L'Astre Tyran

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By Haya Fuu
#35611
L'obscurité était totale, au point même que la Force ne semblait pouvoir la dissiper. L'Anzat, allongée et aussi immobile qu'un cadavre pouvait l'être, ne percevait que le sol, dur, sous elle. Quand elle s'anima, une fine couche, mélange de poussière et de sable, s'écoula autour d'elle, glissant invisible au sol. Debout, les grains durs roulèrent sous ses doigts alors qu'elles les passaient sur son visage, brisant la croute qui lui tirait la peau. Pas de bruit non plus, sorti du froissement des ses propres vêtements. Elle fit un tour sur elle même, bras tendus, pour essayer de trouver une paroi, mais il n'y avait rien. Rien, sauf cette faible et lointaine lumière vacillante, à peine perceptible, dont la source, tout comme la nature, lui restaient impossible à discerner. Perdue au milieu de nulle part, il ne lui restait qu'à la suivre.

Contrairement à ce qu'elle avait supposé, des murs, d'abord éloignés, se rapprochèrent rapidement au fil de sa progression, pour finir par former un couloir de tout au plus deux mètres de large, baigné dans une faible lumière. Le sol, régulier, était recouvert de ce même mélange de poussière et de sable dont elle s'était défaite à son éveil. Chacun de ses pas y laissait une empreinte en creux, légèrement marquée.

A quelques mètres d'elle seulement, une forme sortit de la lumière. Habillé d'une bure, l'homme qui se tenait devant elle avait entre ses mains une pyramide, fine, sur laquelle étaient gravés des symboles qu'elle ne reconnaissait pas. Il émanait de l'objet un pouvoir hypnotique auquel l'Anzat ne réussissait pas à échapper. Il attisait sa curiosité, son appétit pour le savoir, son désir de pouvoir. Telle une statue, l'homme ne bougeait pas, et l'Anzat ne percevait nulle Présence, pourtant la Force, elle, était bien présente.

"- Prends la si tu la veux, elle est à toi.", la voix masculine résonnait dans son esprit.
"- Je la veux...", lui répondit en écho la voix à peine perceptible de son maître, qui semblait soudain sorti de son sommeil."Prends là, elle est à nous, elle est notre salut..."
L'Anzat le sentait en elle, excité, attiré tout comme elle par la chose. Ce pouvait-il que ce soit un holocron ? Mais quoi d'autre.
"- Je la veux, prends là...", lui répéta son maître avec plus d'insistance.
Haya fit un pas en avant, puis un autre.
"- Viens à moi jeune Sith.", l'invita à nouveau la voix. "Viens chercher ce qui est ton héritage."
"- Oui, ton héritage Haya, prends le, il est à nous.", poussa sournoisement l’esprit du Zelron.

Mais l'Arcaniste n'écoutait ni l'un, ni l'autre. Elle écoutait le chant envoutant de l'objet. Alors, elle tendit la main pour la poser sur la pyramide, pour la sentir physiquement sous ses doigts. Point de chaleur, mais une chute dans l'obscurité. Elle flottait dans le vide. Rapidement elle réalisa qu'elle accélérait son mouvement. Elle était dans le vide spatial, et elle avançait de plus en plus vite dans l'immensité, au point que les étoiles se transformaient sous ses yeux en longs traits de lumière. L'instant d'après elles reprirent leur place, au loin une planète…

Et le mouvement s'inversa brutalement. L'arcaniste cru que son esprit allait se dissocier de son corps tant la sensation de vitesse était grande. Le temps d'un clin d'œil, et elle était de nouveau face à la pyramide, dans le couloir.
Une main terreuse était posée sur son bras, la main de sa sœur, qui se tenait à côté d'elle. Son regard posé sur elle la ramenait tant et tant d’année en arrière.
"- Ne te laisse pas corrompre par ces religions d'un autre monde."
L'avertissement était clair, mais il était impossible pour l'Arcaniste d'en tenir compte. L'influence du côté obscur, cela faisait longtemps qu'elle lui avait cédé. Avait-elle seulement envie de résister à ce qui lui avait apporté tant de pouvoir et de savoirs ? La pyramide lui en révèleraient d'avantage, éclairerait sa route, la rendrait plus forte que tout autre. Elle en avait la certitude. Peut-être la Force était elle plus que ce que les Jedi et les Sith vénéraient, mais à eux, elle avait accordé d'immenses opportunités.

