- mar. 24 sept. 2019 19:51
#36182
Précédemment
Ce sacré bout de femme avait été pleine de ressources. Hayley, si c'était bien là son vrai nom, avait remué quelque chose en Norin, et le bougre ne saurait dire quoi exactement. Après la journée puis la nuit - sommes toutes assez courte - qu'ils avaient passé ensemble, des doutes se dissipèrent alors que d'autres n'avaient cessé de s'épaissir. La place qu'occupait la dame sur l'échiquier Corellien restait flou, même si ses réelles intentions ne semblaient pas belliqueuses. Elle l'avait laissé dormir, sans l'avertir de son départ, pas même un mot. Cela n'était pas bien surprenant, il se doutait bien qu'une autre cause - son véritable objectif - l'attendait ailleurs, et qu'il ne la reverrait probablement jamais. On lui avait demandé de ne pas s'en mêler, et également de faire profil bas après le chaos généré la veille. En somme, il s'agissait de l'effacer de sa mémoire ; une tâche qui, pour sûr, serait bien délicate. Il se leva et s'habilla, observant par la baie vitrée les mouvements dans le quartier. Si il avait eu la folie des grandeurs en choisissant une suite hors de prix, c'était également pour pouvoir utiliser la vue de manière stratégique ; située à l'avant dernier étage de l’hôtel et surplombant ainsi la plupart des bâtiments alentours, elle remplit parfaitement son rôle de tour de guet.
L'espion sortit de la suite, jetant un dernier coup d'oeil à l'intérieur avant de refermer la porte. L'hotel semblait désert, autant à son étage, où l'on pouvait croiser généralement à cette heure quelques rupins au col déboutonné et à la tête ébouriffée, comme à la réception, où seuls deux employés étaient occupés sur leur datapad. Ils ne prêtèrent pas attention au départ de l'espion, qui traversa l'entrée principale sans même avoir réglé la note. Ce genre d'établissement était d'un si haut standing que la réception avait une confiance aveugle quant à sa clientèle, et ne demandait que rarement des comptes à des cas isolés et bien connus du cercle fermé de la haute société. Ce qui surprit en revanche Varracht fut l'absence de tous ses contacts parmi le personnel d'accueil, et qu'il put ainsi et malgré tout se dérober par la grande porte sans encombre.
Il s'engagea dans une ruelle, s'enfonçant dans un dédale qu'il connaissait bien pour l'avoir utilisé à de maintes reprises comme échappatoire aux forces de l'ordre, dans le temps où il n'avait pas encore intégré les opérations spéciales. Quelque chose n'allait pas, il n'avait jamais vu aussi peu d'activité au sein de cet hôtel, et encore moins avec si peu de personnel et de sécurité. Le vrombissement très proche d'un airspeeder stoppa net la marche de Varracht. L'engin semblait s'être arrêté vers le bout de la ruelle qu'il venait d'emprunter. Il se dissimula derrière une benne et surveilla le bout de chemin pendant qu'il cherchait le blaster enfoui au fond de la poche de son manteau. Des bruits de pas semblaient indiquer que quelqu'un se rapprochait et en risquant un coup d’œil au dessus de la benne, il put effectivement apercevoir une silhouette au loin qui venait dans sa direction. Lorsqu'il estima que l'individu s'était assez avancé vers lui, il surgit de derrière sa planque de fortune pour lui faire face, son arme pointant alors en direction de l'inconnu. Mais avant même que Norin ne pût prononcer un mot, un canon de blaster vint se plaquer sur sa nuque.
Lâche ton arme.
La pression sur sa nuque augmenta, ce à quoi il réagit raisonnablement en laissant tomber son blaster. On lui infligea ensuite un coup sur la tempe qui le fit tomber à terre. Fortement sonné, il ne put qu'entendre les pas d'une autre personne s'approcher, s'arrêtant juste devant la figure qui devenait sanguinolente.
