une danse avant arrière, dont on put sans peine remarquer que la liaison nerveuse n’était plus opérante. Le contact avec la mirialan n’avait jamais brûlé sa peau, ne lui avait jamais tiré de hargne violente et incontrôlé. Cela avait été le cas pour sa sœur, ou encore pour la Pantoran. Désormais cependant, elle ressentait la douleur du touché avec tout le monde, à tout instant. Et la hargne était présente, à tel point que Mya pourrait trop rapidement en faire les frais. Jeny le savait pertinemment. Mais le savoir ne la rendait pas pour autant inoffensive. Elle se contenta de tenir sa main pour le moment, malgré une distance relativement éloignée entre les deux femmes. Mya parla alors, des autres au dehors.

Le casque se tourna vers l’extérieur, visualisant la myriade de pulsation qui nimbait l’espace. L’ombre en vibra et sembla vouloir s’y précipiter. Une protubérance se dégagea de son épaule pour y regarder dans cette direction. Jeny eut un léger mouvement de tête vers cette manifestation, qui se calma aussitôt. L’excitation était palpable, même sous cette combinaison.

« Qu’ils viennent. »

Jeny lâcha la main et fit un pas en arrière. La verte avait néanmoins besoin du garçon et l’obligea à la suivre. Mais ce dernier ne bougea, tourna cependant la tête vers Jeny. Cette dernière le fixa intensément et fit un bref mouvement de tête. Ce à quoi il répondit en suivant la mirialan, sans mot dire. La petite fille fit alors volte face vers le hangar où les renforts devaient venir et sentit la présence de la mirialan. Jeny la laissa avancer dans les recoins de sa tête, sans y chasser la présence. A l’intérieur de son for intérieur, entouré de cet ombre qui n’était pas simplement physique. Elle était également là, dans cet espace onirique, bien plus menaçante dans cet endroit sans barrière. Jeny laissa éclater l’ombre en elle pour se préparer au combat, et cela eu pour effet de décupler la rage qui pulsait dans sa tête. Avec cela, la suprématie de l’ombre devait unique. Quant à la simple présence de Jeny, être-elle dans une des deux têtes, c’était un peu comme avoir une barrette de plutonium dans son dos. La corruption était invisible, mais on la sentait qui brûlait. Il n’y avait aucun filtre de retenue pour protéger la maître Sith et elle pourrait apercevoir l’ampleur du côté obscure qu’elle chérissait tant. Son état datant de trois jours seulement, il était tôt encore pour y déceler la moindre once d’humanité.

Mais déjà, Jeny était arrivée dans le hangar, dans lequel elle attendit sous l’ombre des caisses stockages remplies de seringues et autres patchs à bacta. Les vaisseaux se posèrent les uns après les autres. Les femmes et hommes suivirent en rang approximatif à leurs socles. Ils se préparèrent à devoir justifier ce pourquoi ils étaient envoyés. Pensant probablement que la mission de routine allait leur faire gagner de l’argent facile. Une fois que tout le monde fut à peu près sortit de son vaisseau, que des poignées de mains furent échangés, Jeny se dégagea de sa cachette sans mot dire. Elle ne parla pas, ne fit aucun bruit. C’est la respiration rauque qui attira l’attention. Les premiers se retournèrent vers elle, en même temps que son sabre jaune qui derrière elle fut allumé. On se demandait encore, sans agir. L’ombre était déjà présente cependant. Des armes se levèrent, en même temps que les lances de l’obscurité. Elle s’arrêta, ils visèrent, elle hurla de rage … Les vitres des premiers vaisseaux explosèrent sous la pression de la Force. Des oreilles saignèrent, des yeux explosèrent. Les premières lignes tombèrent mains sur la tête ou le visage. Les suivantes firent feu dans cette fumée, perçant les strates sans un bruit avant de se ficher dans une caisse ou un mur opposé. L’ombre se déplaça, lançant derrière une traînée noirâtre qui tendait à se figer dans le panorama. Avec elle son lot de négativité à en liquéfier les intestins les plus solides.