Sans que rien ne le laisse présager, l'aspect de l'apparition de terre changea. Sa chevelure disparue pour laisser à découvert son crâne, ne conservant que sur son dos bossu une fine crinière. Ses yeux changèrent perceptiblement, plus petits, plus ronds. Ses joues s'amincirent et son nez s'aplatit au point de presque disparaitre dans son visage, de sorte qu'il ne lui était plus possible de dissimuler ses tentacules qui s'agitaient désormais en direction de Haya. La main bienveillante s'était dotée de griffes et lui serrait désormais douloureusement le bras.

L'Arcaniste se recula, les griffes lacérant sa manche.
"- Je te fais peur ma sœur ? Pourtant tout cela, c'est à toi que je le dois."
Haya eu un nouveau geste de recul tandis que sa "sœur" lui faisait face.
"- Il peut te le dire, je le sens, il est là. Maître, dites le lui. Dites lui avec quelles ardeurs vous m’avez ouverte à la Force."
Tout cela ne pouvait être que simple méprise et hallucination. Itradious avait demandé un tribut à Haya afin qu'elle lui prouve son total dévouement à sa cause. Haya avait obtempéré, elle avait sacrifié une des personnes qui avait, jusqu’alors, compté le plus à ses yeux. Le maître Sith avait accepté de poursuivre la formation de son apprentie, mais jamais il ne s'était étendu sur ce que la jeune Anzat était devenue. Et Haya ne s'en était jamais inquiétée. A l'époque elle n'était plus que l'ombre de la sœur attentive et intentionnée qu'elle avait été. Oubliés les jeux, oubliés les secrets partagés : elle n'était plus alors que l'instrument de l'obscurité, offerte à Itradious comme une poupée pouvait être offerte à une petite fille capricieuse.
"- Je te répugne, je te fais ...peur ?"
"- Toi tu es devenue forte. Toi tu as a su abandonner ce qui t'était cher pour avancer. Toi tu as su sacrifier ta propre sœur aux désirs noirs ton maître."
Un doigt accusateur pointait vers Haya.
"- Tu as trahis ta famille, tu as trahis ton peuple, tu as trahis ta nature même en t'alliant à un Sith. Et tu crains la vérité."
Se déplaçant plus à la force de sa volonté qu'autre chose, Haya sentait l'infernale pression que lui imposait sa sœur disparue. Cette dernière posa ses mais sur ses épaules, planta ses griffes dans ses omoplates.
"- NOOOOON !", hurla Haya, projetant dans le même temps de puissants éclairs de Force.
Et ce fut autour de sa sœur de faire face à la colère que déchainait sur elle la Sith.
"- Tu n'es rien face à moi. Rien ! Tu entends ! Rien !", Haya lâchait toute sa colère dans les éclairs, qui traçaient autant de cicatrices qui dissipaient progressivement l'homoncule lui faisant face. "Rien à jamais !"

Le silence revint. Il ne restait plus qu'un tas de sable inerte devant l'Arcaniste agenouillée. Des volutes de fumées s'échappaient de ses mains cloquées et intensément douloureuses. Mais une douleur plus sourde couvrait celle de ses brûlures. Elle s'effondra, à nouveau.

