- jeu. 1 avr. 2021 14:47
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Devant l’enthousiasme ému de la Prima, je tapotais sur mon com-link et envoya le signal convenu avec Honno, lui indiquant de venir avec le présent que j'avais constitué. Je savais dès lors qu'Honno arriverait avec sa rapidité et sa discrétion habituelle en quelques instants. Elle déposerait le présent à un endroit que le personnel lui aura désigné, à la fois à la vue de la Prima, sans toutefois venir l'encombrer ou interrompre quelque chose en cours. La mesure dont Honno était capable m'était toujours surprenante, un savoir faire et une capacité d'analyse qui m'était inconnue, mais qui tombait toujours extrêmement juste.
Pendant ce temps, la Prima et moi-même échangions au sujet de la mise en place d'une entente et surtout, de la participation à un challenge de son cru, afin de, j'imagine, tester mes capacités, ma loyauté et mon engagement. Avec tout le respect que j'avais pour la Prima, la vieille femme que j'étais avait déjà traversé de trop nombreuses épreuves pour me sentir mise en danger par un challenge de plus. Si bien entendu il n'était pas possible de tout vivre en une seule vie humaine, j'estimais qu'en ayant œuvré et fait ma place en divers régimes, en étant devenue mère, survécu à ma maladie, perdu mon corps, divorcé de mon mari et dirigé ma fondation avec succès jusqu'à aujourd'hui. Étant donné tout cela, l'idée d'un challenge n'avait rien d'effrayant ou révoltant, bien au contraire, c'était d'avantage ma façon de vivre.
Aussi, c'est avec un sourire serein que je regardais la Prima pour lui répondre :
« Très chère Prima, permettez-moi de vous dire que si vous ne m'aviez pas proposé un modus operandi de cet ordre, je me serais permise de revenir sur ma candidature. En effet, il y a certaines formalités qui me tiennent à cœur et me présenter convenablement en fait partie. » Je marquais alors une pause, le temps de prendre une gorgée de thé Tarine.
« Je suis native de Kuat, la famille Yabuchi y est ancienne et est affiliée à l'une des Dix, toutefois les actions de mon père et les miennes nous ont éloigné de mon monde natal. Même si je ne me revendique pas Kuat, ce monde me reste cher, je caresse l'espoir de pouvoir m'y réimplanter un jour. J'ai grandi sous l'ancienne république, à l'instar de votre mère, mes parents m'ont formé dès mes plus jeunes années à en comprendre les rouages, aussi j'ai très vite appris à m'en méfier, à raison. C'est le mouvement initié par le Compte Dooku qui me fit quitter Kuat. Cet homme est certainement l'un des idéalistes qui m'a le plus inspirée et qui, encore aujourd'hui, participe à guider mes pas. Son assassinat par les Jédis, alors qu'il était l'un des leurs, couvert par la République a été un grand choc pour moi. Depuis je nourris une grande méfiance envers cette secte guerrière et ce régime vicieux et corrompu. L'Empire, à mes yeux, n'est qu'une convergence de cette secte et de ce régime en une seule et même force, après tout, nombreuses étaient les personnes à prêter des pouvoir mystiques ou magiques à l'Empereur et l'Impératrice. »
Je marquais de nouveau en pause, afin de reprendre mes esprits et ne pas m'emballer. C'était une partie terriblement triste et sombre de ma vie, j'y avait vécu de nombreuses trahisons et désillusions auxquels ma méfiance et ma prudence était bien loin de m'avoir préparée.
« Avoir été une membre active de la CSI m'a obligée à renier officiellement mes engagements et valeurs pour épouser l'Empire. Un acte de survie qui a fonctionné, mais dont le prix a été très lourd. J'ai perdu en cette période de nombreuses amies et alliées, j'ai également eu le sentiment de me perdre moi-même. J'avoue avoir de nombreuses fois songé à rompre le voile et quitter l'Empire, mais je me savais surveillée et je risquais d'entraîner avec moi la fureur impériale partout où j'irai, aussi je me suis contentée de survivre à ces longues années. »
Cela faisait depuis longtemps que je ne pleurait plus, mon corps cybernétique gardait enfermé en moi ma tristesse et mes regrets, et m'empêchait de mes exprimer humainement, sincèrement. Si cela pouvait apparaître à certain comme une bénédiction, une muraille face aux sentiments humains, cela m'étais plus une malédiction qui m'obligeait à conserver un trop lourd fardeau.
