- jeu. 11 avr. 2019 13:24
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- L’Apprentie courut vers son maître, sabres à la main, éloignant les vautours qui piaillaient sous les coups. La Dame Sombre lui sourit, de ce sourire étrange, qui révélait autant de fierté que de cruauté, un sourire malicieux qui s’accordait à la perfection avec toute l’obscurité du regard d’or. Varadesh libéra Ranath. Un geste qui flatta sa personne et conforta son sentiment de puissance grandissant. On accourait pour servir le Maître. Elle eut envie de rire. Une fois relevée, on lui rendit son sabre. Tout ceci n’était qu’un jeu.
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- « Je sens leur peur et leur confusion. Et cette fureur qui règne... C'est magnifique maître. Le côté obscur est si puissant, si omniprésent... Oh… »
Le sourire de la Mirialan s’étira davantage.
- « Laisse-le venir à toi. Puise en lui. Le Côté Obscur décuple ta puissance. Dirige ta colère contre tes ennemis. »
Et sur ces simples mots, la Dame Sombre trancha la première gorge à portée. Rien n’avait jamais été plus facile que de tuer. La Force vibrait intensément en ces lieux baignés d'obscurité. La malfaisance des disciples de la Lumière nourrissait le temple de Graava depuis des années. Littéralement, il suffisait de se baisser pour ramasser les bribes de leurs ténèbres niées. Ils tombèrent. Ils s’enfuirent. Leur maître resta seul. Il les avait regardés se faire massacrer sans réagir. Sa jeune apprentie se tenait en retrait, plus loin. Varadesh déjà s’avançait vers lui.
- « Tue-le. »
Dans le dos de la Pantoran, la lame rubis s’éteignit. L’apôtre n’intéressait pas Ranath. Il allait mourir de la main d’un apprenti. L’honneur était déjà trop grand. Balance-le d’une falaise. Il ne méritait pas mieux. La jeune Mirialan avait beaucoup plus d’intérêt pour la Sith qui se tournait déjà vers elle. Sa pensée se jeta à la rencontre de l’idiote, et comme d’instinct, son poing se referma brusquement, témoin de sa volonté meurtrière. L’air vint rapidement à manquer aux poumons de la gamine qui subissait cet étranglement à distance.
Le serviteur de la Lumière, ou maître des supercheries, toisait la Pantoran avec dédain. C’était donc là tout ce qu’on lui envoyait. Il se serait presque laissé aller à l’amusement. De sa ceinture il décrocha deux sabres. À rythme lent, totalement calculé, il alluma la première lame, blanche comme toutes celles de ses disciples, puis la seconde. Et comme pour jouer, il donna une impulsion aux poignées de ses armes et déclencha deux lames supplémentaires. Les deux doubles sabres vrombissaint avec force. Enfin, apogée de cette farce qu’on se targuait d’appeler combat, il lâcha ses armes. Elles flottaient à son côté, et se ruèrent sur la petite bleue, formant un barrage infranchissable pour la novice.
La disciple viridienne tomba à genoux. Darth Ranath se portait déjà à son côté. La main d’émeraude saisit finalement la gorge de l’imprudente, continuant de serrer avec la même hargne. La jeune femme se débattit dans un premier temps, sans espoir. En dernier recours, elle tendit la main vers l’arme d’un cultiste décapité. L’épée glissa jusqu’à sa main, et d’un coup incertain, elle chassa la Sith. La Dame Sombre avait perdu son sourire, mais sa pensée ne renonçait pas, se tenant proche de l’esprit faible de sa proie. Elle dégaina à son tour l’une des ses dagues.
- Où est-elle ?
- Lina.
La disciple se jeta avec un cri sur son ennemi, balayant l’air devant elle sans maîtriser le moindre de ses mouvements. Ranath peinait à croire que c’était l’adversaire qui lui avait tenu tête dans la plaine. La dague dévia l’attaque, riposta, tailladant la joue olivine.
- Où est-elle ?
La gamine était à bout. Elle se lança dans une nouvelle attaque, tâchant tant bien que mal de donner de la précision à son estoc. La dague para, glissa en crissant sur l’acier de l’épée et buta en garde. La main libre de la Sith attrapa de nouveau la trachée essoufflée et la tira vers elle. La dague quitta le fer, sortit de la ligne et revint se ficher dans la jeune chair, perforant la peau et les muscles, déchiquetant les viscères.
- Réponds !
S’en était fini pour l’apprentie. Elle sourit désespérément. Elle allait mourir. La Sith profita de ce dernier instant. Elle lâcha sa lame, portant la main sur le front de sa proie. Son esprit pénétra complètement les pensées de la mourante. Il ne cherchait qu’une chose, une seule information. Il n’y avait que Lina, elle seule comptait. La tombe s’imposa aussitôt, comme sceau garant du secret. La tombe d’un enfant. L’esprit se combattait lui-même, victime de son propre conflit. Les croyances et réticences de Ranath l’empêchaient d’accéder à la vérité. Elle faisait obstacle à son propre pouvoir. Et l’hôte se mourait lentement. Elle ne pouvait en ressentir que les émotions proches, la douleur, la peur, la honte. La rage gagna la Sith. Sa main vint extraire brusquement la lame pour l’abattre tout aussitôt dans l’épaule de la gamine. Dans cet éclat de souffrance, elle aperçut un échantillon de réponse. C’était bien sa soeur. Cette chose. Elle n’était plus là. Partie. La proie mourut. La pensée de Ranath se retira sans attendre, fuyant la mort. L’exercice l’avait épuisée. Là-bas, Varadesh combattait un adversaire de haut niveau.