- ven. 31 mai 2019 21:18
#35574
Yaga Minor,
Le lendemain du 1er jour du Salon
Les promesses. On les disait phrases qui n'engageaient jamais que ceux qui les recevaient. Aussi, quand l'Empire faisait, implicitement, la promesse d'une pendaison pour refus de se présenter à sa convocation... comment devait-on l'envisager ? Est-ce que la promesse n'engageait que l'Empire ? La convocation lui donnait rendez-vous à 5h30 sur le quai des Lévitrains numéro 13 de l'astroport d'où elle était venue. Le pli attendait soigneusement à la réception de l'hôtel où les participants du salon étaient logés aux frais impériaux. Une enveloppe scellé électroniquement, contenant un passe à usage unique de transport en commun - avec le sceau impérial dessus, pour signifier son statut spécial de "transportée" - et son billet de train. Troisième classe, siège numéro 27, wagon 17. Ravissement.
Le transport en commun passait par des voies privées en parallèle des voies de circulation aériennes, filant à travers toute la capitale avec célérité et calme. Un véhicule plat, d'un seul étage, long d'une centaine de rangées, sur quatre colonnes, avec une vingtaine de portes coulissantes pour laisser entrer les passagers. Pas d'affaire avec elle. L'astroport fut tout aussi accueillant, surtout sous le ciel encore nocturne. Des agents de sécurité en uniforme impérial faisaient un travail aux mille facettes, allant du conseil aux voyageurs égarés, pointant des directions avec amabilité, à des matraquages grossiers sans retenue sur des soupçonnés fraudeurs. Et, comme un rappel de la hiérarchie des classes, des hauts parleurs diffusaient leurs messages, inlassablement.
« * Les passagers sont priés de se présenter sur le quai deux minutes avant l'embarquement. * »
« * Les passagers sont priés de se munir d'un titre de transport valide avant la montée en train. * »
« * Les passagers sont priés de se plier aux contrôles de routine de la part des employés des lignes empruntées. * »
« * Les passagers sont priés de signaler tout comportement suspect aux agents de sécurité. * »
« * Les passagers de troisième classe sont priés de ne pas adresser la parole aux passagers des secondes et premières classes. * »
Ce genre de choses. Un officier impérial attendait de pied ferme devant le wagon 15, depuis lequel on faisait la queue... avec beaucoup moins d'entrain. Les premières classes occupaient les quatre premiers wagons, le cinquième était un wagon de détente, le sixième de restauration, et du septième au quatorzième, les secondes classes. La troisième classe occupait les cinq derniers wagons, mais ils entassaient à eux cinq autant que la totalité des autres à partir du bout. La troisième classe avait de petits plafonds, pour tenir sur trois étages plutôt que deux. Egalement, l'investissement était réduit avec l'absence totale de fenêtres, et on n'avait placé que le minimum vital en matière de coin de détente, à savoir des toilettes sans assise, et sans point d'eau pour se laver à minima les mains. Les lumières aux plafonds n'étaient changées que rarement, les sièges nettoyés après chaque voyage en vitesse, et les sols nettoyés s'il restait du temps avant le prochain voyage. Mais, chose à noter, l'odeur qui planait n'était pas aussi âcre qu'on aurait pu le croire. Ce qui frappait, en contraste avec les deux premières classes, c'était le nombre d'aliens qui voyageaient là. Soit par pauvreté, soit par contrainte - comme Alison - soit par refus de leur donner les autres classes. Impossible de vérifier ce qu'il en était. L'officier, en bordure de quai, fit signe à Alison de s'approcher, de son air sévère de jeune homme blond de trente ans, et du haut de son bon mètre quatre-vingt-dix. « Nom, prénom. » Contrôle. « Convocation. » Le petit flimsi officiel. « Wagon 17, siège 27, côté couloir. » Et on la laissa faire la queue, le temps que les portes ouvrent. Puis, ce fut le début d'un voyage long de presque trois heures.
Le soleil s'était levé. L'air était plus frais qu'ailleurs. Ils étaient en petite campagne, une campagne traversée par un édifice... qui couvrait toute la vue.
Sa maison de deux semaines.
