- jeu. 5 sept. 2019 07:06
#36077
- La Chasseuse des Ombres
- Une silhouette flânait dans les rues du Secteur Bleu malgré l’heure matinale, le soleil n’avait pas encore pointé le bout de son nez dans les rues de la capitale et les ténèbres n’étaient percées à jour que par l’apparition furtive des néons aux ambiances colorées dont le ton flashy égayait étrangement ce qu’il restait de la nuit. Ses heures étaient comptées et pourtant elle continuait à se tenir vent-debout contre sa fin programmée, l’ignorant même complètement malgré la certitude que la fin approchait.
La silhouette, quant à elle, tourna au coin de la rue, s’approchant d’un de ces vieux bâtiments qui parsemaient le Secteur Bleu, vieux, ce n’était pour autant pas leur caractéristiques historiques qui avaient conduit à leur maintien au fil du temps, mais plutôt un abandon croissant de l’intérêt des autorités pour le maintien d’un quartier qu’on savait de plus en plus en perdition. C’est ainsi que le Secteur Bleu gagna ses lettres de noblesse en tant que quartier le plus mal famé de Coronet, un lieu fréquenté par la racaille en tout genre : mercenaires, contrebandiers, dealers et autres putes. Ici les gangs s’en donnait à coeur joie. Un tableau fort peu réjouissant qui avait fini par trouver un farouche opposant en la personne de Jim Antilles, celui-ci parvenant à faire passer des mesures pour faire de ce Secteur un lieu plus respirable, mesures prises en amont, déjà sous l’époque de la domination impériale. Et c’est notamment en laissant plus de latitudes aux hommes de la CorSec qui connaissait ce coin que bout après bout l’influence des criminels s’effritait pour atteindre son niveau le plus bas dans son histoire, faisant dire à pas mal de politiques que ce combat avait été gagné. Pas tout à fait. Jamais il ne le serait. Toute société avait son Côté Obscur et il était impossible d’éradiquer à jamais la part sombre de tout un chacun qui le poussait à envisager de passer par l’illégalité.
La silhouette passa la porte d’entrée dans un silence assez assourdissant, la porte se verrouillant automatiquement derrière elle lorsqu’elle la referma. Ses yeux maintenant habitués au noir se posait un peu partout sur le rez-de-chaussée, elle y décelait de la vie du côté des deux appartements qui jouxtaient l’escalier qu’elle prit afin de monter jusqu’au second étage. Elle se déplaçait comme un chat, montant les escaliers avec une douceur accompagnée d’une certaine minutie, s’assurant presque à chaque pas qu’aucun son ne parvenait d’elle. Enfin, arrivée devant la porte, elle enfonça la clé dans la serrure et lorsque le déclic familier se fit, elle poussa la porte, s’accroupissant pour déposer quelque chose au sol. Enfin elle referma derrière elle, verrouillant de nouveau la serrure pour s’adosser contre la porte dans un sourire où l’on sentait une pointe de fatigue.
- - Pfffff…
Home sweet home, comme on dit. Un miaulement rauque s’éleva du sol, attirant immédiatement le regard de sa maîtresse. Le petit nexu semblait curieux, découvrant un environnement qu’il ne connaissait pas. Il faut dire que ces derniers mois, cela avait été plutôt une habitude, le petit félin avait été transporté d’un bout de la galaxie à l’autre, au gré des pérégrinations de sa maîtresse, il n’avait donc pas eu le temps de s’habituer à quoi que ce soit de fixe et avait passé le plus clair de son temps à suivre sa maîtresse dans un environnement urbain que son espèce connaissait bien peu.
- - Je sens que tu as faim, Harlon.
A ces mots, elle sortit le sac en papier kraft de sous son long manteau au tissu usé, fouillant dedans dans de grands bruits de papier pour finalement en tirer après une demie minute de lutte acharnée un morceau de viande fraîche. Du bantha.
- - On va t’aménager un petit coin à toi, pour manger. Viens !
Et ce faisant, elle progressa à grands pas vers la cuisine, ouvrant l’un des placards pour en tirer une assiette qu’elle déposa sur une serviette au sol, laissant choir le morceau de viande sur lequel le nexu s’empressa de se jeter, s’en délectant avec un plaisir évident. Elle avait allumé la lumière, le regardant dévorer le bout de viande sans vraiment y réfléchir, quelques minutes s’écoulèrent pendant lequel un besoin se pressa bien vite aux portes de son esprit, choisissant de céder elle laissa sa main s’aventurer dans l’une des poches intérieures de son long manteau pour en tirer un paquet de cigarettes qu’elle ouvra pour récupérer l’une des clopes qui lui restait. Le fin tube une fois entre ses lèvres, elle approcha celui-ci du gaz tandis qu’elle l’allumait, faisant jaillir quelques flammèches, cramant le bout et lui permettant de tirer sa première bouffée qu’elle savoura avec un plaisir non dissimulée tandis que la fumée ressortait par ses narines. Tant qu’elle y était, elle lança sa cafetière après avoir préparé les graines, laissant la décoction se faire. Sa main gauche s’aventura vers sa nuque, qu’elle frotta délicatement pour y apaiser la douleur sourde qui grondait de s’y développer depuis une bonne heure, accompagnant le geste d’une légère rotation de sa tête vers la gauche puis vers la droite.
