- mar. 7 janv. 2020 20:37
#36813
Ingénierie Sociale et Petites Pâtisseries
Partie III
Le jeune homme, un Humain au milieu de sa vingtaine, rapprocha son tabouret d'Alyxtra. Pour gagner du temps, celle-ci avala une nouvelle gorgée de son verre, le nez en l'air et les yeux fermés. Comment faire fuir cet impertinent ? Elle n'avait aucune expérience en matière de garçons qui venaient l'aborder. S'imaginant à la place de l'héroïne d'un des jeux en réalité virtuelle qu'elle jouait sur holonet, elle envisagea quatre réponses possibles :
1. [ L'ignorer ]
2. [ Lui jeter mon verre au visage ]
3. J'aimerais que tu me lâches.
4. Dégage, tu commences à me saouler.
Malheureusement, l'option 1 risquait d'énerver le mâle impatient. L'option 2 avait des débouchés plutôt dangereux et le dernier point de sauvegarde d'Alyx remontait à sa naissance, autant ne pas courir le risque. La 3 demandait trop de points de persuasion et risquait de provoquer un échec critique. Quant à la 4, c'était une option "Pragmatique" qu'elle n'avait pas encore débloqué. Le regard insistant et dérangeant du gaillard la força à trouver une réponse en vitesse. Sa bouche ne put que formuler un malheureux mixte des deux phrases que son cerveau avait trouvé, incapable de se décider sur une seule.
- J'aimerais que tu me saoules. Un silence gêné s'installa pendant que son voisin réfléchissait, une expression perplexe au visage. Avant qu'il ne puisse interpréter sa maladresse comme une façon de dire "Commande moi un verre", elle agita ses bras devant elle en ajoutant précipitamment, les yeux toujours fermés :
Euuh, non..! Non, lâche... Moi ! D-Dégage ! ..!
- Wow. Juste... Wow.
Il se leva en emportant son verre avec lui, lâchant un "Tu pouvais juste dire non, tarée" suffisamment fort pour qu'elle puisse l'entendre. La jeune femme lâcha un profond soupir de soulagement avant de pousser son cocktail sur le côté et s'enfoncer la tête dans les bras. Elle était encore dans cette position lorsque Argo la trouva au bar trois quart d'heure plus tard.
- Et bien, si ma proposition te déprime à ce point, peut-être qu'on devrait annuler ?, plaisanta-t-il en s'installant sur le siège vacant.
Alyxtra redressa sa tête brusquement alors que l'Umbaran interpellait le droïde pour commander à boire. Contrairement aux trois semaines où elle l'avait côtoyé sur Ord Mantell, presque un an plus tôt déjà, il était habillé en civil. Décontracté mais résolument élégant, il n'avait aucun mal à passer pour un client ordinaire - ce qu'il était très loin d'être. Elle croisa les yeux légèrement amusés de l'agent et se rendit compte qu'elle était en train de l'examiner depuis plusieurs secondes. Gênée, elle s'empara de son verre désormais tiède et but cul sec ce qu'il en restait. Dans sa précipitation, elle avala de travers et bava sur le comptoir, le visage empourpré par la honte.
- D-Désolée, j'ai-J'ai fait unemauvaiseren... Contre..., balbutia-t-elle en essuyant précipitamment le bar avec la manche de sa robe neuve.
- Ah bon ? Je suis désolé, je pensais qu'on arriverait en même temps. Merci, s'excusa-t-il en attrapant le verre que lui tendait le serveur.
- ... Non, c'est ma faute..., se lamenta Alyx.
- Hum...
Après avoir contemplé la couleur de son propre verre, une bière sans alcool aux arômes de rwby (un fruit très amer importé depuis Dxun), l'agent en goûta le contenu en silence. S'il était satisfait par le goût, il ne le manifesta pas. Croisant les mains sur le comptoir, il concentra son regard sur le droïde qui était en train de nettoyer des verres, essayant de mettre à l'aise sa taciturne acolyte potentielle.