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By Haya Fuu
#36016
Oppression. C'était bien là le mot. Pas dans le sens de soumettre un peuple à une autorité excessive et injuste. Oppression comme le fait de sentir sa cage thoracique comprimé. La posture du Zeltron était des plus inconfortable. Incapable de bouger, il sentait au dessus de lui la terre qui avait servi à reboucher partiellement la fosse où on l'avait enterré, vivant. Tout était encore flou dans son esprit, comme au matin d'une soirée trop arrosée, où l'alcool et les drogues qu'il avait dans les veines n'avaient pas encore été totalement évacués par son organisme.

Il avait bien tenté d'appeler à l'aide, mais il avait rapidement compris que sa voix devait être trop étouffée pour que quiconque puisse l'entendre, en supposant qu'il y eu quelqu'un à proximité. Alors il avait abandonné l'idée et avait pris conscience qu'il était seul maître de son destin, et que s'il ne voulait pas terminer en fossile, il devrait s'en sortir par ses propres moyens.

La Force lui avait révélée qu'il n'était pas seul ici bas. Plusieurs corps sans vie étaient disposés tout autour de lui. Il se trouvait dans un charnier, ou plutôt une fosse commune. Au-dessus il avait perçu l'air libre, plus proche qu'il ne le soupçonnait. Des projecteurs éclairaient la fosse, alimentés par un groupe électrogène installé un peu plus loin. Personne dans les environs immédiats.

Le vieil homme voulu prendre une large bouffée d'air alors qu'il avait retrouvé la surface. Il avait craint un instant, car c'était toujours le risque : que la Force ne lui fasse défaut, le condamnant à attendre la mort dans la fosse. Mais il avait réussi à se téléporter à l’abri des regards.

D'ailleurs fallait-il encore le voir comme un vieil homme ? De longs cheveux lui retombaient sur les épaules et devant le visage. Mais surtout, baissant les yeux il distinguait une poitrine qui n'était pas la sienne. Ou plutôt, qui serait désormais la sienne. Mais ce n'était pas là ce qui l'intéressait, il aurait pu enfin se féliciter intérieurement d’avoir finalement réussi à prendre le dessus sur la traitresse d’Anzat. Mais il y avait quelque chose d'autre, quelque chose de puissant, un instinct primal qui lui disait qu'il avait faim, qu'il était affamé, qu'il devait se trouver à manger. Probablement était-ce cette faim qui l'avait éveillé.

Le Sith n'avait jamais vraiment compris ce que représentait la soupe pour son apprentie. Tantôt il percevait ce besoin comme lui devait avoir faim, tantôt cela semblait se rapprocher d'une dépendance physique ou psychologique à une sorte de puissante drogue. Tout cela était resté confus, probablement parce que l'Anzat ne connaissait pas la faim telle qu'elle se faisait ressentir par la majorité des créatures vivantes.

Quoiqu'il en soit, maintenant il ne la percevait que trop bien. Et l'assouvir passait avant tout. Avant de chercher un abri, avant de se vêtir, avant de faire le point sur sa situation. Il lui fallait trouver de quoi se sustenter dans les meilleurs délais. Plus loin des tentes étaient alignées, c'était autant de chance d'y trouver un repas.

Wendy était adossée au speeder qui l'avait amenée sur place, quelques heures après que la zone de décollage du vaisseau fantôme ai été déterminée. Elle prenait une petite pause avant de retourner à l'infirmerie terminer son inventaire. Une canette à la main, elle discutait avec un grand brun légèrement dégarni.

"- Tu as déjà ta prochaine mission ?", avait demandé l'homme.
"- Ha non, moi c'est une semaine de vacances avec les enfants. Bien méritées du reste."
"- Vous avez prévu d'aller quelque part ?"
"- Non, on va rester cool à la maison, se reposer, faire un peu de ménage, passer du temps ensemble."
"- T'as bien raison. Moi je pars pour un stage "grand froid". Ca va me changer d'ici, je te le dis."
"- Tu pars avec Berny, alors..."
"- Berny ? Le petit qui parle super vite et qui sort tout le temps des blagues douteuses ?"
"- Celui là oui. Vous allez pas vous ennuyer. Bon, faut que j'y retourne, il y a une remontée pour dans vingt minutes, faut que tout soit prêt."
"- Plus ma belle."