Nous l'avons.
Puis l'espion finit par clore totalement les paupières et sombrer profondément.
◊ ◊ ◊
L'alarme du réveil retentit une bonne dizaine de fois avant qu'un bras ne daignât sortir de dessous la couette pour écraser fermement l'appareil et le faire taire. Ethea prit le temps d'émerger pendant de longues minutes, la migraine matinale commença à poindre lorsqu'elle se leva. Un mal de crâne qui se produisait quasi-quotidiennement, sans qu'il fût question d'un lendemain difficile. Cela faisait un bout de temps que la dame avait délaissé les soirées de beuverie sans fin. Ainsi, les bouteilles d'alcool ne jonchaient plus le sol de son appartement, un retour complet à la sobriété et ce sans interruption depuis plusieurs mois. Il n'y avait pas vraiment eu de cause qui aurait pu motiver ce changement, elle ne saurait dire si la lassitude ou l'excès eut finalement raison de cette passade chaotique.
La sonnette de la porte d'entrée retentit, la tirant soudainement de ses songes. Elle fronça les sourcils, personne n'était censé passer ce jour-là, et encore moins aussi tôt dans la journée. Elle enfila rapidement un pantalon et un haut sortis à la hâte de sa penderie pour se diriger sans tarder vers la porte. Ses doigts pianotèrent sur le digicode, entraînant l'ouverture de l'entrée et laissant apparaître une figure familière qui s'effondra sur elle.
Nash !?
Elle verrouilla la porte puis emmena l'homme qui semblait grièvement blessé à la poitrine jusqu'à son salon. Une fois le blessé installé sur son canapé, elle tenta de le laisser un moment afin d'appeler les secours, mais l'homme la retint par le bras et releva la tête pour lui susurrer à l'oreille.
Dis-lui... Dis-lui que... Lydia Derran est la taupe...
Il lui saisit la main et y déposa un comlink dans le creux de cette dernière. Ethea répliqua, les yeux chargés de larmes et la voix empreinte d'une émotion certaine.
Dans quoi est-ce que tu t'es encore embarqué vieux loup ?
Excuse-nous, Dak'...
Et après un dernier râle, la lueur dans les yeux de Zirfyn sembla s'éteindre. L'homme, alors inanimé, ne répondait plus à la douce étreinte de sa cadette, qui sanglota sur son épaule. Les bips répétés du comlink vinrent interrompre ce douloureux et funeste moment. Ethea reposa délicatement la tête du défunt sur un coussin, avant d'essuyer ses larmes et d'activer le comlink.
On en est où ?
Qui êtes vous ?
Qu... Et vous donc ? Puis-je parler à Nash ?
Nash est mort à l'instant dans mes bras, à cause d'un plan foireux dans lequel vous l'avez enrôlé, je me trompe à peine ?... Qui êtes-vous ?
Un instant passa pendant lequel le silence semblait si lourd pour la Corellienne, au point même qu'elle ne put s'empêcher de renchérir sur un ton clairement agressif.
Allo !?
Oui, calmez-vous Madame, mon nom est Yloss. J'ai besoin de savoir ce qu'il s'est passé si nous voulons tirer tout cela au clair. Je ne demande qu'à connaître ce qui a bien pu provoquer la mort de notre ami en commun.
Notre ami en commun ? Ben voyons...
Où êtes-vous actuellement ?
Dans mon appartement.
Attendez... Vous avez maîtrisé les agresseurs ?
Non, il est arrivé seul et déjà blessé.
Alors quittez votre appartement, maintenant.
Mais je ne peux pas laisser...
Écoutez, si vous voulez éviter de finir comme lui, vous devez partir sans attendre et vous assurer de ne pas être suivie. Trouvez un lieu plus sûr. Je vous rappelle dans 10 minutes.