« La chute de l'Empire m'a été également une période terrifiante : le système tyrannique dans lequel j'avais appris à fonctionné s'effondrait de toute part, les trahisons et les coups de blasters allaient sans faiblir. J'y ai de nouveau perdu de nombreuses amies, ainsi qu'une amante, mais je pense que le pire, c'était l'alternative que l'on voyait poindre : Une République. Le Régime qui m'avait causé le plus de malheur se relevait de ses cendres, poussait mes proches à s'entre déchiré et comptait pour ses défenseurs un Jedi. Imaginez seulement la terreur et la confusion qui m'habitait à ce moment, je vous avoue avoir songé à rester au sein des bris de l'Empire tant cette "Nouvelle" République me révoltait. »
Si j'avais encore eu un corps organique, mes mains auraient été tremblantes et ma voix vacillante, toutefois rien de tout cela ne traversa le filtre de mon exosquelette, seule ma colère se voyait dans mon regard.
« J'avais toutefois la certitude que la Nouvelle République commettrait les mêmes erreurs que celle où j'avais grandie et qu'un enfant à l'image de la CSI en naîtrait. Je voulais donc être là quand cela se produirait et en être actrice, c'est l'unique raison qui m'a conduite à rejoindre la NR, force est de constater que mon intuition avait été juste, j'en suis à la fois ravie et navrée. Toujours est-il que quelques années plus tard, après avoir solidifié ma position au sein de la CSU, me voici dans votre bureau, Prima, car je souhaite faire tout mon possible pour que les horreurs de mon passé de ressurgissent pas, de contribuer à protéger la CSU de la République et des Jédis. »
J'en avais terminé avec les grandes lignes de mon histoire, mais ce que je m’apprêtais à livrer à présent faisait partie de mon histoire intime :
« Durant toutes ces années, d'une République à l'autre, avec la bénédiction de la CSI et malgré l'Empire j'ai toujours vécu de sororité. Peut-être votre mère vous a-t-elle parlé d'un club en apparence anodin, parlant de tricot, de couture ou de cosmétique. Il s'agit d'un club privé fondé par mes soins avec l'aide de ma mère, cela remonte à de nombreuses années. Un club exclusivement féminin que j'ai toujours voulu au-delà des frontières et des idéaux. Bien entendu toutes les femelles de la galaxie n’étaient pas pour autant les bienvenues, je me réservais le droit de valider ou non leurs candidature, un peu comme vous êtes en train de le faire avec moi. » Quelques instants plus tard, je posais un regard entendu sur les correspondances avec la mère de la Prima. « C'est en ce lieu, en ces circonstances que j'ai rencontré Maya, votre mère. Elle était friante de nos rencontres, pas juste elle et moi, mais tout un groupe de femme, je pense pouvoir dire que nous étions amies, de ces amitiées discrètes et sincères. C'était là l'occasion de confronter nos point de vue, nos idées et nos espoirs pour l'avenir. Le principe était de ne jamais repartir fâchées, aussi nous réservions les sujets facheux en début de rencontre. Nous parlions aussi de nos familles, elle nous a beaucoup conté votre arrivée en son sein. Ces petits moments sont des perles de vie que de garde précieusement en moi, ce sont ces perles qui m'ont permi de traverser les tragédies la tête haute, de rester optimiste. »
Je terminais ma tasse de thé, la déposant avec soin dans la coupelle associées et fit savoir que j'en prendrai volontiers de nouveau.
« Pour terminer, j'ai l'ambition d'accomplir des actes forts, humains. C'est pour cela que je porte ma Fondation, elle n'est pas une simple machine capitalistique, elle restaure et créer durablement. Je ne le fais pas par altruisme, mais parce que c'est l'empreinte que j'ai envie de laisser dans cette galaxie. J'aime que l'on se souvienne de moi et je caresse l'idée que cela puisse durer longtemps, très longtemps. » Je posais un regard satisfait sur ma tasse de nouveau remplie de thé et après en avoir bu une brulante gorgée : « A présent, je vous écoute Alayna "Prima" Tega »