Centre de Ré-éducation Sate Pestage,
Bloc W
Le bloc portait un "W" rouge peint sur sa façade. On voyait s'étendre à l'horizon, à l'infine, d'énormes blocs identiques à l'extérieur, tous avec leur lettre peinte en rouge également. On siffla sur le quai. « Sortie des trains dans le calme ! En rang, sans se précipiter ! » Et, avant que quiconque ne bruisse un muscle : « Les femmes sur la gauche, les hommes sur la droite ! Allez, allez ! » Les lignes jaunes au sol - vertes pour les hommes - conduisaient vers des guichets, où des agentes en tenue officielle blanches attendaient. Alison finit par passer. « Présentez-moi votre convocation et votre carte ID s'il vous plaît. » On valida, et on lui présenta le programme. « Votre séjour prévu est de deux semaines à compter de demain matin. Aujourd'hui vous ferez un tour d'horizon de l'établissement, il ne sera pas compté. » Elle désigna la suite de son guichet. « Vous déposerez vos affaires personnelles dans les vestiaires juste là. Suivez les instructions. »
Elle passait ensuite une porte qui s'ouvrait et se fermait sur un couloir étroit, un mètre de débattement à peine. Une petite alcôve, deux mètres de large, derrière laquelle attendaient trois femmes en tenue d'agente de sécurité - uniforme du BSI, calot vissé, plaque de grade à un carré rouge et pour la cheffe, un rouge et un gris, avec des matraques électriques à la main, les bras croisés. La première fut la seule à parler, après avoir présenté un panier en plastique. « Veuillez déposer vos équipements personnels, merci. » Déposés, ou non. On sortit un bac, plus grand. « Veuillez déposer vos vêtements, merci. » La cheffe, elle, précisa : « Tous... les vêtements. » On allait la faire se balader nue. On rangea les deux bacs sur tapis roulants, qui partit d'un coup dans le mur d'à côté, visiblement en descente. « Avancez ! »
Après, un énième couloir, long de trois mètres. Deux pieds phosphorescents au sol indiquaient qu'elle devait s'y tenir debout. Une voix sortie de nulle part, masculine, presque sensuelle, lui indiqua la marche à suivre. « * VEUILLEZ ECARTER LES BRAS DU CORPS EN POSTION D'ABDUCTION ET RESTER IMMOBILE PENDANT LE PROCESSUS. * » Un portique fin fit trois passages avec nu halo bleu sur tout son corps. Rien ne se passa. Ensuite, on lui passa un vapo-jet puissant et bref sur un passage, qui sentait un peu la menthe poivrée, avant de la mouiller avec un liquide jaunâtre qui sentait fort le pesticide. « * LE PROCESSUS DE DECONTAMINATION EST TERMINE. VEUILLEZ AVANCER. * »
Dernier couloir. Un guichet similaire au premier l'attendait, avec deux agentes, une pour veiller, et l'autre pour lui tendre une pile de vêtements. Un genre d'hybride entre une tenue carcérale et un uniforme officiel, gris clair, contenant brassière, culotte en coton, une bonne paire de chaussettes, un pantalon de lin ample, une chemise qui descendait jusqu'aux genoux, et une veste de type blaser. « Enfilez tout ça maintenant. » Ensuite... on la laissait sortir.
Elle put remarquer qu'il y avait une quinzaine de portes similaires à la sienne d'où sortaient des femmes. Elles venaient de passer le même couloir. Certaines en sortaient avec un pas vif, d'autres résignées, d'autres un peu désabusées, et d'autres avec un gêne visible jusque sur le rouge de leurs joues. « Ils uniformisent. » Une femme venait de sa droite. Elle avait les traits tirés, les yeux délavés, une queue de cheval tranquille, et les mains tremblantes d'une fumeuse en manque. « Ils nous mettent entre femmes humaines et ils nous font rentrer dans le moule. » La réalité frappa de plein fouet : à l'intérieur, on aurait dit un centre d'élevage de StormTroopers. De hauts plafonds blancs et noirs, des tentures frappées du cimier impérial partout, des portraits mouvants de l'Empereur Astellan, avec les devises de l'Empire en-dessous, "Un Empereur fort pour un Empire invincible" et "Pour la Paix : Ordre et Sécurité", des balcons et des esclaiers remplis de femmes en même tenue qu'elle, mais toutes humaines, d'une tranche d'âge relativement jeune, et des StormTroopers partout au milieu des agentes du BSI armées de matraques. « Même les casques blancs sont des gonzesses ici... » On remarquait, en effet, une petite courbe au niveau de la