La communication coupa avant même que Daklan n'eût le temps de répliquer. Une larme défila sur sa joue pendant que son regard se reporta à nouveau sur le corps de son ami gisant sur le canapé. Laisser l'homme dans cet état la placerait comme suspecte principale d'un meurtre, mais son interlocuteur mystère avait probablement raison de lui conseiller de se dérober dès à présent. Nash n'était pas du genre à se mettre à dos des petites frappes sans pouvoir contrer d'éventuelles représailles. L'affaire semblait sérieuse, et elle n'avait probablement que peu de temps pour réagir. Elle rejoignit sa chambre pour attraper une paire de bottes ainsi qu'une veste. Les mains tremblantes, elle chercha son blaster au fond de la penderie ; l'idée même de devoir s'en servir l'effrayait tant, elle avait espéré ne jamais avoir à en arriver à de tels extrêmes.
Au moment où elle enfila nerveusement sa deuxième botte, quelqu'un frappa à grands coups sur sa porte d'entrée. La panique s'empara d'elle, la fuite était compromise mais pas encore impossible. Après avoir mis sa veste et glissé son arme dans la poche intérieure de l'habit, elle se dirigea vers la baie vitrée de son salon et l'ouvrit. Elle s'assura de refermer la porte donnant sur son balcon avant d'enjamber le pan séparant son appartement de celui du voisin. Ce dernier, confortablement installé dans son fauteuil en face de sa propre baie vitrée, semblait dormir à poings fermés et n'entendit pas la dame passer près de lui pour se diriger vers la sortie de l'appartement. Au moment où elle s'apprêtait à ouvrir la porte, plusieurs bruits provenant de son logement se firent entendre. Elle tenta d'ouvrir la porte sans forcer le verrou et constata que son voisin - somme toute très négligé dans sa manière de s'habiller - se payait le luxe d'être peu soucieux de sa sécurité en laissant la possibilité à n'importe qui d'entrer chez lui et ce durant son sommeil. Elle ouvrit la porte sans précipitation et la referma avant de passer devant son appartement pour y observer la porte d'entrée manifestement forcée, et deux gorilles inspectant les lieux du crime. Elle ne s'arrêta pas, comme si elle n'était pas concernée par ce qu'il se passait dans ce logement, et feignit ne rien avoir vu lorsque l'un des quidams se décida enfin à refermer la porte.
La descente de l'ascenseur lui parut durer une éternité, même si en réalité cela n'avait pris qu'une poignée de secondes. Elle sortit du bâtiment et ne vit aucun guetteur aux alentours, aussi décida-t-elle de traverser la rue pour aller s'isoler entre deux bâtiments juste en face de celui qu'elle venait de quitter, et entendit le comlink retentir à nouveau. Personne dans les environs, elle se permit alors d'activer l'appareil.
On peut parler tranquillement ?
Oui, c'est bon.
Bien. Comment avez-vous connu Nash ?
Quel rapport avec la situation actuelle ?
J'aimerais savoir ce qui l'a poussé à venir vous voir vous spécifiquement.
Peut-être était-il de passage dans mon quartier ? Cela fait un moment que je ne l'avais pas revu, j'aurais bien du mal à vous expliquer ses motivations du moment. Vous, en revanche, devez en savoir plus que moi.
Peut-être, en effet. Mais avec tout ceci, je ne connais toujours pas votre nom.
Ethea.
Un silence.
Enchanté, Ethea. Sachez que vous serez moins en danger en ne sachant que le minimum. Je peux seulement vous dire que Nash était à la recherche d'informations.
Du contre-espionnage ? Si je vous disais qu'il a eu le temps de me donner le nom d'une taupe ?
Je vous dirais que c'est une information que nous recherchions.
Lydia Derran, est-ce que cela vous dit quelque chose ?
C'est ce qu'il vous a dit ? Elle est la taupe ?
Il a pris le temps de me transmettre cette foutue info plutôt que de me parler de choses qui me paraissaient bien plus essentielles à mes yeux. Donc oui, c'est exactement ce qu'il m'a dit.