Cela faisait maintenant un peu plus d'une semaine que le camp avait été dressé. Le groupe de secouristes avait été appelé sur le site de l'ancien temple, suite au décollage raté du vaisseau inconnu. Jusqu'ici ils avaient pu remonter quelques survivants, et bien d'avantage de corps. Des personnes en bien piteux état, tous souffrants de malnutrition, et de quelques autres maladies liées à leurs conditions de vie. Certains étaient des allumés qu'il avait fallu envoyer vers un centre psy spécialisé, d'autres simplement perdus. Ce qui ne faisait aucun doute, c'est qu'il leur faudrait beaucoup de temps avant de retrouver une vie normale.

La jeune femme avait rapidement refait son chignon avant de prendre en main son datapad. Elle regarda rapidement la liste qui s'y affichait, encore la moitié de la tente à compter. Une chouette soirée en perspective. L'afficheur de la pendule installée au dessus de la porte indiquait 23h25. L'infirmière mis un tour de clé à la petite armoire qui lui faisait face pour en ouvrir la porte. Des rangées de fioles étiquetées, confortablement installées dans leurs socles en mousse, attendaient tels de bons petits soldats au garde à vous.

Un mouvement retint toutefois son attention du côté des portants à sac poubelle.

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Le lieutenant réajusta son béret avant de prendre la parole. Moyen comme un autre de se mettre en confiance, et de pouvoir jeter un dernier coup d'œil à l'auditoire qui lui faisait face. Il se trouvait sur une petite estrade surmontée d'une arche blanche décorée de nombreuses fleurs. En vis à vis, des alignements de bancs avaient été installés afin d'accueillir le public venu se recueillir. Principalement les familles des victimes, ainsi que leurs collègues de travail. Tous affichaient une mine triste dans leurs tenues sombre.
"- C'est toujours un moment de grande émotion, que celui où l'on doit accueillir en nos cœurs la douleur de personnes chères, qui nous ont été enlevées. Cela l'est d'autant plus quand leur disparition est aussi soudaine que cela l'a été pour nos frères, nos sœurs, nos amis, nos amours, ma tendre Wendy. Eux qui ont su nous apporter tant de bonheur, et que nous pleurons aujourd'hui. Eux qui nous ont tant donné, et que l'on ne pourra jamais assez remercier. Plus jamais nous n'auront le réconfort de leur présence à nos côté, sans pour autant savoir pourquoi nous en avons été privé. Le destin est souvent cruel, surtout pour nous, secouristes, mais il reste toujours cet espoir que nous donnons à ceux que nous avons secourus. Je pense qu'en ce jour, nous devons accepter cette dure réalité. Ils nous ont quittés bien avant l'heure, mais aucun n'aurait voulu que cela nous empêche de poursuivre notre œuvre. Merci."

Quelques applaudissements se firent entendre dans l'assemblée. Le lieutenant descendit de l'estrade pour s'esquiver quelques instants, afin de laisser passer la vive émotion qui l'étreignait.