poitrine, et un évasement plus large au niveau des hanches. Mais la taille standard, autour du mètre quatre-vingt, ne variait pas. De fait, les soldates dépassaient les "ré-éduquées" d'une bonne tête. « C'est mon quatrième séjour ici. » Elle trembla des mains et se rongea un ongle. « Qu'est-ce que j'donnerais pas pour une clope... » Elle tendit la main. « Moi c'est Amalia. Amalia Lightseeker. » Elle poursuivait, marchant d'instinct. « Tu auras besoin d'aide ici. Une grosse partie des agentes viennent ici parce qu'elles sont gouines. Elles maltraitent tout le monde et elles en profitent. Juste parce qu'ici, personne leur rappellera la loi... » Plus loin, on vit une agente matraquer sauvagement une femme, lui fracassant le visage alors qu'elle était au sol. Elle frappa, frappa, frappa... puis finit par s'apercevoir que son poisson ne se tordait plus hors de l'eau. Elle appela une Casque Blanc, qui lui prit le pouls. Au bout d'une dizaine de secondes, deux soldates prirent la femme et l'emmenèrent derrière une porte qu'elles ouvrirent avec un passe sorti de la sacoche utilitaire. On n'en revit jamais aucun. « Deux semaines ici, c'est une éternité en enfer... »
Les dortoirs étaient stricts et situés en périphérie de chaque bâtiment. Des chambres de six femmes, avec des lits une place rangés parallèlement, deux rangées de trois lits, collés contre les murs est et ouest, alors qu'une fenêtre avec de lourds traits en travers en duracier leur barrait tout espoir de fuite. La vue donnait sur le bâtiment d'en face, certainement le même genre de dortoir. Des mains passaient à travers les barreaux, faisant coucou dans leur direction. « C'est le bloc des mâles humains. » Lui apprit une colocataire, la cinquantaine, cheveux coupés à la garçonne, avec des manières de contrebandière. « Même galère que nous... même manque aussi. » Dans les armoires, six étagères, avec des numéros correspondant à celui en façade de leur lit, rappel de l'identifiant sur leur veste. On leur fit visiter la cantine, un endroit long comme une piste au sol d'un Croiseur de bataille, les "lieux de propreté", hélas collectifs, et les endroits où se dérouleraient des cours magistraux, ainsi que les sales de classe pour les groupes de travail. Quatre chambrées par salle de classe, quarante chambrées pour les cours magistraux. Quatre chambrées issues des quatre points cardinaux, pour éviter de faire naître des amitiés de proximité. On leur montra aussi les caméras, fixes et volantes, pour leur signifier que rienb n'échappait à personne ici.
« Placez votre foi en l'Empereur. Votre être lui appartient, maintenant.
Bienvenu au Bloc W. »
Le lendemain du 1er jour du Salon
Les promesses. On les disait phrases qui n'engageaient jamais que ceux qui les recevaient. Aussi, quand l'Empire faisait, implicitement, la promesse d'une pendaison pour refus de se présenter à sa convocation... comment devait-on l'envisager ? Est-ce que la promesse n'engageait que l'Empire ? La convocation lui donnait rendez-vous à 5h30 sur le quai des Lévitrains numéro 13 de l'astroport d'où elle était venue. Le pli attendait soigneusement à la réception de l'hôtel où les participants du salon étaient logés aux frais impériaux. Une enveloppe scellé électroniquement, contenant un passe à usage unique de transport en commun - avec le sceau impérial dessus, pour signifier son statut spécial de "transportée" - et son billet de train. Troisième classe, siège numéro 27, wagon 17. Ravissement.
Le transport en commun passait par des voies privées en parallèle des voies de circulation aériennes, filant à travers toute la capitale avec célérité et calme. Un véhicule plat, d'un seul étage, long d'une centaine de rangées, sur quatre colonnes, avec une vingtaine de portes coulissantes pour laisser entrer les passagers. Pas d'affaire avec elle. L'astroport fut tout aussi accueillant, surtout sous le ciel encore nocturne. Des agents de sécurité en uniforme impérial faisaient un travail aux mille facettes, allant du conseil aux voyageurs égarés, pointant des directions avec amabilité, à des matraquages grossiers sans retenue sur des soupçonnés fraudeurs. Et, comme un rappel de la hiérarchie des classes, des hauts parleurs diffusaient leurs messages, inlassablement.