... Merci Ethea. Je dois vous laisser maintenant, faites-vous oublier et surtout ne tentez rien d'insensé.
Att...
Le comlink arrêta de transmettre et laissa la dame dans la confusion la plus totale. Une rage indicible commença à poindre en elle, un sentiment qu'elle se surprenait à éprouver. L'immeuble qu'elle venait de quitter semblait calme, les agresseurs sortirent sans se presser pour rejoindre leur airspeeder. Dissimulée dans la pénombre de la ruelle, son regard se déporta un moment vers son vaisseau garé un peu plus loin, avant de se reporter vers les inconnus.
L'espion sortit de la suite, jetant un dernier coup d'oeil à l'intérieur avant de refermer la porte. L'hotel semblait désert, autant à son étage, où l'on pouvait croiser généralement à cette heure quelques rupins au col déboutonné et à la tête ébouriffée, comme à la réception, où seuls deux employés étaient occupés sur leur datapad. Ils ne prêtèrent pas attention au départ de l'espion, qui traversa l'entrée principale sans même avoir réglé la note. Ce genre d'établissement était d'un si haut standing que la réception avait une confiance aveugle quant à sa clientèle, et ne demandait que rarement des comptes à des cas isolés et bien connus du cercle fermé de la haute société. Ce qui surprit en revanche Varracht fut l'absence de tous ses contacts parmi le personnel d'accueil, et qu'il put ainsi et malgré tout se dérober par la grande porte sans encombre.
Il s'engagea dans une ruelle, s'enfonçant dans un dédale qu'il connaissait bien pour l'avoir utilisé à de maintes reprises comme échappatoire aux forces de l'ordre, dans le temps où il n'avait pas encore intégré les opérations spéciales. Quelque chose n'allait pas, il n'avait jamais vu aussi peu d'activité au sein de cet hôtel, et encore moins avec si peu de personnel et de sécurité. Le vrombissement très proche d'un airspeeder stoppa net la marche de Varracht. L'engin semblait s'être arrêté vers le bout de la ruelle qu'il venait d'emprunter. Il se dissimula derrière une benne et surveilla le bout de chemin pendant qu'il cherchait le blaster enfoui au fond de la poche de son manteau. Des bruits de pas semblaient indiquer que quelqu'un se rapprochait et en risquant un coup d’œil au dessus de la benne, il put effectivement apercevoir une silhouette au loin qui venait dans sa direction. Lorsqu'il estima que l'individu s'était assez avancé vers lui, il surgit de derrière sa planque de fortune pour lui faire face, son arme pointant alors en direction de l'inconnu. Mais avant même que Norin ne pût prononcer un mot, un canon de blaster vint se plaquer sur sa nuque.
Lâche ton arme.
La pression sur sa nuque augmenta, ce à quoi il réagit raisonnablement en laissant tomber son blaster. On lui infligea ensuite un coup sur la tempe qui le fit tomber à terre. Fortement sonné, il ne put qu'entendre les pas d'une autre personne s'approcher, s'arrêtant juste devant la figure qui devenait sanguinolente.
Nous l'avons.
Puis l'espion finit par clore totalement les paupières et sombrer profondément.
Quartier résidentiel de Coronet
1 an plus tard
1 an plus tard
L'alarme du réveil retentit une bonne dizaine de fois avant qu'un bras ne daignât sortir de dessous la couette pour écraser fermement l'appareil et le faire taire. Ethea prit le temps d'émerger pendant de longues minutes, la migraine matinale commença à poindre lorsqu'elle se leva. Un mal de crâne qui se produisait quasi-quotidiennement, sans qu'il fût question d'un lendemain difficile. Cela faisait un bout de temps que la dame avait délaissé les soirées de beuverie sans fin. Ainsi, les bouteilles d'alcool ne jonchaient plus le sol de son appartement, un retour complet à la sobriété et ce sans interruption depuis plusieurs mois. Il n'y avait pas vraiment eu de cause qui aurait pu motiver ce changement, elle ne saurait dire si la lassitude ou l'excès eut finalement raison de cette passade chaotique.