L’ombre s’arrêta sur un des vaisseaux et les yeux rouges qui perçaient à travers le casque fusillèrent les âmes de ceux qui les croisèrent. Jeny lança sa main en arrière, canalisant une ombre plus dense encore que celle qui orbitait autour d’elle. Sa main sembla la saisir et une lance y prit forme. Elle fit de nouveau un saut à l’opposé de sa première présence et lança l’astre obscur. Ce dernier y tournoya, fit vibrer l’air et percuta corps et matériaux, coupa et déchira absolument tout sur son passage. Une ligne s’écroula, le sang gicla. Jeny ne s’arrêta. Elle se lança avant, malgré les signaux d’alertes de son corps meurtri et des blessures qui l’animaient. Le sabre jaune trancha l’air avec rapidité et sans précision. Les corps furent découpés un à un, dans un chaos le plus total. Une fois les trois quart de la troupe décimée, elle se retrouva au milieu d’un groupe dont la folie venait de les surprendre.

« A genoux ! » Ordonna-t-elle.

Son sabre à sa ceinture, elle puisa dans le côté obscure pour aspirer l’essence vital des derniers survivants. Une dizaine de seconde plus tard, dix soldats mirent genoux à terre. Dix secondes plus tard, ils ne restèrent d’eux que des corps flétris. Jeny haletait, tremblait, enivrée par la douleur en même temps que par cet orgasme salvateur que ce fluide porteur de vie. Pourtant une fois ce dernier estompé, une fois qu’il ne resta plus rien que le souvenir d’avoir mangé, elle en éclata de rage et de sanglot. Poings serrés, elle explosa dans le hangar, projetant l’ombre de tous côtés en des lances de ténèbres, écrasa les vaisseaux sous la Force, cassa, broya. Finalement, il ne resta rien de plus que des taules inutilisables, ou presque.

Elle revint ensuite vers Mya en silence, regardant d’un œil discret les tags que le maître et le gamin peignaient sur les murs. Non sans remarquer la présence de la combinaison qui semblait à sa taille. Le gamin en détourna le regard. C’est vers Mya qu’elle porta son attention. La seule qui soit véritablement apte à lui donner réponse.

« Qu’est-ce que c’est ? »

Son cœur battait la chamade, l’excitation n’était pas suffisante et l’adrénaline pas assez présente. Il manquait encore quelque chose. Toujours, la continuité, la stabilité. Jeny resta plantée là quelques instants, jusqu’à ce qu’elle trouva la force de reprendre ses esprits. Elle se figea devant Mya et lentement lui prit la main entre les siennes, qu’elle jugea sous tous ses traits. La petite fille y regarda les marques des tendons, les jointures des doigts, caressa de l’auriculaire jusqu’au pouce dans des mouvements bien plus doux que le plus aimant des amants. Elle approcha la main verte et la posa sur son casque. Alors elle ordonna :

« Nomme moi. »
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By Jen'Ari Nekanasaza
#35255
    Jeny n’était plus que passion. L’ombre s’exprimait avec force et guidait les pas de l’Humaine. Jeny était morte. Tout en dessinant sur les murs, la Dame Sombre tendait l’oreille vers les exploits sanglants de la louve. Le fil qui les liait était d’une finesse fragile, l’ombre engloutissait tout. Le carnage prit fin dans la peine. Ils étaient morts, tous. Et la louve avait mal. Par la pensée, Ranath suivit Jeny sur le retour. Elle déambulait silencieusement, comme un pantin sans âme. Enfin, l’Humaine se présenta au poste de commandement.

      « Qu’est-ce que c’est ? »

    Qu’est-ce qui était quoi ? Le regard de la Mirialan se posa un instant sur la combinaison. Ça ? Puis glissa jusqu’aux graffitis sanglants. Ou ça ? Elle laissa tomber le pinceau improvisé imprégné de carmin et de l’index désigna la combinaison.

      « Ça, éventuellement, c’est pour toi. Je crois que ça t’ira. Tu sais combien j'attache de l'importance au code vestimentaire … »

    Elle haussa les épaules.

      « C’est toi qui vois, pas une obligation. »

    L’index tourna en un petit cercle et pointa vers les murs dégoulinants.