« * Les passagers sont priés de se présenter sur le quai deux minutes avant l'embarquement. * »
« * Les passagers sont priés de se munir d'un titre de transport valide avant la montée en train. * »
« * Les passagers sont priés de se plier aux contrôles de routine de la part des employés des lignes empruntées. * »
« * Les passagers sont priés de signaler tout comportement suspect aux agents de sécurité. * »
« * Les passagers de troisième classe sont priés de ne pas adresser la parole aux passagers des secondes et premières classes. * »
Ce genre de choses. Un officier impérial attendait de pied ferme devant le wagon 15, depuis lequel on faisait la queue... avec beaucoup moins d'entrain. Les premières classes occupaient les quatre premiers wagons, le cinquième était un wagon de détente, le sixième de restauration, et du septième au quatorzième, les secondes classes. La troisième classe occupait les cinq derniers wagons, mais ils entassaient à eux cinq autant que la totalité des autres à partir du bout. La troisième classe avait de petits plafonds, pour tenir sur trois étages plutôt que deux. Egalement, l'investissement était réduit avec l'absence totale de fenêtres, et on n'avait placé que le minimum vital en matière de coin de détente, à savoir des toilettes sans assise, et sans point d'eau pour se laver à minima les mains. Les lumières aux plafonds n'étaient changées que rarement, les sièges nettoyés après chaque voyage en vitesse, et les sols nettoyés s'il restait du temps avant le prochain voyage. Mais, chose à noter, l'odeur qui planait n'était pas aussi âcre qu'on aurait pu le croire. Ce qui frappait, en contraste avec les deux premières classes, c'était le nombre d'aliens qui voyageaient là. Soit par pauvreté, soit par contrainte - comme Alison - soit par refus de leur donner les autres classes. Impossible de vérifier ce qu'il en était. L'officier, en bordure de quai, fit signe à Alison de s'approcher, de son air sévère de jeune homme blond de trente ans, et du haut de son bon mètre quatre-vingt-dix. « Nom, prénom. » Contrôle. « Convocation. » Le petit flimsi officiel. « Wagon 17, siège 27, côté couloir. » Et on la laissa faire la queue, le temps que les portes ouvrent. Puis, ce fut le début d'un voyage long de presque trois heures.
Le soleil s'était levé. L'air était plus frais qu'ailleurs. Ils étaient en petite campagne, une campagne traversée par un édifice... qui couvrait toute la vue.
Sa maison de deux semaines.
Bloc W
Le bloc portait un "W" rouge peint sur sa façade. On voyait s'étendre à l'horizon, à l'infine, d'énormes blocs identiques à l'extérieur, tous avec leur lettre peinte en rouge également. On siffla sur le quai. « Sortie des trains dans le calme ! En rang, sans se précipiter ! » Et, avant que quiconque ne bruisse un muscle : « Les femmes sur la gauche, les hommes sur la droite ! Allez, allez ! » Les lignes jaunes au sol - vertes pour les hommes - conduisaient vers des guichets, où des agentes en tenue officielle blanches attendaient. Alison finit par passer. « Présentez-moi votre convocation et votre carte ID s'il vous plaît. » On valida, et on lui présenta le programme. « Votre séjour prévu est de deux semaines à compter de demain matin. Aujourd'hui vous ferez un tour d'horizon de l'établissement, il ne sera pas compté. » Elle désigna la suite de son guichet. « Vous déposerez vos affaires personnelles dans les vestiaires juste là. Suivez les instructions. »
Elle passait ensuite une porte qui s'ouvrait et se fermait sur un couloir étroit, un mètre de débattement à peine. Une petite alcôve, deux mètres de large, derrière laquelle attendaient trois femmes en tenue d'agente de sécurité - uniforme du BSI, calot vissé, plaque de grade à un carré rouge et pour la cheffe, un rouge et un gris, avec des matraques électriques à la main, les bras croisés. La première fut la seule à parler, après avoir présenté un panier en plastique. « Veuillez déposer vos équipements personnels, merci. » Déposés, ou non. On sortit un bac, plus grand. « Veuillez déposer vos vêtements, merci. » La cheffe, elle, précisa : « Tous... les vêtements. » On allait la faire se balader nue. On rangea les deux bacs sur tapis roulants, qui partit d'un coup dans le mur d'à côté, visiblement en descente. « Avancez ! »
Après, un énième couloir, long de trois mètres. Deux pieds phosphorescents au sol indiquaient qu'elle devait s'y tenir debout. Une voix sortie de nulle part, masculine, presque sensuelle, lui indiqua la marche à suivre. « * VEUILLEZ ECARTER LES BRAS DU CORPS EN POSTION D'ABDUCTION ET RESTER IMMOBILE PENDANT LE PROCESSUS. * » Un portique fin fit trois passages avec nu halo bleu sur tout son corps. Rien ne se passa. Ensuite, on lui passa un vapo-jet puissant et bref sur un passage, qui sentait un peu la menthe poivrée, avant de la mouiller avec un liquide jaunâtre qui sentait fort le pesticide. « * LE PROCESSUS DE DECONTAMINATION EST TERMINE. VEUILLEZ AVANCER. * »
Dernier couloir. Un guichet similaire au premier l'attendait, avec deux agentes, une pour veiller, et l'autre pour lui tendre une pile de vêtements. Un genre d'hybride entre une tenue carcérale et un uniforme officiel, gris clair, contenant brassière, culotte en coton, une bonne paire de chaussettes, un pantalon de lin ample, une chemise qui descendait jusqu'aux genoux, et une veste de type blaser. « Enfilez tout ça maintenant. » Ensuite... on la laissait sortir.