"- Beau discours.", c'était le capitaine de secteur qui était venu à sa rencontre. Il avait supervisé l'enquête qui avait suivi la découverte des corps.
"- Merci.", s'était contenté de répondre l'homme.
"- Le juge va probablement conclure que le coupable est le conducteur du speeder."
"- C'est bien dans ce sens qu'allait les conclusions de votre enquête non ?", on percevait la colère et le reproche.
"- Toutes les preuves que nous avons vont dans ce sens."
"- Vous connaissez mon opinion."
"- Je sais que vous avez perdu votre fiancée, que c'est difficile."
"- Je ne vous parle pas de ça, Putain, il a essayé de lui ouvrir le crane avec une scie chirurgicale. Elle était encore vivante ! Et Phil ? Vous avez vu les photos bon sang !"
"- J'ai vu Phil, oui, et c'était pas beau à voir. Je crois que l'assistante du légiste à vomi quand ... Vous savez."
"- C'était l'œuvre d'un malade mental de première. Et je doute qu'un tel individu ait eu les compétences ou l'intelligence de nettoyer les lieux. Tous les rapports envolés, comment il a pu ? Vous voulez me faire croire que le mec était assez futé pour craquer les mots de passe et détruire les communications, qu'il était assez cinglé pour essayer de bouffer le cerveau de ses victimes. Et qu'il aurait été assez con pour se planter dans le premier rocher venu ?"
"- J'ai fourni tout ce que j'ai trouvé, en restant le plus objectif possible, la scientifique a fait plus que son boulot sans compter ses heures, tous les scénarios ont été éprouvés. C'est le juge qui décidera.", le capitaine avait à cœur de défendre son enquête ainsi que tous les services qui y avaient participés. Il faut dire que l'affaire avait pris une tournure, au moins localement, politique.

Malgré la rigueur du travail, le capitaine savait que des zones d'ombres propices aux doutes persisteraient. A commencer par cette question : comment un groupe de fanatiques avait pu s'installer sous les ruines d'un temple et y vivre sans se faire remarquer ? Les débordements, aussi tragiques qu'ils furent, liés à la mise au grand jour de cette secte, étaient probablement inévitables. Et peut-être même avaient-ils eu de la chance et les choses auraient-elles pu être autrement plus tragiques. Après tout, le vaisseau devant leur servir à fuir s'était écrasé non loin de la plus grosse agglomération de cette lune. Deux kilomètres plus loin et les morts se seraient comptés par centaines. Pour le capitaine, il était de toute façon inutile de tenter de convaincre le lieutenant. Il avait juste voulu le tenir informé. C'était fait.
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By Haya Fuu
#36148
L'Anzat promenait son regard à travers l'hologramme du temple de Nikkos Tyris qui se dressait devant lui, tout en conversant avec Haya. Les traits bleutés s'animaient lentement, la structure immatérielle pivotant lentement selon le bon vouloir du commanditaire de l'opération.
"- Je commençais à me demander si tu reviendrais.", reprit-il après avoir rapidement fait le point sur les données recueillies.
"- Les choses ont été nettement plus compliquées que prévues."
"- Pas d'aventure sans aventures. C'est tout ce qui fait le sel de ce genre d'expédition non ?"
"- En effet."
"- As-tu seulement trouvé ce que tu étais allée chercher ?"
"- Pas vraiment.", admit l'Arcaniste. Elle aurait souhaité en apprendre d'avantage sur ses ancêtres, mais elle n'avait ramené que peu de choses au final : une seule piste sous la forme d'une illusion qu'elle aurait bien du mal à interpréter.
"- Moi non plus.", la phrase ne venait que confirmer la sanction attendue. "Tout cela est très largement incomplet. Je suis tout aussi déçu que toi, d'autant que désormais le site est devenu inaccessible."
Probablement d'aucun aurait cherché à justifier de la médiocrité de ses résultats, ou de se défausser concernant la fermeture de l'accès au temple. Il y avait de quoi argumenter, mais ici, cela était inutile. Ils avaient conclut un marché, et Haya n'avait rempli que très partiellement sa part. L'historien apprécia le silence de la jeune femme, signe qu'elle avait conscience de l'inconfort de sa position.
"- Pour autant ce n'est pas non plus catastrophique. Disons que tu me dois toujours un service."
Pour toute réponse, Haya hocha de la tête. Elle savait qu'il était inutile de déclencher une esclandre, que si elle laissait grandir le tourbillon de colère qu'elle sentait en elle, cela la desservirait en tout point.
"- Dommage dommage.", soupira l’Anzat alors qu'il avait zoomé sur une large salle. "Il faudra que tu vois aussi à résoudre tes problèmes personnels. Ils te porteront préjudice tôt ou tard. Cela ne fait aucun doute."
Qui était-il donc pour se permettre de donner son avis sur sa situation ? Même s'il ne s'agissait que d'un conseil gratuit, cela avait égratigné l'égo de Haya au point qu'elle préféra interrompre leur entretient. L'Arcaniste serra le poing, avant de se décider à prendre congé. Le souvenir encore trop frais des dernières heures passées sur Susevfi lui revenant par vagues à l'esprit.