      « Et ça, c’est une expérience. Les ennemis de la Galaxie, les Sith, ce sont attaqués à ces quatre planètes. Voyons la réaction des nations en découvrant cette station massacrée par les Sang-Purs. »

    La Sith observa un instant le gamin travailler en silence. Puis reprit d’une voix douce.

      « Nous recommencerons. Et nous verrons. »

    Elle esquissa un sourire songeur. Et changea aussitôt de sujet.

      « Les stations de ce type, à l’instar des vaisseaux les plus imposants, disposent de boîtes noires. Nous devons les trouver et les détruire avant de … »

    Jeny lui prit la main. Elle l’inspecta, l’admira peut-être. Difficile de savoir ce que la louve avait en tête. La Mirialan retarda toute réaction, laissant ainsi le champ libre à la jeune femme pour compléter l’inspection.

      « Nomme moi. »

    La requête sembla d’abord surprendre Ranath. Puis elle comprit. Elle l’avait senti. Jeny était morte. Elle n’était plus qu’obscurité. Et colère. Et passion. La Dame Sombre porta sa seconde main au contact du casque, à peu près au niveau de la joue de la prisonnière. Jeny … elle avait commencé par l’ignorer. L’avait détestée. Forcée de la battre, elle l’avait reléguée au rang de chienne droguée. Puis retrouvée changée, une vraie louve. Et maintenant … la louve était morte, elle aussi. Il restait peut-être plus de loup que de Jeny en Jeny. Mais il n’y avait qu’un mot qui sonnait aux oreilles de la Mirialan.

      « Vkoh. »

    La colère. La douleur. Le chagrin. Jeny était tout ça. La passion. L’ire.

      « Je te nomme Vkoh. »

    Il était étrange d’aller puiser dans le vocabulaire mirialan, qu’on voulait empreint de lumière, pour nommer un être si ténébreux. Mais c’était bien là le seul nom porteur de dignité qui inspirait le Maître. Le silence tomba entre elle. Ranath observait la jeune femme drapée d’ombre, guettant sans impatience sa réaction.

    * * *


    Finalement, à trois, et avec un peu d’aide de la Force, ils avaient déniché les quatre boîtes noires de la station et les avaient détruites, ne laissant pour trace de leur passage que les inscriptions sur les murs et les cadavres démembrés. Enfin, ils avaient regagné le Poing de l’Ombre et avaient mis les voiles. Ils filaient vers Molavar, s’y trouvait la première cible d’Uchai. Derrière eux, ils laissaient une station médicale privée à l’abandon, partiellement détruite et totalement vide de ses occupants. Elle commença à émettre peu après que le cargo eut sauté en hyperespace.

    Détresse. Sommes attaqués. Détresse. Sommes attaqués. Détresse ...
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By Jeny Mikerley
#35260
Depuis quand attachait-elle de l’importance à la manière dont elle s’habillait ? Elle-même avec ses vêtements sombres, sa capuche et son air renfermé n’était pas au mieux de la mode. Etait-ce alors de l’ironie ou y avait-il un plan derrière tout cela ? Jeny garda le regard sur la combinaison de pilotage, arrachée probablement à un des cadavres. Sans un mot de plus, elle la récupéra et la hissa sur son épaule, sans l’enfiler. Jeny suivit alors du regard ce que la Sith voulu lui montrer. Les murs peints rendait l’endroit macabre, et ajoutait une touche de décoration non négligeable. On eut dit une peinture rupestre décorée par des mains savantes et averties. Quelque part, c’était d’une très grande beauté. Tout cela cependant sonnait comme d’un second ordre. Il y avait plus urgent, et surtout ce qu’elle lui demanda. Une main posée sur son casque, là où l’ombre semblait se concentrer pour y percer la peau et y arracher l’essence vitale.