Elle put remarquer qu'il y avait une quinzaine de portes similaires à la sienne d'où sortaient des femmes. Elles venaient de passer le même couloir. Certaines en sortaient avec un pas vif, d'autres résignées, d'autres un peu désabusées, et d'autres avec un gêne visible jusque sur le rouge de leurs joues. « Ils uniformisent. » Une femme venait de sa droite. Elle avait les traits tirés, les yeux délavés, une queue de cheval tranquille, et les mains tremblantes d'une fumeuse en manque. « Ils nous mettent entre femmes humaines et ils nous font rentrer dans le moule. » La réalité frappa de plein fouet : à l'intérieur, on aurait dit un centre d'élevage de StormTroopers. De hauts plafonds blancs et noirs, des tentures frappées du cimier impérial partout, des portraits mouvants de l'Empereur Astellan, avec les devises de l'Empire en-dessous, "Un Empereur fort pour un Empire invincible" et "Pour la Paix : Ordre et Sécurité", des balcons et des esclaiers remplis de femmes en même tenue qu'elle, mais toutes humaines, d'une tranche d'âge relativement jeune, et des StormTroopers partout au milieu des agentes du BSI armées de matraques. « Même les casques blancs sont des gonzesses ici... » On remarquait, en effet, une petite courbe au niveau de la poitrine, et un évasement plus large au niveau des hanches. Mais la taille standard, autour du mètre quatre-vingt, ne variait pas. De fait, les soldates dépassaient les "ré-éduquées" d'une bonne tête. « C'est mon quatrième séjour ici. » Elle trembla des mains et se rongea un ongle. « Qu'est-ce que j'donnerais pas pour une clope... » Elle tendit la main. « Moi c'est Amalia. Amalia Lightseeker. » Elle poursuivait, marchant d'instinct. « Tu auras besoin d'aide ici. Une grosse partie des agentes viennent ici parce qu'elles sont gouines. Elles maltraitent tout le monde et elles en profitent. Juste parce qu'ici, personne leur rappellera la loi... » Plus loin, on vit une agente matraquer sauvagement une femme, lui fracassant le visage alors qu'elle était au sol. Elle frappa, frappa, frappa... puis finit par s'apercevoir que son poisson ne se tordait plus hors de l'eau. Elle appela une Casque Blanc, qui lui prit le pouls. Au bout d'une dizaine de secondes, deux soldates prirent la femme et l'emmenèrent derrière une porte qu'elles ouvrirent avec un passe sorti de la sacoche utilitaire. On n'en revit jamais aucun. « Deux semaines ici, c'est une éternité en enfer... »
Les dortoirs étaient stricts et situés en périphérie de chaque bâtiment. Des chambres de six femmes, avec des lits une place rangés parallèlement, deux rangées de trois lits, collés contre les murs est et ouest, alors qu'une fenêtre avec de lourds traits en travers en duracier leur barrait tout espoir de fuite. La vue donnait sur le bâtiment d'en face, certainement le même genre de dortoir. Des mains passaient à travers les barreaux, faisant coucou dans leur direction. « C'est le bloc des mâles humains. » Lui apprit une colocataire, la cinquantaine, cheveux coupés à la garçonne, avec des manières de contrebandière. « Même galère que nous... même manque aussi. » Dans les armoires, six étagères, avec des numéros correspondant à celui en façade de leur lit, rappel de l'identifiant sur leur veste. On leur fit visiter la cantine, un endroit long comme une piste au sol d'un Croiseur de bataille, les "lieux de propreté", hélas collectifs, et les endroits où se dérouleraient des cours magistraux, ainsi que les sales de classe pour les groupes de travail. Quatre chambrées par salle de classe, quarante chambrées pour les cours magistraux. Quatre chambrées issues des quatre points cardinaux, pour éviter de faire naître des amitiés de proximité. On leur montra aussi les caméras, fixes et volantes, pour leur signifier que rienb n'échappait à personne ici.
« Placez votre foi en l'Empereur. Votre être lui appartient, maintenant.
Bienvenu au Bloc W. »