L'Arcaniste s'était attendue à devoir livrer bataille alors que son maître ait profité de la situation pour prendre possession de son corps. Il l'avait tant convoité qu'il paraissait évident qu'il ne l'abandonnerait pas sans donner tout ce qu'il avait. Mais il n'en avait rien été. Les humeurs s'étaient naturellement rééquilibrées alors que la soupe revigorait le corps vieilli par le jeun de la proche humaine.

La rage et la faim avaient été de puissants stimulants pour l'esprit ampli de frustration d'Itradious. Ainsi avait-il découvert l'envers du décor. Et il était bien plus sombre qu'il ne l'avait imaginé. Jusqu'ici, il ne voyait le nourrissage que comme un moyen d’assouvir son besoin de puissance. Il avait senti les bienfaits de la soupe au travers du corps de l'Anzat, cette vigueur qu'elle lui apportait.

Mais revivre sa propre mise à mort, en tant qu'acteur et non plus simple spectateur, au travers de celle qu'il imposait à ses proies, cela relevait d'une épreuve aux répercussions insoupçonnées. Si l'enfer devait être un lieu où les condamnés revivent éternellement les pires instants de leur vie, alors Itradious avait trouvé le sien. A chaque fois qu'il avait déployé les tentacules, cela l'avait inexorablement ramené à cet instant tragique où il les avait lui-même sentis glisser sur ses joues, avant qu’ils ne pénètrent par ses narines. Précisément lorsqu’il avait eu le déclic, à cet instant précis où il avait compris qu'il en était fini de lui, qu'il avait commis une erreur qui allait lui couter tout ce qu'il avait bâti.

Il se voyait comme l'Anzat l'avait vu alors, un simple repas qui allait assouvir sa faim. Il se voyait dépossédé de sa fonction de Maître, de son statut de Sith, de son identité même : non seulement il y avait perdu la vie, mais en plus elle l'avait réduit d'un regard au même niveau qu'un morceau de barbaque. Ultime sentence pour ce Zeltron qui avait su si habilement naviguer sur les eux obscure de la Force, sans se laisser complètement aveugler par cette dernière. L'humiliation était totale.

Son échec le consumait d'avantage à chaque ponction, alors que son corps réclamait son du. Il avait cherché les Présences à travers le campement, réduit à l'état de simple prédateur esclave de sa faim. Il lui avait été difficile de négocier entre sa volonté de rester discret, et l'appel de la soupe, mais pour une première fois, on pouvait considérer qu'il s'en était bien sorti bien qu’il laissa derrière lui plusieurs cadavres en sale état.

Alors il aurait pu partir en toute discrétion, mais ses sensations commençaient à disparaitre. Pas seulement la faim, mais sa perception entière. Les sens de l'Anzat se refusaient de plus en plus à lui. Il se voyait refoulé, comme si le corps qu'il possédait avait conscience qu'il n'était qu'un intrus. Et comme deux élévateurs qui se seraient croisés, il avait vu l'esprit de Haya refaire surface, tandis que lui retournait au tréfonds de son esprit. Voulait-il seulement continuer à revivre son cauchemar ? Ou préférait-il lui laisser les commandes en attendant un moment plus propice ? Il reviendrait, il s'en faisait la promesse autant qu'à son apprentie.
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