La fatigue commençait à se faire sentir et paradoxalement elle se sentait des plus éveillée. Elle ôta son manteau, le posant sur la petite table de la cuisine tandis qu’elle se dirigeait vers la salle de bain. La rencontre avec son miroir fût un choc, son reflet lui renvoyait l’image d’une femme à la mine terne, jugée par des yeux sévères et légèrement hautain qui contrastait assez fortement avec sa petite taille. Sa peau blanche dont la carnation ne laissait que peu de place à un peu plus de couleur lui donnait presque un air maladif et la longueur de ses cheveux était la preuve vivante qu’elle n’avait pas prit soin de sa capillarité depuis un bon moment quand on constatait le nombre de mèche rebelles qui se baladait ici et là dans le long drap fin que formait ses cheveux. Elle se débarassa de ses vêtements, ne demeurant plus qu’en tenue d’Eve, savourant le froid qu’elle ressentit instantanément sur sa peau, ses poils se hérissant naturellement pour la protéger. C’était la fin de la saison chaude sur Corellia et le froid commençait à revenir peu à peu, mais pas au point d’en souffrir vraiment et puis cette fraîcheur avait le mérite de la vivifier au moins. Un point en particulier retenait son attention maintenant qu’elle s’examinait plus en détail : des rides étaient apparu sous le coin de ses yeux, une caractéristique qu’elle ne s’était jamais representée jusqu’alors, et bien qu’une certaine angoisse la taraudait en constatant tout cela, elle finit par sourire.
- - Si j’avais pensé un jour que je pourrais atteindre un âge qui m’offrirait ça…
Elle pouffa de rire, enfilant seulement un peignoir tandis qu’elle quittait la salle de bain pour retourner à la cuisine où le petit nexu continuait à dévorer son morceau de viande. Le café était prêt et elle s’en servit une tasse, trempant ses lèvres au niveau du liquide chaud, se brûlant à moitié. Elle s’empara d’un cendrier qu’elle déposa sur le rebord intérieur de la fenêtre tandis qu’elle s’y installa en position assise, ses jambes à demi arquées, appuyant son coude gauche sur son genou gauche tandis qu’elle tirait sur sa clope. Son regard alla en direction de l’extérieur qu’elle pouvait contempler de sa fenêtre, de là on voyait toutes sorte de bâtiments de cette architecture vieillotte et quelques peu désordonnée qui était si caractéristique au Secteur Bleu, au niveau des rues cela commençait à s’agiter, même si au fond une activité continuait régulièrement la nuit dans ce coin-ci de Coronet.
Elle ouvrit à moitié la fenêtre, laissant l’air frais pénétrer et se jeter contre sa peau nue mais évacuant dans le même temps une partie de la fumée qu’exhalait la cigarette. Près de six mois avait passé depuis la dernière fois qu’elle était apparue dans les radars, l’Ombre Jedi s’était fondue dans les ombres, traquant les membres d’une organisation criminelle qui s’était étendue dans les limbes de la galaxie et ce, d’une manière beaucoup trop fulgurante pour qu’elle n’y voit pas là le signe d’une main guidée par le Côté Obscur. Il y avait encore des Sith qui, dissimulés, cherchait à nuire aux intérêts Jedi. Mais elle n’avait presque rien trouvés sur eux. Ou plutôt elles. Tout ce qu’elle en savait c’est qu’on les appelait les Harpies. C’est tout ce qu’elle avait pu tirer d’un homme travaillant pour elles qui s’était fait abattre pendant qu’elle l’interrogeait.
C’était là la raison principal de son retour sur Corellia, elle avait réussi à obtenir une autre information, un gros coup aller se préparer sur la planète, un coup que les Harpies allait mettre en place sans qu’elle sache précisément quoi et c’était bien ce qui l’inquiétait. Elle tira une nouvelle bouffée de cigarette qu’elle arrosa presque aussitôt d’une gorgée de café, mélange aux odeurs combinées proprement dégoûtant mais qui l’aidait à tenir toujours un peu plus en cette matinée. Lorsque Harlon eût terminé son repas, il sautilla et grimpa jusqu’à la Jedi, se frottant contre le bras de celle-ci dans un geste qui semblait réclamer purement et simplement une caresse, ce qu’elle lui accorda.
Elle songea à Corellia. Une menace planait ici, sur cette planète elle le sentait à travers la Force. Mais elle ne savait pas quoi. Mieux valait rester dissimulée alors, elle savait que c’était le meilleur moyen de ne pas s’embarasser d’un quelconque protocole.
Et du poids de ses propres responsabilités.
Personne ne devait savoir.
Modifié en dernier par Hayley Curwee le dim. 1 déc. 2019 01:09, modifié 1 fois.