- Pourquoi es-tu venue ce soir ?, l'interrogea-t-il brusquement, toujours sans la regarder directement.
La sliceuse retourna la question dans tous les sens, l'analysa, la répéta, et chercha la réponse qui saurait satisfaire l'Opérateur. Même une nuit blanche n'avait pas été suffisante pour trouver une réponse définitive... Si on y réfléchissait de manière rationnelle, Alyxtra n'avait rien à gagner en collaborant avec le Bureau. Elle pouvait tout à fait payer sa dette à l'Empire en réintégrant la société honnêtement, ce qu'elle faisait avec un succès modéré depuis quelques mois désormais. Sa vie était simple mais satisfaisante : elle se levait tôt le matin pour travailler dans un environnement qui la plaisait, elle rentrait tard le soir et mangeait de bons petits plats préparés avant de s'endormir devant une série sur holonet... Et recommençait le lendemain. Une vie prévisible et parfaitement adaptée à une personne comme elle.
Et pourtant... Au fond, elle en voulait plus mais n'osait se l'avouer. Ce n'était pas pour accumuler des crédits facilement qu'elle avait escroqué des gens puis des corporations entières sur holonet, d'abord en solo puis sous l'égide de HADES. C'était pour prouver sa valeur à un monde qui l'avait injustement ignorée toute sa vie.
"Regardez-moi. J'existe. Je suis là.", prouvait Illusive chaque fois que ses exploits passaient dans les médias. Les compliments que lui faisaient ses pairs ainsi que leur approbation, y compris de Blank avant que son identité ne lui soit usurpée, nourrissaient d'avantage son bien-être que son égo. Elle retrouvait un peu ça à la boutique de fleurs, mais ce n'était pas sa vocation. S'interdire de slicer, c'était comme se retenir de respirer... C'était contre-nature et ne pourrait durer qu'un temps.
- Je sais ce que je veux... Mais je ne sais pas si... Quelqu'un comme moi...
Les mains sur son verre, qu'elle faisait tourner doucement en en contemplant le fond, Alyx déglutit avant de se murer dans le silence, laissant sa phrase en suspend.
Partie III
Le jeune homme, un Humain au milieu de sa vingtaine, rapprocha son tabouret d'Alyxtra. Pour gagner du temps, celle-ci avala une nouvelle gorgée de son verre, le nez en l'air et les yeux fermés. Comment faire fuir cet impertinent ? Elle n'avait aucune expérience en matière de garçons qui venaient l'aborder. S'imaginant à la place de l'héroïne d'un des jeux en réalité virtuelle qu'elle jouait sur holonet, elle envisagea quatre réponses possibles :
1. [ L'ignorer ]
2. [ Lui jeter mon verre au visage ]
3. J'aimerais que tu me lâches.
4. Dégage, tu commences à me saouler.
Malheureusement, l'option 1 risquait d'énerver le mâle impatient. L'option 2 avait des débouchés plutôt dangereux et le dernier point de sauvegarde d'Alyx remontait à sa naissance, autant ne pas courir le risque. La 3 demandait trop de points de persuasion et risquait de provoquer un échec critique. Quant à la 4, c'était une option "Pragmatique" qu'elle n'avait pas encore débloqué. Le regard insistant et dérangeant du gaillard la força à trouver une réponse en vitesse. Sa bouche ne put que formuler un malheureux mixte des deux phrases que son cerveau avait trouvé, incapable de se décider sur une seule.
- J'aimerais que tu me saoules. Un silence gêné s'installa pendant que son voisin réfléchissait, une expression perplexe au visage. Avant qu'il ne puisse interpréter sa maladresse comme une façon de dire "Commande moi un verre", elle agita ses bras devant elle en ajoutant précipitamment, les yeux toujours fermés :
Euuh, non..! Non, lâche... Moi ! D-Dégage ! ..!
- Wow. Juste... Wow.