La sonnette de la porte d'entrée retentit, la tirant soudainement de ses songes. Elle fronça les sourcils, personne n'était censé passer ce jour-là, et encore moins aussi tôt dans la journée. Elle enfila rapidement un pantalon et un haut sortis à la hâte de sa penderie pour se diriger sans tarder vers la porte. Ses doigts pianotèrent sur le digicode, entraînant l'ouverture de l'entrée et laissant apparaître une figure familière qui s'effondra sur elle.
Nash !?
Elle verrouilla la porte puis emmena l'homme qui semblait grièvement blessé à la poitrine jusqu'à son salon. Une fois le blessé installé sur son canapé, elle tenta de le laisser un moment afin d'appeler les secours, mais l'homme la retint par le bras et releva la tête pour lui susurrer à l'oreille.
Dis-lui... Dis-lui que... Lydia Derran est la taupe...
Il lui saisit la main et y déposa un comlink dans le creux de cette dernière. Ethea répliqua, les yeux chargés de larmes et la voix empreinte d'une émotion certaine.
Dans quoi est-ce que tu t'es encore embarqué vieux loup ?
Excuse-nous, Dak'...
Et après un dernier râle, la lueur dans les yeux de Zirfyn sembla s'éteindre. L'homme, alors inanimé, ne répondait plus à la douce étreinte de sa cadette, qui sanglota sur son épaule. Les bips répétés du comlink vinrent interrompre ce douloureux et funeste moment. Ethea reposa délicatement la tête du défunt sur un coussin, avant d'essuyer ses larmes et d'activer le comlink.
On en est où ?
Qui êtes vous ?
Qu... Et vous donc ? Puis-je parler à Nash ?
Nash est mort à l'instant dans mes bras, à cause d'un plan foireux dans lequel vous l'avez enrôlé, je me trompe à peine ?... Qui êtes-vous ?
Un instant passa pendant lequel le silence semblait si lourd pour la Corellienne, au point même qu'elle ne put s'empêcher de renchérir sur un ton clairement agressif.
Allo !?
Oui, calmez-vous Madame, mon nom est Yloss. J'ai besoin de savoir ce qu'il s'est passé si nous voulons tirer tout cela au clair. Je ne demande qu'à connaître ce qui a bien pu provoquer la mort de notre ami en commun.
Notre ami en commun ? Ben voyons...
Où êtes-vous actuellement ?
Dans mon appartement.
Attendez... Vous avez maîtrisé les agresseurs ?
Non, il est arrivé seul et déjà blessé.
Alors quittez votre appartement, maintenant.
Mais je ne peux pas laisser...
Écoutez, si vous voulez éviter de finir comme lui, vous devez partir sans attendre et vous assurer de ne pas être suivie. Trouvez un lieu plus sûr. Je vous rappelle dans 10 minutes.
La communication coupa avant même que Daklan n'eût le temps de répliquer. Une larme défila sur sa joue pendant que son regard se reporta à nouveau sur le corps de son ami gisant sur le canapé. Laisser l'homme dans cet état la placerait comme suspecte principale d'un meurtre, mais son interlocuteur mystère avait probablement raison de lui conseiller de se dérober dès à présent. Nash n'était pas du genre à se mettre à dos des petites frappes sans pouvoir contrer d'éventuelles représailles. L'affaire semblait sérieuse, et elle n'avait probablement que peu de temps pour réagir. Elle rejoignit sa chambre pour attraper une paire de bottes ainsi qu'une veste. Les mains tremblantes, elle chercha son blaster au fond de la penderie ; l'idée même de devoir s'en servir l'effrayait tant, elle avait espéré ne jamais avoir à en arriver à de tels extrêmes.