Un nom, c’était tout ce dont elle avait besoin. Juste un nom pour se présenter, pour exister. Un nom pour qui la représente mieux que ce qu’elle fut. La sentence tomba. Vkoh. Ainsi soit-il, le nom fut donné. Jeny ne sourit pas, mais sous l’épaisse couche de brouillard noir, sous le plexiglas de son casque, il y eu une larme, qui creusa un sillon douloureux à travers sa peau meurtrie des joues. Jeny ne parla pas, elle lâcha la main de la mirialan et recula. Après quelques pas arrière, elle fit volteface et baissa la tête, joignant ses mains l’une sur l’autre, regardant les traits dessinés par les courbures des gants. Des mains de petite fille, recouvertes du cuir sombre de l’abomination. L’abomination, celle qu’elle était devenue. Pour le pire, pour la mort et pour l’ombre. Jeny leva les yeux et regarda autour d’elle, sur les murs, sur le sol. Les cadavres, le sang, les organes … La normalité de la destruction, devenue un crédo bien plus important que ce qu’elle était autrefois. Tout ce qui avait été abandonnée au profit de cette chose qu’elle était devenue. Cette chose qui était désormais elle. Les gants serrés, la mâchoire sous tension, la petite fille courba légèrement les avants bras, gonfla les muscles et invoqua les puissances de l’au-delà. Elle trembla, en même temps que la tension dans l’atmosphère artificielle augmenta. Des objets tombèrent, d’autres crissèrent, et tout fut en cohésion pour exprimer Sa douleur. L’ombre et matérialisa en volute longiligne menaçante qui se déplaçait dans une direction, creusant la matière aléatoirement. C’est alors qu’elle poussa son cri, son hurlement de désespoir, et que tout explosa autour d’elle, se broya, se déchira. Rejetant toute sa colère dans un déferlement de puissance obscure.




Jeny ne parla pas. Restant emmurée dans un mutisme latent. Elle était retournée dans la salle de bain détruite auparavant, constata que tout avait été réparé depuis. Sans mot dire, ses vêtements maladifs furent en parti enlevés. Seuls resta le casque, les gants, le pantalon. Le courant d’air qui harcela son buste lui tira un nouveau grognement, mais ce fut de courte durée. La combinaison enfilée, la fermeture remontée, l’ombre pu lentement reprendre sa position sur le son corps. Vkoh n’avait pas encore pu constater les dégâts qui avaient été causés par l’explosion. L’ombre se tenait constamment sur les parties de son corps non couverte. Elle inhibait en partie toute douleur interne, mais décuplait celle qui était dû à son manque de chaire.

Par la suite, elle avait suivi la mirialan dans son vaisseau et s’était arrêtée dans le cockpit. La scène était similaire à celle vécue quelques mois plus tôt. Leur deuxième rencontre. A cette époque, elle avait voulu la tuer. Maintenant, elle ne voulait plus rien. Elle attendait en la fixant, ses yeux rouges comme seule lueur sous ce masque de ténèbres. La combinaison noire à même le corps, elle était semblable à un droïde déguisé. La matière collée à même le corps était le seul moyen pour elle de minimiser les effets de la douleur. Une matière flottante aurait été la pire des plaies, frottant à chaque mouvement.

« Où est ce que l’on va ? » Demanda-t-elle. « Qu’est-ce que l’on va faire ? »

Son ton était d’un calme malsain, son regard fixe et sa stature immobile tendait à donner au personnage une aura de malaise constante. Rajouter à cela sa respiration métallique et sa voix défaillante… Finalement, elle posa la question qui lui trottait en tête depuis quelques temps.

« Où est Varadesh ?
»
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By Jen'Ari Nekanasaza
#35269
    La combinaison, heureusement, était à la taille de Jeny. La Sith procéda à une brève inspection visuelle, de haut en bas. Elle lui sourit. Et la louve s’assit. Elle resta un moment silencieuse. Pour finalement s’enquérir des suites de leur aventure. Ranath esquissa un nouveau sourire. On venait de boucler une boucle. Mais elle ne répondit pas aussitôt, prenant un temps pour dialoguer silencieusement avec l’ordinateur de bord, ses doigts d’émeraude cherchant ici et là les commandes aptes à l’exécution de sa requête. Sans émettre un son, l’ordinateur exposa aux yeux du pilote la projection d’un profil planétaire.

    Image
      « Molavar. »

    Ce fut tout ce que commença par répondre la Sith. Elles rendaient là-bas, sur Molavar. Qu’y avait-il sur Molavar ?