Il se leva en emportant son verre avec lui, lâchant un "Tu pouvais juste dire non, tarée" suffisamment fort pour qu'elle puisse l'entendre. La jeune femme lâcha un profond soupir de soulagement avant de pousser son cocktail sur le côté et s'enfoncer la tête dans les bras. Elle était encore dans cette position lorsque Argo la trouva au bar trois quart d'heure plus tard.
- Et bien, si ma proposition te déprime à ce point, peut-être qu'on devrait annuler ?, plaisanta-t-il en s'installant sur le siège vacant.
Alyxtra redressa sa tête brusquement alors que l'Umbaran interpellait le droïde pour commander à boire. Contrairement aux trois semaines où elle l'avait côtoyé sur Ord Mantell, presque un an plus tôt déjà, il était habillé en civil. Décontracté mais résolument élégant, il n'avait aucun mal à passer pour un client ordinaire - ce qu'il était très loin d'être. Elle croisa les yeux légèrement amusés de l'agent et se rendit compte qu'elle était en train de l'examiner depuis plusieurs secondes. Gênée, elle s'empara de son verre désormais tiède et but cul sec ce qu'il en restait. Dans sa précipitation, elle avala de travers et bava sur le comptoir, le visage empourpré par la honte.
- D-Désolée, j'ai-J'ai fait unemauvaiseren... Contre..., balbutia-t-elle en essuyant précipitamment le bar avec la manche de sa robe neuve.
- Ah bon ? Je suis désolé, je pensais qu'on arriverait en même temps. Merci, s'excusa-t-il en attrapant le verre que lui tendait le serveur.
- ... Non, c'est ma faute..., se lamenta Alyx.
- Hum...
Après avoir contemplé la couleur de son propre verre, une bière sans alcool aux arômes de rwby (un fruit très amer importé depuis Dxun), l'agent en goûta le contenu en silence. S'il était satisfait par le goût, il ne le manifesta pas. Croisant les mains sur le comptoir, il concentra son regard sur le droïde qui était en train de nettoyer des verres, essayant de mettre à l'aise sa taciturne acolyte potentielle.
- Pourquoi es-tu venue ce soir ?, l'interrogea-t-il brusquement, toujours sans la regarder directement.
La sliceuse retourna la question dans tous les sens, l'analysa, la répéta, et chercha la réponse qui saurait satisfaire l'Opérateur. Même une nuit blanche n'avait pas été suffisante pour trouver une réponse définitive... Si on y réfléchissait de manière rationnelle, Alyxtra n'avait rien à gagner en collaborant avec le Bureau. Elle pouvait tout à fait payer sa dette à l'Empire en réintégrant la société honnêtement, ce qu'elle faisait avec un succès modéré depuis quelques mois désormais. Sa vie était simple mais satisfaisante : elle se levait tôt le matin pour travailler dans un environnement qui la plaisait, elle rentrait tard le soir et mangeait de bons petits plats préparés avant de s'endormir devant une série sur holonet... Et recommençait le lendemain. Une vie prévisible et parfaitement adaptée à une personne comme elle.
Et pourtant... Au fond, elle en voulait plus mais n'osait se l'avouer. Ce n'était pas pour accumuler des crédits facilement qu'elle avait escroqué des gens puis des corporations entières sur holonet, d'abord en solo puis sous l'égide de HADES. C'était pour prouver sa valeur à un monde qui l'avait injustement ignorée toute sa vie.
"Regardez-moi. J'existe. Je suis là.", prouvait Illusive chaque fois que ses exploits passaient dans les médias. Les compliments que lui faisaient ses pairs ainsi que leur approbation, y compris de Blank avant que son identité ne lui soit usurpée, nourrissaient d'avantage son bien-être que son égo. Elle retrouvait un peu ça à la boutique de fleurs, mais ce n'était pas sa vocation. S'interdire de slicer, c'était comme se retenir de respirer... C'était contre-nature et ne pourrait durer qu'un temps.
- Je sais ce que je veux... Mais je ne sais pas si... Quelqu'un comme moi...
Les mains sur son verre, qu'elle faisait tourner doucement en en contemplant le fond, Alyx déglutit avant de se murer dans le silence, laissant sa phrase en suspend.