Au moment où elle enfila nerveusement sa deuxième botte, quelqu'un frappa à grands coups sur sa porte d'entrée. La panique s'empara d'elle, la fuite était compromise mais pas encore impossible. Après avoir mis sa veste et glissé son arme dans la poche intérieure de l'habit, elle se dirigea vers la baie vitrée de son salon et l'ouvrit. Elle s'assura de refermer la porte donnant sur son balcon avant d'enjamber le pan séparant son appartement de celui du voisin. Ce dernier, confortablement installé dans son fauteuil en face de sa propre baie vitrée, semblait dormir à poings fermés et n'entendit pas la dame passer près de lui pour se diriger vers la sortie de l'appartement. Au moment où elle s'apprêtait à ouvrir la porte, plusieurs bruits provenant de son logement se firent entendre. Elle tenta d'ouvrir la porte sans forcer le verrou et constata que son voisin - somme toute très négligé dans sa manière de s'habiller - se payait le luxe d'être peu soucieux de sa sécurité en laissant la possibilité à n'importe qui d'entrer chez lui et ce durant son sommeil. Elle ouvrit la porte sans précipitation et la referma avant de passer devant son appartement pour y observer la porte d'entrée manifestement forcée, et deux gorilles inspectant les lieux du crime. Elle ne s'arrêta pas, comme si elle n'était pas concernée par ce qu'il se passait dans ce logement, et feignit ne rien avoir vu lorsque l'un des quidams se décida enfin à refermer la porte.
La descente de l'ascenseur lui parut durer une éternité, même si en réalité cela n'avait pris qu'une poignée de secondes. Elle sortit du bâtiment et ne vit aucun guetteur aux alentours, aussi décida-t-elle de traverser la rue pour aller s'isoler entre deux bâtiments juste en face de celui qu'elle venait de quitter, et entendit le comlink retentir à nouveau. Personne dans les environs, elle se permit alors d'activer l'appareil.
On peut parler tranquillement ?
Oui, c'est bon.
Bien. Comment avez-vous connu Nash ?
Quel rapport avec la situation actuelle ?
J'aimerais savoir ce qui l'a poussé à venir vous voir vous spécifiquement.
Peut-être était-il de passage dans mon quartier ? Cela fait un moment que je ne l'avais pas revu, j'aurais bien du mal à vous expliquer ses motivations du moment. Vous, en revanche, devez en savoir plus que moi.
Peut-être, en effet. Mais avec tout ceci, je ne connais toujours pas votre nom.
Ethea.
Un silence.
Enchanté, Ethea. Sachez que vous serez moins en danger en ne sachant que le minimum. Je peux seulement vous dire que Nash était à la recherche d'informations.
Du contre-espionnage ? Si je vous disais qu'il a eu le temps de me donner le nom d'une taupe ?
Je vous dirais que c'est une information que nous recherchions.
Lydia Derran, est-ce que cela vous dit quelque chose ?
C'est ce qu'il vous a dit ? Elle est la taupe ?
Il a pris le temps de me transmettre cette foutue info plutôt que de me parler de choses qui me paraissaient bien plus essentielles à mes yeux. Donc oui, c'est exactement ce qu'il m'a dit.
... Merci Ethea. Je dois vous laisser maintenant, faites-vous oublier et surtout ne tentez rien d'insensé.
Att...
Le comlink arrêta de transmettre et laissa la dame dans la confusion la plus totale. Une rage indicible commença à poindre en elle, un sentiment qu'elle se surprenait à éprouver. L'immeuble qu'elle venait de quitter semblait calme, les agresseurs sortirent sans se presser pour rejoindre leur airspeeder. Dissimulée dans la pénombre de la ruelle, son regard se déporta un moment vers son vaisseau garé un peu plus loin, avant de se reporter vers les inconnus.