      « Nous allons nous rendre maîtres d’un réseau de contrebande. »

    Elle soupira brièvement.

      « Il nous faut prendre le contrôle d’une bande de criminels. Nous ferons de même sur Lyran IV, Hypori, et Somov Rit. Ce sont nos quatre cibles. Nous devons maîtriser les quatre, et nous attirerons l’attention d’un collaborateur d’importance. »

    La Dame Sombre sourit pour elle-même. Tout ceci allait être d’une simplicité étonnante. Et avec la louve à ses côtés, ce serait vite fini. Le sourire disparut. L’Humaine posa une autre question, à laquelle Ranath répondit aussitôt.

      « Sur Thule, toi et Varadesh avez récupéré les coordonnées de certaines planètes qu’il est intéressant d’explorer. Elle doit commencer par Dromund Kaas, à mon avis. »

    Le silence suivant ne dura qu’un instant.

      « Tu t’inquiètes pour elle ? »

    Le regard de la Mirialan se posa devant elle, sur le tunnel lumineux qui les guidait jusqu’à leur destination. Elle aussi avait ses questions.

      « Parle-moi de la personne qui nous accompagne. Pourquoi reste t-elle avec toi ? Qu’attend-elle de toi ? »
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By Jeny Mikerley
#35271
Le nom de la planète tomba. Molavar, planète inconnue dans un secteur paumé, probablement inconnu. Pourquoi ? Aller débusquer des gens tout à fait normaux qui se croyaient incroyablement anormaux. Un jeu d’enfant. Les petites frappes, les pirates et contrebandiers, n’étaient rien d’autre que de la racaille avide de ce qu’ils n’avaient pas. Ce qui était certain, c’était que cette mission serait encore plus rapide que la précédente. Jeny ne répondit pas mais garda ses yeux fixés sur Mya, sans tressaillir, sans bouger. Telle une statue inhumaine à laquelle on avait seulement incorporé une respiration abdominale. Respiration qui avait par ailleurs quelques latences, ne respectant aucune mesure établie. Elle suivait sa propre pulsation, sa propre logique, sa propre souffrance …

« Bien », conclue-t-elle.

Il y eu alors cette autre question qu’elle lui avait posé, sur Varadesh. Question anodine, curiosité mal placée. Peut-être même question non souhaitée. Ce n’était absolument pas clair dans son esprit, comme si des données contradictoires rentraient en collision. Dromund Kaas, très bien. Elle ne connaissait pas la planète non plus, ni les dangers qu’elle recelait. En avait-elle quelque chose à faire désormais ? Peut-être pas, peut-être trop, ou pas assez. Mya renchaîna avec une question insidieuse. Vkoh garda le silence et se gratta nerveusement la cuisse, avant de baisser la tête. Elle réfléchissait. S’inquiétait-elle, pour Varadesh ? Une apprentie identifiée, qui par hasard avait croisé sa route, qu’elle avait due protégée. Il y avait une sorte de faussée qui s’était créé, entre volonté et réalité. La volonté de la revoir, la réalité de ne plus jamais pouvoir la regarder. La volonté de caresser sa peau, la réalité de n’avoir plus assez de capteurs sensoriels pour ne ressentir que de la douleur. Cette même douleur qui fit battre son cœur plus rapidement. Ses poings se formèrent, elle serra les dents. L’énervement l’emporta.

« Je posais simplement la question. »

Une manière comme une autre d’éluder la question. Vkoh se leva brusquement et se dirigea vers la sortie. Il était impoli et dangereux de tourner le dos à la dame Sombre, mais tout autant d’énerver son chien le plus hargneux. La petite s’arrêta sur le seuil de la porte quand elle demanda. Le masque se tourna légèrement de côté.

« Il veut que l’ombre trouve une place dans son cœur, comme elle l’a faite avec moi. Il me voit comme la passerelle pour le mener à son objectif, et je lui ai promis de l’y conduire. Il t’obéira, un jour. »

Elle resta sur le seuil de la porte, attendant la suite des questions, s’il y en avait.
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